Chapitre 5
À l’entente de ma phrase, l’homme me retourna brutalement face à lui. Son regard lubrique et pervers avait disparu, laissant place à une expression froide. Il me lâcha précipitamment et s'éloigna de moi alors que mes jambes me lâchaient et que mon corps se retrouvait sur le sol froid.
Je l’entendis se déplacer puis quelques secondes plus tard, il me jeta un peignoir.
— Habille-toi ! Dépêche-toi ou sinon je vais te faire sortir d'ici nu ! il dit et me fixa de nouveau pendant quelques secondes avant de se retourner.
Je profitai de cette occasion pour vite enfiler le peignoir beaucoup trop grand pour mon corps et attacher la ceinture autour de ma taille.
À la seconde où j'eus fini, l’homme se retourna et m'attrapa le bras avant de me traîner hors de la pièce. Mon cœur battait encore en repensant à la scène qui venait de se dérouler. Je n'imagine ce qui aurait pu se passer bordel !
Il nous dirigea vers la porte, l’ouvrit puis la referma à l’aide de la même clé. Lorsque nous arrivâmes au sombre couloir, l’homme se retourna brusquement vers moi.
— Tais-toi sur ce qui s'est déroulé, si tu oses ne serait-ce qu'en parler, je le saurai et t’étranglerai ta putain de gorge ! il me menaça froidement alors que j’haussai simultanément la tête, n’ayant la force de lui répondre.
Il se retourna puis me traîna dans le sombre couloir jusqu’à une autre porte similaire à celle de la salle de bain. Il toqua trois fois puis ouvrit la porte avant de brutalement me pousser à l’intérieur.
Je retombai au sol et baissai mon regard sur la pièce. Elle était aussi petite et sombre que la salle de bain, contenait une étagère, une commode sur lequel étaient étalé plusieurs produits de beautés, un miroir et plusieurs vêtements.
Alors que mes yeux se baladaient dans la petite pièce, une silhouette attira mon attention, je relevai le regard et tombai sur une femme dans la quarantaine. Elle se tenait devant moi et affichait des cheveux châtains lisses tirés en chignon, son expression était aussi froide que ceux de toutes les personnes que j'avais croisé ici. Elle me toisa du regard puis s’avança..
— Podgotovitʹ yego k prodazhe. Prépare-la pour la vente. l'homme dit d'une voix rauque en se plaçant sur l'encadrement de la porte tout en me fixant.
— Très bien. la femme répondit d'une voix monotone, le visage neutre.
La femme s’approcha un peux plus de moi puis m’attrapa par la main avant de me tirer vers elle. Elle se positionna devant moi être se mit à me détailler de la tête au pieds comme l'avait tantôt fait l’homme pervers.
— Jolie silhouette. dit-elle en regardant mes jambes. Cheveux longs, continua-t-elle en prenant mes cheveux noirs mouillés dans ses mains. Yeux bleus, elle dit en regardant à présent mon visage. Très jolie ! Où tu l'as trouvé ? finit-elle par demander à l'homme au yeux diabolique.
— Une ruelle. dit-il en me regardant.
Il parlaient de moi ouvertement comme si je n'étais même pas là !
— D'où tu viens chérie ? elle demanda en dirigeant son regard vers moi.
— F-Floride. réponds-je en dirigeant à mon tour mon regard vers elle et en le soutenant, espérant qu'elle ne verra pas à travers mon mensonge.
Elle soutenu mon regard pendant quelques secondes avant d’hocher paresseusement la tête et de se détourner de moi pour se diriger vers la pile de vêtements accroché au cintre. Elle choisit rapidement une courte robe noire et la détacha du cintre, puis elle se retourna et claqua des doigts.
— Viens t'asseoir, maintenant. dit-elle en désignant une chaise près de la commode où se trouvait plusieurs produits de beautés.
Je m'exécutai alors directement sans broncher de peur qu’elle ne me frappe.
Mon regard rencontra alors ceux de l'homme qui avait essayé de me violer et je tressaillis violemment. Il était toujours adossé contre l'encadrement de la porte à me fixer ouvertement du regard.
— Hé, Regarde-moi ! la femme me cria fortement, me faisant sursauter.
Je détournai alors rapidement les yeux de l'homme et me concentrai sur la femme. Celle-ci sortit un pinceau noir et un liquide beige qui me semblait être un fond de teint de son sac puis se mit à me peindre le visage.
Des centaines de pensées commencèrent alors à bousculer ma tête.
Tout ça étais arrivé juste parce que je voulais rentrer de ma fête d'anniversaire minable et que les filles qui étaient sensé être « mes amies » ne voulaient pas me raccompagner au profit du fait qu'elle étaient trop occuper à danser ou se faire ouvertement tripoter par leurs coups.
À cette juste pensée, l'envie de pleurer me revint. Quel fête d’anniversaire merdique !
— Tes yeux sont enflés, arrête de pleurer ! la femme m'ordonna, ayant sûrement remarqué les larmes qui étaient en train de se former sous mes yeux.
Je me mordis la lèvre alors qu'elle continuait à peindre mon visage. C'était pareille que lorsqu’Olga me maquillait. Toutes les deux étaient autoritaire.
Olga.
Je fermai les yeux pour m'empêcher de verser une larme et laissai la femme faire ce qu’elle voulait de moi.
La femme étala le fond de teint sur mon visage qui devait être atroce, m'appliqua de l'eye-liner au dessus des paupières puis du rouge à lèvres rouge vif sur les lèvres avant de finir par sécher et brosser mes cheveux.
Un quart d’heure plus tard, celle-ci claqua des doigts pour me faire savoir qu'elle venait de terminer.
Je rouvris les yeux et rencontrai sa fine silhouette. Elle se dirigea à l’endroit où elle avait déposer la robe et la déposa sur mes cuisses, me faisant comprendre que je devais la mettre.
— Mets-moi ça. me dit-elle.
Je tournai mon regard vers l’homme qui était toujours adossé contre l’encadrement de la porte et me retournai vers la femme. Celui-ci me comprit rapidement et montra de son index, la direction de la porte à l’homme.
— Dehors ! lui cria la femme.
L’homme se leva correctement et lança un regard froid à la femme.
— Si tu veux que cette jeune fille soit prête pour la vente, sort, je ne pense pas que tu peux te permettre de perdre quelque chose qui vaut autant ! continua la femme en croisant ses bras contre sa poitrine.
Celui-ci me lança un dernier regard avant de se tourner et de quitter la pièce.
— Change-toi maintenant ! la voix de la femme se fit plus importante alors qu'elle me tendait la robe et des nouveaux sous-vêtements.
Je lui souris en signe de remerciement, mais celle-ci m'ignora. Je glissai hors du peignoir et frissonnai en enfilant le soutien-gorge et le string que la femme m'avait tendu en compagnie de la robe. J’enfilai ensuite la courte robe noir et essayai de tirer dessus. Elle était vraiment très courte, révélatrice et sans bretelles. Je croisai mes sur mon corps quand j’eus fini.
— O-où vais-je ? je demandai doucement à la femme.
Celle-ci posa négligemment sa main sur sa hanche avant de me toiser du regard.
— Écoute petite, si tu veux survivre sur ce terrain, tu dois te taire et prendre tout ce qu'ils te balanceront. N'essaye pas d'être meilleure qu'eux, n'essaye pas de t'échapper, ne pleures pas, et ne mendies certainement pas ! elle dit et me regarda de haut en bas avant de continuer :
— N'essaye pas d'être intelligente, ce n'est pas la cervelle qui te sortira de là. Tu es très belle, ce n'est pas un compliment, c'est une vérité. Ta beauté est tout ce qu’il te reste maintenant donc mords toi la langue et sois forte.
Je sentis les larmes se souder dans mes sclérotiques, mais je ne pleurerais pas. Je hochai la tête alors que je mon corps tremblait, mon esprit s'engourdissant de plus en plus.
La femme laissa sa main retomber sur son corps avant de se retourner et d’ouvrir un grand carton contenant sûrement une paire de chaussures.
— Enfile moi ça. elle me dit en me tendant une paire de talons noir encore plus haut que ceux de mon anniversaire.
— Et assieds-toi, tu as des ecchymoses et des coupures sur tes deux jambes. Tu as tellement du luté. continua-t-elle à dire doucement.
Je m'exécutai alors et enfilai les talons. La femme se mis rapidement à couvrir toutes les contusions et coupures visible sur mon corps à l’aide d’anticerne.
J'avais besoin de survivre à tout ça. Je devais le faire, je n’avais pas le choix, même si cela signifiait perdre chaque once de mon humanité. Je devais le faire. Je survivrai maintenant et je pleurerai plus tard. J'étais plus maligne que qu’eux, je n'étais pas celle qu'ils pensaient que j'étais. J'avais un avantage. J'allais m'en sortir vivante. Je supporterais les coups, le viol, la douleur, la torture, car au moins, je sais que j'étais meilleur que ce qu'ils pensaient que j'étais.
Je ne me laisserai pas succomber au mal de monde dans lequel ils étaient. Je n'étais pas sale...
Je n'étais pas une croqueuse.
