08
Partie 8 :
Je lus et relus son message, incrédule. Je n’y croyais pas mes yeux. Comment pouvait-on autant manquer de vergogne ? Non mais j’étais littéralement choquée : j’étais la cocue dans l’histoire, sans parler des mensonges émis sur mon compte, et pour couronner le tout, je recevais des menaces. Je ne savais plus si je devais en rire ou en pleurer. Son message m’indignait et en même temps suscitait une peur bleue : pendant deux ans, j’avais été dans une relation avec un psychopathe sans le savoir, et Dieu seul savait de quoi il était capable. Maintenant que je le percevais sous son vrai jour, j’étais bien consciente que j’avais affaire à un homme qui ne reculait devant rien pour arriver à ses fins. Ismaël était bel et bien la personnification du Diable sur terre, sans nul doute le petit fils d’Ibliss et le neveu de Judas. Ses ancêtres avaient surement du inspirer l’auteur du célèbre adage : « la fin justifie les moyens ».
Bref, si Monsieur croyait que ses menaces à deux balles allaient me foutre la trouille de telle sorte que je resterais cloitrée chez moi sans profiter de mes vacances, il se fourrait le doigt dans l’œil jusqu'au coude. Je comptais bien m’éclater comme jamais puisque dorénavant j’étais sans attaches. Tiens, d’ailleurs je devais appeler Ibrahima Ndiaye. Je m’y attelais donc sans tarder. Il décrocha au bout de la troisième sonnerie.
_Ibrahima Ndiaye : Enfin ! Je commençais à désespérer ! Je croyais que tu n’allais jamais m’appeler pardi !
_Moi : Commences pas à rouspéter toi hein. Je t’ai bien envoyé mon numéro, non ? Qu’est-ce qui t’a empêché de m’appeler ?
_Ibrahima Ndiaye : Mais chérie je ne voulais pas t’embêter, tu venais tout juste de retrouver ta famille. Je me suis juste dit que tu m’appellerais dès que tu trouverais du temps et reprendrais tes marques.
Hmmm il me cloua le bec : son argument était tout à fait plausible. Puis, je rêvais ou Monsieur venait tout juste de m’appeler chérie ? Ouh là vas-y molo. Ne t’emballes surtout pas.
_Ibrahima Ndiaye : Allo ! Allo ! Salimata, t’es là ?
_Moi : Oui je suis là. Excuse-moi, j’étais perdue dans mes pensées. Tu as raison, c’était à moi de t’appeler, mais j’étais tellement prise par mes visites familiales et tout le tralala qui suit que je n’avais même pas de temps à me consacrer.
_Ibrahima Ndiaye : Pas de souci ma belle, je comprends. Au fait, J’aimerais beaucoup te revoir. Ça te dirait qu’on se fasse un restau demain ? Je t’invite. Fais toi belle hein. Rien que pour moi.
Non mais il se prenait pour qui lui ? Je ne suis pas une « Sois belle et tais toi ». Je n’aimais vraiment pas sa technique de drague. Il était gentil certes, mais un peu plus de tact ne lui ferait pas de mal.
« Salimata arrêtes de juger les gens sans les connaitre. Laisse une chance à ce type. L’Homme Idéal n’existe pas. Mets-toi ça dans le crane. A ce rythme, tu risques de finir vieille fille. « Soufflait-une petite voix dans ma tête. Après tout, je n’avais rien à y perdre. Mon cœur avait déjà été brisé en mille morceaux, donc il ne risquait plus rien.
_Moi : Volontiers ! Ça me ferait aussi plaisir de te revoir.
_Ibrahima Ndiaye : Tu m’en vois ravi. Disons demain vers 21H ? Je passerais te chercher. Envoie moi juste ton adresse exact par texto.
_Moi : Je n’y manquerai pas. On se dit à demain alors. Passe une bonne soirée. Bisous.
Je raccrochais, le sourire aux lèvres, mais néanmoins anxieuse. Ibrahima ne m’avait pas vraiment plu d’emblée, même s’il était assez beau gosse. C’est juste qu’il n’est pas vraiment mon type, d’ailleurs je ne suis jamais sortie avec un mec de plus de 25 ans, ce qui expliquait certainement ma grande inquiétude quant au bon déroulement de ce premier Rendez-Vous.
Comme d’habitude, ma mère me tira de mes pensées, à croire que c’était son passe-temps favori.
_Ma mère : Arrêtes de rêvasser. Tu es tout le temps sur les nuages !
_Moi : Non je ne rêvasse pas Maman. Je cogitais.
_Ma mère : Ne fais pas ta philosophe avec moi hein, je suis ta mère, je te connais très bien. Et moi ta mère déclare ici présente que tu passes ton temps à rêvasser. D’ailleurs les nombreux commentaires « Peut mieux faire, élève distraite. » sur tes bulletins depuis le primaire, peuvent en témoigner.
Lol Elle me faisait rire la vieille. N’avais-je pas le droit de fuir ce monde si laid pour me réfugier dans un autre aussi beau qu’imaginaire ? Je ne voyais pas où en résidait le mal. Je lui relatais ma rencontre avec Ibrahima, histoire de changer de sujet. Elle était toute contente, et affirmait déjà l’aimer, juste parce qu’il avait voulu me payer un billet en première classe. Non mais je ne comprendrais jamais au grand jamais la mentalité de nos mères : comment pouvait-t-on estimer et apprécier une personne sans pour autant l’avoir rencontrée auparavant ?
_ Ma mère : Il a la trentaine, tu dis ? C’est formidable. C’est un homme qu’il te faut ma chérie, pas un gosse comme Ismaël qui va te faire perdre ton temps.
_Moi : Maman ! Relax, c’est juste une invitation au restau, je n’ai pas encore décidé de sortir avec lui. Je sors à peine d’une rupture pour le moins douloureuse, t’oublies ? Donnes moi du temps.
_Ma mère : Temps ? Justement le temps file ma fille. Tu n’as plus 12 ans, tu vas sur tes 24 ans, il est grand temps de penser sérieusement au mariage. Rupture douloureuse ? Tout ça, c’est dans ta tête, à force de lire tes maudits Harlequins de blancs, tu crois que la vie est faite d’amour et d’eau fraiche. Quand ton père m’a épousée, je le connaissais à peine, donc je ne t’apprendrais rien si je te disais que je n’étais pas amoureuse de lui du tout. 25 ans de mariage plus tard, Dieu merci, il me traite bien et nous avons des enfants magnifiques. Que demander de plus ?
_Moi : Oui mais cette époque est révolue. Et puis, tu as eu de la chance : tu es tombée sur l’homme le plus merveilleux au monde.
Malick, l’éternel petit chenapan, nous interrompit :
_Malick : anhan Maman tu n’aimais pas Papa, tu dis ? Je m’en vais tout lui raconter.
Lol je suffoquais de rire, à observer ma mère batailler avec son benjamin. Elle lui tirait affectueusement les oreilles sous prétexte que ce n’était pas bien élevé d’écouter aux portes. Je vous jure que s’il s’agissait de moi, elle allait se fâcher pour de bon et me donner une sacrée raclée, mais bon là, on parlait de son petit dernier favori. Ils sortirent enfin de ma chambre , main dans la main, discutant comme deux larrons en foire.
Le tumulte de ma mère et de mon petit frère m’empêchèrent d’entendre mon téléphone sonner. J’avais raté un appel. C’était un numéro inconnu. Tant pis, il ou elle rappellerait. J’avais d’autres chats à fouetter : je me préparais pour rejoindre mes amies Mame Nafi et Leila Sadiya dans un pub aux Almadies. J’entrepris de me faire belle : qui sait, peut-être allais-je rencontrer mon prince charmant au coin de la rue ?
Mon portable se remit à sonner. Je décrochai à la hâte :
_Moi : Oui allo !
_ La voix : Allo Sally ? C’est salem.
Mon cœur battait la chamade. Cette voix susurrante. Oh mon Dieu. Pourquoi me faisait-il autant d’effet ? Je ne l’avais vu qu’une seule fois pourtant, et pas plus d’une demi-heure. Etait-ce à cause de son physique attrayant ou plutôt à cause de ce mystère qui se dégageait à travers son personnage ?
-Moi : Oh Salem. Comment-vas-tu ?
_Salem : Je vais bien et toi ? Désolé de n’avoir pas pu t’appeler plus tôt. J’avais des soucis avec mon portable. Mais j’ai pensé à toi….
IL A PENSE A MOI ? Je n’osais y croire. Je me retenais pour ne pas hurler de bonheur. Mais pour rien au monde, je ne lui avouerais que lui aussi, n’avait pas cessé de hanter mes pensées.
_Moi : Je vais bien aussi. Tu racontes quoi de neuf, sinon ?
_Salem : Bof rien de spécial. En fait je dois aller retrouver une bande d’amis aux Almadies, et je me disais que peut être si tu n’avais rien à faire, on pourrait y aller, histoire de te changer un peu les idées. Mais bon si tu ne peux pas aussi, t’inquiètes, c’est juste une proposition en l’air…
Waow ,là le destin me donnait vraiment un gros coup de pouce. Consentait-il enfin à m’accorder un court répit après toutes les péripéties endurées ?
_Moi : Aux Almadies ? Eh bah c’était mon lieu de destination justement ! Je dois y retrouver des amies. Donc fais-moi signe dès que tu arrives dans les parages.
_Salem : Parfait !!!! Sur ce, je te dis à tout à l’heure alors. Euh… Sally ?
_Moi : Oui ?
_ Salem : J’ai hâte de te revoir.
Clic. Il avait raccroché avant que je ne puisse répondre. lol
Mamma Mia. Mon cœur faisait des bonds dans ma poitrine.
A SUIVRE. AIMEZ ET COMMENTEZ PLIZZZZZZZ
