Chapitre 6

Mystic Creatures

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~ Maxime. ~

Après la visite du Lieutenant Franotti, une nouvelle idée émergea de mon cerveau torturé. Il s'agissait d'ailleurs plus d'une interrogation que d'une idée au départ... Si Maxime n'avait pas résilié sa ligne pile quand j'avais eu besoin de lui, j'aurai su depuis longtemps que j'allais être suspecté et j'aurai pu préparer ma défense. Pourquoi avoir fait ça ? Pour passer à autre chose ? Et puis... le légiste de l'enquête, n'aurait-il pas tout simplement pu se tromper ?

Je pris les clés de ma mini et partis sur le lieu de travail de Maxime. J'aurai dû y penser plus tôt sans doute, mais il me fallait plus d'infos si je voulais pouvoir prouver mon innocence !

Évidemment, ce ne fut pas si simple de le trouver. Personne n'accepta de me faire entrer plus loin que l'accueil de l'institut. Alors, je me trouvai à faire le pied de grue en attendant que quelqu'un daigne le prévenir de ma présence. Le temps m'était sans doute compté, mais il prit son temps !

- Sandy ! S'exclama-t-il en venant vers moi.

Il avait changé, le beau blond binoclard et maigrichon était sorti de son cocon. Oh bien sûr, il était toujours blond, mais fini les lunettes et sa masse musculaire était impressionnante. Son teint bronzé et ses cheveux mis-longs lui donnaient des airs de surfeur hawaïen à tomber ! J'étais pratiquement au bord de l'apoplexie quand il me sourit avant de me prendre dans ses bras.

- Tu n'aurais jamais dû venir ici, chuchota-il à mon oreille d'une voix menaçante.

Pour le coup, ça me refroidit !

- Que me vaut ta visite ? reprit-il d'une voix plus enjouée. Gwoenny va bien, fit-il mine de s'inquiéter.

- Euh... on pourrait parler en privé ? me dégonflai-je.

- Évidemment ! Attends bouges-pas.

Il partit demander de quoi noter à l'hôtesse d'accueil et revint vers moi papier en main.

- 21h à cette adresse.

- Pourquoi si tard ?

- C'est là que j'ai mon plus beau visage, s'amusa-t-il.

Des frissons de craintes me parcoururent mais il était hors de question pour moi de faire machine arrière.

- Très bien, j'y serai !

Je quittai l'institut légèrement douchée par cette entrevue. Maxime n'avait pas seulement changé physiquement, son comportement était aussi différent. Il n'était plus le timide et gentil garçon que j'avais connu, il était froid et intimidant. C'était très étrange !

* *

*

A 21h, je frappai à la porte de Maxime, c'était son adresse personnelle qui figurait sur le bout de papier et ce n'était pas son nom sur la boîte aux lettres qui allait me dire le contraire.

Il ouvrit instantanément, me surprenant au passage. C'était comme si il m'attendait juste derrière.

- Pile à l'heure !

Il me laissa entrer chez lui, et claqua la porte derrière nous, me faisant sursauter.

- J'aurai préféré que tu ne viennes pas... vois-tu, j'ai légèrement changé dernièrement, je ne suis plus tellement fréquentable pour les filles comme toi, arga-t-il.

- Pourquoi avoir coupé la ligne pour accepter de me voir dans ce cas ? demandai-je.

- Je voulais t'envoyer promener, je t'aime bien tu sais... mais tu sens tellement bon que je ne pouvais pas laisser passer une occasion pareille.

Il me conduisit dans son salon et nous nous assîmes sur son canapé. Je ne la menais pas large. Il m'intimidait.

- Qu'est-ce que mon odeur à avoir avec ça ? fais-je d'une voix tremblante.

- Elle me donne faim, répondit-il d'une voix anormalement rauque. Pourquoi voulais-tu me voir ?

J'avais presque oublié la raison de ma venue ! Quelle idiote ! Je lui expliquai ma situation, racontant les soupçons du lieutenant à mon encontre, les résultats de l'enquête, et terminant par ma découverte en lui exposant l'état de la victime.

- Je sais qu'ils ont tords. Il était vivant quand je l'ai eu, pas mort depuis plus de 48 h ! Je voulais ton avis de médecin légiste... peuvent-ils se tromper ? Comment être lavée de tout soupçon ?

Il mima un instant de réflexion et se tourna vers moi un sourire machiavélique fixé aux lèvres.

- J'ai toutes tes réponses et je vais même t'aider à prouver ton innocence !

- Qu'est-ce que tu attends, dis-moi tout !

- Pour commencer, sache que le monde est peuplé d'individus dont tu ne soupçonnerais même pas l'existence ! Les légendes n'en sont pas, elles sont l' Histoire avec un grand H du monde qui est désormais le miens, susura-t-il dans la pénombre.

- Qu'est-ce que tu racontes ? l'interrompis-je.

- Les loups, les sorcières, les vampires... tous ces monstres existent ! rit-il.

- Ne te moque pas de moi ! Je suis venue pour quelque chose de sérieux, d'important!

- Mais je suis sérieux ! Vois-tu, ma famille ne s'appelle pas " Leloup " pour rien. Un ancien sortilège, une malédiction si tu préfères, nous condamne à muter quand on provoque la mort de quelqu'un. C'est inévitable !

- Qu'est-ce que ces c*nneries ont à voir avec mon affaire ?! M'énervai-je.

- Mais tout justement, s'esclaffa-t-il. Ton ' Monsieur Scott ', c'est celui que j'ai tué pour pouvoir muter ! Il avait une sacrée dette envers un démon du coin, démon qui m'a appris l'histoire des miens, celle du sang. J'ai donc infligé une blessure mortelle à cet homme avant que le démon ne le pétrifie pour lui voler son âme. Quand ton gars a rendu son dernier souffle, j'ai muté pour la première fois et j'ai scellé mon sort en le bouffant.

- Tu as l'imagination vive ! Me moquai-je.

- Tu veux une preuve ?

Un duvet noir couvrit peu à peu sa peau bronzé, ses yeux noisettes prirent une teinte ambrée, dorée. Je me relevai et me reculai, effrayée par ce que je vis. Son nez s'allongea sur un museau, ses bras s'allongèrent et ses jambes se plièrent dans un angle absolument impossible pour l'Homme. J'entendis ses os craquer sans que ça ne perturbe la chose qui se transformait devant moi.

Fuir. Il fallait fuir.

Je couru vers la sortie, mais la bête qu'était devenue Maxime se jeta sur moi et me poussa contre un meuble. Ma tête heurta ce dernier, me sonnant quelques instants.

La bête gronda et se lècha les babines.

J'allais mourir là.

Une lumière vive me sépara du loup noir et puis... plus rien.