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Pour Un Instant

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baobaota's writing
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Résumé

Je fis enfin ce qui m'avait toujours été le plus difficile : m'exprimer. Cependant pour une première fois, j'aurais peut être dû y aller moins fort. - Je t'aime. Oui, je venais de le faire, franchement je m'attendais à plus de lui mais il ne fit que me lancer quelques coups d'oeil de temps en temps, alors qu'il était concentré sur son portable. Et ça me frappait enfin le visage. Que faisais je ? Seth a littéralement une petite amie et il n'y avait pas encore un an, je lui avais dit pour mon amour... pour son frère. Ils étaient jumeaux. Je me sens tellement mal, au fond peut être que je n'ai jamais vraiment aimé. Et pourtant à ce moment précis, ce qui m'étouffe le plus est que Seth a en fait, choisis d'être loyal à sa petite amie, ce qui me mettait très en colère. Pourquoi ? C'était comme s'il la choisissait à ma place. Alors, j'avalais le peu de dignité qui me restait et je me fis une promesse : Les deux frères n'auront de yeux que pour moi et la petite amie disparaîtra de l'histoire.

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Confession : The very beginning

Je ne sais pas vraiment quand j’ai commencé à changer. Ou plutôt, quand j’ai commencé à glisser.

Je me souviens juste d’un moment où j’étais encore quelqu’un de normal. Où je regardais les gens sans calculer. Où je croyais, naïvement, que les choses allaient se mettre en place toutes seules. Qu’il suffisait d’attendre.

Aujourd’hui, j’attends toujours. Mais je suis fatiguée.

Je les regarde depuis des mois. Seth et Eliott. Jumeaux, mais pas copies. Seth est plus discret, plus posé. Toujours les yeux rivés sur son portable, ou sur sa copine — l’autre. Elle rit tout le temps. Elle a cette voix qui grince, qui me fait mal à la tête. Mais je suppose qu’elle est jolie. Les gens la trouvent jolie.

Eliott… c’était différent. Il avait ce truc, ce charme trop visible. C’est pour ça que je l’ai aimé en premier. Et c’est aussi pour ça que je m’en suis lassée. Il n’a jamais su regarder autrement. Toujours avec ce petit air de savoir ce qu’on pense de lui.

Et moi, je l’ai cru. Je croyais que ce regard-là voulait dire quelque chose.

Mais non.

Alors maintenant, je me retrouve là. Perdue entre deux battements de cœur. Entre deux frères.

Et plus je pense à tout ça, plus je me dis que je me suis plantée dès le départ. Mais c’est trop tard. Bien trop tard.

C’est drôle comme certaines journées commencent comme toutes les autres. Tu te lèves, tu manges, tu mets un pull trop grand, tu fais semblant d’avoir dormi. Tu regardes ton reflet sans vraiment le voir. Puis tu sors. Et tu continues.

Et pourtant, quelque part, tu sais. Tu sais que ça va changer. Tu le sens dans tes os, dans ton ventre, dans ta gorge serrée.

Aujourd’hui, j’allais lui dire.

Je l’avais décidé sans vraiment y croire. Un peu comme quand on se persuade que tout ira bien, juste pour tenir debout. J’avais prévu un million de scénarios. Dans aucun il ne me répondait "ah, cool". Mais peut-être qu’il ne faut pas trop attendre des gens.

On était dans ce coin du parc, là où personne ne vient. Un banc un peu rouillé. Une lumière douce, presque triste. Seth tapotait sur son téléphone, concentré sur je-ne-sais-quoi. Moi, je le regardais. C’est fou comme les gens peuvent être beaux quand ils ne savent pas qu’on les observe.

Et puis j’ai parlé.

Je fis enfin ce qui m'avait toujours été le plus difficile : m'exprimer.

Cependant pour une première fois, j'aurais peut être dû y aller moins fort.

- Je t'aime.

Oui, je venais de le faire, franchement je m'attendais à plus de lui mais il ne fit que me lancer quelques coups d'oeil de temps en temps, alors qu'il était concentré sur son portable.

Et ça me frappait enfin le visage. Que faisais je ? Seth avait littéralement une petite amie et il n'y avait pas encore un an, je lui avais dit pour mon amour... pour son frère. Ils étaient jumeaux.

Je me sens tellement mal, au fond peut être que je n'ai jamais vraiment aimé. Et pourtant à ce moment précis, ce qui m'étouffe le plus est que Seth a en fait, choisis d'être loyal à sa petite amie, ce qui me mettait très en colère. Pourquoi ? C'était comme s'il la choisissait à ma place.

Alors, j'avalais le peu de dignité qui me restait et je me fis une promesse : Les deux frères n'auront de yeux que pour moi et la petite amie disparaîtra de l'histoire.

Voilà. C’était dit.

Et c’était pire que tout ce que j’avais imaginé. Parce qu’il n’avait pas ri. Il n’avait pas crié. Il n’avait pas dit “je suis flatté” ni même “t’es sérieuse ?”.

Il avait juste continué à faire défiler son écran. Comme si j’étais un bruit de fond.

C’était ça le pire : l’indifférence. Elle me dévorait plus vite que le rejet.

Je crois que j’aurais préféré qu’il m’engueule. Qu’il me dise que j’étais folle. Au moins, j’aurais existé dans sa bouche.

Mais non. Rien.

Et moi, j’étais là. À jouer la fille forte, celle qui ne regrette rien. Alors que tout en moi hurlait.

Il s’est levé à un moment, je crois. M’a dit “faut que j’y aille”. Et il est parti.

Pas un regard de plus.

Le chemin du retour m’a paru long. Trop long. Chaque pas me ramenait à cette phrase. “Je t’aime.” Trois mots. Trois malédictions.

Je me dégoûtais un peu. Pourquoi je fais toujours ça ? Pourquoi je choisis toujours ce que je ne peux pas avoir ?

Et puis… pourquoi Seth ? Pourquoi maintenant ? Je l’aimais, non ? Ou j’aimais ce qu’il représentait ? Le frère de celui que j’avais déjà raté. Un nouveau départ.

Ou juste un nouveau terrain de guerre.

Parce que c’est bien de ça qu’il s’agit. Une guerre. Une foutue bataille d’attention.

Et elle, cette fille… sa copine… elle avait gagné. Il l’avait choisie.

Il l’avait préférée à moi.

Ça me rendait malade.

Je m’étais promis de ne jamais être ce genre de fille. Celle qui vole, qui manipule, qui détruit. Mais là… là je sentais quelque chose en moi se fissurer.

Je voulais qu’il me regarde. Qu’il pense à moi. Qu’il se dise “merde, j’ai peut-être fait une erreur”.

Je voulais le voir douter.

Et plus je pensais à ça, plus une idée grandissait. Une idée moche. Une idée mauvaise.

Je n’étais pas venue ici pour perdre. Pas cette fois.

Je me suis arrêtée devant le miroir en rentrant. Mes yeux étaient rouges. J’avais trop pensé, trop retenu.

Je me suis dit que j’étais encore en vie. Que tout ça, c’était peut-être juste le début.

Et j’ai répété, tout bas, comme une promesse :

– Ils ne verront plus qu’elle. Ils ne verront que moi.

Et j’ai souri.

Pas un sourire heureux.

Un sourire dangereux.