Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

CHAPITRE 12

Ce portail, je le regagnai croyant que cette chipie me rappellerait. Mais à ma grande surprise, rien. Elle ne me rappela pas. Où passerais-je alors ma nuit ?

Debout sur le portail, je commençai par regarder dans le vide. Je songeai debout-là pendant plusieurs minutes. Je me mis à me reprocher beaucoup de choses. Je regrettai de m’être laissée aller à ce plaisir qui n’avait même pas coûté sept minutes. Mais je voyais que ces regrets n’avaient plus aucune raison parce que tout était déjà tard.

Dans mes mémoires, je me rappelai de la date des examens. Je calculai le temps et me rendis compte qu’il ne restait que deux mois au plus. Les larmes commencèrent par me couler de plus belle.

Je pleurai pendant une trentaine de minutes, là, seule dans le noir. En voulant bouger les pas, je n’y arrivais pas ; ils étaient lourds qu’un paquet de ciment. Je restai debout là à compter les étoiles dans le ciel. Les étoiles étaient autant nombreuses que je n’y arrivais pas à tout compter.

Mes yeux avaient tellement lâché de larmes qu’ils étaient devenus eux-aussi, lourds. Autour de moi, la terre semblait tourner. En fixant le ciel, j’avais l’impression que les nuages et les kyrielles d’étoiles semblaient me tomber sur la tête.

Avoir de problème dans la vie, c’est comme être en face du diable. Et puisque je n’étais pas la seule actrice de la situation à laquelle j’étais contrainte, je me retournai encore dans la cour de la maison de Bruno et me dirigeai une seconde fois dans sa terrasse peu importe ce que cela me coûterait. Je pénétrai sa chambre à nouveau sans même prêter attention à la présence de sa mère qui lui parlait.

– Bruno, te souviens-tu de ce jour-là ? Te rappelles-tu que c’était ensemble qu’on avait passé ce moment ? Aujourd’hui, me voilà seule à subir les conséquences. Mais ça ne fait rien, je mets Dieu à témoin.

Sur ce, je ressortis de la pièce avec mes yeux chargés de larmes. Je pris ensuite une direction inconnue. Ce fut après quelques minutes de marche dans cette nuit fade que je compris que Dieu, l’être suprême que nous adorons était émerveillement bon. J’avais compris qu’il n’était pas sourd. J’avais aussi compris qu’il n’était pas aveugle. Il est omniprésent dans la vie de tout un chacun de nous et perçoit nos cris à chaque seconde quand nous l’implorons.

En effet, au cours de mes marches, je m’arrêtai devant un portail où une dame, après avoir fait entrer son véhicule dans la cour de sa maison, rabattait les deux battants.

Une voix intérieure me disait de l’approcher et de lui parler de ma situation, qu’elle m’écouterait. Pour mettre à l’épreuve cette idée, de quelques centimètres, j’observais la jeune femme. Et comme si la dame, en me voyant debout avec ma misérable robe, en soupçonnait quelque chose et au lieu de fermer ses portails et de monter dans sa chambre, m’observait elle aussi.

Et moi, malgré mon chagrin qui me tranchait le souffle de vie, je lui souriais. Elle me souriait aussi en retour comme si on se connaissait depuis des lustres. Et c’est alors que je l’approchai et la saluai. À contrecœur, elle me répondit d’un « bonsoir mademoiselle ».

La jeune femme, comme si elle avait l’impression que j’avais une préoccupation, elle m’accorda toute son attention en se penchant contre l’un des portails. Je gardai mon silence pendant quelques secondes et sans crainte, je lui narrai toute ma mésaventure du début jusqu’à la fin. Ma compagne soupira profondément tout en me regardant droit dans les yeux.

– C’est toute ta préoccupation ? me demanda-t-elle d’un air sérieux.

– Oui, lui répondis-je.

– D’accord, tu peux entrer, m’ordonna-t-elle.

Je pénétrai la cour. La dame, toute généreuse, me conduisit jusqu’à l’intérieur de sa chambre. Ne la connaissant de nulle part, je commençai à avoir peur parce que tout ce qui attire n’a pas toujours été de l’or. Malgré ses traits de générosité et de gentillesse, elle pourrait me faire du mal.

Et puisque celui qui se repose sous l’ombre de Dieu ne doit rien craindre, je confiai toute ma vie entière à mon Dieu créateur. Et d’ailleurs, que valais-je dans la vie ? Si je mourrais, c’est que j’aurais fini avec les vicissitudes de la vie et puis c’est tout !

En effet, la trentaine d’environ me fit asseoir.

– Dis-moi Grâce, de ton retour de l’école, as-tu pris un bain ?

– Non, tata.

Elle me pria à aller prendre un bain bien frais sous sa douche. Ce que je fis aussitôt.

Après mon bain, la dame m’invita à table pour le manger. Elle me servit du spaghetti accompagné de la salade. Ma nausée ne me permit point de déguster ce plat que j’adorais. À cette table, elle me raconta aussi une de ses mésaventures qui ressemblait à peu près à la mienne.

« Euh...mange s’il te plaît ! Je sais bien que tu n’as pas l’appétit mais fais un petit effort », me dit-elle, inquiète.

Au plus profond de moi, je savais combien mon cœur saignait. Je m’imaginais ce qui m’attendait de la part de mes parents. J’étais devant la bonne samaritaine mais mon esprit voltigeait telle une colombe. Je faisais pitié à la dame qui cherchait à tout prix à me remonter le moral.

– Tu sais, reprit-elle, si je me permets de t’accepter sous mon toit, c’est parce que j’ai exactement été victime de la même tragédie que toi. C’était grâce à une voisine du quartier que j’ai pu m’en sortir. Ma chérie, dans cette vie, seuls les courageux arrivent à gravir les échelons de la vie. Tu sais, le fait que tu sois inconsciemment tombée grosse n’est pas de ta faute ! C’est plutôt sur tes parents que je rejette le tort dont ta mère en l’occurrence. À ton âge, ta mère aurait pu te dire quand est-ce qu’il faut s’approcher d’un homme et quand est-ce qu’il ne le faudrait pas. Si tu tombes grosse, elle en est la cause principale ! Certains parents pensent que nous sommes encore à l’ère de l’ancienne génération et ne savent pas que la modernisation a déjà tout détruit.

Calmement, j’écoutais la jeune femme qui donnait son point de vue vis-à-vis du comportement de mes parents. Et je lui trouvais raison.

– Mais tu sais, continua-t-elle, je ne pourrai pas t’héberger pour longtemps dans ma maison à cause des éventuels problèmes qui naîtront. Tu connais bien les règles que régissent les lois de notre pays.

Cette phrase me parut un coup de massue reçu sur le cœur. Mon cœur se mit à battre fort.

Alternativement, je me mis à me poser quelques questions. Celles de savoir où me réfugierais-je si éventuellement ma bienfaitrice me renvoyait de chez elle comme elle le prétendait. Incapable de me répondre, je commençai à couler encore les larmes.

– Arrête de pleurer, s’il te plaît. Tu ne devras pas t’inquiéter, me rassura-t-elle. Si tu le veux bien, je pourrais te raccompagner chez toi demain matin et j’essaierai de convaincre tes parents si possible.

Avec cette forte dose de rigueur qui circulait dans les veines de mes parents, qu’est-ce que cette dame pourrait leur dire et qui pourrait leur faire changer d’avis ? Lui prêteront-ils d’abord d’attention ? Je baissai la tête à nouveau puis les larmes, comme d’habitude, reprirent par batailler diablement sur mes joues et puisque « c’est au pied du mur qu’on voit le maçon », je finis par accepter la proposition de la jeune femme.

– D’accord, lui répondis-je fébrilement.

– Ok, maintenant, mange, renchérit-elle.

Et puisque je pouvais faire confiance à ma bienfaitrice, je m’emparai de ma fourchette et tirai vers moi, le plateau garni de ma nourriture préférée et commençai à manger. J’avais la tête baissée dans le plat et comme une bambine qui ne connaissait rien de la vie, je mangeais à pas lent.

Après le repas, ma compagne, aussi gentille qu’était-elle, m’emmena dans sa chambre à coucher où elle passait ses nuits. Ensemble, nous nous allongeâmes dans le lit à deux places et...

***

Le lendemain matin, le soleil était encore dans son nid lorsque la bonne samaritaine me fit monter dans son véhicule et nous partîmes chez moi, chez moi où il n’y avait jamais eu la paix.

Lorsque nous arrivâmes sur le portail, j’appuyai sur le contact de la sonnerie et nous attendîmes que quelqu’un vînt nous ouvrir. Au bout de quelques minutes, arriva ma grande sœur Brigitte.

Elle nous scruta toutes les deux avant de me demander avec tristesse où est-ce que j’avais passé ma nuit.

Et parce que c’était à cause d’elle que j’avais été mise à la porte, je ne lui répondis mot.

– S’il vous plaît tata, pénétrez la cour et arrivée devant la véranda, tapez à la porte, mes parents viendront vous répondre, adressai-je à ma compagne.

Celle-ci ne perdit plus le temps avant de se diriger dans la cour.

Debout, les bras croisés, je toisais ma grande sœur. Regrettant peut-être son forfait, elle me regardait et me posais des questions auxquelles je ne lui accordais aucune réponse. Sa présence devant moi me donnait l’envie de vomir. L’envie de lui dire quelque chose de mal me tentait. Mais c’était comme si je prenais tôt ma vengeance.

Tout à coup, le portail s’ouvrit à nouveau : c’était ma protectrice qui était revenue de sa mission toute désespérée.

– Ma chérie, pourquoi ta mère est si méchante comme ça ? me questionna-t-elle. Peu importe ce que je lui faisais comprendre, elle ne faisait que me demander de lui quitter sa cour. Pourquoi est-elle si perverse comme ça ?

Je baissai la tête et malgré cette forte fraîcheur qui menaçait le soleil matinal, je commençai par avoir chaud.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.