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Chapitre 4

Chapitre 4: Dans les pensées d'Allyssa

LE POINT DE VUE D'ALLYSSA

Je m’assis sur ce fauteuil luxueux, incapable de détacher mes yeux du sol recouvert de moquette immaculée. Le contraste entre cette opulence et la crasse de la cave que je venais de quitter me donnait presque le vertige. Mon cœur battait à tout rompre, mais je ne savais pas si c’était de la peur, de la honte, la joie du moments de ma virginité que je venait de perdre ou un mélange des trois .

Le silence dans le jet était lourd, ponctué seulement par le bruit doux du moteur et des glaçons qui s’entrechoquaient dans le verre que tenait Paolo. Il s’était installé en face de moi, son regard planté dans le mien comme pour m’analyser, me décortiquer. Je me sentais exposée, comme si ses yeux pouvaient lire tout ce que je tentais de cacher.

Finalement, il parla, sa voix grave brisant le silence.

— Alors, Allyssa… Pourquoi ? Pourquoi une fille comme toi se retrouvait-elle là-bas, à se vendre dans une cave sordide ? Tu es jeune, belle… pleine d’avenir. Et, qui plus est, tu étais vierge.

Ces derniers mots me frappèrent de plein fouet. J’aurais voulu qu’il ne les dise pas, qu’il ne souligne pas cet aspect de ma honte. J’aurais voulu disparaître, m’évanouir dans l’air, mais il n’y avait nulle part où aller. Je détournai les yeux, sentant une brûlure familière dans ma gorge. Les larmes menaçaient de couler, mais je refusais de pleurer devant lui. Pas maintenant. Pas comme ça.

— Allyssa, insista-t-il doucement. Parle-moi.

Je rassemblai tout mon courage pour répondre, mais ma voix était tremblante, presque inaudible.

— Je… je n’avais pas le choix.

Je crus qu’il allait me couper ou me juger, mais il resta silencieux, me laissant continuer. Alors, les mots se déversèrent, bruts, hachés, comme une plaie ouverte que je n’avais jamais osé montrer.

— Mon propriétaire m’a mise à la porte. Je ne pouvais plus payer mon loyer, alors il m’a jetée dehors avec mes affaires. Je n’avais nulle part où aller, personne à appeler.

Je levai les yeux vers lui, cherchant un signe de compréhension dans son expression. Mais ses traits restaient calmes, impénétrables.

— Je suis restée dans la rue toute la journée à chercher un boulot, n’importe quoi, quelque chose qui me permettrait de survivre… Puis j’ai vu cette annonce.

Je marquai une pause, mes mains serrées si fort que mes jointures en devenaient blanches.

— Ils ont dit que ce n’était pas vraiment de la prostitution, juste… se faire lécher. Je me suis dit que je pourrais le supporter. Que c’était seulement pour une heure, et qu’après, je pourrais peut-être récupérer ma vie.

Je ne réalisai pas que je pleurais avant que les larmes ne roulent sur mes joues. Paolo posa son verre sur la table entre nous et s’approcha. Il s’assit à côté de moi, si proche que je pouvais sentir sa chaleur.

— Regarde-moi, dit-il doucement.

Je relevai les yeux, mes larmes brouillant ma vision.

— Ce n’est pas ta faute, dit-il fermement. Tu n’as rien fait de mal, Allyssa. Ce monde est dur, cruel même. Mais tu n’auras plus jamais à te battre seule.

Ses mots me touchèrent plus que je ne l’aurais imaginé. Personne ne m’avait jamais parlé ainsi, avec autant de certitude et de compassion. J’hochai lentement la tête, mais ma voix tremblait toujours.

— Pourquoi vous faites ça pour moi ? demandai-je, ma gorge serrée.

Il me regarda, ses yeux brillants d’une intensité que je ne comprenais pas encore.

— Parce que je vois quelque chose en toi, quelque chose que tu ne vois pas toi-même. Tu mérites une vie meilleure, à mes côtés.

Je voulais croire en ses paroles, mais une partie de moi restait méfiante. Après tout, personne ne tend la main sans raison, n’est-ce pas ? Mais à cet instant, j’étais trop épuisée pour douter, trop fatiguée pour refuser son aide.

Alors que le jet décollait, je regardai par le hublot les lumières de la ville s’éloigner. Je n’étais plus cette fille à la rue, mais je n’étais pas non plus sûre de ce que j’allais devenir. Tout ce que je savais, c’est qu’à côté de Paolo, je ressentais pour la première fois depuis des mois un semblant de sécurité. Du moins, pour le moment

Et pour l’instant, cela me suffisait.

Le ronronnement du jet privé me berçait presque, dissipant peu à peu la tension dans mes muscles. Assise confortablement dans ce fauteuil qui semblait coûter plus cher que tout ce que j’avais possédé dans ma vie, je me surprenais à respirer plus librement. Paolo continuait de me parler, sa voix grave et rassurante résonnant comme une mélodie. Il me posait des questions sur ma vie, sur mes rêves, sur ce que j’aurais voulu faire si le destin n’avait pas été si cruel.

Petit à petit, je me détendais. Malgré tout ce qui venait de se passer, il y avait quelque chose chez lui, une aura magnétique, qui me faisait baisser mes défenses. Je n’aurais jamais cru que je pourrais me sentir à l’aise dans de telles circonstances, encore moins après ce qui s’était passé dans cette cave. Pourtant, ici, loin du monde, dans les airs, tout semblait différent.

Alors que je répondais timidement à ses questions, Paolo se leva et s’approcha. Il s’installa à côté de moi, si près que son parfum boisé envahit mes sens, me rappelant chaque carresse qu'il m'avait portée dans la cave. Un frisson me parcourut lorsque sa main effleura doucement ma joue. Son geste était lent, calculé, presque protecteur, mais il y avait aussi une chaleur qui me troublait profondément.

Je fermai les yeux, incapable de bouger, incapable de penser à autre chose qu’à cette main qui traçait des cercles invisibles sur ma peau. C’était la même caresse, la même douceur qu’il avait utilisée dans la cave. Mais ici, dans cet environnement intime, loin des regards curieux et des murs humides, c’était différent. Plus intense.

Mon souffle se fit plus court lorsqu’il descendit sa main jusqu’à ma cuisse, ses doigts effleurant ma peau nue là où ma robe s’arrêtait. Je savais que je devrais le repousser, dire quelque chose, mais aucun mot ne venait. Mon corps tout entier semblait trahir ma raison. De plus toute ma fentes était humide.

Puis, il se pencha et posa ses lèvres sur les miennes. Doucement d’abord, presque timidement, comme s’il testait ma réaction. Mais lorsque je ne reculai pas, le baiser s’approfondit. Sa main sur ma cuisse pressa légèrement, et je sentis mon cœur battre à tout rompre.

Je fermai les yeux, me laissant emporter par la sensation. Une question traversa mon esprit, claire et incisive : Pourquoi ne pas le laisser aller ? Après tout, n’est-ce pas lui qui avait déjà pris ma virginité ?

C’était une pensée qui m’aurait horrifiée quelques heures plus tôt. Mais maintenant… maintenant, tout semblait flou. Ses lèvres, sa chaleur, cette façon qu’il avait de me toucher comme si j’étais fragile et précieuse, tout cela faisait fondre mes résistances.

Je me rappelais de cette cave, de la façon dont il m’avait regardée, comme s’il me voyait vraiment. Ce soir-là, malgré la honte et la peur, il avait été différent. Il n’était pas comme les autres hommes présents. Il avait pris ce qu’il voulait, oui, mais il l’avait fait avec une tendresse étrange, une douceur presque incongrue. Et maintenant, alors qu’il continuait à m’embrasser, je sentais cette même dualité en lui : la force d’un homme qui pouvait tout avoir et la douceur de quelqu’un qui voulait m’apprendre à m’abandonner.

Je n’avais jamais ressenti cela avant. Un mélange de peur et d’envie, de honte et d’excitation. Mon corps semblait avoir pris le dessus sur ma raison, et dans ce moment suspendu, dans ce jet en plein ciel, je me demandais si je n’étais pas en train de laisser Paolo franchir une barrière que je ne pourrais jamais reconstruire.

Et peut-être que je ne voulais pas qu’il s’arrête.

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