Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre 15 : Il est innocent, mais toi ?

Les paroles de Bastien étaient si simples que Lisa baissa les yeux avec embarras.

— Je sais ! acquiesça-t-elle.

En la voyant soudainement déprimée, Bastien réalisa qu’il avait été trop dur.

— Je sais que c’est un peu dur, mais madame Clélie, j’espère que vous me comprenez ; n’est-ce pas ? se rattrapa-t-il d’un ton doucereux. Quoi qu’il en soit, vous ne pouvez rien lui dire à propos d’aujourd’hui. Sinon, je ne pourrai pas vous aider.

Après ces paroles, Bastien se retourna, et partit rapidement. Si Lisa était raisonnable, elle ne mentionnera plus cette affaire devant quiconque. Elle resta plantée là environ cinq minutes, avant de finalement frapper à la porte.

— Entrez ! ordonna la voix froide et impitoyable d’Yves, et où y pointait un soupçon de colère.

La jeune femme hésita un moment, avant d’ouvrir la porte du bureau, et y entrer. Yves ne se trouvait pas assis devant le bureau, mais plutôt devant les fenêtres, le dos tourné à elle. Lisa se rappela de la froideur de sa voix, et s’approcha en silence.

Le silence dura quelques secondes, puis Yves réalisa que le visiteur n’avait pas parlé. Alors il fronça les sourcils, puis se retourna sur son fauteuil roulant. De manière inattendue, c’est le visage légèrement pâle et malade de Lisa, qui attira son attention.

— Pourquoi es-tu là ? demanda-t-il, en fronçant plus les sourcils.

Lisa leva la tête et le fixa dans les yeux.

— Je suis ton assistante. dit-elle, comme seule réponse.

« Avait-il oublié ce qui s’était passé ? » se demanda-t-elle mentalement.

A l’entendre, Yves ricana aussitôt avec dédain.

— Une assistante qui ne sait même pas faire du café ? ironisa-t-il. Tu crois que j’en ai besoin ?

Elle se mordit la lèvre et serra les poings.

— Je ferai de mon mieux ! promit-elle. Quelle saveur aimes-tu ? Donne-moi ta tasse !

— Si je te la donne, pourras-tu en faire une à mon goût ?

Lisa hocha la tête, tandis que le sourire d’Yves était extrêmement moqueur.

— Tu aurais cette capacité ? insista-t-il.

Mais, il lui donna tout de même une occasion, et déposa le café sur la table.

— C’est cette saveur. Déclara-t-il. Tu n’as qu’une seule chance.

Lisa regarda la tasse pendant un long moment, tendit la main pour l’attraper, puis se retourna pour sortir. Yves retourna le fauteuil roulant vers le bureau, prit un document et le parcourut. Après une dizaine de minutes, il leva les yeux vers la porte.

Rien ne se passa.

Sa femme n’était pas encore revenue.

« Oh ; avait-elle alors peur ? Il lui fallait dix minutes pour préparer une tasse de café ? » se demanda Yves.

Dix minutes plus tard, il n’y avait toujours personne à la porte.

Il fronça aussitôt les sourcils.

— Que diable faisait donc cette femme ? soliloqua-t-il. Elle pensait qu’elle pouvait le traiter de la sorte ; prendre son café et partir sans dire un mot ?

Bang !

Il referma le document avec colère. Alors qu’il était sur le point d’aller voir ce qui se passait, des bruits de pas se firent retentirent.

Lisa rapporta une tasse de café, et entra avec une expression inquiète sur le visage. Elle n’osa pas le regarder.

— Tu as gaspillé plus de vingt minutes. L’accusa Yves.

Sa voix glaciale résonna sans pitié. Elle se mordit aussitôt la lèvre, et répondit calmement :

— Mais tu ne m’as pas donné de temps limité !

— Toi ! souffla-t-il avec colère, en étant pris de court. Tu te crois maligne ?

« Tant pis ! »

Lisa ne voulut pas le contredire, et posa le café devant lui.

— Goûte-le ! dit-elle.

L’arôme puissant du café emplit l’air et embauma le bureau. En sentant ce riche parfum, les yeux d’Yves bougèrent profondément et ses yeux se rétrécirent en une ligne minuscule.

— Je sais qu’il ne vaut pas le tien, mais j’ai vraiment fait de mon mieux ! se justifia-t-elle.

Voyant qu’il restait immobile, elle prit l’initiative de lui apporter le café. Il n’avait pas compté lui prêter attention, mais vit son air impatient et pitoyable, comme celui d’un animal abandonné, il décida alors de le goûter. Inexplicablement, il tendit la main et prit le café. Après une gorgée, son regard dégagea un air de danger.

Lisa sentit la vigueur de son corps changer soudainement, et inconsciemment, elle recula d’un pas en le regardant craintivement.

— Pourquoi recules-tu ? haussa-t-il les sourcils, la regardant avec mécontentement. Tu crains que je te renverse le café dessus ?

Elle se pinça les lèvres, car oui, il avait deviné sa pensée. Yves prit une autre gorgée de café, puis lui tendit la tasse. Lisa se précipita pour la prendre et lui lança un regard attentif.

— Qu’en, qu’en penses-tu ? voulut-elle savoir.

Il détourna le regard maladroitement, et lui dit froidement :

— Acceptable !

En entendant cela, elle était ravie, et un sourire apparut sur son visage.

— Vraiment ? s’exclama-t-elle joyeuse. Alors, je peux rester ?

Cette voix joyeuse...

Yves lui jeta un profond regard. Depuis le jour où elle était arrivée chez les Chevotet, elle avait toujours l’air timide, et il était évident qu’elle avait la vie dure. Aujourd’hui, ce sourire soudain sur son beau visage blanc, donnait à ses yeux froids, un éclat plus brillant.

Il semblait que quelque chose se faufilait lentement dans son cœur, et cela l’irrita inexplicablement. Yves tira sa cravate sur sa poitrine, puis renifla froidement.

— Ai-je dit que tu pouvais rester ? la contra-t-il. Et que vas-tu faire concernant l’enfant ?

Il avait pris l’initiative d’évoquer la question de l’enfant, afin de changer de sujet. Le visage de Lisa pâlit un peu plus à ce sujet, et ses doigts se resserrèrent silencieusement.

— Tu ne dis rien ? la brusqua-t-il. On dirait que tu as l’intention de le garder !

Elle leva rapidement les yeux pour le regarder.

— Pourquoi es-tu si cruel ? se lamenta Lisa. Il est innocent !

— Ah ! ricana Yves avec un regard plus hostile. Il est innocent ; mais toi ? S’il savait que sa mère est une intrigante calculatrice et vaniteuse, je pense qu’il regretterait d’être venu au monde.

Ses paroles impitoyables touchèrent profondément Lisa, et la firent plus pâlir.

— Toi ! bougonna-t-elle.

« Il alla trop loin ! »

— Bref ! se reprit-elle. Depuis le jour où j’ai épousé un Chevotet à la place de Clélie, tu m’as collée l’étiquette d’une intrigante, calculatrice et vaniteuse ; n’est-ce pas ?

— Non, il en manque une ! lui rappela-t-il.

— Quoi ?

Les yeux de Lisa s’écarquillèrent d’incompréhension.

— Effrontée ! compléta-t-il.

Elle faillit aussitôt se mordre la lèvre à saigner.

— En tout cas, il est vraiment innocent. Insista-t-elle. S’il te plaît, donne-moi une chance.

Lisa n’arrivait pas à lever la tête, et à dire la vérité à l’homme en face d’elle. Elle ne pouvait que le supplier, en lui demandant d’épargner l’enfant qu’elle porte en elle. Yves la regarda impitoyablement, et ses lèvres minces bougeaient à peine.

— Dans deux jours, si l’enfant est toujours là, je m’en occuperai moi-même ! trancha-t-il

***

En un éclair, les deux jours passèrent vite. Lisa n’était pas allée à l’hôpital pour se faire avorter, car Julenne lui avait demandé de calmer Yves, le temps qu’elle trouve un autre médecin, et aussi pour voir s’il y avait un moyen de la faire avorter, sans faire du mal à sa santé.

Mais Lisa ne voulait pas tuer cet enfant. Elle voulait le garder !

En l’écoutant, Julenne avait directement trouvé qu’elle était folle, tandis que Lisa était au contraire calme.

— Je ne suis pas folle ; je veux le garder ! décréta Lisa. C’est une vie qui est dans mon ventre !

— Mais l’enfant naîtra sans père ! Es-tu vraiment folle ? se plaignit Julenne. En plus, est-ce que les Chevotet te laisseront donner naissance à cet enfant ? C’est d’une famille illustre, dont on parle là !

Oui, c’était en effet le problème le plus sérieux. Lisa recouvrit son bas-ventre, les yeux tristes.

— Je trouverai un moyen moi-même ! affirma-t-elle.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.