chapitre 8

Roulant à toute allure, il espérait arriver à la paroisse avant qu'il ne soit trop tard. Il était hors de question qu'il la laisse partir sans protection et encore pire dans son état. Une fois garé devant la paroisse, il coupa le moteur et quitta sa voiture très rapidement. Lorsqu'il ne la vit pas à l'extérieur, il espérait qu'elle soit encore à l'intérieur et pour ce fait, il ne perdit pas de temps et alla très vite vers l'habitacle du père Maurice.

Lorsqu'il fut entré, ce dernier était seul face à la fenêtre comme s'il regardait quelque chose. Le silence des lieux était une preuve que cet homme était la seule âme vivante dans la pièce. Il ne voulut point accepter ce qui se passait et attendit sagement qu'il le lui dise de vive voix.

Lorsqu'il se retourna, il ne fit point attention à Jowel et alla tout simplement s'installer. Jowel fit de même sans y être invité. Les réactions du père Maurice lui communiquait très bien ce qu'il savait déjà mais il se refusait de le croire.

- est-elle déjà partie? Demanda Jowel avec espoir que la réponse soit négative.

- oui!

- depuis longtemps ?

- depuis longtemps pour déjà être dans un véhicule se dirigeant vers le Sud, Avait lâché le père Maurice.

- tu aurais pu l'en empêcher mon père, elle est seule, sans protection et elle s'est engagée dans une région où elle ne connait personne, comment va-t-elle y survivre? Je suppose que tu as une idée du lieu où elle se rend, je te prie de me communiquer son adresse, l'implora Jowel

- non Jowel, je comprends que tu t'inquiètes pour elle mais tu ne prendras pas toujours des décisions à sa place. Isabelle est une femme maintenant, moi-même j'ai eu du mal à la laisser partir mais il le fallait, il faut qu'elle apprenne à se battre toute seule contre la vie car elle aura bientôt un enfant. Compte tenu de sa motivation à s'en aller, elle avait parfaitement raison, tu la sur-protège au point de t'oublier toi-même. Concentre-toi sur ta relation avec Isadora c'est mieux.

Il aimait cette fille à en mourir mais son comportement vis-à-vis d'Isabelle ne l'avait point enchanté et pendant un moment, il avait songé à une quelconque rupture, le temps pour lui réfléchir et par la même occasion, laisser le temps à Isadora de se faire un examen d'introspection car menacer une femme enceinte était la dernière chose qu'un fou pourrait faire.

Regardant fixement le père Maurice, il hocha négativement la tête et ce dernier comprit ce qu'il voulait lui transmettre à travers ce signe. N'étant pas du même avis que lui, il se leva pour essayer de le dominer malgré sa petite taille.

- je comprends parfaitement ton ressenti mon garçon mais quiconque à la place d'Isadora aurait réagi de la même façon. Tu as délaissé votre relation pour t'occuper d'Isabelle, tu as laissé tomber votre voyage pour Isabelle, tu as délaissé ta petite amie pour t'occuper d'Isabelle, crois-moi Jowel, je ne veux rien insinuer parce que je vous ai vu grandir mais cela porte à confusion aux yeux de tout le monde. Pour cette accusation portée contre vous, c'était une occasion parfaite pour vous séparer mais  non, jamais tu ne l'abandonné. Elle a aujourd'hui fait pour toi ce que jamais tu ne pouvais faire pour toi-même. Elle s'est sacrifiée pour que tu retrouves ta vie. Va t'expliquer avec Isadora et arrangez les choses, voilà la seule chose qui ferait énormément de plaisir à Isabelle.

- est-ce la meilleure chose à faire mon père ?

- oui, pour ton propre et celui d'Isabelle.

Alors qu'il avait décidé de prendre en compte les conseils du père Maurice sans toutefois oublier la colère qui montait en lui dû au comportement d'Isadora, il rentra chez lui bien décidé à lui pardonner mais après lui avoir dit ce qu'il pensait de son comportement.

Lorsqu'il actionna le verrou de la porte, il vit Isadora assise au canapé. Il ne lui prêta aucune attention mais aussi vite , un reniflement attira son attention. Il se retourna et la vit en pleure, une image qui lui brisa le cœur mais il n'était pas prêt à passer à autre chose sans lui avoir dit le fond de sa pensée.

Continuant son chemin sans faire attention à elle, il sentit une main douce le retenir par le poigné. Il souffla et essaya de se dégager mais elle vint se mettre en face de lui et le regarda droit dans les yeux. Ses yeux brillants de larmes faisaient mal à l'homme mais il ne laissa rien paraître , ce qui irritait Isadora plus que tout.

- crie-moi dessus, frappe-moi si tu veux, traîne-moi par les cheveux mais s'il te plaît Jow ne garde pas le silence, ça m'insupporte.

- comment as-tu pu te comporter de la sorte Isadora? Cette fille est enceinte, elle courait des risques avec ta crise de jalousie non justifiée putain.

- non justifiée tu dis? J'ai l'impression que c'est toi son petit ami, tu es sur-protecteur avec elle, tu es toujours là pour elle, j'ai supporté tout cela parce qu'en entrant dans ta vie, elle y était déjà mais chaque jour ça été pire, tu m'ignorait même souvent pour être aux petits soins avec elle, n'est-ce pas une raison qui justifie ma jalousie ? J'avoue que je n'ai pas fait preuve de maturité en allant lui parler comme je l'ai fait mais je ne réfléchissais plus, j'en avais marre de faire semblant que tout allait bien pourtant j'étais débordée. J'ai pensé un moment à en discuter avec toi mais tu n'aurais jamais manqué d'excuses pour me prouver que j'avais tort de m'inquiéter alors j'ai préféré que ce soit elle qui te fasse partir. Et si nos rôles étaient changés ? Et si j'étais celle qui jouait la meilleur amie aux côtés d'un garçon désespéré?

la seule idée de la savoir avec un autre homme le fit crisper la mâchoire, jamais il ne permettrait qu'elle le quitte pour un autre. Il l'aimait plus que tout mais il ne pouvait non plus s'empêcher de penser au bien-être d'Isabelle. Il finit par comprendre après le discours de sa petite amie qu'elle avait parfaitement raison, il ne lui prêtait plus aucune attention depuis l'annonce de la grossesse d'Isabelle car malgré tout ce qui était venu chambouler le cours de leur vie en une seule soirée, il devait protéger Isabelle et son bébé car il devait bien cela à son ancien meilleur ami.

Il ferma les yeux pendant un moment et lorsqu'il les ouvrit, il prit les pommettes d'Isadora entre ses mains, il essuya ses larmes grâce à ses pouces et la ramena à son torse, il la serra tellement fort et cette dernière lui rendit son étreinte sans attendre.

- je suis désolée Isa, je sais que je suis impardonnable après mon ignorance à ton égard mais j'étais tellement perché dans le passé, je voulais à tout prix protéger Isabelle et son bébé car malgré les évènements, je n'arrivais pas oublier Emsig et ce bébé est le sien.

- je sais chéri, je me suis emportée je l'avoue mais c'était insupportable pour moi crois-moi, j'avais peur de te perdre Jow.

- je sais ma belle, tout va bien maintenant mais juste à l'avenir, sois plus gentille je t'en prie.

- promis.

- tout est au clair maintenant mon amour, mais je t'avoue que je ne suis pas tranquille, Isabelle est partie dans le Sud et elle n'y connait personne, je m'inquiète pour elle.

Sentant pointe de culpabilité l'envahir, elle quitta les bras de son copain et alla prendre place au canapé. Elle savait qu'Isabelle était désormais exposée au danger par sa faute et n'était pas seule, elle portait une vie en elle. Par sa jalousie grandissante, elle l'avait poussé dans le gouffre, son égoïsme à vouloir garder Jowel pour elle seule l'avait poussé à commettre une grave faute.

- Jow, s'il ta plaît va la chercher je t'en prie.

- Non Isa c'est impossible, le père Maurice m'a dit qu'elle ne voulait pas que j'aille à sa recherche mais dans la lettre qu'elle m'a laissé, elle m'a promis de me contacter dès que possible.

Un peu plus rassurée, elle ferma les yeux et expira profondément. Même si jamais elle n'avait fait la prière dans vie, à cet instant précis, elle priait qu'elle sois toujours protégée, une chose qu'elle n'avait jamais pensé faire. Elle fut tout au moins rassurée lorsque la lueur de colère qui se lisait dans les prunelles de son copain disparue.

Fin du Flashback.