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Chapitre VI
- Moi : Qui m’envoie tous ces messages ?
- Serges : Quoi ???
- Moi : Tu m’as très bien entendu.
- Serges : (Il soupire) Ok. C’est Madeleine. Elle est à l’église avec nous.
- Moi : Hum ! Donc tu savais ?? Pourquoi tu m’as menti ? Et surtout pourquoi elle m’envoie ces messages ?
- Serges : Je ne voulais pas que tu crées un scandale. Je voulais gérer ça moi-même. Mais je ne sais pas pourquoi elle fait ça.
- Moi : Tu voulais gérer ça toi-même pourquoi ? C’est moi qu’on insulte que je sache. Et puis tu n’espères quand même pas me faire croire que tu ne sais pas pourquoi elle me harcèle ?
- Serges : Je t’assure Cathy.
- Moi : Depuis quand ?
- Serges : Je ne comprends pas.
- Moi : Depuis quand tu sors avec cette fille ?
- Serges : Quoi ? Moi ? Sortir avec elle ? Tu rigoles j’espère ?
- Moi : …
- Serges : Jamais de la vie.
- Moi : Alors pourquoi elle parle de toi comme étant son gars ?
- Serges : Chérie, je t’assure que je suis le premier à être surpris. Entre cette fille et moi il ne s’est jamais rien passé. Je ne te trompe pas avec elle.
- Moi : Démarre. Nous sommes sérieusement en retard.
- Serges : Je te le jure bébé. Je ne te trompe pas. Et si tu veux on aura qu’à faire une confrontation avec elle dimanche après la messe. Comme ça tu auras la certitude que ce n’est pas moi.
- Moi : Mais tu as dit que tu voulais gérer non ? Tu as donc fait quoi vu que j’ai encore reçu son sms aujourd’hui ?
- Serges : Ah bon ? Je n’ai pas eu le temps de la voir à cause du travail. Mais dimanche toi et moi on le fait ensemble d’accord ?
- Moi : Ok.
J’en voulais toujours à Serges mais je percevais cependant une certaine sincérité chez lui. Le fait qu’il propose que l’on voie cette fille ensemble me rassurait déjà. Et puis j’avais au moins la certitude que c’est moi qu’il voulait. Mais en entrant chez Papy, j’avais toujours la mine boudeuse. Fallait quand même pas que je baisse la garde si vite.
- Papy : Hey ! Vous êtes là. Je me demandais si vous comptiez encore venir.
- Moi : Désolé y avait Daniela à gérer. Je dis hein, je pensais que c’était un petit truc.
- Papy : Bof ! Mais c’est ça, un petit truc.
En même temps, c’était normal. Quand on est un fêtard comme Papy, on ne sait que faire les choses en grand. Bon ce n’était pas aussi un bal mais au lieu de dix personnes comme il avait dit, je crois qu’il y avait près de trente personnes. Heureusement Papy avait une grande maison. C’était en fait la maison de ses parents mais son père était décédé il y a deux ans et sa mère vivait depuis en Italie. Donc il profitait, en tant que fils unique, d’une maison de 350 m² avec jardin.
Comme les hommes sont ce qu’ils sont là, il ne fallut pas dix minutes à Serges pour reconnaître les gens. Apparemment Papy et lui avaient des amis en commun. N’étant pas très sociable, j’ai décidé d’aider l’épouse de Papy dans le service. Elle était aidée par une de ses cousines qui venait de toute évidence de France, vu son accent.
- Béatrice (la femme de Papy) : Je te présente Elodie ma cousine.
- Moi : Enchantée. Moi c’est Cathy la collègue et amie de Papy.
- Béatrice : Moi je dirais plutôt ma coépouse. Elle voit mon gars autant que moi.
- Elodie : Haha ! Enchantée. J’aime beaucoup ta greffe. Ça a été bien placé. Ta coiffeuse m’a l’air très bonne.
- Moi : Oui c’est vrai, elle l’est.
- Elodie : Elle coiffe aussi les mariées ?
- Moi : Oui ! A coup sûr c’est elle qui va me coiffer. Dans le salon on fait aussi la manucure et la pédicure et même les soins du visage.
- Elodie : Ah Oui ? Intéressant. Tu serais assez gentilles pour m’y accompagner un de ces jours pour que je la teste ?
- Moi : D’accord. Faudra juste que l’on s’entende sur le jour.
- Elodie : Oh tu es vraiment trop gentille. Donne-moi ton numéro et comme ça je t’appellerai.
Elodie était vraiment très sympathique. Elle avait ce sourire aux lèvres si chaleureux qui vous faisait tout de suite avoir confiance en elle. Par ailleurs, elle était très belle et très élégante. Elle portait une greffe indienne assez longue et de couleur châtain. On aurait dit une maghrébine avec son teint clair et ses yeux noirs, mais c’était une bonne béti (population du centre Cameroun). Elle portait une robe blanche ouverte scandaleusement au dos. Elle était vraiment belle. Si moi j’admirais déjà la plastique de cette fille comme ça, que dire des invités de Papy ? Je voyais les amis de Papy la guetter. Chacun d’eux voulait seulement approcher le gibier.
- Elodie : Je me marie à la fin de cette année donc je suis en train de tester des coiffeuses et aussi des « Make up Artist ».
- Moi : C’est marrant ! Moi aussi je me marie à la fin de l’année.
- Elodie : Ah bon ? Waouh ! trop drôle !
- Moi : Oui.
Le courant passait tellement bien avec Elodie que nous sommes restés discuter chiffons dans la cuisine un moment. Comment s’était passé la demande ? Comment nous percevions nos cérémonies ? Ça ne faisait qu’un mois qu’Elodie était revenu au pays. Elle et son fiancé avait décidé de revenir s’installer ici. Elle était une styliste et elle concevait des bijoux ethno-chics. Elle parlait de sa vie comme d’un conte de fée. Le boulot parfait et surtout l’homme parfait.
- Une voix familière : Elodie ça va ? Qu’est-ce que…
Patrick ??? Mais qu’est-ce qu’il faisait ici ? Attends. Lui ? Le fiancé d’Elodie ? Non mais je rêvais ou quoi ? Alors c’était lui l’homme dont elle n’arrêtait pas de me parler et qu’elle allait épouser à la fin de l’année ?
- Patrick : Cathy ???
Il avait le regard ébahi. Comme s’il venait de voir un fantôme.
- Elodie : Vous vous connaissez ?
- Moi : Oui (hésitante).
- Elodie : Waouh ! Le monde est vraiment petit. C’est trop cool ça.
Elodie parlait mais je ne l’écoutais pas. Je crois que Patrick aussi d’ailleurs. Mes yeux rivés sur lui. Je tremblais des jambes. Ma bouche était légèrement entrouverte, ma gorge s’asséchait et je m’appuyais sur une chaise pour ne pas avoir à trébucher. C’était si réel maintenant. Je savais que Patrick était au pays mais tant que je ne l’avais pas vu de mes propres yeux, ça semblait irréel. Maintenant je savais que c’était vrai. Il était rentré. Mais pas seul.
- Elodie : Eh ! Oh ! Vous m’écoutez ? A l’évidence, ça fait un bail que vous ne vous êtes pas vus.
- Patrick : Oui effectivement.
- Elodie : Alors comment vous vous êtes connus ?
Hum ! Tu n’allais pas aimer notre histoire ma chère Elodie. D’ailleurs, tu changerais aussitôt d’avis sur moi en apprenant quelle relation j’entretenais avec ton fiancé.
- Moi : J’ai été mariée à son frère.
- Elodie : Ah !
Le « Ah » de Elodie m’avait rendu perplexe. Patrick lui avait-il parlé de moi ?
- Elodie : Patrick m’a parlé de son frère et de tout le mal qu’il avait causé.
- - Moi : Ah !
C’était à mon tour de faire Ah. Alors comme ça Patrick lui avait raconté cette histoire avec Thomas, ça ne me plaisait pas trop parce que je me sentais nue à présent devant Elodie. Mais jusqu’où était-il allé dans sa narration ?
- Elodie : Je trouve que tu es vraiment forte. Tu t’en es sortie très bien. Grâce aussi au soutien de mon homme. Tu as eu la chance d’avoir un beau-frère bienveillant.
Bienveillant comment ? Bienveillant du genre qui embrasse la femme de son frère le premier soir ? Qui couche avec elle à partir du troisième et qui l’abandonne quand elle est enceinte de lui ? Était-ce de ça qu’elle parlait ? Patrick avait de toute évidence arrangé l’histoire et apparemment en se façonnant une image de beau chevalier.
- Serges : Cathy ?? Je te…
Il s’arrêta quand il vit avec qui j’étais. Il avait reconnu le célèbre Patrick Enumedi.
- Serges : Je… je me demandais ce que tu faisais. Ça va ?
- Moi : Oui ça va. Excuse-moi, je t’ai complètement abandonné. Je vais rejoindre mon homme. Bonne soirée à vous.
J’avais envie de fuir cette pièce. Je ne respirais plus bien. C’est comme si Elodie et Patrick tout l’oxygène de cette pièce. Heureusement que Serges avait débarqué. Et malheureusement aussi. Parce que j’avais la mauvaise intuition que cette apparition de Patrick risquait de dégrader ma relation avec Serges. J’espérais au moins que ma dernière phrase l’avait un tant soit peu rassuré.
Serges et moi sommes allés retrouver ses amis. Il ne parlait pratiquement pas. Il se contentait d’écouter la conversation des autres ou peut-être même pas. Il avait l’air loin. Et je savais que ça avait un rapport avec Patrick. D’une part ça me peinait, d’une autre j’étais plutôt contente. Il fallait que son cœur tremble aussi un peu. Il n’y avait pas mieux que Patrick pour rendre vert de jalousie Serges.
Après trente minutes à faire semblant de discuter, Serges en a eu assez et a décidé que nous devions rentrer. Ceci malgré les supplications de ses potes et de Papy qui prévoyaient de continuer la soirée en boîte. Serges voulait de toute évidence m’éloigner de la vue de Patrick. C’était vraiment trop marrant. Depuis que je sortais avec lui, je ne l’avais jamais vu jaloux. Et ça me plaisait de le voir ainsi. Selon moi, c’est grave quand un homme se fout qu’un autre regarde sa femme. Ou quand un ex qui a laissé ses marques revient dans la vie de sa femme.
- Elodie : Vous vous en allez ?
- Moi : Euh oui !
- Elodie : D’accord. Je t’appellerai alors comme convenu.
- Moi : D’accord.
Je n’avais plus le même engouement pour accompagner la fiancée de Patrick. Ça faisait vraiment bizarre de faire amie-amie avec elle. D’autant plus qu’elle ne savait pas ce qui s’était vraiment passé entre moi et son gars. C’était dommage parce qu’elle était sympathique. C’était déjà une bonne chose que nous rentrions. Ça devenait pesant avec Patrick qui était dans son coin et qui n’arrêtait pas de me guetter. Je me dis que Serges avait remarqué ça et que peut-être c’était ça qui l’avait poussé à vouloir s’en aller.
Dans la voiture.
- Serges : Qu’est-ce que tu faisais avec lui ?
- Moi : Comment ça ?
- Serges : Qu’est-ce que tu faisais avec ton ex ?
- Moi : Je n’étais pas avec lui. Je discutais plutôt avec sa fiancée. Il est entré juste deux minutes avant toi.
- Serges : Hum ! Et pourquoi tu discutais avec sa fiancée ?
- Moi : Ekié ! C’est quoi ? Est-ce que je savais que c’était sa fiancée avant qu’il ne débarque ?
- Serges : Je demandais juste. Je n’aime pas savoir ce mec dans les parages. Il est juste de passage au Cameroun j’espère ?
- Moi : Non. D’après ce que Elodie m’a dit, ils sont revenus s’installer ici.
- Serges : …
Contrairement à ce que je pensais, Serges n’a pas fait de commentaires. Il s’est contenté de regarder droit devant lui et de serrer son volant. Je me demandais ce qui se passait dans sa tête. Le retour de Patrick avait un tel effet sur lui. Mais que dire de moi ? J’essayais de penser à autre chose pour ne pas trop penser à son retour. Comment j’allais gérer ça ? Et Daniela ? Avais-je vraiment le droit de la priver de son père ? Etait-ce bien ? Mais est-ce que l’arrivée de cette famille dans la vie de ma fille aurait un meilleur impact sur elle que ça ne l’avait été avec moi ? J’en doutais sérieusement. Cette famille avait quelque chose de malsain. Je le sentais.
Avec Serges on a décidé d’aller chez lui. Il se plaignait que je ne passais pas assez de temps chez lui et que c’était toujours lui qui venait chez moi. En même temps, si je devais épouser cet homme, il fallait que je m’habitue à vivre chez lui. Il vivait dans un appartement de deux chambres à Makepe. L’appartement était dans un des immeubles de la SIC. En y repensant, je me suis souvenu pourquoi je ne venais pas beaucoup chez lui. Les marches interminables pour arriver à son appartement. Serges était au quatrième étage et les immeubles de la SIC n’ont pas d’ascenseurs. En parcourant ces escaliers, je regrettais déjà d’avoir cédé. Je ne pouvais même pas enlever mes chaussures. Le sol n’était pas du tout propre.
- Serges : Ça te fait un peu de sport toi aussi. N’est-ce pas tu dis que tu veux perdre le poids ?
- Moi : Aka ! Laisse-moi. On fait le sport à minuit ?
- Serges : Tu es sûr que tu ne fais pas de sport tard dans la nuit.
- Moi : Que c’est toujours le sport de quoi ?
- Serges : Tu es sûr Mbango ?
En constatant le regard qu’il me lançait, j’ai immédiatement compris de quel sport il parlait. Vraiment le gars bassa-ci hein ! Et moi qui pensais que les évènements de tout à l’heure lui aurait fait perdre toute envie de sexe. J’oublie qu’il s’agit d’un homme. Leur cerveau est programmé pour. En tout cas, moi après avoir fini ce parcours, j’avais grand besoin de boire de l’eau, de me doucher et de dormir.
J’avais bu mon verre d’eau et maintenant je prenais ma douche. La petite transpiration de la montée me permettait de ne pas trop sentir la basse température de cette eau.
- Serges : Je peux me joindre à toi ?
- Moi : Je ne sais pas. Est-ce que tu le mérites ?
- Serges : Je ne pense pas. Mais aie pitié d’un homme amoureux.
- Moi : C’est ça.
Je savais que je n’allais pas dormir si tôt que je l’aurais cru. Mais je voulais que Serges me fasse l’amour. Je voulais qu’en me faisant l’amour qu’il me fasse revivre tout ce que je pouvais ressentir pour lui. Je ne pouvais pas le nier, le retour de Patrick me perturbait sérieusement. Il fallait que Serges me le sorte de la tête. Et apparemment, c’était aussi ça le but de Serges.
- Serges : Je n’ai pas envie de te perdre.
- Moi : Pourquoi tu dis ça ?
- Serges : Je ne sais pas. J’ai comme le sentiment qu’on essaiera de nous séparer. J’espère juste qu’on sera assez fort.
- Moi : Tu parles des messages ?
- Serges : Pas seulement.
Pour clore la discussion, il a pris ma bouche avec une tendresse déconcertante. Ses caresses sous cette douche étaient comme de la soie. Serges n’avait pas l’intention de me faire l’amour comme le performer, l’homme bassa, mais plutôt comme un homme amoureux, un homme qui avait peur de perdre quelque chose de précieux.
Il m’a plaqué avec délicatesse contre le mur de carreaux. Pendant quelques secondes, il a plongé ses yeux dans les miens. J’ai eu l’impression de voir ce qu’il voyait, de sentir ce qu’il ressentait. Ensuite, il a recommencé à m’embrasser, avec une légère pression mais toujours avec délicatesse. Il prenait son temps. Sa langue s’est engagée dans une descente pour faire une escale sur ma poitrine. Il suçait mes seins comme s’il s’agissait d’un abreuvoir, comme si mes seins étaient la source de la vie.
Avec ce jeu qu’il jouait avec mes seins, je me sentais déjà chancelante. Mais Serges n’avait pas l’intention de s’arrêter là. Il s’est mis à genoux et sa tête était légèrement plus haute que mon bas-ventre. A cet instant, je tremblais déjà des cuisses parce que je pressentais ce qu’il s’apprêtait à faire. Mais Serges continuait de prendre son temps. Et ça commençait à m’énerver. Non mais ! C’est comme si tu sais qu’on va te tuer mais tu ne sais pas quand exactement. Alors tu es sur le qui-vive en attendant le moment fatidique.
Serges promenait sa langue sur mes cuisses et mon entrecuisses. Alors pour lui faire comprendre, j’ai pris sa tête et je l’ai amené à mon vagin. Il ne s’est pas fait prier et a commencé à caresser mon vagin avec sa langue. Toujours avec la même finesse. A un instant, il a amené sa langue un peu plus loin en moi, mais pas longtemps. Il s’est relevé et tout en m’embrassant, il a arrêté la douche. Il s’est séparé de moi le temps de prendre la serviette. Ensuite il s’est mis à me sécher. Involontairement cette scène m’a fait penser à ce soir où Patrick m’avait sauvé de la noyade et où il m’avait séché. Aussitôt, j’ai eu honte d’avoir cette pensée alors que j’étais avec Serges. J’ai vigoureusement secoué la tête comme pour chasser mon ex de mes pensées.
Après m’avoir séché et s’être lui aussi séché, Serges m’a directement conduit dans le lit. Il m’a couché sur le lit et juste avant de me pénétrer, il m’a dit : « tu es ce que j’ai de plus précieux ». Il est entré en moi avec douceur mais au fur et à mesure qu’il me pénétrait, sa vitesse augmentait. Je vous l’ai dit, Serges ne connaît pas la première et la deuxième vitesse. Il n’allait pas aussi vite que d’habitude. Aujourd’hui c’était différent. Il ne s’agissait pas d’un acte dont le seul but était de céder à ses pulsions et de prendre son pied. Non ! Serges voulait faire passer un message. Il voulait me dire qu’il tenait à moi et qu’il avait peur de me perdre. Il n’y avait pas que moi que la réapparition de Patrick avait perturbé.
