6

Partie 5

4 Mois plus Tard

Roland

Je suis à l’Eglise, le Pasteur Adams est en seconde lune de miel avec son épouse pour leur 25 ans de mariage. J’assure donc son intérim. J’ai des tâches admninistratives à évacuer. Ce n’est pas la chose la plus excitante mais je suis à l’aise vu que j’ai un bon background. Mon téléphone sonne :

- Allo pasteur Valley?

- oui Tasha?

- Je suis en route pour l’hôpital avec mme Valley, elle se plaint de crampe depuis ce matin. Elle dit que c’est rien mais je suis inquiète. Nous avons appelé le Dr Wesley, qui a recommandé qu’elle aille à l’hôpital. Elle nous rejoint là bas. Je voulais vous avertir.

- OK, mais qui va chercher ta soeur à l’école?

- Je m’arrangerais, si vous pouvez venir tenir compagnie à Mme Valley, j’irais à l’école.

Je jette un regard à ma montre, 4h PM.

- OK, je prends Aliyah à l’école et je vous rejoins. C’est sur ma route.

Je ferme tout. J’avoue que ça m’inquiète, un peu. Elle est enceinte de 6 mois et demie, et les medecins ont décelé une anémie qui l’épuise depuis quelques semaines déjà. Pendant que je mets en route, je prie que Dieu me précède là ou je vais. Cinq minutes plus tard je gare devant l’école, Aliyah est debout, toute seule comme d’habitude. Chaque fois que je la vois toute seule dans son coin mon coeur se serre. Quand, elle voit la voiture, elle sourit.... C’est récent.

Flashback 4 mois plutôt

Tasha

Je suis avec mes copines dans ma chambre à la résidence. Mon téléphone sonne. C’est le numéro de ma mère. Pfff qu’est ce qu’elle me veut encore celle là. J’ignore son appel. Mais elle insiste. Je finis par décrocher :

- Allo, Tasha, viens me chercher, je t’en prie... Dylan, est là, il tape maman. Je suis cachée dans le placard...

C’est Aliyah, ma petite soeur de 10 ans...

- Aliyah, ne bouge pas j’arrive!

Le téléphone coupe! Merde!!!! Je ramasse mon sac et je cours vers l’arrêt de bus. Les minutes me paraissent des heures. Pourvu qu’il n’arrive rien à ma soeur, pourvu qu’il n’arrive rien à ma soeur... A l’entrée de ma rue, mon coeur s’affole, je vois les voitures de police, une ambulance garée, devant chez moi... Mon Dieu non, pas Aliyah, non pas ça...

je cavale plus que je ne cours les 300m, qui sépare l’arrêt de bus de ma maison. j’arrive toute essouflée, un policier me ceinture, je hurle ou est ma soeur, c’est ma maison! Ou est ma mère, je vois les ambulanciers sortir en tirant un brancard, le corps est recouvert d’un drap blanc! Non pas ça! Non... Je veux forcer le passage, un inspecteur de police vient me prendre dans ses bras et me parle :

- Calmez-vous mademoiselle, c’est une scène de crime, vous ne pouvez pas entrer.

- Ma mère, ma soeur, (je pointe le corps du doigt) ...

- Calmez-vous, il s’agit du corps d’un homme.

- A ce moment là, je vois ma mère encadrer de 2 policiers, le visage ensanglanté. Elle n’est pas menotté, a du mal à marcher...

- Mais...

- L’homme, apparemment, son copain l’a battu à sang et il menaçait votre soeur physiquement, elle a quelque trace d’échymose, et votre mère l’a abattu...

- Oh mon Dieu!!!

- Ou est ma soeur?

- On lui a prodigué les premiers soins, et une assistante sociale s’occupe d’elle.

- Je veux la voir!!!

- Calmez vous. Je vais voir avec les services sociaux ce qu’on peut faire.

Pendant qu’il s’éloigne, je me rends compte que tout le quartier est réuni pour observer la scène. Je réalise que je n’ai pensé qu’à ma soeur. Qu’a-t-il dit déjà? Que ma mère a tué Dylan? Pourquoi tout cela me semble si loin???

Je vois l’inspecteur revenir vers moi.

- Venez avec moi, vous allez pouvoir la voir pendant quelques minutes.

Nous nous dirigeons à l’arrière d’une des ambulances, dès qu’elle me voit Alyah se jette dans mes bras. Nous restons coller l’une à l’autre pendant un moment, et j’entends, la voix d’une dame :

- Bien il va falloir que nous y allions

Aliyah se mets à crier, moi aussi nous ne voulons pas être séparé, mais deux policiers nous éloignent l’une de l’autre et la font entrer de force dans un véhicule. Je m’éffondre, sur le trottoir, les yeux remplis de larmes. L’inspecteur de toute à l’heure, m’aide à me relever je regarde autours de moi je vois ma mère assise dans une voiture de police qui démarre. Il me parle mais je n’entends rien du tout! Rien, je sens qu’il me tends sa carte et qu’il me demande de l’appeler, mais plus rien ne compte.

Quelques heures plus tard.

Je suis assise à même le sol dans une chambre miteuse du pacific motel. Devant moi une bouteille de mauvais whisky, et des boites de somnifères. Ma vie s’est arrêtée, mon monde s’est écroulé. Pour qui vivrais-je maintenant? Ma soeur, mon rayon de soleil, mon envie de me battre... Traumatisé, marqué à vie, parti, je ne sais ou... Ma mère en route pour de longues années de prison... et moi je suis toute seule...

Je commence à boire, le liquide qui me brule la gorge, et je commence à avaler les comprimés. Quand j’entends autours de moi :

“Ce n’est pas finis, ça ne fait que commencer, si seulement tu pouvais entendre ma voix et m’ouvrir ton coeur...”

Cette voix est persistante dans mon coeur. Je me lève et je marche, je titube plus que je ne marche en réalité. Ce n’est pas finis? Ca veux dire quoi??? qu’il y a encore pire qui m’attends! Mon Dieu nom. Mécaniquement je prends mon téléphone et je fais défiler mon répertoire et je lance un numéro :

“Pasteur Valley”

Raissa

- C’est Tasha, je crois qu’elle va essayer de se suicider, il faut que j’y aille.

Mon sang ne fait qu’un tour. Je ressens automatiquement dans mon esprit un grand danger autour de cette jeune fille. C’est la première fois que ce genre de chose m’arrive, je n’ai pas d’autres choix que d’obéir. Je me lève, comme si on m’envoyait, comme si Dieu m’envoyait. Je me chausse, je sors mon manteau quand Roland me rejoint, il est étonné que je veuille l’accompagner, sans que je comprenne pourquoi : je lui réponds avec autorité :

- Arrête ça tout de suite, j’ai dit je viens avec toi.

Il me prends dans ses bras, pendant quelques minutes, une minute à peine, nous prions ensemble, et nous mettons en route. En 10 minutes, nous y sommes. Roland se dirige vers la réception pour essayer de avoir dans quelle chambre elle est. Je suis toujours sur le parking, en prière. J’ai l’impression de l’entendre, elle pleure. C’est très fort dans mon esprit. Je me dirige vers la pièce d’ou semble venir les pleurs, Porte 125. Je tourne la poignée, heureusement la porte n’est pas fermée, je la vois. C’est la première fois que la vois mais je sais que c’est elle, c’est Tasha. Elle est roulé en boule, en position foetale et elle pleure. Je m’assois sur le sol crasseux et je la prends dans mes bras, elle se raccroche à moi en pleurant. Je me mets à chanter :

“Il n’a pas dit, que tu coulerais

Il n’a pas dit, que tu sombrerais

Il a dit, Allons de l’autre bord”

“Si la mer se déchaine,

Si le vent souffle fort

Que la vague t’entraine

N’aie pas peur de la mort

Que la vague t’entraine

N’aie pas peur de la mort”

“Il n’a pas dit, que tu coulerais

Il n’a pas dit, que tu sombrerais

Il a dit, Allons de l’autre bord”

Je ne sais pas combien de temps dure ce moment, mais quand Roland arrive dans la pièce avec le réceptionniste, nous sommes dans cette position. Il nous regarde, stupéfait. Il veut appeler les urgences, mais le réceptionniste s’oppose farouchement à ce qu’un véhicule des urgences ne viennent dans son motel. Ça nuirais à sa réputation. Je demande à Roland de m’aider à la faire descendre jusqu’à la voiture. Avec le réceptionniste, il la porte. Je ressens une grande compassion dans mon coeur pour cette jeune fille. J’installe à l’arrière avec elle pendant que Roland règle les derniers détails. Il s’installe au volant :

- On va à l’hôpital?

- Non à la maison...

- Tu e sûr de toi?

- Oui

Il me regarde un instant avant de démarrer.

Roland

Il est midi, Tasha dors toujours et c’est tant mieux. Depuis hier j’ai l’impression que c’est Raissa le Pasteur de la maison. Je suis un peu perdu et j’ai préféré mettre à l’écart pour réfléchir. S’agit-il d’un signal que Dieu m’envoie? Il est vrai que la Bible dit que 2 valent mieux qu’un, mais là je me sens un peu.... J’entends des voix à la cuisine apparemment Tasha est réveillée, je suppose qu’elle vont avoir un entretien à deux. Je n’entends plus rien pendant un moment et Raï vient me rejoindre :

- Chéri, Tasha est réveillée. Je lui ai donné des affaires pour se rafraichir, je suppose que tu voudras t’entretenir avec elle après le déjeuner pour hier...

- Mais toi?

- Ah non Pasteur Valley, je ne suis que ton assistante!

Nous éclatons de rire.

Aujourd’hui

J’arrive à l’hôpital, Tasha est dans le couloir du service de Gynéco - Obstétrical. Le Dr Wesley est avecmon épouse. J’en profite pour m’entretenir avec Tasha.

- Quand je suis arrivée à la maison cet après-midi, je trouvais qu’elle avait une drôle de démarche et qu’elle était assez pâle. Elle m’a dit qu’elle avait quelque douleurs. Mais une heure plus tard il n’y avait pas d’amélioration, et je ne voulais pas la laisser seule pour aller chercher Aliyah, donc nous voilà.

-Merci Tasha, tu as bien fait.

Le Dr Wesley sors de la chambre vient vers moi. Elle m’informe que Raissa va rester pendant quelques jours en observation, parce qu’elle a des contractions et que ça constituer un risque. Elle nous autorise à aller la voir. Voilà le petit trio qui investit la chambre de Raissa. En nous voyant, elle sourit faiblement. Aliyah, le visage toujours triste s’asseoit sur le rebord du lit et lui prends la main. Tasha, Raissa et moi, sommes les seules qui arrivont à la faire parler depuis la nuit du crime. C’est d’ailleurs ce qui a milité en faveur du fait que sa garde soit attribuer à Tasha, avec notre aide.

-Ne t’inquiète pas ma puce, les bébés et moi on va bien.

-Vous allez rester longtemps ici?

-Juste le temps de se reposer quelques jours?

-Je pourrais venir te voir?

-Tasha t’emmènera, d’accord

Tasha acquiesce, je vois une ombre de tristesse passé dans son regard. Qui aurait cru? Raissa est devenue une vraie grande soeur pour elle depuis la nuit ou tout à basculer. Et c’est vraiment une bonne chose, car toute un flot d’émotions et de sentiments l’ont envahis, du désespoir à la haine, en passant par la culpabilité surtout à cause de Aliyah. Mais à force d’écoute, de conseil et de prière je constate qu’elle est sur la bonne voix. Aujourd’hui, je trouve ça drôle qu’elle vienne plus à la maison pour ma femme que pour moi.

Je repense à ce jour ou ma femme sur lui a fait un cours sur la décence de la femme. Elle devait aller au commissariat rencontrer l’inspecteur qui enquête sur les évènements de cette nuit là, d’ailleurs sa mère attends son procès et les choses ne s’annoncent pas très bien.

Pour en revenir à ce jour là, elle lui a fait comprendre que le fait d’être toujours aussi sensuelle lui portait plus préjudice qu’autres choses :

- Tu sais par exemple à la police, quand tu arrives et que tous les hommes se retournent sur ton passage, tu te sens flattée n’est ce pas? Eh bien tu ne devrais pas, c’est juste leur côté animal qui s’exprime et quand vient le moment de parler de ton dossier et qu’il recommence à penser avec leur tête, les préjugés refont surface. Ta mère se prostituait, tu es sensuelle, probablement que tu vis la même vie qu’elle, peut-être que tu te drogues... Ton témoignage peut apporter des circonstances atténuantes à ta mère, maisd on dira que tu n’est pas un témoin crédible, le procureur va utiliser ces éléments là contre toi...

A ma grande surprise, elle a accueilli ses paroles là positivement, et depuis fait de gros efforts. Il lui aura juste manqué quelqu’un pour lui montrer la voix...

Tasha

Je regarde ma montre, il est déjà 5h30. Il faut que je ramène Aliyah à la maison pour qu’elle goute et fasse ses deoirs. Moi aussi j’ai un partiel à préparer. Je fais un gros câlin à Mme Valley ainsi que Aliyah avant que nous nous éclipsions.

Si le pasteur Valley et sa femme n’avait pas été là, je ne sais ce que nous serions devenus. Je suis passée par tellement de choses, il a fallu tout leur soutien et toutes leurs compassions pour que je réalise que Aliyah avait besoin de moi, et même ma mère. Ils m’ont encouragée, et aidé. Aujourd’hui, j’ai quitté la résidence universitaire et je loue un appartement de deux pièces dans la maison de Miss Marble, à un tarif “ami”. C’était l’une des conditions pour que le juge des enfants m’autorise à garder ma soeur. En plus de cela mes revenus, ma bourse ne pouvait pas suffir à nous prendre en charge toutes les 2. Mme Valley, m’a aidé à trouver un travail d’assistante administrative à temps partiel dans le foyer pour femme battu ou elle est bénévole.

Tout cela a pris du temps, mais Elle et son époux ont été là à chaque étape. Je repense à Thanksgiving chez eux, ils nous ont accueilli, c’est à cette occasion là pendant qu’on disait pourquoi on était reconnaissant à Dieu, qu’Aliyah a recommencé à parler... Depuis elle ne parle qu’à nous 3. La psychologue des services sociaux, de l’école, les maitresses tout le monde à renoncer. Pourtant, elle est brillante à l’école, mais elle ne parle pas... C’est devenu mon principal sujet de prière.

Nous entrons dans notre petit chez nous quand mon téléphone sonne. L’inspecteur Hunt, probablement du nouveau sur le dossier de maman :

-Allo

-Bonjour Tasha, l’inspecteur Hunt à l’appareil

-Oui bonjour inspecteur

-Comment allez-vous?

-Ca va dépendre de ce que vous allez dire?

-Détendez-vous! J’ai vu Aliyah Samedi chez la psy. On a fait du dessin ensemble et je lui ai promis une pizza. Et vu que j’a fini assez tôt ce soir, j’aimerais avoir l’autorisation de...

-Mais il y a école demain et elle a des devoirs et...

-(rires) je sais bien tout cela. Je voulais juste passer déposer la pizza en rentrant chez moi.

Je me sens un peu confuse, mais j’avoue que j’ai du mal à lui faire confiance. Jusqu’à ce que je comprenne que mon attitude constituait un problème tous les policiers étaient assez antipathique envers moi. Je vais dans la chambre de Aliyah et je lui dis :

-Tu as vu l’inspecteur Hunt samedi?

-(oui de la tête)

-Il t’a promis une pizza?

-(oui de la tête)

-Il voudrait passer te la déposer ce soir? c’est ok pour toi?

-(oui de la tête)

C’est avec dépit que j’accepte qu’il passe déposer cette pizza.