#Chapitre1️⃣
-Pardonnez-moi mon Père, car j'ai péché !
- Vas-y ma fille je t'écoute, qu'as-tu fait ?
Répondit le Père d'une voix rassurante à travers le portillon.
—Mon Père, personnellement, j'en ai vraiment aucune idée. Je me nomme Armelle et la demoiselle à l'extérieur, belle, brillante avec un petit chaton entre les mains là, est ma sœur jumelle, Paulette. Contrairement à moi, elle a réussi sa vie, elle est mariée et a un boulot stable. Mais moi, jusqu'à maintenant je suis toujours au chômage ! Voilà maintenant, là je suis enceinte, le père ne veut plus de moi et ne veut même pas reconnaître le bébé ! Reprit-elle, tête baissée. Mon Père aujourd'hui je suis venu voir votre Dieu, j'ai trop souffert ! Soi-disant qu'il répond à toutes les prières. Avant je ne croyais pas en l'existence d'un Être supérieur, mais avec la magnifique vie de ma sœur jumelle, j'ai maintenant des doutes
- Ma fille, penses-tu que le monde a été créé juste par pur hasard ? Non mon enfant, il y a un être qui est à l'origine de cela, un Dieu qui est notre créateur ... mais avant que je continue, crois-tu en la spiritualité ? Crois-tu en un Être supérieur qui est maître de toutes choses ?
- Mon Père, pour moi tout ça n'existe pas mais comme je suis à la recherche de la guérison, dites-moi ce que vous voulez, je vais croire.
- Lorsque j'ai fermé les yeux pour prier, j'ai vu l'esprit de mort autour de ton âme, mais celui qui se trouve dans ton ventre est protégé par le Seigneur ..
- l'esprit de quoi !? S'écrie Armelle ... Ah ah sans vouloir vous vexer mon père on dirait que vous regardez trop de films de sciences-fictions ! Mais ce n'est pas grave.
—Ta réaction ne m'étonne pas, la personne qui t'a fait cela est très méchante mais ...
Surpris par les cris de sa sœur se trouvant dans le confessionnal, Paulette, sœur jumelle d'Armelle se rapprocha du confessionnal inquiet
•••
-Armelle, tu vas bien !? Je t'ai entendu crier !
Tu m'inquiètes là !
- Il n'y a rien mon enfant Paulette, il n'y a absolument rien à craindre dit le Père. Et quant à toi Armelle, je vais consacrer cette nuit à prier pour toi et on verra la suite ... une chose, « Ne crois pas à un ami, ne te fies pas à un intime, devant celle qui repose sur ton sein garde les portes de ta bouche. Car le fils outrage le père, la fille se soulève contre sa mère, la belle-fille contre sa belle-mère; chacun a pour ennemis les gens de sa maison » (Michée 7:5-6) -Depuis que ma sœur Paulette prie soi-disant pour moi, je ne vois aucun changement, l'impression que lorsqu'il s'agit de moi, votre Dieu ne m'écoute pas.
- Il est dit dans le livre de Matthieu 11:28, ‹venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos > ; ma fille il est temps pour ta vie de changer, mais n'oublies jamais une chose, dans la bible on dit dans le livre de Luc 6:28, < Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent >. Demain tu dois revenir ici à l'église à huit heures et tu n'es pas obligé de venir avec ta sœur.
Après l'entretien, le Père donna sa carte de visite à Armelle avant que cette dernière ne sorte pour rejoindre sa sœur puis les deux se mirent en route pour la maison dans la Range-Rover de Paulette. En cours de route, dans la voiture régnait une mauvaise ambiance, une ambiance sinistre, un silence qui ne laissait place qu'au bruit du moteur de la voiture. Tout le long du chemin, Armelle avait la tête contre la vitre de la portière en train de se morfondre, les yeux baissés, vides, laissant entrevoir quelques gouttes de larmes, sa vie semblait être une succession de cauchemars.
- Alors sista, ça été ? Dis-moi tout lança Paulette essayant de faire la causette et ainsi dissiper cette ambiance de cimetière.
- Je ne sais quoi te dire, après l'avoir raconté ma vie, il m'a juste dit qu'il allait prier pour moi et me faire signe plus tard. Si je continue à avoir de la poisse de la sorte je serais même obligé de vendre mon corps pour avoir de quoi nourrir mon futur enfant ; ou même voler ... ah mon fils!
—Il ne faut pas dire cela sista je vais t'aider comme dab ma chérie, la bible dit dans Proverbe 19:1 < ... Mieux vaut le pauvre qui vit honnêtement, que l'insensé qui a su se débrouiller ... >
Tu sais que je suis et je serais toujours là pour toi ! L'argent n'est pas un souci je te signale, je t'ai même demandé de laisser tomber cette histoire de boulot, laisse-moi t'aider, je suis là pour ça.
- Je comprends bien mais ... que ferais-je sans toi ma sista ? Tu sais, le père m'a dit qu'il y a quelqu'un dans mon entourage qui essaie de me nuire, t'en rends tu comptes sista !? Qu'est-ce que j'ai vraiment fait pour mériter cela, moi, alors que je ne suis et je n'ai rien.
- Ah bon ! Ça, c'est encore un coup de l'oncle Mingui au village, je te l'avais dit, partir à Mouyondzi (village du Congo Brazza) pour ton sale business-là était une mauvaise idée, là tu vois que j'avais raison ?!
- Mais que voulais-tu que je fasse ma sœur, mes diplômes sont devenus des monuments dans mon salon, je me suis cassé le cul pour rien ! J'ai l'impression d'avoir fait des études pour rien, même celui qui a passé toute sa vie à vendre des grillades en chemin a plus de valeur que moi. Je n'ai pas eu beaucoup de chances comme toi sœurette ! Je sais ... je sais, tout ce que j'entreprends est toujours insensé !
- Ne pleures pas Armelle ... mais franchement je t'avais dit de te mettre dans la prière hein ! Là tu vois et franchement nous devons demander des séances de délivrances ma sista parce que ton cas est plus que grave.
Arrivé au quartier Foucks (quartier de la ville de Pointe-Noire au Congo Brazzaville) où habitait
Armelle, un quartier très bruyant, toujours animé avec ses bars de renommés, cette dernière descendit de la voiture puis prit direction de sa maison toujours tête baissée, sans un « au revoir », la salive lourde, les pieds balayant le sol comme un homme dans un désert ayant perdu tout espoir.
- Bon sista à plus, ne baisse pas les bras et concernant tes problèmes, Dieu va faire et souviens-toi toujours de ceci qu'il est écrit dans le livre de Marc 11 :22 Jésus dit < Ayez foi en Dieu > ... dit Paulette pour réconforter sa sœur.
- Ok sista merci pour ton soutien, si seulement je pouvais avoir un petit boulot pour pouvoir me débrouiller et gagner mon pain à la sueur de mon propre front.
- Ma chérie il est écrit dans le livre de Matthieu 21:22 , faut prier ma sista et je crois que ça va aller.
- Ah oui, en tout cas ! Je crois que le jour où vous irez au paradis, c'est toi qui ouvriras le portail céleste ah ah ; tu maîtrises tellement bien les paroles hein Sis ! Je vais essayer de m'y mettre comme tu dis, dit Armelle sur un ton moqueur.
Paulette sortit de la voiture, se rapprocha d'Armelle et comme d'habitude, elle fit une petite bise au cou de sa sœur, une bise chaude remplie d'amour, car comme elle le disait si bien : c'est un signe d'affection, c'est ma façon à moi de te montrer mon amour.
Sur le chemin, toujours en titubant, l'anxiété et la dépression envahissent Armelle, le sentiment d'être une tache noire dans un gros drap blanc, l'impression d'être la plus malchanceuse du monde surtout avec les révélations faites par le Père, le cœur lourd, le regard vide, l'esprit plongé dans une mer de questions « Si cela est vrai que le Dieu existe, alors n'ai-je point de valeur à ses yeux pour subir tout cela ? Je suis déjà au fond du puits, pourquoi encore vouloir m'enfoncer davantage ? Qu'ai-je fait d'aussi horrible pour mériter tout cela ? N'ai-je pas le droit d'être heureuse? » ; même en doutant toujours un peu, cela faisait quand même mal.
Le temps devenait de plus en plus sombre annonçant une grande pluie ; de loin, on pouvait constater les plus grands buveurs du quartier déserter le bar Nganda-salon, l'un des plus grands bars du quartier qui ne baissait ses rideaux que s'il y avait mort d'homme.
Arrivée chez elle, pas d'électricité, le noir; dans le petit porte-monnaie, juste de quoi faire de la bouillie de maïs afin de pouvoir tromper la famine en attendant qu'un nouveau jour commence et les sept cents FCFA pour se rendre à l'église, voir le Père. Après avoir fini ; Armelle décida enfin de prier pour la première fois avant de se coucher, « une grande première ! » Dit-elle en souriant, je vais enfin me confier à ce cher monsieur Dieu.
Pendant son sommeil, plus tard dans la nuit, sans aucune explication, Armelle se retrouva dans un couloir ayant une porte rouge tout au fond. À chaque fois qu'elle essayait de l'atteindre, le couloir semblait s'allonger, après plusieurs tentatives, le couloir cessa finalement de s'étendre. Une fois qu'elle eut à atteindre le bout du couloir, la porte disparut, elle était face à un mur blanc et une voix de fille l'appela derrière et lorsqu'elle se retourna, elle apparut dans un autre endroit, dans une pièce sombre, sinistre et glaciale.
Une pièce qui n'avait ni d'entrée, ni de sortie, ni de toiture, ni de sol ; cela semblait être un songe, mais un songe si réel qu'elle pouvait sentir le vent passer dans ses cheveux. Puis subitement, elle était face à un miroir, un miroir où son reflet, aussi étrange soit-il, ce reflet était plein de sang puis en sentant une main gelée lui caresser l'épaule, elle se retourna et vit derrière elle une silhouette avec une forme humanoïde qui semblait être la sienne.
Les battements de son cœur se mirent à accélérer ; cette silhouette se mit à prononcer des mots qu'Armelle ne saisissait aucunement, le son qui sortait de la silhouette devenait tellement assourdissant qu'elle boucha ses oreilles pour ne pas s'évanouir puis ... Rien, un silence total, Armelle ouvrit les yeux malgré la peur, l'instinct lui interdisait de le faire, mais elle voulait vérifier si la silhouette avait disparu.
En ouvrant les yeux, la silhouette était toujours là, mais quelque chose avait changé, la forme de cette dernière, elle n'était plus la même. Elle qui avait une forme féminine cette silhouette avait maintenant l'apparence d'un homme costaud, virile ;
— Qui êtes-vous !? Que me voulez-vous ! Quoi !
C'est encore la sorcellerie du village, c'est ça !?
Évitez ! Vos, vos histoires là pas avec moi, vous avez entendu !? Sinon, je vais débarquer au village pour vous voir en live hein ! Cette silhouette se mit à bouger bizarrement de gauche à droite, de haut en bas puis s'arrête ; cela s'est répété au moins trois fois puis ... Rien, le calme.
- Arrête de jouer avec mes nerfs ! Que veux-tu à la fin ! Je veux que ce cauchemar cesse !
Paulette ... Aide-moi ... dit Armelle en pleurant.
La silhouette fonça sur Armelle lui mettant au sol, commença à se frotter avec son corps, l'impression de voir un animal en chaleur prêt à en découdre avec sa femelle. Armelle essayait de se débattre de toutes ces forces, mais la silhouette était déjà en train d'ôter son sous-vêtement ;
—Mais que veux-tu à la fin ! Ah ! Aidez-moi ! est-ce que c'est ici que je vais mourir !? Maman !
Maman ... Je vais mourir !
Armelle criait de toutes ses forces, mais en vain, le cœur lourd, la seule solution était peut-être de se laisser faire en espérant que la silhouette le fasse vite et s'il fallait lui ôter la vie, qu'il le fasse vite pour qu'elle se libère de cette douleur, cette peur. Au moment où la silhouette devait atteindre son but, une petite lumière apparut, une lumière qui semblait brûler ce qu'on pouvait considérer comme couverture de la silhouette.
La silhouette semblait tourmentée et après quelques instants de résistances, la petite lumière réussit à chasser cette silhouette puis Armelle sortit subitement de son cauchemar.
Par la suite, Armelle n'eut pas la force de fermer l'œil de toute la nuit, effrayée par ce qu'elle faillit subir au cours de cette longue nuit.
***
Le lendemain matin, toujours abattue, elle s'en alla voir le père comme convenu. Ne pouvant pas y aller avec sa sœur, elle prit donc un taxi devant sa ruelle, car la course n'était qu'à sept cents FCFA mais arrivé vers le rond-point de Lumumba, le chauffeur du taxi, dans un court instant senti que les freins ne fonctionnaient plus convenablement, le volant semblait se bloquer ...
—Eh ! yeyi wa marque ya mambu' (ça, c'est quel genre de problème ça), le volant ne tourne plus ! J'ai l'impression qu'elle est dans un couloir sans fin ! Lança le chauffeur.
—Qu'est-ce qui se passe monsieur le chauffeur, il y a un souci !? Mais faites attention !
Le véhicule semblait être comme possédé ; il rata de justesse une collision avec un camion venant à vive allure ...
—Jésus ! Mon Dieu mon roi ! S'écria le chauffeur ... depuis que je conduis ce taxi, je n'ai jamais rencontré ce genre de problème ! Ne serait-ce pas ma belle-mère qui essayerait de me bouffer pour hériter de mes biens !? Ou peut être que c'est due à la mort du fameux chanteur Lully Madeira l'incomparable, le seul, l'éternel et unique Lully Madeira, il n'y en aura donc pas un autre sur terre car ...
-Wow ! Les chauffeurs congolais sont toujours comme cela ! Au lieu d'aller à l'autoécole, vous apprenez à votre manière, allons-y, je suis un peu pressé mais ... Vous avez parlé d'un couloir sans fin !?
Armelle su que sa vie était réellement en danger, cela ne pouvait être une coincidence. En ayant raté le taxi où se trouvait Armelle, le camion percuta quelques passants et voitures se trouvant plus loin avant de s'arrêter, du sang et des morceaux de restes humains partout.
Arrivé à l'église, sans même avoir pris la peine d'ouvrir la bouche, le Prêtre se mit à raconter le songe vécu par Armelle dans les moindres détails.
- Ma fille, cette nuit, lors de ma prière quotidienne mon esprit a été subitement projeté dans ton songe ! Le seigneur m'a montré mais ne m'a pas permis d'intervenir, heureusement que l'enfant que tu portes est béni, c'est lui qui t'a sauvé cette fois-ci.
- Mon père... Je ... Je ne sais quoi dire, cettesilhouette ... cet esprit noir devait abuser de moi! Ce truc devait me, me ... me violer !
- Et pourtant c'est ce qu'il fait et a toujours fait ma fille. Depuis un certain temps, cette silhouette a lancé un esprit de mort qui a commencé à te dévorer et je me demande, comment est-ce que tu peux te faire du mal à toi même car cette silhouette te ressemble énormément et vous semble dégager la même odeur.
- Mon Père, pourquoi est-ce que cela m'est-il arrivé juste la nuit du jour où j'ai décidé de venir vous rendre visite ... Peut-être que c'est vous avec vos histoires qui ...
- Si tu te dis que je suis l'auteur de ce qui t'arrive, alors, que fais-tu ici ?
- Je ... je ... je ne sais pas, mon instinct peut-être ... j'ai encore peut-être un peu de doutes mais ce qui s'est passé cette nuit franchement n'est pas normal ...
- Alors nous devons agir, ma fille.
- Que dois-je faire mon Père, je suis dépassé par tout cela ! Demandez à votre Dieu de m'aider s'il vous plaît ! Je ferai ce qu'il veut, qu'il puisse enfin m'aider mon Père ... dit Armelle en laissant couler ses larmes.
- Tout d'abord, nous allons .. Nous allons ...
- Mon Père, mon Père ! Il y a un souci !? Non, non, non ! Ne me dites pas que vous êtes mort !
Le Père perdit connaissance, son corps tremblant plein de sueurs, puis quelques minutes plus tard, il se leva, l'impression d'avoir frôlé la mort, le Père venant d'avoir une vision tellement grande que son corps ne suivi pas.
- Mon Dieu ! De l'eau ! De l'eau !
- Mon Père qu'y a-t-il !?
- Ma fille, l'heure est grave ! C'est aujourd'hui même que tu vas et dois mettre au monde ; tu as trop mis du temps à être aveugle. La bible dit dans le livre de 1 Pierre 5:8
—Tu veux dire que tu es l'enfant de la petite
Armelle ? Répliqua le Père, cela fait tellement longtemps que quelqu'un a prononcé ce prénom.
- Oui je le suis ... ça fait plus de quatre ans que je suis à votre recherche même si cela a été un calvaire, j'y suis enfin arrivé, ici, je suis enfin devant vous, juste en vous apercevant au loin, j'ai su que vous étiez celui que je cherchais ... je me nomme Nar- (sans avoir le temps de finir sa phrase).
- Téo ! Tu t'appelles Nartéo, je le sais ... tu as les yeux de ta mère. Mais je suis maintenant à la retraite et surtout que je ne peux divulguer ce genre d'informations, nous autres, jurons de ne rien révéler à ceux qui viennent dans le confessionnal, c'est pour cela qu'ils nous font confiance.
- Mais ... mais ! Mon Père, vous ne pouvez ...
- Pas de mais ! Maintenant vas t'en ! Tu n'es pas encore prêt, tout ce que je peux te dire pour l'instant ; « Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux : un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté » (Ecclésiaste 3:1-2) ... dit le Père et avant de le laisser partir, le Père toucha Nartéo au poignet tout en fermant les yeux, cela dura pendant quelques secondes.
- Comment ça, pas encore prêt !? Vous voulez de l'argent, c'est ça !? Mais ...
- Sors !
A suivre..,.
