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Chapitre 2 : Le Caractère du Roi

Elara

Les jours à la cour de Valdoria s’étiraient, remplis de cérémonies, de réunions et de règles strictes que je n'avais d’autre choix que de suivre. Le roi Aldric était un homme impitoyable, traitant les affaires du royaume avec une froideur d’acier, comme un maître d’armes polissant son épée. Chaque décision qu’il prenait semblait être motivée par une volonté de fer, marquée par son désir inébranlable de maintenir son pouvoir à tout prix. Les nobles, les généraux, même les courtisans, l’approchaient avec une révérence palpable, sachant qu’un seul mot mal choisi, un regard déplacé, ou un geste d’imprudence pouvait conduire à une réprimande violente, parfois même à l’exécution.

Je n’étais qu’une simple domestique, une petite ombre dans l'immensité du palais, mais même moi, je ne pouvais ignorer l’aura qui entourait le roi. On parlait de lui comme d’un homme d’une cruauté sans égale, un homme dont la jeunesse difficile, marquée par des luttes incessantes pour atteindre le pouvoir, avait forgé un caractère sans compromis. Sa montée au trône avait été pavée de trahisons et de batailles impitoyables, et depuis, il semblait incapable de faire preuve de la moindre clémence.

Dans les couloirs du palais, les murmures ne cessaient jamais à son sujet. On disait que le roi vivait uniquement pour une chose : le contrôle. Il avait écrasé la rébellion dès ses premières années de règne, et son nom était désormais synonyme de peur et de soumission. Les habitants de Valdoria ne se souciaient guère de savoir s’il était cruel ou non. Ce qu'ils savaient, c’était qu'il maintenait l’ordre d’une main de fer, et cela suffisait à les garder dans une soumission silencieuse.

Je n’avais ni opinion politique ni le luxe de remettre en question ses actions. Après tout, je n’étais qu’une servante. Mais au fil des jours, je commençais à ressentir la lourdeur de ce régime, l'oppression qui imprégnait chaque recoin du palais. Même parmi les domestiques, il y avait des regards furtifs, des murmures étouffés. Ils savaient tous que le moindre faux pas pouvait être fatal.

Pourtant, malgré l’autorité inébranlable qu’il imposait, il y avait des moments où je percevais une étrange vulnérabilité chez Aldric. Un soir, alors que je nettoyais la grande salle de banquet, je le vis à travers une fenêtre. Il se tenait seul sur la terrasse, face à la lueur de la lune, contemplant les étoiles. Une silhouette sombre dans la nuit, perdue dans ses pensées. Un frisson de curiosité me traversa. Qui pouvait comprendre ce roi, celui qui imposait la terreur tout en semblant parfois si isolé ?

Ce soir-là, je compris que la cruauté d'Aldric ne venait pas seulement de son désir insatiable de pouvoir, mais aussi de quelque chose de plus profond : une solitude qu'il n'avait jamais su combler. Ses gestes brusques, son regard perçant, n’étaient que des murs qu’il dressait autour de lui pour se protéger, comme une armure forgée par des années de douleur et de trahison.

Mais tout cela échappait aux courtisans. Personne ne voyait l’homme derrière le roi. Ils ne comprenaient pas que, dehors de la salle du trône, Aldric n’était qu’un mystère, un homme marqué par des blessures invisibles, qu'il dissimulait soigneusement sous son masque impassible. Les rumeurs disaient qu’il n’avait jamais connu l’amour ni l’amitié, qu’il avait sacrifié toute forme de tendresse pour parvenir à la puissance absolue.

Moi, pourtant, je ressentais quelque chose de différent. Je n'étais qu’une servante, mais à chaque fois que je croisais son regard, je sentais cette tension invisible, cette lutte intérieure qu'il portait. La cour était pour lui un champ de bataille, mais contrairement à la guerre qu’il menait avec son peuple, cette bataille semblait solitaire. Il se battait contre des démons intérieurs, des démons qui l’avaient façonné en un homme que personne ne comprenait.

Je ne savais pas où cela me mènerait, mais je sentais que, d'une manière ou d’une autre, nos chemins finiraient par se croiser d’une façon plus profonde. Ce simple échange de regards, lors de notre première rencontre, avait déjà semé en moi des questions, des doutes. Peut-être que ce roi cruel n’était pas aussi implacable qu’il voulait bien le paraître. Peut-être qu’il était plus humain que je ne le croyais. Mais était-ce là une illusion de ma part ? Une rêverie d’une jeune servante ? Seul le temps nous le dirait.

Pour l’heure, il continuait de régner en maître sur son royaume, tandis que moi, je poursuivais mes tâches quotidiennes, inconsciente de ce qui se jouait déjà dans l’ombre.

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