chapitre 7

Chapitre 7

Ethan était devenu une ombre, un homme traqué par son propre désir. Les jours se succédaient sans rien apporter de neuf, sauf cette brûlure qui ne cessait de le ronger. Olivia avait disparu de sa vie, mais elle occupait toujours ses pensées, chaque seconde, chaque instant. Ce vide qu’elle avait laissé derrière elle s’était transformé en une obsession. Et il savait qu’il ne pouvait pas continuer ainsi, dans ce flou, à tourner en rond dans cette souffrance qu’il ne comprenait plus.

Il avait commencé par chercher des réponses. Un nom, un indice, n’importe quoi qui pourrait lui dire ce qu’elle était devenue, ce qu’elle faisait maintenant. Chaque recherche, chaque conversation, l’emmenait un peu plus loin dans son propre tourbillon de rage et de déception. La vie d’Olivia après le divorce était un mystère qu’il voulait absolument résoudre.

Il avait découvert des bribes de son existence. Un changement de carrière. Un projet qui lui avait donné un certain éclat. Olivia avait toujours été ambitieuse, mais ce qu’elle avait accompli en si peu de temps le sidérait. Elle était devenue plus qu’il ne l’avait jamais imaginé. Elle avait su se reconstruire, se refaire une place dans ce monde qu’elle avait quitté sans se retourner. Mais il y avait quelque chose de plus. Un détail. Un homme.

Un médecin. Un type bien. Le genre de type que tout le monde aimerait avoir dans sa vie. Riche, respecté, influent. Et surtout, il était là, auprès d’Olivia. Lui aussi, il avait cherché des informations, même s’il n’en était pas fier. Mais il avait dû le faire, il n’avait pas eu le choix.

Au début, il pensait que c’était une simple relation professionnelle. Mais les photos, les articles, les conversations qu’il avait entendues, tout cela le contredisait. Olivia était proche de cet homme. Beaucoup trop proche. Leurs sourires complices, leurs moments partagés, tout semblait dire qu’ils avaient une connexion. Une vraie connexion. Pas une simple amitié. Pas quelque chose qu’il pouvait ignorer.

Et il n’arrivait pas à l’accepter. Chaque image qu’il avait vue de lui et d’elle, chaque geste qu’ils s’étaient échangés, avait ravivé une colère sourde en lui. C’était comme une gifle, comme si son monde venait de se décomposer sous ses yeux. C’était lui qu’elle avait choisi, lui qu’elle avait laissé entrer dans son univers. Pas lui. Pas Ethan.

Il n’avait jamais imaginé qu’il finirait par ressentir ça. La jalousie, l’amertume. Mais c’était là, impossible à ignorer. Une douleur qu’il n’arrivait pas à exorciser. L’idée qu’elle puisse s’épanouir avec un autre homme le dévastait. Parce que, dans sa tête, c’était lui qui était censé être celui à ses côtés. C’était lui qui devait être le seul à la comprendre, à la protéger. Lui, et personne d’autre.

Il savait qu’il était temps d’agir. Il n’allait pas rester là à attendre qu’elle vienne de son propre chef. Ce serait trop facile. Il devait la confronter, savoir ce qu’il se passait réellement. C’était ça ou devenir fou.

Il l’avait retrouvée. Dans son bureau, en pleine journée. Il s’était précipité dans le hall, sans même réfléchir. Tout dans son corps hurlait de la voir, de la toucher, de la secouer. Mais il se contenait. Il n’était plus le même homme. Les années l’avaient forgé, l’avaient façonné, mais ce qu’il ressentait pour elle, ça ne disparaissait pas.

Lorsqu’il avait franchi le seuil de son bureau, elle l’avait regardé, surprise. Cette surprise, c’était comme un coup de couteau dans son ventre. Parce qu’il n’était plus celui qu’elle attendait, et qu’il n’avait pas voulu ça.

« Olivia… » Sa voix s’était perdue dans l’air. Il avait l’impression de prononcer son nom pour la première fois, comme si tout était différent, comme si cette rencontre, ce moment, était une remise en question de tout.

Elle ne l’avait pas salué. Pas un mot. Pas un sourire. Pas même un regard compatissant. Rien. Juste cette froideur qui lui perforait le cœur.

« Qu’est-ce que tu veux ? » Elle n’avait même pas cherché à masquer son mépris. C’était ça, tout ce qu’il méritait. Ce silence glacial.

« Je veux savoir, » il avait commencé, avant que la rage ne le fasse se redresser, plus fort. « Je veux savoir pourquoi. Pourquoi lui ? Pourquoi quelqu’un d’autre ? Pourquoi tu m’as laissé partir si tu voulais ça ? »

Elle l’avait fixé sans ciller, comme si elle le voyait pour la première fois. Mais c’était lui qui la regardait, cherchant des réponses là où il n’y en avait peut-être pas.

« Je n’ai rien à te dire, Ethan, » avait-elle répondu, la voix froide, distante. « Je t’ai dit ce que j’avais à dire. Si tu n’as pas compris, tant pis. Je n’ai pas besoin de tes explications, ni de tes accusations. »

Il avait bien vu qu’elle se tenait prête à partir. Il la sentait glisser, se détacher de lui à chaque seconde. Mais il n’était pas prêt à la laisser partir comme ça. Pas sans réponse. Pas sans comprendre.

« Tu penses que je vais juste accepter ça ? » Il s’était emporté. « Que je vais laisser un autre homme prendre ma place ? Non. Je ne peux pas. J’ai besoin de savoir pourquoi, Olivia. Pourquoi tu n’as jamais voulu qu’on essaye de construire quelque chose ensemble. Pourquoi tu m’as laissé comme ça, sans rien. Sans même me regarder une dernière fois. »

Elle avait haussé les épaules, comme si ses mots étaient devenus insignifiants, comme si tout ce qu’il avait à dire n’avait plus aucune valeur. « Parce que ce n’était pas ce que je voulais, Ethan. Parce que je ne t’aime pas. Parce que je ne t’ai jamais aimé. Je t’ai épousé pour une raison, mais pas pour l’amour. Tu n’es qu’une partie de ce que j’ai dû faire. »

Il avait été frappé par ses mots. Ce n’était pas une révélation. Il le savait, quelque part, dans son cœur. Mais l’entendre de sa bouche avait été un coup de poing.

Il avait eu du mal à respirer, comme si ses poumons se refermaient, comme si l’air n’arrivait plus à circuler. « Tu as joué avec moi ? Depuis le début, tu savais que ça n’avait jamais été réel ? » Il l’avait saisie par les poignets, sans même s’en rendre compte. « Alors pourquoi tu m’as laissé espérer ? Pourquoi tu m’as fait croire que j’étais celui qui comptait pour toi ? »

Elle n’avait pas réagi. Pas de lutte. Pas d’effort pour se libérer. Elle l’avait juste regardé, comme si elle observait un insecte sur lequel elle n’avait plus aucun contrôle.

« Parce que je n’ai jamais eu le choix, » avait-elle murmuré. « Parce que ce que tu crois être de l’amour, c’est juste de la possession. Tu ne me comprends pas, Ethan. Tu ne m’as jamais comprise. »

Il l’avait lâchée, dégoûté, écoeuré par ses mots. Il avait l’impression que tout ce qu’il avait vécu avec elle n’avait été qu’une farce. Et ça lui brûlait la gorge, cette vérité. Parce qu’il avait cru, sincèrement, qu’elle l’aimait.

Il était resté là, sans savoir quoi dire. La colère qui bouillonnait en lui ne pouvait plus trouver de chemin. Olivia s’était retournée, prête à partir.

« Tu as fait ton choix. Maintenant, vis avec, » avait-elle lancé, avant de disparaître.

Et lui, il était resté là, figé. Ses mains tremblaient. Il ne savait pas s’il devait se sentir soulagé ou détruit. Mais il savait une chose : il n’était pas prêt à la laisser s’éloigner si facilement.