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11

-Putain, tu m'as manqué gamine ! marmonne-t-elle entre ses dents en exerçant une pression supplémentaire sur mes épaules.

-Toi aussi Jamie.

Ses parents ne voulaient pas d'un prénom classique. Ils recherchaient un prénom qui véhicule autant de force que d'originalité et ils ont fini par choisir de l'appeler James. Un prénom de mec pour une fille qui n'a pas froid aux yeux. Elle m'a raconté cette histoire un après-midi après l'école et je suis rentrée chez moi en exigeant qu'on change mon prénom. Ma mère a distraitement déposé un baiser sur le haut de mon crâne en bredouillant un « bien sûr, bien sûr » sans réfléchir. Elle ne prêtait jamais attention à mes dndes loufoques qui jaillissaient toutes les cinq minutes. Ce souvenir m'engloutit immédiatement dans une vague de tristesse. Ma mère me manque. Mes parents me manquent.

Sam déloge Jamie pour m'enlacer à son tour. Quand je respire son parfum familier, mon chagrin se retire pour se loger tranquillement au fond de mon cœur, là où est sa place. Cet homme est aussi impressionnant par sa carrure que par bienveillance. Il dépose un petit baiser sur ma joue en tapotant mon épaule. Je laisse un instant mes yeux se promener sur sa peau noire, ses cheveux sombres et ses yeux rieurs. Pour la première fois depuis que je me suis réveillée, j'ai l'impression de revenir chez moi. De retrouver mon foyer parmi toutes ces personnes qui ont toujours composé le noyau dur de mon quotidien.

-Arrête de me regarder comme ça. Je sais que tu veux mon corps mais il va falloir être patiente, tu n'es pas la seule !

Je pouffe comme la gamine que j'étais quand Sam me taquinait à longueur de journée. Il n'y a jamais eu la moindre ambiguïté entre nous mais son assurance et son côté macho m'ont toujours fait rire. Nico s'approche à son tour et m'offre de gentils mots qui me rassurent. Ses cheveux châtain un peu trop longs retombent sur son regard fraternel et ses lèvres se retroussent en un doux sourire. Je profite de ce moment, le cœur léger. Puis vient le tour de Laura de s'approcher. Je dois me retenir de lever les yeux au ciel devant son air compatissant. Range vite ta pitié !

-Je suis contente de te revoir, même si les circonstances ne sont pas très marrantes.

Elle m'agace déjà. J'inspire un grand coup avant de lui servir un sourire aussi faux que les seins de Kim Kardashian. Elle s'empresse de se lover dans les bras de qui semble plutôt gêné par ce genre de démonstration. Je reporte rapidement mon regard vers mes amis qui me bombardent de questions pour oublier ce goût amer qui tapisse mon palais. Lorsqu'ils quittent ma chambre, le soleil est en train de se coucher. Une magnifique lumière orangée orne les murs aseptisés de ma chambre et je m'endors en savourant ces retrouvailles qui m'ont fait tant de bien.

Le lendin, mon frère et me rendent visite au même moment. Nous sommes tranquillement en train de papoter quand deux policiers en uniforme pénètrent dans ma chambre pour m'informer que les scellés sur la maison de mon enfance ont été levés. Ils repartent aussi rapidement qu'ils sont arrivés, sans réaliser qu'ils viennent de fusiller l'apparente sérénité que j'avais réussi à trouver. Je jette un regard furtif vers mon frère qui baisse les yeux, le visage fermé. se lève de sa chaise et s'assoie à côté de moi sur mon lit, son postérieur en appui contre mes jambes insensibles dévoilées par un petit short en jeans. Sa présence m'apaise mais elle n'éloigne pas mon tourment.

La maison dans laquelle mes parents ont vécu leurs derniers jours est maintenant libre d'accès. Les réponses aux questions qui hantent mes nuits sont si proches et si loin à la fois. Foutues jambes de merde !

-Enzo, est-ce que tu peux aller à la maison et voir si tu trouves un truc qui pourrait expliquer ce qui est arrivé à papa et maman ?

Quand il relève le visage, je comprends tout de suite qu'il n'en est pas capable. L'insouciance de mon petit frère se craquelle pour laisser place à des peurs de petit garçon. Ne pouvant pas supporter une minute de plus de le voir dans cet état, je m'empresse de reprendre la parole.

-Laisse tomber Enz'. C'est pas...

-Je vais y aller, ne t'en fais pas.

La voix légèrement cassée de nous surprend tous les deux. Je le toise une seconde, juste le temps de réaliser qu'il a compris à quel point tout cela me tient à cœur. Cesserai-je un jour d'adorer ce garçon ?

Il se tourne légèrement vers moi et pose sa main sur ma cuisse nue. D'étranges picotements naissent à l'endroit où il a déposé sa paume. Je retiens mon souffle. Je ne peux détourner mon regard de là où nos peaux se rejoignent. Il me semble distinguer la chaleur de son épiderme ainsi que la fermeté de ses doigts mais je n'en suis pas sûre. Tout ce que je sais, c'est que de minuscules fourmillements se propagent maintenant tout le long de ma jambe droite. Je suis si hypnotisée par ce que je ressens que je dois sûrement faire une drôle de tête parce que s'empresse de retirer sa main à l'instant même où il me jette un coup d'œil.

-Non ! Remets ta main !

Ma véhémence nous surprend tous les trois mais je m'en fous. J'attrape sa main et la positionne exactement là où elle était. Je n'ai pas rêvé. Mes jambes se réveillent. Je ne ressens rien de très précis pour l'instant mais mes terminaisons nerveuses ont enfin décidé d'arrêter de bouder et putain, j'en pleure presque de joie !

Mon frère et comprennent alors ce qui se passe. Enzo s'empresse d'aller chercher un médecin tandis que attrape mes deux mains et les presse entre ses paumes. A cet instant, une émotion toute particulière brille dans ses beaux yeux. Nous nous accordons une seconde rien qu'à nous et c'est incontestablement la plus belle de toute la journée.

-Je te promets qu'on ira ensemble chez tes parents.

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