Chapitre 3: L'attente de Jimie
À la fin de l'école, Jane vint comme à son habitude chercher son fils. Mais cette fois-ci, elle fut interpellée par la maîtresse, qui souhaitait s'entretenir avec elle.
— Madame Jane, je voudrais vous parler d’un sujet particulier, déclara la maîtresse d’un ton sérieux.
Intriguée, Jane hocha la tête.
— Oui, je vous écoute, répondit-elle.
La maîtresse hésita un instant avant d’annoncer :
— Il s’agit de votre fils…
Jane fronça les sourcils.
— Que se passe-t-il avec lui ? demanda-t-elle, l'inquiétude perçant dans sa voix.
— J’ai remarqué qu’il parle très peu, voire pas du tout. Il reste souvent seul dans son coin, et son regard semble toujours aussi vide, expliqua la maîtresse avec douceur.
Instinctivement, Jane se retourna et observa son fils à travers la vitre de la voiture. Jimie était assis sur la banquette arrière, le regard perdu dans le vide, sans aucune expression sur son visage.
— Cela m’inquiète de le voir ainsi, ajouta la maîtresse, visiblement soucieuse.
Elle hésita un instant avant de poursuivre :
— Excusez-moi pour cette question indiscrète, Madame Jane, mais est-ce que tout va bien à la maison ?
Jane resta silencieuse quelques secondes, réfléchissant à sa réponse.
— Oh oui… oui, tout va bien. Pourquoi cette question ? répondit-elle avec un sourire forcé.
La maîtresse la regarda avec bienveillance.
— Généralement, l’attitude d’un enfant reflète l’environnement dans lequel il évolue… Elle marqua une pause avant d’ajouter rapidement : Mais attention, ne le prenez pas mal, je ne veux rien insinuer. Seulement, il est possible que votre fils ait un peu plus besoin de vous en ce moment.
Jane sentit une pointe de culpabilité lui serrer le cœur.
— Mon mari et moi essayons d’être plus présents pour lui, mais ce n’est vraiment pas évident avec nos emplois du temps, admit-elle d’une voix plus douce.
— Avez-vous envisagé de prendre une nounou ? suggéra la maîtresse. Elle pourrait s’occuper de lui en semaine, et vous pourriez ainsi profiter pleinement de vos week-ends en famille.
Jane haussa un sourcil.
— Une nounou ? Ah non ! Je ne leur fais pas confiance, répondit-elle catégoriquement.
La maîtresse hocha la tête.
— Pensez-y. Cela pourrait être un soutien aussi bien pour lui que pour vous et votre famille, dit-elle avec un sourire encourageant.
Jane resta silencieuse un instant, pensive. Après cette brève conversation, les deux femmes se saluèrent chaleureusement avant de se séparer.
Une demande bouleversante
De retour à la maison, Jane aida Jimie à se débarbouiller, à ranger ses affaires, puis lui prépara son repas. Alors qu’il mangeait, elle s’installa près de lui, l’observant avec tendresse.
Soudain, Jimie releva la tête. Son regard, d’ordinaire fuyant, rencontra celui de sa mère.
— Qu’est-ce qu’il y a, mon bébé ? Veux-tu quelque chose ? demanda Jane, inquiète.
Le petit garçon hésita avant de murmurer d’une voix à peine audible :
— Je voudrais que papa et toi restiez avec moi...
Jane sentit son cœur se serrer. Elle se rapprocha de lui et le prit dans ses bras, caressant doucement ses cheveux.
— Oui, mon bébé, papa et maman feront plus d’efforts. D’accord, mon amour ? promit-elle, la voix tremblante d’émotion.
Jimie ne répondit pas, mais son regard trahissait une tristesse profonde.
Après un long câlin, Jane l’accompagna dans sa chambre.
— Jimie ? l’appela-t-elle doucement.
— Oui, maman ? murmura le petit.
— Je te promets que papa et moi serons plus présents pour toi, mon cœur, dit-elle avec un sourire tendre.
Jimie hésita une seconde, puis se jeta dans ses bras pour un câlin fort et sincère. Ce simple geste signifiait tant pour eux deux.
Après ce moment de tendresse, Jane se leva.
— Maman doit se préparer pour aller travailler. Mais ne t’en fais pas, papa arrivera bientôt et il te lira une histoire, d’accord ?
Jimie hocha la tête, esquissant un léger sourire. Jane lui déposa un baiser sur le front avant de quitter la pièce.
Cette fois, les yeux du petit garçon brillaient. Il n’attendait qu’une chose : voir son père rentrer et tenir sa promesse.
Les heures passèrent. Jimie se battait contre le sommeil, s’efforçant de garder les yeux ouverts. Il voulait absolument entendre la voix de son père lui raconter une histoire.
23h.
L’enfant, épuisé, cligna des yeux à plusieurs reprises. Son espoir de voir son père se réduisait de plus en plus. Il lutta encore quelques minutes, mais ses paupières devinrent trop lourdes.
Une larme coula doucement le long de sa joue alors qu’il sombrait dans le sommeil, déçu.
Trente minutes plus tard, la poignée de la porte d’entrée tourna.
William entra, visiblement exténué. Il soupira, passa une main sur son visage fatigué, puis regarda l’heure sur son téléphone.
— Oh mince ! jura-t-il en voyant l’heure tardive.
Jane avait tenté de le joindre à plusieurs reprises, mais il n’avait pas vu ses appels. Il ouvrit ses messages et lut l’un d’eux :
"Je te préviens, William, le petit compte sur toi cette fois-ci. Ne le déçois pas. Pas encore une fois."
William sentit une pointe de culpabilité l’envahir. Il posa son sac et se dirigea immédiatement vers la chambre de son fils.
Lorsqu’il entra, il trouva Jimie profondément endormi sous sa couverture. L’enfant semblait si paisible, et pourtant, William savait qu’il l’avait une fois de plus déçu.
Il s’approcha doucement du lit et murmura :
— Mon petit bonhomme… Comme tu grandis vite...
Avec délicatesse, il caressa les cheveux de son fils et déposa un baiser sur son front.
Soudain, dans son sommeil, Jimie bougea légèrement et murmura d’une voix faible :
— Papa… c’est toi ?
Le cœur de William se serra.
— Oui, mon grand. Rendors-toi, chuchota-t-il en continuant de caresser ses cheveux.
L’enfant soupira doucement et se rendormit paisiblement.
William resta quelques secondes à l’observer, partagé entre amour et remords.
Il éteignit la lumière et quitta la pièce, refermant la porte derrière lui.
Un père rongé par la culpabilité
Dans le couloir, William s’appuya contre le mur et soupira. Il rouvrit son téléphone et relut le message de Jane.
"Ne le déçois pas. Pas encore une fois."
Il ferma les yeux un instant, conscient qu’une nouvelle fois, il n’avait pas été là pour son fils, qui ne demandait pourtant qu’une chose : sa présence.
Avec un poids sur le cœur, il rejoignit sa chambre et s’effondra sur le lit, incapable de chasser la culpabilité qui le rongeait peu à peu…
