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21

Bien sûr, Copri nie les faits en bloc. Parait-il qu'il était sagement couché dans son lit l'autre soir et qu'une femme peut en témoigner. Je parie qu'il s'agit d'une demeurée qu'il a manipulée pour qu'elle soutienne ses mensonges.

-Je tiens d'ailleurs à préciser que Madame Pazzi a toujours eu un comportement très méfiant envers moi et que je ne lui en ai jamais tenu rigueur, ose-t-il minauder. J'ai conscience de ses faiblesses psychologiques, d'autant plus que la mort soudaine de ses parents a été un véritable choc.

Je bous mais je tiens bon. Ce connard n'a aucun scrupule à utiliser la mort de mes parents qu'il a très probablement orchestrée pour me décrédibiliser.

-Je n'ai jamais eu confiance en vous et en vos méthodes Monsieur Copri. Je pense que vous manipulez des personnes faibles et que vous êtes dangereux mais ce n'est pas le sujet ici. Cela concerne ma seconde plainte. Aujourd'hui, je maintiens que vous m'avez agressée puis menacée, moi et mes proches. Vous m'avez également fait du chantage pour que je retire ma plainte.

Le visage de Copri reste impassible. Ses mains, posées scrupuleusement sur la table, ne bougent pas. Il nie de nouveau. L'inspecteur Anderson lui pose de nouvelles questions à propos de mon engagement auprès de Natur'alliance et il continue à prodiguer son discours de pseudo-thérapeute compréhensif.

Nous ne nous lâchons pas du regard. Pas une seule seconde.

Je rebondis à chacune de ses excuses. Je ne le laisse pas déclarer quoique ce soit sans donner ma version des faits, sans l'accuser encore et encore. J'égratigne la légitimité du centre à chaque minute qui passe. Je tiens tête à cet escroc qui, finalement, laisse enfin échapper les premiers signes de nervosité.

-Mais enfin Madame Pazzi, si vous nous diabolisez à ce point, pourquoi continuez-vous de nous fréquenter ? m'interroge-t-il en haussant la voix.

-Pour comprendre comment vous avez réussi à manipuler mes parents et à vous débarrasser d'eux.

-Pardon ? Vous m'accusez de la mort de vos parents ? Je vous interdis d'insinuer quoique ce soit sans preuve !

Copri s'est légèrement relevé sur sa chaise. Ses yeux se font désormais flamboyants, reflets parfaits de toute la violence qu'il nourrit en lui. Je souris franchement, trop heureuse que son masque se fissure sans qu'il ne puisse s'en empêcher.

-Qui sait ? Cela fera peut-être l'objet d'une troisième plainte de ma part. Mais ne vous en faites pas, vous serez au courant bien assez vite.

-Ne faites pas la maligne avec moi. Je les connais les petites roublardes dans votre genre et je peux vous assurer que je ne les ai jamais laissées m'atteindre.

-C'est une menace Monsieur Copri ?

Si un regard pouvait tuer, je serai morte au moins cent fois aujourd'hui.

-Prenez-le comme vous le voulez. Mais n'oubliez jamais que je ne suis pas arrivé ici par hasard.

Je feins un regard insolent qui le met de nouveau en rage. Copri semble avoir oublié où on est tant je le sens en train de perdre son calme.

-Nous savons tous les deux la vérité, reste maintenant à découvrir jusqu'où vous êtes prêt à aller pour vous protéger. Vous m'avez déjà menacée. Quelle est la prochaine étape ? Me faire subir la même chose qu'à mes parents ?

-Vous n'avez que ce que vous méritez. Oubliez-moi et mon centre et vous retrouverez enfin votre tranquillité, c'est compris ?

Le gourou se lève alors pour apostropher l'inspecteur Anderson

-Avez-vous eu ce que vous vouliez ou pouvons-nous nous arrêter là ? Je réfute toutes les accusations dont je fais l'objet et à moins que vous n'ayez des preuves tangibles à me soumettre, je crains n'avoir plus rien n'a faire ici.

Quelques minutes plus tard, je rejoins toujours accompagnée du policier. Mon petit-ami scrute mes traits, mon regard, mon attitude. Je tremble légèrement sous le coup de l'adrénaline mais je suis fière d'avoir montré à cet enfoiré de Copri que je ne me laisserai pas faire. Pire, je suis fière de lui avoir fait perdre ses moyens et d'avoir pu dévoiler ce qui se cache sous son masque.

-Tout s'est bien passé, commence le policier pour rassurer mais je préfère être honnête avec vous nous ne pourrons pas donner suite à votre plainte. Sans aveu de sa part et sans preuve, nous ne pouvons rien faire.

-Je m'en doutais mais au moins, il sait maintenant que je ne me laisse pas intimider par ses menaces. Il n'a pas l'habitude qu'on lui tienne tête et si ça peut le faire commettre des erreurs alors ce sera parfait.

Anderson acquiesce mais me dnde une nouvelle fois d'être prudente. Alors que nous pensions rentrer tranquillement chez nous, un des collègues du policier entre dans son bureau pour nous dnder de patienter dans les locaux. L'inspecteur ne semble pas comprendre ce léger revirement de situation, c'est pourquoi il s'absente plusieurs minutes. Quand il revient, sa mine inquiète n'est que le reflet de la mienne.

-Je ne vais pas tourner autour du pot. Le Dr Copri vient de déposer une plainte contre vous, .

J'ai l'impression que le monde s'écroule autour de moi. Je refuse que mon homme soit la cible de ce cinglé.

-Pour quel motif ? l'interroge impassible.

-Cambriolage et vol sans effraction. Il vous accuse de vous être introduit dans ses locaux pour voler des dossiers confidentiels. Selon lui, un témoin vous aurait formellement reconnu.

-Il a raison.

Quoi ? Abasourdie, je me tourne brusquement vers qui reconnait tranquillement les faits sans réaliser qu'il est en train de bousiller sa carrière.

-Mais qu'est-ce...

-Je n'ai jamais été un menteur et ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer Em'. L'inspecteur connait la vérité puisqu'on est venus lui montrer tout ce que j'ai volé. Alors à quoi est-ce que ça servirait de dire que ce n'est pas moi ?

Il pivote en direction du policier.

-J'ai fait une connerie et je l'assume. Dites-moi ce que je dois faire maintenant.

J'ai l'impression de planer. Autour de moi, les deux policiers s'agitent pour prendre sa déposition et bientôt, nous ressortons du commissariat. s'est engagé à restituer les éléments qu'il a dérobés. Ensuite, il recevra une convocation qui mènera à coup sûr à une condamnation judiciaire. Et moi, j'étouffe.

Parce que je sais déjà que les rêves du garçon que j'aime sont en train de partir en fumée. Parce que je ne réalise que maintenant à quel point tous mes proches sont en danger. Parce que, une fois de plus, je suis celle qui déclenche le cyclone qui va tout dévaster. Et je me déteste pour ça.

La première chose que je fais lorsque je rentre chez moi, c'est appeler mon frère. Le temps des secrets est révolu, je ne lui cache désormais plus rien. Je lui fais donc un topo complet, sans essayer de minimiser les faits pour le préserver. Enzo se montre très préoccupé par ma sécurité et même si je culpabilise évidement de l'inquiéter, il doit savoir. Il doit se montrer vigilant. Qui sait de quoi est capable le Dr Copri. Je lui fais promettre de rester en Italie, le plus loin possible de mes ennuis. A ma grande surprise, mon petit frère me remercie de ne pas lui avoir dissimulé la vérité.

Après avoir papoté ensemble un moment, nous raccrochons et je retrouve dans son salon, faisant les cent pas, la mine fermée.

-Que se passe-t-il ? l'interrogé-je, aussitôt affolée.

-J'ai téléphoné à Tom Wallins. Je ne voulais pas qu'il apprenne mes ennuis judiciaire d'une autre bouche que de la mienne.

Ma première réaction est de penser qu'il est fou, qu'il aurait dû lui mentir, ne rien lui dire, faire semblant mais ce ne serait pas digne de lui. Mon est honnête quoiqu'il arrive, même si cela peut lui coûter ses plus beaux rêves.

-Et qu'est ce qu'il a dit ?

-Que j'étais con.

Un rire amer m'étrangle. Je ne m'attendais vraiment pas à ce genre de réaction !

-Et que j'allais surement tout foutre en l'air. Mais il m'a remercié d'avoir été franc.

-Tout foutre en l'air ? Non, il ne peut pas...

-Tu l'as dit toi-même Em', il n'a aucun intérêt à s'encombrer d'un mec inconnu et sous le coup d'une condamnation.

-Mais... je... enfin...

Ses sublimes eaux turquoises baignent dans la tristesse. Mais assurément, aucune pointe de regret ne vient se mêler au spectacle.

-Avant que tu te mettes des bêtises en tête, écoute-moi bien mon amour.

glisse ses doigts dans mes cheveux pour me faire prisonnière de sa douceur. Je me laisse instinctivement aller contre lui mais j'ai le coeur lourd. Ma détermination de ce matin me parait désormais bien loin.

-Si c'était à refaire, je referais tout exactement de la même façon. Je ne regrette aucun de mes choix.

-Sans moi, tu pourrais réaliser ton rêve.

-Sans toi, je ne pourrais pas respirer. Alors je m'en contrefiche de ce disque et de cette tournée.

Ses belles lèvres capturent mes protestations. Emmaillottée dans ses grands bras musclés, je laisse mes sombres pensées prendre le large même si je sais déjà qu'elles me retrouveront à la nuit tombée, lorsqu'allongée dans le noir, elles m'envahissent pour me bouffer le cerveau.

Au petit matin, malgré le beau soleil qui brille à travers la vitre, la brume des idées noires peine à me quitter. Même l'odeur d'un bon thé fumant et de toasts délicieusement grillés ne me défait pas de ma morosité. J'ai l'estomac noué. J'ai peur pour pour Enzo et pour tous mes amis. J'ai presque envie de fuir pour échapper à tout ça, pour protéger ceux que j'aime mais je crois que je vaux mieux que ça. Je vaux mieux qu'une fille qui cède aux menaces et abandonne aussi facilement.

Alors la tête baissée et les joues rouges, j'observe de loin annoncer à ses deux comparses que leurs envies de musique sont compromises. J'ai honte de les priver de leur vocation mais contre toute attente, mes amis se lèvent et viennent me chatouiller jusqu'à ce que je me déride et que je les écoute.

- a eu raison de t'aider et même si ça doit nous mettre des bâtons dans les roues, on ne vous en voudra jamais à tous les deux. Notre amitié passe avant tout, même avant la musique.

-Putain, c'est beau ce que tu dis, tu vas me faire chialer Nico ! lance Sam sans aucune finesse.

Et juste comme ça, mes lèvres s'étirent et un feu de joie nait dans ma poitrine. J'ai de la chance de les avoir autour de moi. Alors je mets un bon coup de pied au cul à ces idées noires qui me collent à la peau et je respire. Un bon coup, à plein poumon. Puis je chope un coussin qui trainait sur le canapé et je déclenche une bataille. Comme quand on avait seize ans et qu'on allait au lycée. Comme quand tout ce qui comptait, c'est qu'on soit ensemble.

Parce qu'au fond rien n'a changé et même des salopards de la trempe de Copri ne pourront pas nous enlever ça.

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