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Revendiquée par l’Alpha que Tous Craignent

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Résumé

Il est la légende que même les Alphas redoutent. Un monstre banni. Un roi sans trône. Un loup exilé revenu des ténèbres… pour réclamer sa Luna. Quand Adrienne apprend qu'elle est promise de force à Nathan, l’héritier froid et manipulateur de sa meute, elle pense avoir touché le fond. Jusqu’à ce qu’un rugissement venu des bois déchire la nuit… et qu’un regard rouge sang la choisisse. En une nuit, sa vie bascule. Enlevée par l’Alpha Exilé, cet être aussi séduisant que terrifiant, elle devient l’objet d’un désir brut, sauvage… et d’une vengeance millénaire. Il la veut. Il la revendique. Et personne, pas même son ancien compagnon, ne pourra l’en empêcher. Mais Adrienne n’est pas une simple proie. Elle est le feu qui pourrait consumer l’Alpha… ou l’arme qui renversera tout un royaume. Dans ce monde où l’amour est une guerre et le pouvoir un poison, osera-t-elle aimer le loup que tous craignent ?

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1

Il y a trois ans, la meute la plus puissante du monde s'effondra face à un loup sanguinaire.

Mais ce n'était pas une simple défaite. Ce fut un carnage si brutal, si soudain, que même les Anciens ne purent le prédire. L’Alpha en poste, un stratège impitoyable aux racines profondes dans la lignée des Fondateurs, fut pulvérisé en une nuit. Aucun cri ne fut entendu, car tous ceux qui auraient pu alerter avaient été réduits au silence éternel. On ne savait pas qui il était, ni d'où il venait. Il était apparu comme une ombre entre deux respirations, et lorsque le soleil se leva, la domination millénaire s'était effondrée.

Il fut couronné Alpha, sans cérémonie, sans opposition. Le sang encore chaud de ses ennemis peignait les pierres sacrées. Puis, aussi subitement qu’il était venu, il coupa tout contact avec l’extérieur. Sa meute, désormais la sienne, se mura dans un silence effrayant. Aucun messager ne sortait. Aucun voyageur ne revenait. Et pourtant… les rumeurs filtraient. Des histoires si terrifiantes qu’on les aurait cru sorties d’un cauchemar.

On disait que cet Alpha fou massacrait sans avertissement. Que sa rage ne connaissait aucune limite. Qu’il n’avait ni Luna pour l’adoucir, ni Beta pour le conseiller, ni Gamma pour le freiner. Un loup qui régnait seul, comme un dieu oublié revenu réclamer vengeance. Mais personne ne savait pourquoi. Qu’est-ce qui pouvait bien alimenter une telle haine ?

Trois années s’écoulèrent dans la peur et la spéculation.

Et puis, sans crier gare, tout explosa.

Un jour, comme si les cieux avaient enfin puni ce tyran, il fut exilé. Pas vaincu, non. Exilé. Banni de ses propres terres par une force inconnue. Son trône brûla, sa meute brisée chercha désespérément un nouvel équilibre, mais personne ne s’en souciait. Le monde entier avait les yeux fixés sur lui. Le Monstre Déchu. Celui qui, humilié, marchait maintenant dans les ténèbres, jurant de reconquérir ce qu’on lui avait volé.

La peur se propagea à nouveau.

Partout, les alphas renforcèrent leurs frontières. Les meutes dormaient en cercle, les yeux ouverts. On disait que l’exilé rôdait dans les bois, arpentant les montagnes, épiant les sentinelles. À la recherche d’une nouvelle meute. À la recherche d’un nouveau trône.

La meute Visari n’échappa pas à cette terreur collective. Leur Alpha, récemment monté au pouvoir, fit un choix étrange : prendre une Luna. Non par amour, mais pour intimider. Pour montrer au monde que la meute Visari était unie, forte, inébranlable. Plus il y a de têtes, plus le monstre hésitera à mordre. Du moins, c’était le calcul.

La neige crisse sous mes bottes alors que j’avance péniblement sur le sentier glacé. Le vent glacial me fouette le visage tandis qu’un hibou hulule quelque part au-dessus. En bas, dans la vallée, des cris de joie s’élèvent. La fête a déjà commencé. Je les envie, ces fêtards. Ils dansent et rient pour une occasion qui, moi, me donne des sueurs froides et des nausées depuis trois jours.

Je ralentis, traînant des pieds, comme si le temps pouvait s’arrêter si je marchais assez lentement. Peut-être que disparaître dans la nuit serait mieux que ce qui m’attend. Mieux que d’être offerte à un Alpha narcissique, aussi charmant qu’un poison lent. Un papillon de nuit s’envole d’une touffe d’herbe sèche, tourbillonnant autour de moi avant de disparaître dans le ciel étoilé. Je l’envie. Il peut s’échapper. Moi, non.

À travers les arbres dénudés, j’aperçois la clairière où les préparatifs battent leur plein. Le feu de joie s’élève, illuminant la neige d’un éclat doré. Une belle nuit d’hiver, en apparence. Mais pour moi, elle est froide, laide, cruelle.

Quatre jours plus tôt...

— Celui-ci ou celui-là ?

Ma concentration dérive. Je me demande si les écureuils vivent en communauté. Est-ce qu’ils se saluent le matin ? Est-ce qu’ils se disputent si l’un empiète sur la branche de l’autre ? Ou est-ce qu’ils partagent des noisettes comme de vieux amis ? Peut-être qu’ils échangent de la poussière de gland… Une sorte de cocaïne pour rongeurs ?

— Adrienne ! Une opinion ?!

Une tape brutale sur ma cuisse me tire de mes rêveries.

— Aïe ! Mais t’es malade ?!

Je frotte la zone endolorie en lançant un regard noir à Aimee, qui me fusille du regard.

— Tu planes complètement ! T’es là, affalée comme un concombre pourri, à regarder le plafond pendant que je me tue à me préparer !

Elle n’a pas tort. Je suis distraite. Mais en général, un hochement de tête et quelques grognements suffisent à maintenir une conversation avec elle. Là, elle tient une robe argentée dans une main, et une noire dans l’autre. Sans réfléchir, je pointe la noire. Moins tape-à-l’œil, moins dramatique.

Son visage s’illumine.

— Génial. C’est celle que je préférais aussi.

Elle suspend la robe argentée et dépose la noire sur un fauteuil.

— Tu devrais venir à cette fête avec moi. Ça te ferait du bien de voir d’autres gens. De parler à quelqu’un d’autre que moi.

Elle s’installe à sa coiffeuse, ouvre un flacon et commence à appliquer du fond de teint couleur caramel sur sa peau. Tout en elle respire l’assurance.

Je grogne.

— Je commence à regretter d’avoir accepté tout ça.

Aimee est ma seule véritable amie. Depuis toujours, en vérité. Même si notre lien est devenu solide il y a un an et demi seulement. Elle est mon ancrage, mon pilier. Et pourtant, ce soir, même elle ne peut pas me sauver.

Pas de ce qui m’attend.

« Oh, s'il te plaît. Ta connasse m'aime et tu le sais. Et puisque tu m'aimes tant, tu devrais venir avec moi. »

Sa voix sucrée résonne comme une provocation déguisée, tandis qu’elle applique lentement son rouge à lèvres violet foncé avec une précision presque religieuse. Chaque geste qu’elle fait est imprégné d’un charme exagérément théâtral, comme si elle se produisait devant un public invisible. Je m’abstiens de tout commentaire. Cette discussion ne mérite même pas que je lui accorde une réplique.

« Hors de question. »

Elle pousse un soupir dramatique, digne d’une tragédienne antique. « Oh allez ! Ce sera une aventure. On dit que les mecs d’Oarcan sont irrésistibles. Grands, musclés, mystérieux… Apparemment, ils sortent de l’eau comme des dieux marins, avec des gouttelettes ruisselant sur leurs abdos parfaits jusqu’à… »

J’interromps son monologue d’un gémissement de dégoût volontairement bruyant. Mon estomac se retourne. Je pousse même une toux exagérée, un dernier appel à la décence. Malheureusement, rien n’arrête Aimee quand elle est lancée dans ses lubies. Et ses fantasmes ? Ils sont nombreux, gênants et souvent... franchement déviants.

Ce qu’elle ressent pour les mâles d’Oarca, cette meute tribale aux étranges pouvoirs liés à l’eau, dépasse la simple attirance. Elle frôle l’obsession maladive. Et honnêtement, ça m’effraie.

« Continue de faire ta prude. Un jour, la puissante Adrienne Gage cédera à la tentation. Et quand ça arrivera, je serai là pour savourer l’instant. »