chapitre 2
Chapitre 2
— Tu n’as pas le luxe de réfléchir, Sienna. Tu signes, et c’est tout.
Giovanni martela la table, son regard dur verrouillé sur elle. Matteo, adossé à la porte, croisa les bras et lança un regard chargé de reproches, comme s’il lui rappelait une fois de plus qu’elle n’avait jamais servi à rien. Sienna sentit le poids de leur pression s’écraser sur ses épaules. Elle n’était pas une fille soumise par nature, mais ce n’était pas une bataille qu’elle pouvait gagner.
— C’est ta dernière chance de faire quelque chose d’utile pour cette famille, ajouta son père, son ton plus bas, presque venimeux.
Elle voulait crier qu’elle n’avait jamais demandé à être perçue comme une erreur, une honte pour la lignée. Mais chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, les mots restaient coincés. Ils ne l’écouteraient pas. Ils ne l’avaient jamais fait.
— Tu penses que c’est facile pour moi ? répliqua-t-elle finalement, sa voix tremblante, mais ferme. Vous me vendez comme un objet. Vous êtes prêts à m’offrir à un homme comme Dominic Valenti pour vos propres intérêts.
— Tu crois que c’est une question de choix ? Matteo intervint, sa voix plus sèche que le désert. Si tu refuses, il n’y aura pas seulement des conséquences pour toi. On paiera tous.
Cette menace implicite lui noua l’estomac. Giovanni semblait satisfait du silence qui suivit. Il se pencha en avant, les coudes sur la table.
— Tu n’as aucune idée de ce qu’il peut faire si on le déçoit, déclara-t-il d’une voix grave. Alors, fais ce qui est demandé, Sienna.
Le ton était sans appel. Elle comprit que tout argument serait inutile. L’étau se refermait. Ils ne la laisseraient pas partir tant qu’elle n’aurait pas accepté.
Le lendemain, elle se retrouva dans une pièce où l’air lui semblait plus lourd, plus oppressant. Dominic était déjà là, assis avec une assurance glaciale. Son regard gris fixa immédiatement le sien dès qu’elle entra. Cette fois, il n’y avait personne pour l’accompagner ou la protéger – pas que Matteo ait jamais joué ce rôle, mais l’absence complète de sa famille la laissait étrangement vulnérable.
— Tu es venue, dit-il simplement.
— Comme si j’avais le choix, répliqua-t-elle, les bras croisés.
Un léger sourire étira ses lèvres, mais ce n’était pas un sourire chaleureux.
— Il y a toujours un choix. Tu as simplement choisi de ne pas risquer d’en affronter les conséquences.
Elle le détestait déjà pour sa froideur. Pourtant, une partie d’elle savait qu’il avait raison.
Il désigna une chaise face à lui, l’invitant à s’asseoir. Elle hésita, mais obéit finalement.
— Nous devons discuter des termes, annonça-t-il, sortant un document qu’il plaça devant elle. Je n’aime pas les imprévus.
Les mots écrits en caractères serrés semblaient danser sous ses yeux. Elle n’avait jamais été douée pour déchiffrer ce genre de langage juridique, mais elle pouvait déjà deviner qu’aucune clause n’était en sa faveur.
— En gros, commença-t-il en la fixant intensément, tu devras respecter trois règles principales.
Elle haussa un sourcil, l’incitant à continuer.
— Premièrement, tu m’appartiens. Pas d’interférences extérieures, pas de secrets. Tout ce qui te concerne me concerne.
Sienna sentit une vague d’indignation monter en elle, mais elle la ravala.
— Deuxièmement, tu seras présente à mes côtés lors de toutes les apparitions publiques importantes. Ce mariage est un partenariat avant tout, et je ne tolérerai aucune défaillance.
— Et troisièmement ? demanda-t-elle, sa voix plus tendue qu’elle ne l’aurait voulu.
Il s’adossa à sa chaise, son regard devenant presque amusé.
— Tu me respecteras, quoi qu’il arrive.
— Et si je ne le fais pas ? osa-t-elle.
Son sourire disparut, remplacé par une expression sombre, presque prédatrice.
— Tu ne veux pas savoir ce qui arrive à ceux qui me défient.
Un frisson la traversa malgré elle. Il était clair qu’il ne plaisantait pas.
— Si tu as des objections, c’est maintenant, ajouta-t-il, son ton redevenant calme mais autoritaire.
— Ce n’est pas un mariage, c’est une prison, murmura-t-elle en baissant les yeux vers le contrat.
— Une prison dorée, rectifia-t-il. Tu n’auras pas à te soucier de ton avenir.
— Je suppose que je dois être reconnaissante ? ironisa-t-elle.
Il ne répondit pas immédiatement. Puis, après un moment, il se pencha légèrement vers elle.
— Je ne t’ai pas choisie pour te rendre malheureuse, Sienna. Mais si tu te mets en travers de mon chemin, je n’aurai pas de scrupules à te le rappeler.
Elle serra les poings, refoulant les larmes de frustration qui menaçaient de couler. Elle ne lui donnerait pas cette satisfaction.
— Alors, c’est tout ? demanda-t-elle, cherchant à cacher son trouble derrière une façade de défi.
— Pas tout à fait, dit-il en sortant un stylo. Tu dois signer.
Le silence qui suivit était assourdissant. Elle savait que ce moment marquait la fin de tout ce qu’elle avait espéré être un jour. Mais refuser, c’était condamner non seulement elle-même, mais aussi sa famille – même si cette famille l’avait trahie à chaque étape.
Elle prit le stylo, sa main tremblant légèrement. Dominic, toujours impassible, attendait.
— Une fois que tu signes, il n’y a pas de retour en arrière, déclara-t-il doucement, presque comme une mise en garde.
— Je n’ai jamais eu de retour en arrière, murmura-t-elle en apposant finalement sa signature.
Le bruit du stylo sur le papier résonna comme un coup de marteau. Dominic ramassa le contrat, le plia soigneusement et le rangea dans son porte-documents.
— Bienvenue dans ta nouvelle vie, dit-il simplement avant de se lever et de sortir de la pièce, la laissant seule avec un vide oppressant.
