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Partie 5
Mon voyage se passa sans grandes perturbations. Adossée à mon siège, boules quiés aux oreilles, j’étais plongée dans la lecture de mon roman. La lecture et la musique, mes plus fidèles amies, me servaient d’échappatoires de ce monde cruel.
Je devais faire une escale à Paris. De là-bas, mon vol était direct jusqu’à Dakar. Heureusement que j’avais déjà ma carte d’embarquement pour Dakar, et que je n’avais pas encore à refaire toutes les formalités de police. J’attendais donc patiemment que le renommé appel pour « l’embarquement immédiat», soit lancé. Toujours captivée par ma lecture, j’étais indifférente au spectacle bruyant que m’offrait l’aéroport de Charles de Gaulle. Je sentis qu’on me toucha l’épaule. Excédée par cet acte d’intrusion, alors que j’en étais au dénouement de l’intrigue, j’aboyais, d’une manière plutôt incivilisée ,un « QUOI ENCORE ? » plutôt désagréable.
_L’inconnu : Oh je suis vraiment désolée Mademoiselle, je me demandais juste si cette place était libre.
Non mais, cela sautait à l’œil que c’était libre et qu’il ny’avait personne. En outre, je me doutais bien que c’était une manière, pour ce charmant inconnu, d’engager la conversation.
_Moi : Allez-y, Il n’ya personne à ce que je sache.
Il s’assit en marmonnant un vague « merci », sortit son mac book de sa housse et m’ignora royalement. Intriguée, je délaissais ma lecture pour l’observer à loisir. Il était très noir et très élancé, l’archétype du Sénégalais en somme. Je me raclais la gorge et d’une voix timide :
_Moi : Euh vous êtes Sénégalais ?
_L’inconnu : Oui. Et, je présume que vous aussi. D’après vos traits, je dirais même que vous êtes peulhe.
-Moi : Je ne suis pas Peulhe, je suis Toucouleur. Je m’appelle Salimata, et vous ?
_L’inconnu : Enchantée Mademoiselle, moi c’est Ibrahima Ndiaye. Je descends de la noble lignée des wolofs qui ont bâti Ndakaru, communément appelé de nos jours, Dakar, par la masse populaire.
Je me retenais pour ne pas pouffer . Il était pompeux, et pas du tout mon genre. Ses ancêtres ont construit Dakar, eh bah les miens ont érigé la Guinée. Et alors ? Apparemment il n’était pas encore au courant que les privilèges de naissance avaient été abolis depuis belle lurette. Mais bon, je savais bien qu’il l’avait dit sur le ton de la plaisanterie.
Ibrahima et moi continuâmes à discuter de tout et de rien. Il m’apprit donc qu’il était venu en voyage d’affaires à Paris et qu’il avait la trentaine, et par-dessus tout, qu’il était célibataire en recherche d’une bonne femme à marier.
Hmmm. Eh bah, je lui souhaitais toute la chance du monde.
Au moment d’embarquer, il eut la démente idée de vouloir payer la différence de prix pour me faire voyager en 1ere classe avec lui. Malgré son insistance, je refusai d’un niet catégorique. Non mais Oh, je venais de le rencontrer, il y’avait à peine une heure et mon billet en classe économique me satisfaisait pleinement. L’hôtesse d’embarquement finit par trancher notre litige en ces termes :
_L’hôtesse : Monsieur, puisque vous tenez tant à passer votre voyage en compagnie de cette charmante demoiselle, malgré votre statut en 1ere classe, je peux vous attribuer un siège en 2nde classe . Ça ne gêne aucunement notre compagnie tant qu’il ne s’agit pas d’une perte financière pour nous. Cela vous convient-il à tous les deux ?
Bien sûr, il sauta allégrement sur l’offre de l’hôtesse et moi, j’acquiesçai timidement pour signifier mon consentement. Non mais cette hôtesse-là, si jamais la compagnie aérienne faisait faillite, elle pouvait se reconvertir professionnellement dans une agence matrimoniale. Tchiiiip
Notre vol Paris-Dakar se passa rapidement. Plus le temps passait, plus je trouvais Ibrahima sympathique et drôle. Il avait des dents très blanches, je ne sais pas comment il faisait déh, mais il allait devoir partager son secret avec moi lol J’en avais presque oublié même l’épisode fâcheux avec Ismaël et Emmanuela La Garce.
Lorsque l’avion commença sa descente en vue de l’atterrissage, une émotion particulière me noua le ventre. La voilà Dakar, ma cité-mère. La voilà Dakar, la ville où il faisait bon vivre, et où la joie de vivre était la devise nationale. Au contact de l’avion avec le tarmac de l’aéroport Léopold Sedhar Senghor, ma joie fut à son comble, et je ne pus retenir mes larmes. Trop sensible me diriez-vous, trop patriote, aurais-je répliqué.
Ma rencontre avec Ibrahima Ndiaye portait décidément ses fruits. Grace à ses contacts au sein du staff de l’aéroport, les formalités ne prirent pas dix minutes. Il m’aida à récupérer mes bagages et à les hisser sur un chariot. Je souriais aux anges, telle une illuminée. Comme dit l’anglais, « Home Sweet Home » , c’est doux dé lol
Ibrahima me dit au revoir et me laissa sa carte de visite en me faisant promettre de l’appeler. Je n’y manquerai surement pas car l’ingratitude ne faisait pas partie de mon vocabulaire.
Quand je sortis enfin de l’aéroport, loin de ce brouhaha affairé, j’aperçus ma mère et mon petit frère Malick. Je recommençais à pleurer de plus belle. Je sautillais, pleurais et riais en même temps en les étreignant. Je n’arrivais pas à croire que j’étais rentrée. Malick avait dû prendre au moins 10 cm. Je l’embrassais encore et encore, affectueusement.
_Ma mère : Oh Sally ma fille, tu as maigri déh ma chérie. Tu manges mal surement. Attends voir que je te prépare de bons plats, tu vas retourner en France dodue comme jamais.
_Moi : lol Maman je ne veux surtout pas grossir. Mais vous m’aviez trop manqué. Je savais que Papa n’allait pas se déplacer pour venir me chercher tchiip. Il ne pouvait même pas sacrifier une nuit pour venir chercher son ainée ? Ton mari là, il abuse quoi.
_Ma mère : Toi aussi ma chérie, ton vol était très tardif. Tu sais mieux que quiconque que ton père est un couche-tôt, mais demain matin tu le verras sans faute.
_Moi : Au fait, tu as emmené ta voiture Maman ? C’est dangereux déh avec tes problèmes de vision là.
_Ma mère : Mais non, j’ai demandé au fils de l’une de mes amies de faire le chauffeur pour moi. Il est tellement serviable ce garçon, il a gentiment accepté. Tiens, tu le connais d’ailleurs. C’est Salem, le fils de mon amie Ndéye Fama que je t’avais passé au téléphone.
QUOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ? MAMMA MIA.
AIME POUR CONNAITRE LA SUITE.
