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chapitre 7

Chapitre 7

Depuis cette conversation près de la forêt, quelque chose avait changé entre eux. Leurs regards s’accrochaient plus longtemps, leurs échanges étaient marqués par une tension palpable, quelque chose de subtil mais inébranlable. Téa sentait cette attraction de plus en plus forte, même si elle tentait de se concentrer sur ses tâches au sein de la meute. Pourtant, dès qu’elle croisait Nicolas, son cœur battait plus vite, son esprit se brouillait. Elle se refusait à admettre qu’elle avait envie d’être plus près de lui, d’effleurer sa main, de ressentir sa chaleur.

Ce jour-là, la meute était rassemblée pour une session d’entraînement. Téa y mettait tout son cœur, se surpassant pour canaliser son énergie et chasser les pensées qui tournaient autour de Nicolas. Entre deux exercices, elle échangea des sourires complices avec un autre loup de la meute, Adam. Il était agréable, loyal, et facile à côtoyer. Adam ne manquait jamais une occasion de plaisanter avec elle, et elle appréciait cette amitié dénuée de complications.

Cependant, Nicolas semblait percevoir cette complicité d’un tout autre œil. Il les observait depuis quelques minutes, les bras croisés, ses traits tendus, les yeux sombres. Chaque sourire qu’elle adressait à Adam semblait renforcer la dureté de son regard. Téa remarqua son air renfrogné et ne put s’empêcher de ressentir un léger plaisir, une pointe de satisfaction malicieuse. Elle savait que c’était immature, mais si Nicolas se pensait capable de la tourmenter en étant mystérieusement distant et ambigu, pourquoi ne pourrait-elle pas en faire autant ?

À un moment, alors qu’elle riait à une plaisanterie d’Adam, Nicolas s’approcha d’eux avec une démarche déterminée, le visage fermé. Il fixa Adam de manière soutenue, presque agressive. Adam, visiblement mal à l’aise, lança un dernier sourire à Téa avant de s’éclipser pour éviter un conflit. Aussitôt seul avec elle, Nicolas la toisa, ses yeux perçant les siens avec une intensité qu’elle n’avait jamais vue.

« Alors, c’est comme ça ? » lâcha-t-il, le ton chargé de reproches.

Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas où il voulait en venir. « Pardon ? » répondit-elle, feignant l’innocence.

Il s’approcha d’un pas, réduisant la distance entre eux jusqu’à ce qu’elle puisse sentir sa chaleur. « Adam ? Vraiment ? »

Elle roula les yeux, un sourire ironique aux lèvres. « Je ne vois pas en quoi ça te concerne, Nicolas. »

Son visage se durcit, les mâchoires serrées. « Oh, vraiment ? Alors que tu sais très bien ce qu’il en est entre nous ? »

Elle laissa échapper un rire nerveux. « Ce qu’il en est entre nous ? Mais de quoi tu parles ? Tu es distant la moitié du temps, et l’autre moitié tu joues avec mes nerfs. Et maintenant, tu veux m’accuser de me rapprocher d’un autre alors que toi-même, tu m’évites dès que tu en as l’occasion ? »

Il resta silencieux, luttant visiblement contre une colère sourde, incapable de répondre. Elle en profita pour continuer, sa voix prenant une teinte de défi. « Adam est un ami, un membre de la meute avec qui je m’entends bien. Si ça te pose problème, alors tu devrais peut-être te demander pourquoi. »

À cet instant, elle vit passer une lueur de frustration dans ses yeux, une vulnérabilité inattendue. Il semblait déconcerté, comme s’il ne savait pas comment gérer ces émotions nouvelles, incontrôlées. Pourtant, au lieu de répondre, il resta silencieux, ses poings serrés.

Téa soupira, exaspérée, et se détourna pour mettre fin à cette conversation stérile. Mais elle n’eut pas le temps de faire un pas qu’il l’attrapa par le bras, la forçant à se tourner vers lui. Avant qu’elle ne comprenne ce qui se passait, il réduisit la distance entre eux d’un geste brusque. Elle sentit sa main glisser dans sa nuque, et en un instant, ses lèvres capturèrent les siennes avec une urgence qu’elle n’avait jamais anticipée.

Le monde sembla se figer. Tous les doutes, toutes les frustrations accumulées se dissipèrent sous la chaleur de ce baiser. Elle oublia tout, la meute autour d’eux, leurs disputes, même l’air entre eux semblait brûler. Elle se laissa emporter, oubliant son orgueil, sa colère, laissant uniquement parler ce désir qu’elle avait si longtemps réprimé. Sa main trouva son chemin jusqu’à son torse, effleurant les contours de ses muscles sous le tissu. Elle sentait son cœur battre fort sous sa paume, en écho au sien, leurs respirations s’entremêlant, comme un aveu silencieux.

Mais aussi soudainement qu’il l’avait embrassée, Nicolas recula, rompant leur contact. Il s’éloigna sans un mot, évitant son regard, les traits fermés. Téa resta figée, encore sous le choc, incapable de comprendre ce qui venait de se passer. Elle l’observa s’éloigner, incapable de bouger, le cœur lourd d’un mélange d’incompréhension et de déception.

Pendant de longues minutes, elle resta immobile, tentant de donner un sens à ce baiser. Pourquoi l’avait-il embrassée avec tant de passion pour ensuite la laisser seule, sans un mot d’explication ? Pourquoi ne restait-il jamais assez longtemps pour qu’ils puissent clarifier ce qu’ils ressentaient réellement l’un pour l’autre ?

Les heures qui suivirent furent un supplice. Elle revivait sans cesse ce moment, se demandant ce qu’elle aurait dû dire ou faire. La colère, la confusion et l’amertume se mêlaient en elle, la poussant à remettre en question tout ce qu’elle avait ressenti. Pourtant, malgré sa frustration, elle ne pouvait nier que ce baiser avait éveillé en elle des émotions intenses et inévitables.

Le lendemain, elle se leva avec une détermination nouvelle. Elle ne pouvait pas laisser Nicolas la tourmenter ainsi, entrer et sortir de sa vie en la laissant avec plus de questions que de réponses. Elle le chercha dans les quartiers de la meute, mais il semblait l’éviter à nouveau. Cet évitement ne fit qu’ajouter à sa colère grandissante. S’il pensait qu’il pouvait l’embrasser et ensuite disparaître sans explications, il se trompait.

Finalement, elle le trouva près de l’entraînement, occupé à discuter avec quelques membres de la meute. Elle s’approcha sans hésiter, ignorant les regards surpris de ses camarades. Lorsqu’il la vit, il se tendit, visiblement mal à l’aise. Elle s’arrêta devant lui, le défiant du regard.

« Nicolas, il faut qu’on parle, » dit-elle fermement, ignorant les murmures autour d’eux.

Il hésita, jetant un coup d’œil aux autres loups, mais elle ne lui laissa pas le choix. Elle s’éloigna un peu, l’obligeant à la suivre. Une fois à l’écart, elle le fixa avec une intensité qu’elle-même ne se connaissait pas.

« Qu’est-ce qui t’a pris, hier ? » demanda-t-elle, sa voix marquée d’un mélange de colère et de désespoir. « Tu m’embrasses et ensuite tu t’enfuis sans un mot. Tu penses que tu peux jouer avec mes émotions comme ça ? »

Il baissa les yeux, les mâchoires serrées, semblant chercher ses mots. « Je… Je n’aurais pas dû. Je ne voulais pas te perturber, Téa. »

Elle croisa les bras, un rire sans joie échappant à ses lèvres. « Trop tard. Tu m’as déjà perturbée. Ce n’est pas la première fois que tu te comportes comme ça, Nicolas. Soit tu es distant, soit tu te montres possessif, et maintenant, tu m’embrasses comme si… »

Il releva brusquement les yeux, une étincelle de frustration traversant son regard. « Comme si quoi ? Comme si je tenais à toi ? »

Elle resta silencieuse, surprise par la force de sa question.

« Peut-être que c’est ça le problème, Téa, » reprit-il, adouci. « Je tiens à toi, mais je ne sais pas comment gérer ça. »

Ces mots résonnèrent en elle, dissipant en partie sa colère. Elle réalisa alors que derrière son arrogance, derrière cette façade dure, se cachait un homme perdu, aux prises avec des sentiments qu’il n’avait jamais su exprimer. Elle s’approcha de lui, posant doucement une main sur son bras.

« Alors ne me laisse pas dans le flou, » murmura-t-elle. « Si tu tiens à moi, montre-le. Mais ne joue plus à disparaître comme tu le fais. »

Il acquiesça, ses traits se détendant légèrement. Pour la première fois, elle crut voir une lueur de sincérité dans ses yeux, quelque chose de fragile mais authentique. Ils restèrent ainsi, unis dans un silence apaisant, une promesse muette scellée entre eux.

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