Sous la jupe de la tentation

Silencieuse sur le siège arrière de la grosse et belle moto de Guy, je l’observais rouler à son rythme. J’avais mon casque sur la tête et étais très confiante. Eh oui, personne ne pouvait me reconnaître, même pas Xavier ; encore que j’étais assise sur une moto étrange.

Une dizaine de minutes de conduite plus tard, nous voici arrivés au domicile de mon conducteur.

– Bienvenue au bercail ! me murmura-t-il tout sourire.

– Merci ! J’aime beaucoup ta façon de conduire !

– Vraiment ?

– Si ! Tu roulais prudemment ; ce qui prouve que tu es un doyen en conduire…

– Ha ha ha ! Merci infiniment pour les compliments !

– Non, ce ne sont pas des compliments mais plutôt, de la pure vérité !

– Ah, merci beaucoup.

Pendant ce moment, j’avais serré le bras droit de Guy contre mon corps, en direction vers l’immeuble.

Alors que nous sommes arrivés devant la porte de sa chambre, il l’a ouverte et nous avons ensemble pénétré son joli et magnifique salon.

– Encore ce merveilleux salon ! me suis-je exclamée.

– Tu trouves ce salon merveilleux ? Moi qui pense tout renouveler bientôt dès que j’aurai un peu de fric ?

– Vraiment ? Tu as donc un autre plan en tête qui pourrait rendre encore plus merveilleux le décor ?

– Bien sûr ! C’est l’argent qui me dicte actuellement sa loi ! Sinon, je vais tout renouveler bientôt !

– Wouah ! Et combien environ pourrait coûter ce renouvellement ?

– Hum ? Ça va vraiment me coûter hein ! Mais je sais que je vais y arriver un beau jour, j’en suis certain !

– Écoute, mon cher Guy ! J’aime quand on m’obéit. Je viens de te poser une question qui mérite bien une réponse ! Mais, tu ne m’as pas répondu !

– Oh, au temps pour moi ! Le renouvellement de tout le salon va coûter environ neuf cents mille francs. Parce que même les meubles, je vais tout changer !

– D’accord, neuf cents mille francs ! Accorde-moi un instant.

Saisissant mon sac, j’ai pris mon téléphone. J’ai rapidement composé un code ; un code qui me permet habituellement de créditer mon compte lorsque j’ai besoin d’argent. Au bout de quelques secondes de manipulation, j’ai retiré techniquement une somme importante de mon compte bancaire sur mon compte Orange Money.

– Rappelle-moi ton numéro s’il te plaît, lui ai-je dit.

Guy, étonné, a commencé à me dicter les dix chiffres qui composaient son numéro. En quelques secondes, je lui ai fait un dépôt d’argent. Son téléphone, ayant vibré, lui a affiché à l’écran qu’il venait de recevoir un message de la part de Orange Money.

Très rapidement, il a saisi le téléphone et a lancé la lecture du message.

– Quoi ? Un million dix mille francs CFA ?

– Oui ! Prends cet argent pour régler ton problème avec…

– Non, non, non ! Ce n’est pas vrai ! Je rêve ou quoi ? Tu as vraiment fait ça pour moi ?

– Oui, j’ai fait ça pour toi ! Quand on est vraiment des amis, les problèmes de l’un représentent ceux de l’autre. Les bons amis se soutiennent mutuellement et voilà comment grandissent les bonnes relations !

– Quelle belle leçon en plus ! Et laisse-moi te le dire, je t’en serai toujours reconnaissant jusqu’à la fin de mes jours sur cette terre !

– Ça me fera plaisir ! Maintenant, peux-tu me trouver quelque chose à boire…

– Oh, j’ai complétement oublié de te le servir avant de m’asseoir.

À travers les comportements de Guy, je pouvais lire une vive émotion de joie.

Oui, un million de francs CFA, ce n’est pas petit ! Je sais que ça allait le rendre vraiment heureux.

– Tiens ton verre ! Au lieu d’un jus, j’ai plutôt acheté du champagne. Je sais que tu vas aimer ça !

– C’est vrai ! J’aime beaucoup le champagne, merci ! Mais tu devras apporter un deuxième verre parce que nous devons le boire ensemble !

Haussant les épaules, mon compagnon a accepté. S’approchant de sa table, il en tire un second verre et s’approche du champagne. Abandonnant le verre sur la table, il a saisi le champagne et en moins de quelques secondes, il l’a maîtrisé. Il a servi les deux verres et nous avons levé nos verres en l’air pour les cogner l’un contre l’autre comme le font nos colonisateurs.

Ayant suinté le liquide jusqu’à moitié, j’ai appelé calmement mon compagnon par son prénom.

– Oui, ma chère bienfaitrice, je suis à ton écoute ! m’a-t-il répondu.

– Merci ! Dis-moi, es-tu d’accord qu’autant que nous sommes sur cette terre, nous avons tous au minimum un problème ?

– Bien sûr ! Là, je te suis très d’accord ! Mais en toute chose, il y a toujours une exception !

– Vraiment ?

– Bien sûr ! Quand nous prenons par exemple les richissimes, eux n’ont aucun problème !

– Oh, mon cher ! Il faut que tu te détrompes dès aujourd’hui. Les richissimes sont les gens qui ont plus de problèmes dans cette vie…

– Et comment ? Celui qui a de l’argent, des maisons, des enfants, des voitures et tout, comment peut-il avoir encore de problèmes et pire, plus que nous les pauvres !

– Tu vas le comprendre un jour ! Lorsque je t’observe, je vois en toi une étoile qui brille. Et puisque tu es un jeune qui se bât bien, tu verras que la nature va te payer pour tes efforts et toi aussi, tu seras élevé et aura des maisons et voitures. Comme ça, tu comprendras de quoi je suis en train de parler. Bien, je ne veux pas labourer le champ des mots, je préfère aller plus vite.