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Chapitre 2

Une lune de miel glaciale, voilà ce qu’ils avaient. Pas un souffle d’amour, pas la moindre étincelle d’espoir. Juste deux âmes prisonnières d’un destin imposé, deux corps contraints de partager un espace sans que rien de chaleureux ne les relie. La mer s’étendait à l’horizon, calme et implacable, tout comme leur situation.

Luca se leva de table, un verre de whisky à la main, le regard figé sur la mer qui défilait devant lui. Le luxe de la suite nuptiale ne le touchait pas. Il ne voyait même pas la vue splendide, ni la douceur du mobilier autour de lui. Il avait l’impression de suffoquer dans cet endroit paradisiaque, car l’air était devenu lourd de non-dits, de rancœur et de frustration.

Il jeta un coup d’œil à Amélie, assise en silence dans un coin de la pièce, la tête légèrement baissée, ses mains reposant sur ses genoux, la posture droite, élégante. Elle semblait parfaitement à l’aise, comme si cet endroit n’avait rien d’exceptionnel pour elle. Et cette indifférence… cette tranquillité implacable. Cela l’agacait.

— Tu n’as pas faim ? demanda Luca d’un ton presque dédaigneux, en fixant son verre.

Amélie leva lentement les yeux, comme si elle venait de sortir d’une longue réflexion. Elle répondit d’une voix calme et mesurée, sans l’ombre d’une émotion :

— Non, merci. Je ne suis pas vraiment affamée.

Elle n’était pas affamée. Pas de désir, pas de besoin d’affection. Rien. Ces mots flottèrent dans l’air entre eux, un rappel cruel de ce que ce mariage représentait. Pas d’amour. Pas de passion. Juste une formalité.

Luca s’éloigna, jetant un dernier regard glacial à sa femme avant de quitter la pièce. Il n’avait pas envie d’être près d’elle. Pas maintenant. Pas du tout. Il aurait préféré être seul, plongé dans ses pensées sombres, sans le poids de sa présence. Et pourtant, il n’avait pas le choix. Ce n’était pas comme si elle était une étrangère. Non, elle était maintenant sa femme, mais cela ne changeait rien à la froideur qui les séparait.

Amélie, quant à elle, restait immobile. Elle ne semblait pas dérangée par le silence pesant qui régnait autour d’elle. Elle se contentait de fixer la mer, ses yeux perdus dans l’horizon sans fin. Elle savait que Luca voulait la fuir. Elle le sentait. Mais elle n’éprouvait pas la nécessité de le retenir. Elle avait compris dès le premier instant que ce mariage n’était qu’une question de famille, de devoirs. Elle n’attendait rien de lui. Pas d’amour, pas de tendresse. Elle avait accepté cette union avec une indifférence presque tragique, se concentrant uniquement sur ses propres pensées. Après tout, qu’était l’amour comparé à ce qu’elle portait en elle ? Elle avait un secret, quelque chose que Luca ignorait encore. Et c’était précisément cela qui la rendait implacable, cette certitude qu’elle n’avait pas à se conformer à ses attentes.

Luca se retrouva sur le balcon de la suite, observant les vagues qui se brisaient contre les rochers en bas. Son esprit était en proie à une rage intérieure, une frustration sourde qu’il n’arrivait pas à apaiser. Amélie, cette femme si calme, presque passive, l’exaspérait. Elle ne faisait rien pour se défendre, pour se battre. Elle se contentait de l’ignorer, de l’accepter, et cela le mettait hors de lui. Elle ne lui répondait jamais, ne cherchait jamais à l’embarrasser ou à le provoquer. Pas de scènes, pas de cris. Rien. Cela le dérangeait profondément. Il avait besoin de conflit, de tension, de dynamisme dans une relation, même si c’était pour les mauvaises raisons. Il n’avait pas voulu ce mariage, mais il aurait voulu que ce soit plus vivant, plus… humain.

Il se tourna brusquement vers l’intérieur de la suite, où Amélie était toujours assise, son dos droit comme une barre de fer. Il la regarda longuement, une idée traversant son esprit. Peut-être qu’il pourrait en finir avec ce mariage plus rapidement. Après tout, il n’avait pas l’intention de vivre avec cette femme pendant le reste de sa vie. Il en avait assez de ce jeu de fausses apparences. Il devait agir, la pousser à demander le divorce.

Lorsqu’Amélie entra dans la pièce suivante, il lui parla d’un ton froid, presque clinique.

— Tu sais, je ne vais pas te mentir. Je n’ai aucune intention de faire semblant. Je ne t’aime pas.

Amélie leva les yeux vers lui, son regard demeurant impénétrable.

— Je ne t’ai jamais demandé de m’aimer, Luca.

Ces mots, dits avec une telle simplicité, frappèrent Luca de plein fouet. Il n’avait pas pensé qu’elle le prendrait aussi calmement. Il voulait qu’elle se révolte, qu’elle s’énerve, qu’elle lui crie dessus, qu’elle se batte pour sa dignité. Mais non. Elle restait stoïque. Cette calme indifférence l’écrasait.

— Tu crois vraiment que ça ne me touche pas ? ajouta Luca, avec un sarcasme palpable. Je suis coincé dans un mariage sans amour, avec une femme que je ne connais même pas. Tu crois que ça ne me fait rien ?

Amélie ne bougea pas. Ses mains étaient toujours posées sur ses genoux, son regard fixé devant elle. Elle répondit simplement :

— Tu n’as pas à faire semblant, Luca. Je comprends la situation. Ce n’est pas facile pour toi, je le sais. Mais tu n’as pas besoin de jouer à ce petit jeu. Je suis bien consciente que tu n’as aucune envie de me voir ici.

Il la fixa, presque choqué. Que voulait-elle dire par là ? C’était elle qui restait calme, elle qui comprenait, elle qui semblait… lui laisser toute la place pour ses faiblesses, pour ses insultes, sans jamais se défendre. Il se sentit soudain vulnérable, comme si tout ce qu’il avait dit ne faisait aucun sens.

Il inspira profondément. Elle n’était pas ce qu’il avait imaginé. Ce n’était pas une femme faible, docile, prête à se laisser écraser sous ses reproches. Non, elle était forte, implacable dans sa tranquillité, dans son absence d’attente. Mais cela l’énervait encore plus. Comment pouvait-elle être si calme ? Pourquoi ne se rebellait-elle pas, ne le faisait-elle pas souffrir comme il le voulait ?

Il se détourna brusquement, fermant les yeux pour ne pas voir sa présence. Cela ne servait à rien. Il fallait qu’il agisse.

Le lendemain matin, Luca se rendit à son bureau, son esprit tourné vers l’unique objectif qui l’obsédait : pousser Amélie à demander le divorce. Il allait la rendre folle, l’enfermer dans un coin d’où elle ne pourrait plus s’échapper. Elle voulait de l’indifférence ? Eh bien, il allait lui en donner. Il allait la traiter comme une simple obligée. Mais peut-être qu’au fond, cela le blessait un peu. Peut-être qu’il aurait voulu qu’elle se rebelle, qu’elle hurle. Peut-être qu’il se perdait dans son propre jeu.

Il ferma les yeux un instant, le stress montant. Le plan se mettait en place. Il savait qu’il pouvait réussir, mais une petite voix, au fond de lui, lui murmurait que quelque chose d’inattendu allait se produire. Ce mariage était trop complexe, trop tendu pour rester dans cette logique froide. Il allait devoir aller plus loin. Et si elle refusait de se plier à sa volonté ? Et s’il perdait tout dans ce jeu sans fin ?

Mais pour l’instant, il n’avait pas le temps de s’attarder sur ces questions. Il avait un objectif : faire en sorte qu’Amélie demande le divorce. Cela allait être plus simple que tout ce qu’il avait imaginé.

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