Chapitre 1 : Le Royaume de Valdoria
Elara
Le royaume de Valdoria s'étendait à perte de vue, un vaste territoire aux montagnes imposantes et aux forêts denses, traversé par des rivières tumultueuses et des plaines verdoyantes. Le château royal, forteresse de pierre imposante, dominait la capitale, une cité qui bouillonnait d'activité, mais dont l'ambiance était marquée par un climat de peur et de respect mêlés. Les rues étaient bordées de marchands, de soldats et de paysans, mais tous semblaient marcher la tête baissée, comme si un nuage invisible pesait sur leur quotidien. Car, au cœur de ce royaume magnifique, régnait un roi dont la réputation n'était plus à faire : Aldric, un homme puissant, mais dont la cruauté était aussi légendaire que son empire.
J'avais entendu parler du roi Aldric, de sa montée au pouvoir et de la manière dont il avait écrasé toutes les révoltes dans le sang. On disait de lui qu’il n’accordait aucune clémence, que ses décisions étaient rapides et brutales, et que la moindre erreur pouvait coûter la vie. Il régnait sur Valdoria d'une main de fer, et même les nobles, bien que respectant sa puissance, craignaient sa colère. Il n'y avait pas de place pour la faiblesse dans son royaume, et tous vivaient dans l'ombre de sa terrible réputation.
Je n’étais qu’une simple domestique, envoyée ici par ma famille, espérant un avenir meilleur. Comme tous les autres serviteurs, je n’étais qu’une ombre dans l’immensité du palais. Mais en dépit de ma position modeste, je n’étais pas totalement ignorante de ce qui se passait dans ce lieu. Le roi Aldric, on ne le rencontrait que rarement, et ses apparitions étaient toujours empreintes d’une tension palpable. Tout le monde dans le château semblait vivre dans une peur sourde, mais pour moi, il n'était qu'un roi lointain, une figure imposante et inaccessible.
Ce matin-là, je m'approchais du trône pour apporter une tasse de vin au roi. La salle était silencieuse, les murmures des courtisans et du ministre des Finances avaient cessé, et l’atmosphère semblait lourde. Le roi, assis sur son trône, regardait le ministre, dont les tremblements étaient visibles. Il semblait si détaché, presque implacable. Et puis, alors que je posais la tasse sur le bord du trône, nos regards se croisèrent.
Ce fut un instant fugace, presque imperceptible, mais quelque chose me frappa. Ce n'était pas la peur, comme on me l’avait dit, mais un étrange mélange de curiosité et de compréhension. Ses yeux étaient sombres et pénétrants, comme s'il cherchait à percer quelque chose en moi. J’eus un frisson dans le dos, mais je détournai vite les yeux. Je n'étais qu'une servante, et il n'y avait pas de place pour la curiosité dans un palais où chacun connaissait son rôle et sa place.
Pourtant, ce moment me marqua. Quelque chose dans son regard, peut-être une lueur de… je ne savais pas quoi, resta gravé en moi. Il m'avait vue, non pas comme une simple domestique, mais comme une personne. Un simple échange de regards, et pourtant, je savais que quelque chose avait changé en moi. Ce simple instant, aussi furtif soit-il, allait marquer le début de quelque chose que je ne pouvais encore comprendre.
Et dans cette grande salle, silencieuse comme un tombeau, je ne savais pas que ce regard, aussi bref qu'il fût, allait marquer le début d'une relation complexe et interdite. Une relation qui allait résonner à travers tout le royaume de Valdoria.
