chapitre 7
Chapitre 7
Les archives étaient poussiéreuses, les dossiers empilés dans un coin sombre de l’immeuble. Lorenzo n’avait jamais pensé à les ouvrir avant ce jour-là. Il avait toujours eu confiance en son père, une confiance aveugle qui avait forgé sa vision de l’empire familial. Mais après ce qu’il avait découvert, après ce que Valeria avait insinué, cette confiance s’était effritée. Il avait besoin de réponses. Il avait besoin de savoir ce que son père avait caché.
Les dossiers s’empilaient devant lui. Tout était classé selon un ordre qu’il ne comprenait pas vraiment. Des noms, des dates, des chiffres. Mais dans tout ce chaos, une série de documents attira son attention. Des échanges commerciaux entre la famille De Luca et les Moretti. Ce n’était pas si étonnant. Ils étaient tous dans les affaires, dans la finance, et les alliances étaient courantes. Mais ce n’était pas juste des échanges d’actions ou de parts dans des sociétés. C’étaient des paiements, des transferts d’argent vers des comptes offshore. Des comptes qui n’étaient pas répertoriés dans les documents officiels de la société.
Lorenzo parcourut les pages rapidement. Il savait ce qu’il cherchait, il n’avait pas besoin de tout analyser en détail. C’était les dates, les montants, les noms qui l’intéressaient. Il y en avait plusieurs. Des dizaines de milliers, des centaines de milliers. Et derrière chaque transaction, un nom. Valeria Moretti, bien sûr, mais aussi d’autres membres de sa famille. Les liens entre leur empire et le sien se dessinaient lentement mais sûrement. Des liens qu’il n’avait jamais vus. Des accords qu’il n’avait jamais »maginés. Une étrange complicité, vieille de plusieurs années.
Il éteignit l’écran du ordinateur, son cœur battant plus fort. Ce qu’il venait de découvrir n’était que la surface de quelque chose de beaucoup plus vaste. Ces transactions, ces montants, ces noms… tout cela faisait partie d’un puzzle auquel il n’avait encore aucune idée de la solution. Mais il savait une chose : son père savait. Son père savait tout. Et maintenant, lui aussi. Mais il ne savait pas si cela suffisait.
Il prit une grande inspiration et se leva. Il devait parler à son père. Il ne pouvait plus ignorer ce qu’il venait de découvrir. Mais quand il entra dans le bureau de son père, il sentit l’atmosphère se transformer. Le magnat était là, tranquille comme toujours, comme s’il ne portait pas le poids de toute une vie d’affaires douteuses sur ses épaules. Mais quelque chose dans ses yeux, une lueur qu’il n’avait jamais vue, fit naître un doute dans l’esprit de Lorenzo. Son père savait que quelque chose avait changé.
« Lorenzo, qu’est-ce que tu fais là ? Tu sais que tu n’es pas censé fouiller dans ces dossiers. » La voix de son père était calme, mais il y avait une tension sous-jacente, une autorité que Lorenzo n’avait jamais trouvée dans ses mots.
« Je veux savoir ce que tu caches. Pourquoi ces transactions ? Pourquoi les Moretti ? » Lorenzo se força à maintenir son regard, mais il sentait la colère monter en lui. Les questions tournaient dans sa tête, s’entrechoquaient. *Pourquoi m’avoir menti ? Pourquoi me cacher la vérité ?*
Son père le fixa longuement, comme s’il hésitait à lui répondre. Puis, finalement, il se leva lentement de son fauteuil et s’approcha de lui. « Tu es un homme maintenant, Lorenzo. Tu crois que tu comprends comment tout ça fonctionne. Mais tu n’as aucune idée de ce que tu dis. Ces affaires… tu n’as pas idée du genre de monde dans lequel nous évoluons. »
Lorenzo serra les dents. « Ne me prends pas pour un idiot. Je vois très bien ce que tu fais. Tu as des liens avec eux, avec les Moretti. Tu as utilisé des méthodes louches pour arriver où tu es. Et tu m’as laissé dans l’ignorance tout ce temps. » Il s’arrêta un instant. « Tu n’as jamais voulu que je sois prêt, n’est-ce pas ? »
Le père baissa les yeux un instant, et quelque chose en lui se brisa, mais il se redressa immédiatement. « Tu crois que je voulais ça pour toi ? Que je voulais que tu sois impliqué dans tout ça ? Tu n’as jamais eu à savoir, Lorenzo. C’est un monde de violence, de trahisons. Et je t’ai protégé de tout ça. J’ai bâti cet empire pour toi. Pour nous. »
Lorenzo le regarda, son cœur battant à toute vitesse. « Tu m’as protégé ? C’est ça ta version ? Tu m’as protégé en me cachant la vérité, en me faisant croire que tout allait bien ? En me montrant ce monde comme s’il était parfait ? »
Son père lui lança un regard froid. « Tu n’as pas idée de ce que tu demandes. Il y a des choses qu’on ne peut pas comprendre, des choses qu’on ne doit pas savoir. Crois-moi, tu veux vraiment ça ? »
Lorenzo serra les poings. « J’ai vu ce que j’avais à voir. Je sais qu’il y a des transactions. Je sais qu’il y a des compromis, des accords secrets. Et je sais que Valeria Moretti est au centre de tout ça. »
Son père hocha lentement la tête, comme si tout était évident pour lui. « C’est plus compliqué que ça, Lorenzo. Les Moretti sont des alliés. Et des ennemis. Mais il y a bien plus à leur sujet que ce que tu imagines. Si tu veux vraiment tout savoir, prépare-toi à affronter quelque chose que tu ne pourras pas effacer. »
Un silence pesant s’installa. Lorenzo le défia du regard, refusant de céder. « Tu veux que je reste à l’écart ? Tu crois que je vais me retirer comme ça, après ce que j’ai découvert ? »
« Tu n’as pas le choix. Ce n’est pas une décision que tu peux prendre à la légère. Je te demande de ne pas te mêler de ça. » La voix de son père était devenue plus tranchante, mais Lorenzo sentait que quelque chose en lui s’était brisé. Il savait que la vérité était ailleurs, qu’il devait aller chercher encore plus loin.
« Tu penses vraiment que je vais rester là, à regarder les choses se passer ? » Lorenzo le défia, ne laissant pas son père se dérober. « Non. Je vais tout savoir. Et si tu ne veux pas m’en parler, alors je ferai tout pour découvrir la vérité par moi-même. »
Son père le fixa d’un regard glacé, puis, d’un geste vif, il se tourna vers la fenêtre. « Tu n’as aucune idée de ce que tu es en train de dire. »
Mais Lorenzo ne répondit pas. Il savait ce qu’il avait à faire maintenant. Le doute s’était installé dans son esprit, et il ne pouvait plus l’ignorer. Il devait tout savoir, coûte que coûte. Peu importe ce qu’il allait découvrir.
