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Chapitre 6

Chapitre 6 – Un trouble exquis

Point de vue de Camille

Je suis allongée sur le lit, nue, enveloppée dans la chaleur encore présente du corps de Maël. Mon souffle est saccadé, mes muscles détendus, mais mon esprit… mon esprit est en pleine tempête.

Je devrais peut-être ressentir de la culpabilité, de l’appréhension, quelque chose qui ressemble à du doute. Mais non. Ce que je ressens, c’est un bonheur étrange, une plénitude que je n’avais jamais connue auparavant.

Je repense à ses mains, à la manière dont il m’a touchée, à sa voix grave et rassurante qui m’a guidée à travers ce moment. Je repense à son regard brûlant posé sur moi, à la douceur contrastant avec la puissance de ses gestes.

C’était intense. C’était magnifique.

Je souris légèrement, encore envahie par cette sensation exquise qui flotte en moi. Une chaleur douce, une onde de satisfaction qui se répand dans mon corps.

Mais soudain, mon estomac se noue.

Une vague de nausée monte, imprévisible, violente.

Je fronce les sourcils, me redressant légèrement sur le lit. La pièce tourne un peu. Non, ce n’est pas possible… Pas maintenant.

Maël, allongé à côté de moi, tourne la tête et m’observe avec un sourire satisfait. Il semble détendu, complètement à l’aise.

— Tout va bien ? me demande-t-il d’une voix grave et posée.

Je déglutis difficilement, essayant de calmer ce trouble inattendu.

— Je crois que… je vais vomir.

Son sourire s’efface aussitôt, remplacé par une expression d’inquiétude.

— Tu veux que je t’aide ? Que j’aille chercher de l’eau ?

Je ferme les yeux un instant, respirant lentement, essayant de calmer cette sensation étrange qui me serre le ventre.

— Non… ça va passer, dis-je dans un souffle.

Mais au fond, je suis troublée. Pas par la nausée. Par autre chose.

Ce qui vient de se passer entre nous… c’était plus qu’un simple moment charnel. Je l’ai ressenti dans la façon dont il me regardait, dont il me touchait, dans la manière dont mon corps a répondu au sien.

Je suis toujours allongée sur le lit, essayant de calmer cette vague de nausée qui, heureusement, s’estompe peu à peu. Mon corps est encore engourdi par le plaisir, mes pensées en désordre. Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, dans un silence étrange, mais Maël finit par se redresser légèrement et tourne son regard vers moi.

— Tu veux que je te ramène chez toi ? demande-t-il, sa voix douce mais légèrement grave.

L’idée de prendre un taxi seule ne me traverse même pas l’esprit. Je hoche la tête sans hésitation.

— Oui… je veux bien.

Il acquiesce, se lève du lit et commence à remettre sa chemise avec une aisance qui me trouble. Comme si tout cela était… naturel pour lui. Moi, je suis encore en train d’essayer de comprendre ce qui vient de se passer, tandis que lui semble déjà prêt à affronter le monde extérieur.

Je me lève à mon tour et récupère mes vêtements, mon cœur battant toujours un peu trop vite. Lorsque je m’habille, je sens son regard effleurer ma silhouette. Un frisson me parcourt. Il ne dit rien, mais je peux deviner qu’il m’observe, qu’il analyse chacun de mes gestes.

Une fois prêts, nous quittons la chambre de consultation . L’air frais de la nuit me fait du bien, chassant la légère torpeur qui m’habitait. Maël m’ouvre la porte de son 4x4 avec un naturel troublant, comme s’il avait toujours pris soin de moi.

— Monte, murmure-t-il.

Je glisse à l’intérieur du véhicule, sentant son parfum boisé flotter dans l’air. Il referme la porte derrière moi avant de s’installer côté conducteur. Le bruit du moteur résonne doucement dans le silence de la nuit, et bientôt, nous roulons dans les rues encore animées de la ville.

Je devrais dire quelque chose. Briser cette tension électrique qui s’étire entre nous. Mais les mots restent bloqués dans ma gorge. Alors, je me contente de l’observer du coin de l’œil. Sa mâchoire est serrée, ses mains fermement posées sur le volant. Il ne parle pas non plus. Mais ce silence entre nous… il n’a rien d’inconfortable. Il est chargé d’un trouble indéfinissable. Et alors que la route défile sous nos yeux, une certitude s’impose à moi : rien ne sera plus jamais comme avant.

Le 4x4 ralentit devant mon immeuble, et mon cœur bat un peu plus vite. Je n’ai pas envie que ce moment se termine, pas envie de sortir de cette bulle où tout me semble irréel et enivrant. Maël coupe le moteur et tourne légèrement la tête vers moi. L’obscurité de la voiture est percée par la lueur orangée des lampadaires, dessinant des ombres sur son visage.

— C’est ici que tu habites ? demande-t-il d’une voix calme.

Je hoche la tête.

— Oui.

Il marque une courte pause avant de répondre.

— D’accord. Il laisse planer un silence, puis ajoute : Je t’appelle quand tu seras à la maison.

Mon ventre se serre. Il veut s’assurer que je vais bien, ou bien il cherche une excuse pour me reparler ? J’aimerais croire que c’est la deuxième option, mais je n’ose pas trop espérer. Je décroche ma ceinture lentement, trop lentement, comme si je voulais retarder l’instant où je devrais quitter la voiture. Mes doigts tremblent un peu, et l’idée de lui dire bonne nuit comme si de rien n’était me semble insupportable.

Je pourrais… lui faire la bise ? L’idée me traverse l’esprit et me paralyse en même temps. Est-ce que ce serait trop ? Pas assez ? Je tourne timidement la tête vers lui, mais avant que je ne prenne une décision, Maël tend la main et caresse doucement la mienne.

Un simple effleurement, presque innocent. Mais le frisson qui me traverse n’a rien d'innocent. Je lève les yeux vers lui, troublée, et dans l’ombre, je devine ce même trouble au fond de ses prunelles.

— Bonne nuit, Camille.

Sa voix est posée, mais il y a cette chaleur, cette chose indéfinissable qui me fait frissonner. Je descends rapidement de la voiture, refermant la porte derrière moi, et je me force à marcher normalement jusqu’à l’entrée de l’immeuble. Je sens encore la caresse de sa main sur la mienne.

Dès que je pousse la porte de l’appartement, une voix moqueuse m’accueille.

— Eh bien, la consultation a duré longtemps aujourd’hui, non ?

Je lève les yeux au ciel en retirant mes chaussures.

— Salut à toi aussi, rétorqué-je en posant mon sac.

Ma sœur, adossée contre le canapé, me fixe avec un sourire en coin.

— J’ai vu une 4x4 dehors. À qui ça appartient ?

Je sens déjà venir l’interrogatoire.

— C’est… Je toussote légèrement. C’est Docteur Charmant qui m’a déposé.

Ses yeux s’écarquillent immédiatement.

— Wahou ! Les choses deviennent sérieuses alors !

Je secoue la tête en riant nerveusement, mais je sens le rouge me monter aux joues.

— C’est rien du tout, il voulait juste s’assurer que je rentre bien.

Elle me fixe d’un air faussement innocent.

— Bien sûr…

Je soupire, préférant fuir avant qu’elle ne pose trop de questions.

— Bonne nuit ! lancé-je en me dirigeant vers ma chambre.

— Dors bien, mais fais attention, hein, les consultations nocturnes, ça peut devenir addictif !

Je ne réponds pas, refermant la porte derrière moi, mais je souris malgré moi. Elle n’a même pas idée à quel point elle a raison.

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