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Chapitre 6

Pendant ce temps, le fils unique des Adébi se trouvait à l’accueil d’une jeune femme qui portait un bébé attaché dans son dos. Sur son visage, on pouvait distinguer des traces de larmes.

– Oncle Sage, a-t-elle appelé, j’ai une douleur insupportable. Je te jure que mon cœur saigne. Je me demande pourquoi je dois traverser cela. J’ai tellement mal et j’aimerais que tu m’aides à trouver une solution, s’il te plaît.

Sage, silencieux, fixait intensément son interlocutrice.

– Je vous écoute, madame, murmura-t-il.

– C’est mon mari. Depuis quelques semaines, il a changé de comportement de manière étrange. En fait, depuis que je l’ai épousé, il n’a cessé d’appeler ma mère pour lui raconter mes erreurs, même des choses insignifiantes. Quand je commets une petite erreur, quelque chose qui n’a aucune importance, il appelle ma mère pour lui dire que sa fille a fait ceci ou cela. Récemment, je ne sais pas ce qu’il a dit à ma mère, mais elle lui a dit que c’était la dernière fois qu’il l’appelait pour lui raconter mes faits et gestes. Depuis ce jour-là, je suis à sa merci. Il m’insulte, ici et là. À chaque fois qu’il m’insulte, je ne dis rien, car je reconnais que c’est moi qui ai provoqué cela et que je devrais tout supporter. Mais ce qui est devenu encore plus grave, c’est qu’il inclut désormais ma mère dans ses injures. J’ai supporté cela une fois, puis une deuxième fois, mais comme cela devenait une habitude pour lui, je lui ai interdit de mêler ma mère à nos problèmes et que s’il veut m’insulter comme d’habitude, qu’il le fasse uniquement à mon encontre et qu’il cesse d’impliquer ma mère. Quand je lui ai dit cela, il m’a traitée de toutes sortes d’injures. Il m’a énormément insultée ce jour-là. J’ai pleuré jusqu’à en verser du sang. Je me suis demandé ce que j’avais fait ou dit de mal pour mériter tant d’injures. Malgré tout, je n’ai rien dit. Je suis restée calme. Il est parti en ville ce jour-là et quand il est revenu, il a recommencé à nous insulter, ma mère et moi. Submergée par la situation, j’en suis venue à l’insulter à mon tour. Lorsqu’il insulte ma mère, j’insulte aussi la sienne. Quand il me manque de respect, je le traite de la même manière. Nous avons passé des heures à nous insulter. Ce n’était pas facile pour lui ni pour moi. Lorsqu’il a constaté que j’avais aussi changé, il ne veut plus me voir. Depuis près de deux mois, mon mari ne mange plus dans la chambre et refuse de manger les repas que je prépare. Même quand je le salue, il ne me répond pas, alors que je le salue par amour pour notre fils. Il ne me parle plus et je me demande si j’ai fait une erreur en acceptant de l’épouser. Je connais beaucoup de femmes qui se sont engagées avec des hommes déjà mariés et qui vivent le bonheur. Pourquoi pas moi ? Et le pire dans tout cela, mon mari m’a traitée de prostituée. Dans ses propos, il prétend que j’ai eu des milliers d’hommes avant de l’épouser. J’ai beaucoup pleuré à cause de cela également. Je suis dépassée, Oncle Sage. S’il te plaît, aide-moi.

Sage, après avoir écouté attentivement la confidence de sa visiteuse, se leva lentement et se dirigea vers la porte, ses pas résonnant dans la pièce. Puis, il fit demi-tour et revint s’asseoir au bord de la table, près de la bougie.

– Madame, j’ai écouté attentivement vos paroles, répondit-il. Mais finalement, c’est vous qui avez choisi de souffrir après votre mariage. Rappelez-vous, lorsque vous m’avez parlé de cet homme et que vous étiez derrière lui, je vous avais conseillé de ne pas vous engager. Ai-je menti ?

La visiteuse se sentit confuse et acquiesça timidement de la tête.

– Eh bien voilà ! À l’époque, je me souviens que vous m’aviez dit que cet homme était déjà marié et je vous avais demandé si, en tant que jeune femme, vous souhaitiez vraiment vous impliquer avec un homme déjà pris. Vous m’aviez répondu que c’était votre seul choix. Alors, pourquoi vous inquiéter maintenant lorsqu’il vous fait vivre toutes sortes de tourments ? Il faut les endurer !

Sage fit une pause, laissant ses paroles résonner dans la pièce.

– Dites-moi, se comporte-t-il de la même manière envers sa première épouse ? demanda-t-il.

– Oui, pour des choses insignifiantes, il l’insulte également, répondit la visiteuse.

– Écoutez ! Votre mari est un homme irresponsable. Permettez-moi de l’insulter aussi, car il le mérite. Dites-moi, où est votre mère ?

– Ma mère est chez elle. Et il y a une chose que j’ai oubliée de souligner. Il y a une semaine, il a voulu casser l’un de mes plastiques que j’avais acheté au marché. Je lui ai demandé de ne pas le casser car ce n’était pas avec son argent que je l’avais acheté. Peux-tu imaginer ce qu’il a fait ? Il a pris le matelas sur lequel je dors avec notre enfant et l’a emmené dans sa chambre. Il a également enlevé la moustiquaire imprégnée que nous utilisons pour nous protéger du paludisme. Tout ça parce que je ne lui ai pas permis de casser mon objet en plastique. Depuis, je dors sans protection contre les moustiques. Je suis la seule dans la maison à devoir subir cela. Ce qui me fait encore plus mal, c’est que mon petit garçon subit le même sort que moi...

– Madame, soyons clairs. Retournez chez votre mère ou votre père. S’il est prêt à vous reprendre, il viendra vous chercher. Sinon, je vois qu’il n’a plus aucun sentiment pour vous. Quelqu’un qui a des sentiments pour vous ne peut jamais se comporter de manière aussi cruelle envers vous. Le mieux est de rejoindre votre mère et de lui raconter ce qui vous arrive...

– Je ne peux pas rejoindre ma mère, Tonton Sage.

– Et pourquoi donc ?

– Cela fait seulement deux ans que j’ai quitté mes parents, et si je retourne maintenant, cela paraîtra suspect et les voisins du quartier se moqueront de moi.

– Je vous ai écoutée et je vous conseille à présent de rester chez lui. Une fois qu’il aura fini de vous maltraiter, il vous renverra chez votre mère. J’en ai terminé.

– Non, tonton Sage, tu ne peux pas me laisser comme ça !

– Je vous prie, madame, revenez prochainement. J’ai d’autres personnes à recevoir. Passez une excellente journée, madame.

Un peu contrarié, Sage se dirigea vers la porte et invita la personne suivante.

***

Midi et Prunelle était rentrée de l’école. Abandonnant sa voiture dans la cour, elle se dirigea vers la porte d’entrée. Gravissant les escaliers, la jeune femme finit par franchir le seuil du salon.

– Bonsoir, tata Eunicia.

– Bonsoir, madame. Bon retour, répondit la nounou.

– Où est mon chéri ?

– Sa mère est venue le chercher il y a quelques heures.

– Il doit sûrement être endormi dans la chambre de sa mère ! Laisse-moi aller lui dire bonsoir, dit l’enseignante en se précipitant vers les escaliers.

Après cinq secondes, puis dix, l’institutrice poussa enfin une porte.

– Oh, mon chéri ! Je pensais que tu étais endormi ! Allez, viens ! s’exclama la nouvelle arrivante en tendant les bras pour attraper le petit garçon.

– Attention, dit une voix. Ne touche pas à mon fils ! Toi et ta femme de ménage, vous êtes toutes les deux vaincues.

Prunelle, très surprise, s’arrêta brusquement. Son visage exprimait la stupéfaction alors qu’elle cherchait le regard de son interlocutrice. Croyant être prise dans un cauchemar, elle essuya ses yeux à plusieurs reprises et...

– Maman Espoir, appela-t-elle, qu’est-ce qui se passe ?

L’interrogée ne dit mot.

– Est-ce que quelqu’un t’a informée que je veux jeter un mauvais sort sur ton enfant ?

Encore une fois, Aïcha ne dit rien.

Prunelle, sans contrefaçon, tendit une fois de plus les bras vers le petit garçon qui cherchait désespérément à s’approcher, mais sa mère le retira brusquement.

– Madame, s’écria Aïcha, sorte immédiatement de ma chambre.

– Maman Espoir, c’est moi !

– Qui es-tu ? Qui es-tu ? Tu penses que ta sorcellerie aura un effet sur moi ? Oh, tu as tout faux, les bras en l’air. Mon fils, tu ne pourras jamais l’atteindre. Et moi non plus, tu ne pourras rien contre moi car Allah est mon protecteur. C’est pourquoi tu n’auras jamais d’autorité sur moi ni sur mon enfant. Sors de ma chambre, vieille sorcière. Si tu penses t’amuser avec un enfant, va accoucher le tien et laisse le mien. Si donner naissance était si facile, tu aurais déjà accouché depuis longtemps, n’importe quoi.

Une larme involontaire roula de l’œil gauche de Prunelle, considérée comme infertile, puis tomba sur sa joue. Observant silencieusement son interlocutrice, elle fit demi-tour et quitta la pièce.

Lorsqu’elle arriva dans le salon, son employée s’approcha d’elle et lui demanda ce qui n’allait pas. Prunelle pleurait comme un fortuné qui aurait perdu toute sa fortune en un instant. Des larmes chaudes coulaient de ses yeux, des larmes inconsolables. Elle pleurait encore lorsque son mari fit irruption dans le salon.

– Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il, surpris.

– Je ne sais pas. J’ai essayé de lui demander, mais elle ne m’a rien répondu, répondit Eunicia.

– Qu’est-ce que tu as ? s’exclama-t-il.

Prunelle était tellement dépassée qu’elle n’arrivait pas à retenir les larmes qui coulaient.

– Et maman Espoir ? demanda Firmin.

– Elle est en haut. C’est de là-bas que madame est venue en pleurant.

– Ce n’est pas possible ! s’exclama l’homme en uniforme en se dirigeant vers les escaliers.

Après quelques pas rapides, Firmin entra dans la chambre de sa deuxième épouse.

– Maman Espoir ? appela-t-il.

– Oui ?

– Qu’est-il arrivé entre toi et ta coépouse ?

– Il ne s’est rien passé.

– Si, il s’est passé quelque chose ! Alors pourquoi pleure-t-elle ?

– Mon cher, arrête de me réprimander. Tu sais quoi ? Ta femme veut tuer notre fils unique !

– Quoi ? L’as-tu surprise en flagrant délit ?

– Oui ! Trois fois déjà, je l’ai vue en rêve en train de maltraiter notre fils.

– Quoi ?

– Je te jure. Et tu sais quoi ? Mes rêves ont toujours des conséquences. Quand je rêve de quelque chose, cela devient réalité. La première fois, je l’ai vue seule en train de jeter Espoir dans un puits profond. La deuxième fois, je l’ai vue en train de maltraiter notre enfant. Et cet après-midi encore, je les ai vues, elle et sa femme de ménage, en train de broyer notre fils dans un mortier. Ne trouves-tu pas cela suspect ? C’est pourquoi je lui ai interdit d’approcher notre enfant, et c’est pourquoi elle pleure. Tu peux imaginer si elle n’avait rien de mauvais en tête, aurait-elle pleuré ?

Pendant ce temps, Firmin secouait la tête sans arrêt.

– Cette femme, dit-il, aura affaire à moi.

Monsieur Akanni se précipita vers les escaliers.

– Toi ? s’exclama-t-il en regardant la malheureuse qui continuait de pleurer, à partir d’aujourd’hui, je ne veux plus jamais te voir approcher mon fils, est-ce que c’est clair ?

Prunelle cessa soudain de pleurer et chercha le visage de son interlocuteur.

– Fir... Fir... Firmin ? Même toi ?

– Oui, même moi ! Ton complot d’assassinat a échoué. Et toi, Eunicia ou quel que soit ton nom, quitte ma maison avant la nuit.

Firmin fit demi-tour, laissant derrière lui son épouse qui pleurait et se plaignait. Le regard tourné vers le ciel, la jeune femme s’agenouilla.

– Oh, Seigneur ? Qu’est-ce que je t’ai fait pour que tu sois si en colère contre moi et que tu me prives de ta grâce ? Oh, je t’en prie, ne me retire pas de ta grâce.

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