chapitre 10
Lorsqu'elle finit par arriver devant sa chambre, la porte était déjà entrouverte et là, elle eut encore pendant quelques instants l'idée de s'en aller. Le fait que la porte soit déjà ouverte était signe qu'il l'attendait de pied ferme et cela ne la rendait point sereine.
Assis sur son lit, il n'avait rien raté de son spectacle tentée par la réticence. Alors qu'il eût peur qu'elle retourne chez elle vu qu'elle en était capable, il se leva et alla à sa rencontre.
- Jowel?
- ne reste pas à la porte Isa, vas-y entre.
Son comportement à elle la surprenait. Jamais elle ne sentait mal lorsqu'il s'agissait de Jowel mais peut-être qu'elle était ainsi parce que le vif du sujet était Emsig. Un sujet qui restait toujours sensible pour elle.
L'observant attentivement, il ne put retenir cet élan de colère qui naissait en lui. Il ne pouvait le nier, les yeux de sa protégée étaient textuellement ceux d'une fille amoureuse et cela lui faisait beaucoup de mal. Il ne lui aurait jamais interdit si elle était amoureuse d'un autre mais pour lui, Emsig avait une mauvaise influence sur elle surtout à ce jour.
Constatant qu'elle voulait jouer à la fille étrangère ou réticente, il ne lui prêta plus aucune attention et alla s'affaler sur son lit. Voyant son désintérêt à son égard, elle faillit pleurer juste à cause de cela car Jowel avait toujours été au petits soins avec elle et le voir l'ignorer lui faisait un mal de fou.
- Jowel je sais que tu peux ressentir après tout ce tu m'as vu traversé et vu ce que tu as vécu à mes côtés mais Dieu m'en est témoin, j'ai essayé, pendant trois ans j'ai essayé de l'oublier mais je n'ai pas pu. Je le hais mais jamais ce sentiment ne sera supérieur à l'amour que je lui porte encore. Je sais que je ne devrais pas m'exprimer ainsi mais c'est la vérité. Je ne peux plus fuir, peu importe la distance qui nous sépare, j'ai l'impression d'être toujours avec lui en regardant ma fille. Je dois l'affronter, je dois le voir chaque jour pour essayer de faire la paix avec moi-même. Jowel s'il-te-plaît comprends moi.
Il savait parfaitement qu'elle avait raison, fuir Emsig à longueur de journée était comme repousser l'inévitable et il en était bien conscient. Mais après toutes les épreuves, après toute la souffrance qu'elle avait vécu à cause de lui, il ne voulait la savoir proche de lui.
- je comprends parfaitement ton point de vu Isa mais tu n'es obligé de travailler pour lui s'il ne s'agit que d'une question de travail. Je t'en trouverai un ou bien nous pouvons aller en France. Tu as assez souffert ma petite. Réfléchis bien et dis-moi ce que tu veux.
Elle n'avait plus besoin de réfléchir car elle savait parfaitement ce qu'elle voulait et le point de vu de Jowel ne comptait plus pour elle.
- je veux aller travailler pour lui.
Il serra les poings. Elle ne mesurait peut-être pas les conséquences de sa décision et par la même occasion ne savait qui était le danger qui la guettait.
- rentrons dans la nuit de trois ans plus tôt, tu peux me dire qui avait créé toute cette qui t'avait séparé de Emsig?
- non, j'ai essayé de lui demander mais il ne voulait même pas entendre le son de ma voix.
- ceci dit Isabelle, tu ne connais même pas la personne qui t'a séparé de l'homme que tu aimais et tu ne connais même pas la raison, ce qui a poussé cette personne à le faire. Travailler pour Emsig fera naître entre vous ce que vous avez tenter de détruire depuis cette nuit là. T'es-tu demandé pendant un instant si la personne n'était pas toujours dans les parages ? Ta fille serait en danger Isabelle, tu ne ressentira rien si cette personne s'en prends à toi mais imaginé si elle s'en prend à ta fille ? Réfléchi bien.
Ce sur point, Jowel Avait parfaitement raison. C'était pour sa fille qu'elle voulait aller travailler pour Emsig et si aller travailler devait mettre sa fille en danger alors, elle trouvait mieux de ne plus y aller.
Constatant son air perdu, il fut heureux de savoir qu'enfin il avait pu la redonner sur sa façon de penser. Il avait une vie mais la vie de Capucine et celle d'Isabelle étaient plus importantes à ses yeux.
- tu décides quoi ?
- je n'en sais, je suis perdue je t'assure, qu'est-ce que je peux bien faire maintenant ?
- rester chez toi, je ne me laisserai jamais de prendre soin de vous Isa, vous êtes ma famille alors, ne t'en fait pas. Je suis content qui tu aies prise la bonne décision.
Elle alla se réfugier dans ses bras pas le cœur net. Elle avait beau accepté ne pas y aller mais au fond d'elle, elle ne savait pas si c'était ce qu'elle voulait vraiment.
- ne doute pas de cette décision que tu viens de prendre, elle est la meilleure, lui dit Jowel.
Elle hocha la tête espérant que ce soit vraiment la meilleure.
Sortant de l'appartement de Jowel, elle était censée se rendre à l'entreprise de son ex mais fit chemin contraire. Elle retourna chez elle afin de bien réfléchir. Elle savait parfaitement que Manuella serait en colère après sa décision mais au final, retourner à cette entreprise était courir de grands risques.
Regardant sa montre impatiemment, il était déjà dix heures du matin et Emsig ne comprenait pas pourquoi sa nouvelle employée n'était pas encore arrivée. Il avait pourtant tout mentionné dans le mot qu'il avait laissé au père Maurice de lui donner.
Son geste fut si répétitif que Stern constata. Il regarda son frère et savait parfaitement que depuis trois ans, il n'avait plus donner rendez-vous à une femme pourtant ce comportement était celui qu'avait un homme lorsqu'il avait rencard.
- que se passe-t-il frère ?
- rien qui puisse t'intéresser Stern, enfin lâche-moi un peu tu veux ? Je suis un grand garçon et je peux très bien gérer ma vie.
- dis moi c'est qui que tu attend.
- ma nouvelle assistante.
- le nom.
Prononcer ce nom était comme une nouvelle l'âme qui lui tranchait le cœur. Ce nom il aimait si bien le prononcer à cette époque mais là, c'était autre chose.
- non. Si elle vient, tu la verras, dans le cas contraire tu...
- si elle vient? Emsig dois-je te rappeler que tu as besoin d'une assistante aussi vite que possible ? Mais c'est quoi ce bordel encore ?
Oui il avait certes besoin d'une assistante à l'urgence mais ne savait pas s'il serait capable de la supporter. La dernière fois qu'elle était venue à l'entreprise, il ne pouvait se mentir à lui-même, elle avait embelli, les courbes parfaites de son corps l'attirait comme un aimant.
- bien je ne sais pas si elle viendra ou non je te l'ai dit.
- son nom.
- la fille que le père Maurice a cherché pour venir travailler ici.
Stern n'avait plus besoin de réfléchir, il s'agissait de Isabelle et il comprenait la raison pour laquelle son frère ne voulait pas prononcer son nom.
- je comprends qu'elle ne veut pas venir à cause de votre rencontre désastreuse de la dernière fois. Tu as promis de faire quelque chose Emsig.
- oui et je l'ai fait.
- et quoi donc?
- j'ai envoyé un mot pour elle, lui demandant de revenir, ce n'est pas comme si je devrais aller la tirer par la prise fesses pour qu'elle vienne travailler. Elle a besoin de ce travail et moi d'un personnel.
Stern rit à gorge déployée, son frère ne voulait pas comprendre que Isabelle était une fille née chanceuse et qu'elle pouvait tout simplement se trouver un au travail facilement.
- dois-je te rappeler que Jowel est devenu un homme d'affaires aussi réputé ? Il es capable de lui trouver un travail digne et pas fatigant. Ça serait moi à ta place, je serai déjà aller frapper à sa porte lancer une nouvelle annonce pour la recherche d'une assistante.
La suite de la phrase de son frère ne l'intéressait plus mais savoir que Jowel et Isabelle étaient restés en contact pendant tout ce temps le faisait bouillonner de colère. Une relation aussi durable ne s'était pas construite que ce soir là, il était certain que ces deux là se moquaient de lui depuis bien longtemps.
- Emsig, tant que traverse les locaux de cette boîte, je te conseille vivement de laisser le passé derrière toi. Ici, il s'agit de la professionnelle et non personnelle ou intime. Tu as mis cette fille à la porte et tu as coupé tout lien avec Jowel qui était ton meilleur ami. Dis-moi un peu, c'est quoi ce sentiment après trois ans? Sérieux frère je ne te comprends pas à la fin.
- et tu ne pourras jamais comprendre, une femme que j'étais sur le point d'épouser, une femme à qui j'ai tout donné, un ami avec qui j'ai grandi, un ami à qui je disais tout. C'est blessant Stern et crois que si même après trois je n'ai pas pu oublié, jamais je ne pourrai oublié.
Il n'était pas l'homme à qui on avait fait ça, mais il ressentait le mal de son frère, ses tristes provoquaient une ordre de peine en lui mais, la seule façon pour qu'il affronte la vérité, c'était de faire travailler Isabelle à l'entreprise.
- vas chez elle l'a ramener, quitte à la supplier pour qu'elle vienne.
- c'est elle qui a besoin de ce travail alors, je ne vois pas pourquoi je ferai ça. À côté de cela, je ne connais même pas sa maison.
- vas voir le père Maurice et tu me donnera le compte rendu ce soir, dit Stern en s'en allant.
