chapitre 6
Chapitre 6
Il y avait quelque chose de presque irréel dans cette soirée. L’éclat des lumières, l’élégance des invités, l’air lourd de promesses et de faux sourires. Mais pour Ethan, tout cela n’avait plus aucune importance. Tout ce qui comptait, c’était elle. Et elle était là, juste en face de lui.
Olivia.
Elle n’avait pas changé, du moins pas dans la manière dont il la percevait. Il la voyait d’abord dans sa façon de se tenir, ce regard glacial qu’elle portait sur tout ce qui l’entourait. Mais cette fois, il y avait autre chose. Il y avait cette distance qui le frappait comme une claque, cette froideur qui ne l’avait jamais atteinte auparavant. Elle était différente. Elle avait changé. Et ça le rendait malade.
Il s’approcha d’elle, hésitant, mais déterminé. Il savait qu’il ne pouvait pas la laisser partir ainsi, qu’il ne pouvait pas juste la laisser l’ignorer comme si tout ce qu’ils avaient partagé n’avait jamais existé. Mais Olivia le repoussa sans un mot, sans même un regard. Ce silence le fit suffoquer. Il s’était préparé à tout, sauf à ça.
“Olivia,” dit-il d’une voix qu’il essaya de rendre ferme, mais qui trahissait sa vulnérabilité. Elle tourna la tête à peine, mais c’était suffisant pour que ses yeux croisent les siens. Ce simple échange de regards fit naître un frisson dans son dos, mais elle se détourna aussi vite qu’un éclair. Elle l’ignorait. C’était pire que tout. Elle ne voulait même pas entendre ce qu’il avait à lui dire. Elle ne voulait plus de lui.
“Je… je suis désolé pour tout,” il savait qu’il n’aurait pas dû dire ça. C’était trop simple. Trop facile. Mais il n’avait rien d’autre à ajouter. Il voulait qu’elle le regarde, qu’elle comprenne qu’il n’avait pas changé. Qu’il était prêt à tout pour elle. Mais elle se contenta de glisser lentement dans la foule, comme si elle n’avait pas entendu ses mots, comme si, de toute façon, il ne comptait plus.
Il la suivit du regard, le cœur battant dans sa poitrine. Il avait l’impression d’être prisonnier dans un piège. C’était étrange, comme s’il était le spectateur d’une pièce qu’il ne contrôlait plus. Il n’avait pas prévu de la retrouver là, de la retrouver si… distante. L’éclat de son absence brillait dans la pièce, frappant, comme un faisceau qui l’écrasait.
Mais avant qu’il ne puisse faire un autre pas vers elle, il la vit s’arrêter. Un homme venait de se joindre à elle, un inconnu. Ethan le reconnut immédiatement. C’était un concurrent, un type avec qui il avait eu quelques échanges plus ou moins amicaux. Mais le regard que l’homme posait sur Olivia était loin d’être innocent. C’était un regard trop appuyé, trop intéressé. Olivia, elle, semblait détachée, presque indifférente, comme si elle n’avait pas remarqué l’attention qu’il lui portait. Mais Ethan savait. Il connaissait cette lueur dans les yeux de cet homme. C’était le même regard qu’il avait eu pour elle, il y a quelques années, avant que tout ne s’effondre.
Il serra les poings. Un malaise s’installa en lui. Il se sentait comme un animal traqué, pris au piège dans sa propre rancœur. Cet homme, il le haïssait. Il haïssait son sourire, ses gestes, son intérêt qui n’était même pas dissimulé. Et Olivia, elle, elle semblait si insensible à tout cela, à sa présence, à son regard, à tout ce qui les entourait.
Il se força à détourner les yeux, à respirer profondément, mais la scène lui revenait sans cesse, inlassablement. Il voyait Olivia, plus belle que jamais, en train de rire, de discuter avec ce type, sans une once de retenue. Il avait envie de crier. De tout faire exploser.
Il s’avança, bien décidé à intervenir, à lui parler. Mais alors qu’il faisait quelques pas vers elle, une nouvelle rencontre attira son attention. Un autre homme s’était approché de l’estrade, un type qu’il connaissait bien. Un homme avec qui il avait travaillé pendant des années. Mais ce n’était pas ce détail qui l’intéressait. C’était le regard qu’il portait sur Olivia. Un regard plus soutenu, plus dangereux. Et Ethan sentit la colère monter, comme un poison qui envahissait ses veines.
Il n’était plus seul à la regarder. Plus seul à vouloir sa présence, son attention. Et ça le rendait fou. Chaque geste qu’elle faisait, chaque sourire qu’elle offrait, chaque mot qu’elle prononçait, c’était une promesse qu’elle se détachait un peu plus de lui. Elle était là, en pleine lumière, et lui, il était dans l’ombre. L’ombre d’un mari qu’elle avait abandonné, l’ombre d’un homme qu’elle ne voulait plus.
L’angoisse se transforma en frustration. La frustration en rage. Il n’avait jamais voulu ça. Il n’avait jamais voulu perdre son emprise sur elle. Et pourtant, là, sous ses yeux, il voyait son contrôle s’échapper lentement. Elle lui échappait. Olivia s’échappait.
Un cri intérieur déchira sa gorge, mais il ne fit pas le moindre mouvement. La scène qui se déroulait sous ses yeux était trop belle, trop parfaite, trop… décourageante. Elle lui appartenait. Elle avait toujours été à lui. Pourquoi quelqu’un d’autre pouvait-il se permettre de la regarder comme ça ?
Il prit une grande inspiration, se força à se calmer. Mais son regard se fixait obstinément sur Olivia, sur l’homme qu’elle écoutait, sur le fil de sa conversation, les éclats de rire, les gestes complices. Chaque détail semblait s’imbiber de leur complicité, et cela l’écrasait. Il n’était plus qu’un spectateur, un étranger dans cette scène.
Il s’avança enfin, ses jambes lourdes, ses mouvements mécaniques. Il devait agir. S’il ne le faisait pas maintenant, il perdrait tout. Il l’avait déjà perdue une fois. Il ne voulait pas la perdre à nouveau.
Mais alors qu’il s’approchait, la porte s’ouvrit, coupant court à ses pensées. C’était l’homme qu’il haïssait le plus dans cette pièce. Et il ne pouvait pas le laisser s’approcher d’Olivia. Pas maintenant. Pas devant lui.
“Je vous l’accorde, il a du charme, mais il n’a rien de plus que moi,” murmura Ethan à lui-même, dans un souffle rageur. Mais Olivia, elle, n’avait même pas remarqué. Elle n’avait même pas vu que tout ce qui l’entourait le détruisait.
Il se figea. La foule était immense, les gens riaient, discutaient, mais Olivia et lui étaient, en ce moment, des étrangers l’un pour l’autre. Ce vide entre eux, ce gouffre qu’elle avait creusé… Il n’arrivait plus à le combler.
Sans un mot, il se tourna et s’éloigna.
