Chapitre 06
Devant elle se tient Marcus, son premier amour, celui avec qui elle rêvait de partager sa vie avant d’épouser Michael.
— Tu veux toujours que je dégage ? » demande-t-il avec un sourire espiègle.
Émilie, submergée par une vague d’émotions, secoue la tête et laisse échapper un rire teinté d’incrédulité et de nostalgie.
— Oh non… Comment peux-tu me poser une telle question alors que je suis envahie par la joie de te revoir ? C’est vraiment toi ? Assieds-toi, s’il te plaît.
— Oui, c’est bien moi » répond Marcus en prenant place à ses côtés, son regard plongé dans le sien, chargé d’un passé qu’ils n’ont jamais complètement oublié.
Sans attendre, Émilie fait un signe à la serveuse attitrée à son service. Cette dernière s’approche, prête à répondre à ses exigences.
— Apportez-nous un autre verre et une bouteille de champagne.
Mais avant que la serveuse ne puisse acquiescer, Marcus l’interrompt doucement.
— Non, pas de champagne. Apportez-nous plutôt une bonne bouteille de vin rouge.
Il croise les bras et adresse un sourire taquin à Émilie.
— Si on doit se remémorer de vieux souvenirs, autant le faire autour d’un vrai verre.
Émilie sourit à son tour, sentant déjà la soirée prendre un tournant inattendu… et dangereux.
La serveuse s’éloigne avec discrétion tandis qu’Émilie, portée par l’excitation de ces retrouvailles inattendues, inonde Marcus de questions. Elle veut tout savoir. Où il a été ces dernières années, ce qu’il fait aujourd’hui, pourquoi il est revenu en ville. Marcus, amusé par son enthousiasme, se contente de lui adresser des sourires énigmatiques, savourant visiblement cet instant où elle lui accorde toute son attention. De son côté, Émilie sent une chaleur familière l’envahir. Il a toujours ce même regard captivant, cette même prestance qui la faisait fondre autrefois.
Pendant ce temps, sur la route, Lucie tient fermement son volant, le regard fixé sur l’asphalte, mais son esprit est ailleurs. Les images de ce qui s’est passé dans l’appartement de Monsieur Michael défilent en boucle dans sa tête. Sa respiration s’accélère légèrement alors qu’elle tente de rationaliser ses pensées.
— Non, je ne peux pas céder à cette tentation.
Mais aussitôt, une autre voix intérieure murmure :
— Je ne peux pas nier qu’il me plaît… Il me plaît vraiment.
Michael n’est pas seulement séduisant, il est aussi intelligent et puissant dans le monde des affaires. Il parle le même langage que moi, il comprend mes ambitions, contrairement à Florent, qui ne cesse de me reprocher mon investissement dans mon travail. Avec Michael, je pourrais être moi-même, sans avoir à justifier mes choix.
Elle secoue la tête avec force, tentant de chasser cette pensée dangereuse.
— Mais j’aime aussi mon mari. C’est avec lui que j’ai construit ma vie… Je ne peux pas le trahir. » Elle sent son cœur s’alourdir sous le poids de ce dilemme qui la ronge.« Oh mon Dieu, qu’est-ce qui m’arrive ?
De l’autre côté de la ville, Andréa marche d’un pas rapide vers la résidence de son petit ami, Jacques. Son cœur est encore bouleversé par ce qui s’est passé chez Florent. L’image de son patron, ses propositions, son regard insistant… Elle préfère tout repousser au fond de son esprit. Ce qui la préoccupe maintenant, c’est la dispute avec Jacques. Il est en colère contre elle et ne répond pas à ses appels. Elle veut apaiser la situation.
Elle arrive devant la petite maison dans laquelle elle lui a loué une chambre. Après avoir salué les voisins qui se trouvent à l’extérieur, elle remarque immédiatement que la lumière est allumée dans la pièce de Jacques. Un mince sourire se dessine sur ses lèvres « il est là. »
Andréa frappe à la porte. Une fois, deux fois, trois fois.
Aucune réponse.
Un mauvais pressentiment s’empare d’elle. Sans hésiter, elle sort la clé qu’elle possède de son sac et déverrouille la porte. Mais ce qu'elle découvre en entrant lui coupe le souffle.
Le sol est jonché de vêtements éparpillés. Des sous-vêtements féminins sont négligemment posés sur le canapé qu’elle a acheté avec son propre argent. Son regard balaye la pièce, et une onde glaciale lui traverse l’échine. Ces vêtements ne sont pas les siens. Ces chaussures à talons, cette robe courte, cette lingerie audacieuse… Elle ne les a jamais vus auparavant.
Son cœur tambourine violemment dans sa poitrine, un mélange de peur, de colère et d’incompréhension lui noue la gorge. Les poings serrés, elle avance lentement vers le couloir qui mène à la chambre à coucher. Chaque pas qu’elle fait est un pas de trop vers une vérité qu’elle ne veut pas voir. Mais il est trop tard pour reculer.
La porte de la chambre est entrouverte. Andréa la pousse lentement, le cœur battant à tout rompre. Ce qu’elle découvre la cloue sur place.
Jacques est étendu nu sur le lit, enlaçant une autre femme tout aussi dénudée. Leurs corps sont encore entremêlés, comme s’ils venaient à peine de sombrer dans un sommeil profond après un moment de passion. L’air est lourd, chargé de cette intimité qui ne lui appartient pas.
Les larmes montent immédiatement aux yeux d’Andréa, brouillant sa vision. Une douleur cinglante lui transperce la poitrine, comme une lame froide s’enfonçant dans sa chair.
Elle déglutit, serre les poings. Puis, lentement, elle dépose son sac au sol et retourne dans le salon. Son regard tombe sur la ceinture de pantalon de Jacques, abandonnée sur le canapé. Sans réfléchir, elle s’en empare et retourne dans la chambre.
Les larmes continuent de couler, mais la rage prend le dessus. Sans attendre, elle abaisse la ceinture et assène violemment le premier coup sur Jacques. Puis un autre. Et encore un.
Les bruits secs des coups réveillent brusquement le couple adultère. Jacques se redresse en sursaut, tout comme sa compagne, qui s’empresse de s’enrouler dans le drap.
— Putain, mais c’est quoi ton problème, Andréa ?!» hurle Jacques, encore à moitié endormi. « Tu es devenue folle ou quoi ?! Tu veux me tuer ou quoi ?!
— Et tu crois que j’en ai quelque chose à foutre ?!» crache-t-elle entre deux sanglots. « Tu sais très bien que tu ne mérites même pas de vivre après tout ce que tu me fais subir !
Soudain, la fille à côté de Jacques intervient, visiblement paniquée :
— Mais qu’est-ce qui se passe ici au juste ? Jacques pourquoi ta sœur nous attaque comme ça en pleine sommeil ?!
Le silence tombe d’un coup.
Andréa essuie rapidement ses larmes, redresse la tête et plante son regard glacial dans celui de la femme.
— Sa sœur ? » répète-t-elle d’un ton sarcastique. « Alors, il t’a dit que j’étais sa sœur ? Dis-moi, sa petite sœur ou sa grande sœur ?
La jeune femme reste figée, confuse.
— Parce que vois-tu, ma chère, c’est moi qui ai tout payé dans cette chambre. Ce lit, ce canapé, ces rideaux… Et une grande partie de mon argent est bloquée dans les avances versées au propriétaire. Alors je veux une réponse claire : je suis sa petite sœur ou sa grande sœur ?
