Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

04

PARTIE 4

PUTAIN. Elle n’allait donc jamais me laisser en paix cette garce ? Une vraie plaie. Une malédiction en chair et en os. Je fus tentée de lui envoyer un message bien senti, et cinglant d’insultes, mais ce serait lui accorder un privilège indigne d’elle. La confusion régnait dans mon esprit : toutes sortes de pensées le traversaient. J’eus même envie de me rendre immédiatement chez Ismaël, afin de vérifier de mes propres yeux les dires d’Emmanuela La Garce. Mais il fallait me rendre à l’évidence : il était 3h du mat, aucun tram et bus à l’horizon, allais-je jeter à la fenêtre 50 euros de taxi juste pour ces deux imbéciles ? Ils n’en valaient vraiment pas la peine. Et dire que j’étais à deux doigts de pardonner à ce bâtard. Il faut reconnaitre que son sms m’avait touchée, il excellait dans l’art du chantage affectif.

Cependant, mon imagination fertile s’amusait à me jouer des tours. J’imaginais Ismaël, couché sur son lit, dans les bras d’Emmanuela. Ce même lit où lui et moi avions dormi plus d’une fois, et où nous nous étions adonnés à des câlins innocents, qui ne suffisaient plus à Monsieur apparemment. Combien de fois nous nous étions roulés sur ce lit, le corps en transe, et combien de fois avions nous fait des batailles d’oreillers sur ce même lit ? Je ne saurais vous dire. Je me sentais comme une épouse dont le mari avait eu l’audace de coucher avec son amante dans leur lit conjugal.

Pour chasser mes idées noires, je me résolus à noyer ma peine dans l’alcool musical. Je ne tardais guère à me détendre, au son de la musique douce, et enfin, à rejoindre les bras de Morphée.

Le lendemain, jour de mon départ, j’étais EUPHORIQUE. Je ne tenais plus en place. Assiétou, une très bonne amie à moi, d’origine Ivoirienne, m’aida avec mes bagages, et m’accompagna à l’aéroport. Quand je lui ai raconté l’histoire avec Ismaël /Emmanuela La Garce, elle eut du mal à me croire.

_Assiétou : Franchement Salimata, je me sens super mal pour toi, Yako ! Mais je ne peux m’empêcher de t’en vouloir un tout petit peu quand même. Cette histoire date de deux semaines ma chérie, et tu as gardé ce fardeau pour toi, toute seule HEIN ? Ça sert à quoi les amis, même ? Tu es comme une petite sœur pour moi non ? Tu aurais dû me le dire, j’allais me charger d’Emmanuela ! Mais attends, tu pars non ? Moi dès que je la vois sur Toulouse, je la bastonne bien bon. Je n’ai pas fait des cours de Karaté pendant une décennie pour rien. C’est comment ? Ça se fait pas de piquer les copains de ses amies quand même. Tchiiiip

_Moi : Je t’assure Assie. Cela n’a absolument rien de personnel. Même à ma meilleure amie, je ne lui en ai pas parlé. Tiens, même pas à ma propre mère, tellement la honte m’étouffe. Je me sens trop humiliée. Tu es la première à qui j’en parle.

_Assiétou : Ah en tout cas ma vieille, c’est trop facile de vouloir laisser les choses ainsi. Non seulement elle te pique ton mec, mais en plus, elle se permet de te narguer en t’envoyant des sms. Cela veut tout simplement dire qu’elle ne regrette pas son acte. Elle est mauvaise déh tchiiiip.

J’avais envie de rigoler lol Assiétou avait la manie de ponctuer toutes ses phrases avec des tchiiip à la fin.

_Moi : Et Ismaël dans tout ça ? Tu ne le blâmes donc pas pour son acte ?

_Assiétou : Bien sûr que si ma chérie. Mais qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Un homme reste un homme déh. Nos mamans là, tu crois quoi ? Elles souffrent toujours dans leurs ménages, et sont victimes d’infidélités répétitives. Et pourtant, elles restent dans leur foyer à endurer leur sort. Réfléchis bien en tout cas, Ismaël t’aime, et il a une bonne situation. Pourquoi ne pas lui redonner sa chance ? Réfléchis bien déh. Fais pas ta Margaret Thatcher hein. Tu n’es pas une dame de fer tchiiiip

_Moi : Humm je ne sais vraiment pas. Je suis très confuse. Mon orgueil en a pris un sacré coup. Et qui me dit qu’Emmanuela n’a pas raison ? Peut-être bien qu’ils étaient ensemble la nuit dernière hein ? Je ne pense pas qu’Izo va s’en priver tant qu’il n’aura pas la certitude que je suis prête à lui accorder de nouveau ma confiance. Bref, et toi, avec Romain, ça se passe bien j’espère ?

_Assiétou : Bof, je ne me plains pas du tout. Il est gentil et attentionné. Mais tu connais l’histoire non ? Toujours la même rengaine. Mes parents en font tout un plat, déjà ils veulent qu’il se convertisse à l’Islam s’il veut m’épouser. Bon ça tu savais déjà, façon… Mais devine ce que mon père m’a sorti avant-hier ? Rien qu’à y repenser, je me demande encore qu’ai-je fait au bon Dieu pour mériter un père aussi étroit d’esprit qu’abruti. Tchiiiip

_Moi : Hey Assie, toi aussi, c’est de ton daron dont tu parles. Un peu de respect quand même.

_Assiétou : Attends de savoir d’abord Sally. Tiens-toi bien hein. Figure toi qu’il veut que non seulement que Romain se convertisse, mais aussi qu’il se circoncise. Non mais Oh ! On est où là ? A son âge, je vais demander à Romain de se circoncire ? Tchiiip

MDR Je ne pouvais plus me retenir, je m’étalais par terre avec ma valise. Les blancs nous regardaient bizarrement, mais j’avais un fou rire incontrôlable. Non mais quelle drôle d’idée. Le père d’Assiétou n’avait pas l’air de s’amuser dis donc. Et en plus, il avait de ces idées tellement arriérées. Pauvre Assiétou, je la plaignais. Je n’aimerais pour rien au monde me retrouver dans un tiraillement sans fin avec mes parents à cause d’un mec. Comme on dit chez nous au Sénégal, « wadiour héér la dome néne la ! Bo dalé si kawam todj, bou dalé sa kaw nga todj » : ce qui se traduit littéralement par « Les parents sont tels des pierres, et les enfants sont comme des œufs. Lorsque la pierre se confronte à l’œuf, l’œuf se casse. Et pareillement, lorsque l’œuf défie la pierre aussi, il se casse tout de même» .Donc non merci ! Livrer une bataille contre ses parents, est peine perdue. On part perdant d’avance.

Arrivées à l’aéroport, l’enregistrement des bagages en soute se fit rapidement sans problèmes. Je dis au revoir à Assie en l’enlaçant et en fuyant son regard. Comme chaque année, elle ne pouvait s’empêcher de pleurer quand je rentrais au bled. Tout en allant procéder au contrôle de police (Merci aux perpétrateurs des attentats du 11 septembre en passant ! A cause de vous maintenant, on est obligé de se soumettre à ce contrôle infernal tchiiip), je regardais Assie regagner la sortie du Hall tout en essuyant discrètement ses larmes. J’en eu des pincements au cœur. J’espérais de tout mon cœur que cela s’arrangerait pour elle et Romain parce qu’elle méritait tout le bonheur du monde.

Comme d’habitude, mon portable me ramena à la réalité en vibrant. Quel parfait timing. Juste au moment où je m’apprêtais à l’éteindre. Mais…Oh Horreur.

Il s’agissait d’un autre sms d’Emmanuella. Elle ne me lâcherait donc jamais cette peste ? Je songeais sérieusement à changer de numéro à mon retour. Néanmoins, de but en blanc, j’ouvrais le message. En réalité, c’était un MMS avec aucun mot, juste une photo. Et vous l’aurez sans doute deviné : Ismaël était sur la photo, visiblement endormi, en position fœtus, comme à son habitude. A côté de lui, rien, ni personne, juste des cheveux blonds et une main aux ongles vernis de rouge. Sale p*** qui ne savait même pas bien prendre une photo impeccable tchiiiip. Mais je n’avais pas besoin de voir sa tête sur la photo pour comprendre que ces cheveux blonds et ces ongles témoignant d’un soin particulier, appartenaient à Emmanuella.

Vite, avant que l’avion ne décolle, j’avais moi aussi un sms à envoyer. Il était destiné à Assiétou et disait clairement : « Corrige moi cette bitch STP. Lave mon honneur. Donne-lui une raclée dont elle se souviendra toute sa vie. Fais ça pour moi STP sister. »

AIME POUR CONNAITRE LA SUITE

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.