chapitre 5
Chapitre 5
Les flammes du feu de camp dansaient autour d’eux, projetant des ombres sur les arbres alentours. Nicolas, adossé à un tronc, arborait un sourire arrogant qui rendait Téa folle. Elle essayait de se concentrer sur ses pensées, de ne pas prêter attention à lui, mais il ne semblait pas prêt à lui laisser cette tranquillité.
« Eh bien, tu as vu comment on s’en est sortis, hein ? Pas trop impressionnée ? » lança-t-il, croisant les bras, satisfait.
Elle serra la mâchoire, se rappelant de la bataille qui s’était déroulée un peu plus tôt. Ils avaient dû affronter une petite troupe d’ennemis en maraude, rien de bien effrayant, mais Nicolas n’avait cessé de lui rappeler combien sa stratégie était supérieure, combien elle avait de la chance qu’il soit là pour couvrir ses arrières. Téa sentait la fatigue s’installer en elle, amplifiée par l’irritation que ce loup bad-boy et vaniteux éveillait en elle.
« Tu sais, ta modestie m’impressionne chaque jour un peu plus, » répondit-elle en roulant des yeux.
Il éclata de rire, visiblement amusé par sa répartie. Mais quelque chose dans son rire la déstabilisa, comme une facette de lui qu’elle n’avait pas encore vraiment perçue. Était-il sincèrement diverti, ou utilisait-il simplement ce ton moqueur pour dissimuler quelque chose de plus fragile ? Elle chassa cette pensée. Nicolas et vulnérabilité dans la même phrase ? Ça semblait presque impossible.
Un bruit de pas entre les feuillages les interrompit brusquement, et tous deux se redressèrent. Nicolas échangea un regard avec elle, son sourire narquois instantanément effacé. Il semblait écouter intensément, analysant chaque son. Mais avant qu’ils n’aient pu esquisser le moindre mouvement, une nouvelle embuscade surgit. Des ennemis, probablement les renforts des précédents attaquants, les entourèrent en silence, leurs yeux brillants d’une lueur de défi dans l’obscurité.
Téa et Nicolas se lancèrent dans la bataille sans hésitation. Ils se mouvaient en parfaite synchronisation, se couvrant mutuellement, mais le combat était rude, et les assaillants plus nombreux qu’ils ne l’avaient prévu. À un moment, un cri étouffé s’échappa de Téa lorsqu’elle sentit une douleur aiguë traverser son flanc. Elle s’était pris un coup de griffe profond, et elle vacilla, incapable de masquer sa souffrance. Elle tenta de se redresser, mais son corps lui échappait.
Nicolas, qui se battait à quelques pas d’elle, remarqua immédiatement son état. Son regard s’obscurcit d’une rage qu’elle ne lui avait jamais vue, et il se débarrassa de son adversaire avec une férocité décuplée, avant de se précipiter vers elle. Tout autour d’eux, les ennemis battirent soudain en retraite, comme pris de panique face à la détermination du loup.
Quand le calme revint enfin, Nicolas s’agenouilla auprès de Téa, l’air tendu, presque paniqué. Elle essaya de sourire pour le rassurer, mais la douleur était trop forte.
« Laisse-moi voir, » murmura-t-il, sa voix plus douce que d’ordinaire.
Elle hésita, encore un peu agacée par son ton protecteur. Mais l’expression de son visage la surprit ; il était réellement inquiet. Elle se laissa finalement faire, et il examina sa blessure avec une précaution qu’elle ne lui aurait jamais imaginée. L’angoisse qui se lisait dans ses yeux sombres en disait long.
« Tu es trop imprudente, » murmura-t-il, ses doigts effleurant doucement sa peau autour de la plaie. « Tu aurais dû me prévenir que tu étais blessée. »
Téa esquissa un sourire, bien que son visage restât crispé par la douleur. « Et risquer que tu me fasses la morale en plein combat ? Très peu pour moi. »
Nicolas la dévisagea un instant, avant qu’un léger sourire adoucisse son expression sévère. Il baissa la tête, presque amusé, mais il était évident qu’il se contenait de peur de montrer trop de tendresse.
« Peut-être que tu pourrais être un peu plus prudente la prochaine fois. Tu n’as pas besoin de prouver que tu es capable de te défendre seule, tu sais. »
« Pourquoi est-ce que tu fais ça ? » souffla-t-elle, cherchant son regard. « Pourquoi t’obstines-tu à me protéger quand, clairement, tu ne peux pas t’empêcher de… de me rendre la vie impossible ? »
Il resta silencieux un moment, son visage impassible. Puis il la fixa avec une intensité qui fit accélérer les battements de son cœur.
« Parce que… » Il hésita, cherchant ses mots. « Parce que je tiens à toi, plus que je ne voudrais l’admettre. »
Ces quelques mots la laissèrent sans voix. Derrière ses apparences arrogantes et détachées, elle voyait enfin une lueur de sincérité, un fragment de ses véritables émotions. Elle baissa les yeux, légèrement troublée, tandis qu’il continuait à panser sa blessure.
La douleur s’estompait lentement, remplacée par une étrange chaleur qui se diffusait en elle. Elle sentit sa main se poser sur la sienne, et elle releva les yeux, rencontrant son regard adouci. Sans réfléchir, elle laissa ses doigts se glisser entre les siens, comme une réponse silencieuse à ses mots.
« Merci, » murmura-t-elle, sa voix presque inaudible.
Nicolas resta silencieux, mais un sourire tendre apparut sur son visage, et elle comprit que quelque chose venait de changer entre eux.
