Chapitre 7
Chapitre 7 – Un bal sous tension
Point de vue de Camille
Le faste du gala est à couper le souffle. La grande salle de réception, baignée de lumière dorée, vibre sous les lustres en cristal. Des tables élégamment dressées parsèment la pièce, couvertes de nappes immaculées et de coupes de champagne scintillant sous les reflets tamisés.
C’est le genre d’événement où seuls les grands noms du pays sont conviés. Politiques influents, chefs d’entreprises puissants, héritiers de fortunes colossales… L’élite, dans toute sa splendeur.
Ma famille et moi avons été invités grâce à mon père, un homme respecté dans son domaine. Ma sœur, comme toujours, semble parfaitement à l’aise parmi cette foule sélecte. Moi, en revanche… c’est une autre histoire.
Vêtue d’une robe noire moulante qui met en valeur mes formes, je me tiens légèrement en retrait, une coupe à la main, le regard vagabondant sur les silhouettes élégantes qui animent la soirée. Mais en vérité, mon esprit est ailleurs.
La nuit dernière ne cesse de me hanter.
Le souvenir de la peau chaude de Maël contre la mienne, de ses mains explorant chaque parcelle de mon corps, de la manière dont il m’a regardée, comme si j’étais la seule femme sur terre… Tout cela tourne en boucle dans mon esprit.
Une chaleur sourde me monte aux joues, et je prends une gorgée de mon champagne pour masquer mon trouble.
— Merde… murmurè-je pour moi-même.
Je suis venue ici pour accompagner ma famille, pas pour rêvasser à un homme qui n’est même pas là.
Mais avant que je ne puisse me reprendre, quelqu’un me bouscule légèrement de derrière.
Je vacille sur mes talons et me rattrape de justesse, évitant de renverser ma coupe sur ma robe.
— Oh, pardon ! s’exclame une voix masculine.
Je me retourne brusquement, mon cœur battant un peu trop vite sous l’effet de la surprise. Mais l’homme en question s’est déjà fondu dans la foule, me laissant seule avec mes pensées et mon malaise.
Je pousse un soupir et balaie la salle du regard.
Ma sœur, elle, semble s’être parfaitement intégrée à l’événement. Je la vois un peu plus loin, entourée d’un petit groupe d’hommes en costumes. Elle sourit, rit à leurs plaisanteries, joue avec une assurance naturelle qui me fascine autant qu’elle me dépasse.
Moi ? Je reste là, seule dans mon coin, à observer ce monde auquel je ne suis pas certaine d’appartenir.
J’ai besoin de me rafraîchir. L’air du gala est chargé de parfums enivrants, de conversations feutrées et de regards qui scrutent chaque détail. Je me sens étouffer dans ce tourbillon de luxe et de faux-semblants.
D’un pas mesuré, je me dirige vers les toilettes, évitant de croiser trop de regards. Ma sœur est bien trop occupée à socialiser avec son cercle de prétendants, et mes parents discutent avec d’autres invités influents. Personne ne remarquera mon absence.
Mais alors que je franchis à peine quelques mètres, une voix grave et assurée m’interpelle.
— Bonsoir, mademoiselle.
Je m’arrête net, surprise par l’interruption. En me retournant, je tombe face à un homme d’une quarantaine d’années, élégant dans son costume sombre parfaitement ajusté. Il dégage une assurance froide, le genre de présence qui impose le respect… ou qui met mal à l’aise.
Son regard glisse sur moi avec une lenteur calculée avant qu’il ne me tende la main.
— Je me présente, Gabriel Lenoir, directeur général de l’hôpital Saint-Raphaël.
Mon cœur rate un battement.
Saint-Raphaël… ?
C’est l’hôpital où travaille Maël.
Je fronce imperceptiblement les sourcils. Je me souviens avoir vu le nom de cet homme quelque part, peut-être sur un panneau au cabinet ou dans un document officiel, mais jamais je ne l’avais croisé en personne.
— Oh… murmurè-je avant de me ressaisir. Enchantée, je suis Camille.
Je serre brièvement sa main, sa poigne est ferme, presque trop.
— Camille… Il répète mon prénom comme s’il le savourait, un sourire discret étirant ses lèvres. Un très joli prénom pour une très jolie femme.
Un frisson d’inconfort me parcourt. Son regard, bien trop insistant, me met mal à l’aise.
— Vous êtes invitée par votre famille, j’imagine ? enchaîne-t-il, comme s’il cherchait à prolonger la conversation.
— Oui, mon père connaît bien l’organisateur du gala.
Il incline légèrement la tête, son sourire restant figé.
— C’est une chance… C’est rare de voir des jeunes femmes aussi charmantes ici, d’habitude, c’est plutôt… austère.
J’offre un sourire poli, sentant mon malaise grandir.
— Merci…
Il s’approche légèrement, réduisant la distance entre nous, et sa voix baisse d’un ton.
— Dites-moi, est-ce que vous êtes déjà venue à l’hôpital Saint-Raphaël ?
Mon estomac se noue. Il sait ?
— Euh… Oui, quelques fois.
— Vraiment ? Et j’imagine que vous avez déjà rencontré le Dr Maël, alors ?
Mon cœur s’emballe. Pourquoi cette question ?
— Oui… répondis-je prudemment. C’est lui mon gynécologue.
Un éclair traverse ses yeux, fugace, indéchiffrable.
— Oh, intéressant… murmure-t-il, comme s’il venait de découvrir une information précieuse.
L’atmosphère devient pesante.
J’essaie de me ressaisir et de mettre fin à cette conversation étrange.
— Je… J’allais aux toilettes, excusez-moi.
Il ne cherche pas à me retenir, mais son sourire reste figé, comme s’il se délectait de mon trouble.
— Bien sûr, je ne vous retiens pas. Mais j’espère que nous aurons l’occasion de discuter un peu plus tard… Camille.
Je ne réponds pas et me détourne rapidement, mon cœur battant à tout rompre. Une fois dans les toilettes, je m’appuie sur le lavabo, soufflant pour calmer cette sensation oppressante dans ma poitrine.
Je quitte enfin les toilettes, encore troublée par ma rencontre avec Gabriel Lenoir. Il y avait quelque chose dans sa manière de me parler, de m’observer, qui me laissait une sensation étrange sur la peau. Je secoue la tête et prends une grande inspiration. Il faut que j’oublie ça et que je retrouve ma famille.
Mais à peine ai-je fait quelques pas dans la grande salle que mon regard se figé. Là, à quelques mètres devant moi, se tient Maël. Je ressens un choc dans mon ventre, comme une vague soudaine d’électricité. Il est là. Il était là depuis le début ? Je ne l’avais même pas remarqué. Vêtu d’un costume sombre parfaitement taillé, il se tient droit, un verre à la main, discutant avec quelqu’un… Gabriel.
Mon estomac se noue.
Ils parlent, l’air sérieux, et je ne peux m’empêcher de me demander de quoi il s’agit. Maël était-il présent depuis le début du gala ? A-t-il vu Gabriel me parler ?
Comme s’il sentait mon regard, Maël tourne légèrement la tête et nos regards se croisent. Mon cœur rate un battement.
Un instant, il ne dit rien, mais je perçois dans son regard une légère surprise… et autre chose d’indéchiffrable.
Gabriel, lui, me remarque à son tour et sourit immédiatement, un sourire satisfait, comme s’il m’attendait.
— Oh, quelle coïncidence ! dit-il d’un ton faussement léger. Je parlais justement de vous.
Je me raidis légèrement tandis qu’il se tourne vers Maël.
— Docteur Maël, figurez-vous que je viens de rencontrer une femme absolument charmante.
Son regard se pose sur moi avec cette intensité qui me met mal à l’aise, comme s’il me possédait déjà.
Je sens immédiatement le regard de Maël glisser sur moi.
