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#Chapitre5️⃣

C'est avec beaucoup d'appréhension que je gare ma voiture devant la maison de Philomène, je souffle un bon coup et y sors.

J'entre dans la concession et tout est comme l'ai laissé il y a deux semaines avec de petits enfants assis sur une natte en train de prendre le petit déjeuner. Pains avec du chocolat et bol de lait plus gros que le ventre de certains. Je leur fais un sourire et demande après leur maman, personne ne me répond trop concentré à manger son pain dégoulinant de chocolat.

-Ah, tu es déjà là, ils ne peuvent même pas te répondre, le pain chocolat c'est sacré pour eux et c'est comme si personne n'existe autour.

Lança t-elle avec un regard dédaigneux sur eux. F

-Ok je vois. Dis-je à la fois amusée et intriguée.

- Entre, ma tante t'attend.

- merci.

Elle pousse l'énorme rideau blanc et j'entre dans leur salon, il est très simple. Les fauteuils sont en tissu, de couleur marron et imprégnés d'une forte odeur d'urine, en face de ces derniers donc sur ma droite, un meuble avec un petit guéridon sur le quel est posé une télé qui diffuse en ce moment un programme sur la chaine nationale. Le sol crépis, laisse entrevoir des crevasses ça et là et face à moi s'offre une grande armoire dans le coin, près d'un des canapés, une grande salle à manger et un couloir, qui surement mène aux autres pièces de la maison. Je voulus m'asseoir lorsque Philomène me stoppa.

-Non pas là, il y a les urines du bébé, tu risques salir ta jolie jupe.

Je compris donc d'où venait cette forte odeur.

Je pris donc un autre siège et Maeva vint aussi s'asseoir avec une petite fille d'à peu près 2 ans dans les bras.

- Me voici Dis-je à mes deux hôtes après quelques minutes de silence. J'ai fait aussi vite que j'ai pu.

- Maeva parle. Dit sa tante.

- Pourquoi moi ?

Elle fronça les sourcils.

Lorsqu'elle le faisait, on voyait la belle bouille de la petite Manu, elles étaient identiques sauf que Maeva avait le teint moins clair, mais tout y était, les mêmes gros yeux, un petit en forme de trompette, des sourcils épais et une petite bouche en forme de cœur. Cette jeune femme est tellement belle et je suis sure intelligente mais que lui avait-il manqué pour répéter la même erreur encore et encore au point de se retrouver ainsi.

Elle avait des cernes sous les yeux sûrement dû au manque de sommeil, elle était également très mince, on pouvait voir les os se dessiner sous sa peau . Quant à cette dernière, elle faisait pitié car recouverte de plaques, de boutons et de l'acné sur le visage . En tout cas elle n'avait pas bonne mine.

-Maeva ne me perd pas de temps. Dit sa tante et je sors de mes rêveries.

J'ai à cet instant une boule au ventre car je connais le sujet qui nous rassemble mais j'avais beau regarder Maëva ou sa tante, je n'arrivais pas à desceller à travers leurs regards ce qu'elles avaient décidé.

-Ok. dit-elle en soupirant et là encore je ne voyais que sa première fille.

-Kara c'est ça non ?

-Oui. dis-je en portant toute mon attention sur elle.

-Ok, j'ai dit à maman Philo de t'appeler car j'accepte, j'accepte de te donner mon enfant mais....

Mon cœur rata un battement lorsqu'elle prononça ces mots.

- mais ? Demandais-je calmement mais la voix tremblante.

- j'ai des questions et des exigences.

- naturellement. Dis-je en faisant référence à ses questions.

- donner mon bébé en adoption implique qu'il ne saura pas que je suis sa mère ?

- oui. Dis-je sincèrement.

- d'accord c'est bon de savoir dans quoi on s'embarque.

- une autre préoccupation ?

- pas pour l'instant, je veux juste beaucoup d'argent, comme tu vois j'ai beaucoup de bouches à nourrir.

- D'ad'accord. Réussi à sortir de ma bouche.

Je ne savais pas comment me comporter, sourire ? Stresser encore plus que ce que je faisais déjà ? Je me triture les doigts et la laisse terminer.

-J'exige que tu t'occupes de cette grossesse et de tout ce que cela implique.

S'il m'arrive d'avoir faim, d'avoir une envie ou s'il m'arrive de faire un malaise j'attends de toi que tu interviennes sans discuter, et puis je veux beaucoup d'argent comme je te l'ai dit plutôt.

- Beaucoup d'argent c'est combien ? Demandai-je agacée car elle insistait vraiment dessus.

- Je veux deux millions pour commencer une activité, je veux vendre les mèches.

Pourquoi toutes les filles n'ont que ça à la bouche ?

- d'accord je trouve que c'est raisonnable.

Dis-je en hochant la tête.

On va faire comme ça, maintenant toi écoute moi. Ai-je repris calmement.

je prendrai soin de ce bébé je te le promets. Je vais l'aimer et le chérir comme s'il était sorti de moi, je t'en fais la promesse. Tu n'iras à aucune consultation, aucune échographie sans moi, je te donnerai tout ce que tu voudras et à la naissance tu me donneras l'enfant et notre contrat sera fini, ce qui veut dire que plus jamais on ne devra se voir, tu ne chercheras jamais à voir cet enfant, à la limite oublier même que tu l'as porté un jour. D'accord ?

- Moi ça me va dit-elle j'aurai même dû avorter mais c'est tata qui m'a convaincu.

- Le mieux aurait été que tu ne portes pas une autre grossesse, pour éviter de venir ouvrir ta salle bouche ici, et puis madame exige deux millions. Qui de ces voyous avec qui tu fricote t'a déjà donné seulement vingt mille franc?

Lequel ? d'ailleurs dès que tu accouches, toi-même tu sais, tu t'en vas.

-Ekié encore cette histoire ?

- Oui encore.

- Tu as quel âge Maeva ? Demandai-je pour couper court à la dispute que je sentais venir.

- vingt cinq ans.

- Humm je vois. Tu es encore jeune hein.

- pourtant elle a déjà 6 enfants où tu la vois là.

- je vais te donner le premier million dès qu'on fait la première visite, histoire de m'assurer que le bébé va bien et le reste à l'accouchement. Ça te va?

Elle hocha la tête avant de toiser sa tante.

- Jeune fille ie te remercie beaucoup pour ce cadeau et ie te donnerai tout ce que tu voudras mais ne pense pas à me doubler ou jouer avec moi, pour cet enfant je suis prête à tout je dis bien tout.

- tu fais cette adoption avec ton mari?

Je fais un hoquet de surprise car je ne m'attendais pas du tout à ce que son nom soit évoqué. Déconcertée je regarde sa tante qui d'un signe de tête m'encourage et je décide de répondre honnêtement par la négation.

- tu es vraiment prête à faire passer un enfant inconnu pour le sien?

Je prends du temps pour analyser sa question et je me rends compte que je m'étais totalement abandonnée à cette idée sans en vraiment réaliser les conséquences.

- ce n'est pas la peine de me répondre. J'ai déjà ma réponse. Je vais me changer, donnez moi une minute.

- d'accord.

****

Plus tard dans la journée, j'ai appelé au bureau pour annuler tous mes rendez-vous.

En tant que cheffe de projet d'une entreprise française installée à Douala et spécialisée dans le digitale, je n'avais pas beaucoup de regard sur moi concernant mes heures de travail.

Parfois il m'arrivait de prétexter que je travaillais depuis la maison et mon chef comprenait. La seule chose qu'il me demandait c'était de réaliser les attentes de nos clients et d'en ramener de nouveaux.

C'est vrai que j'avais énormément de boulot ces jours car je préparais une prospection à l'échelle régionale mais actuellement c'était impossible de me concentrer, je voulais tout de suite entendre ce bébé, le voir.

- On va où ? Me demande Maeva assise sur le siège passager.

- Al'hôpital, tu vas commencer ta première consultation aujourd'hui et après à la banque pour te donner ton argent.

- Tu dois être sacrement riche hein?

- Pourquoi tu dis cela?

- tu conduis une belle et Grosse voiture. En plus de cela nous allons à la banque retirer un million de franc CFA et tout cela sans me demander un délai de quelques jours ou quelques mois.

- c'est des économies.

- sais tu combien moi j'ai comme économies ?

Pas plus de vingt et un mille franc. Donc nous ne sommes pas du même monde.

Je ne dis rien, jusqu'à ce qu'on arrive à l'hôpital, essavant de me concentrer sur la route.

Nous arrivons dans le parking de l'hôpital après avoir bravé les embouteillages. Je trouve une petite place où je me gare et j'arrête le moteur.

-Descend !

Nous marchons dans les couloirs de l'hôpital qui est plein à craquer. Nous y rencontrons, personnel médical, malades ou simplement des visiteurs.

Difficilement je me fraye un chemin jusqu'au service gynécologique et j'entre dans la salle des infirmières.

- bonjour mesdames.

J'entends des « bonjour madame Kara » par ci, des « ça fait longtemps que l'on ne vous voit plus » par là. Je réponds poliment et demande après le gynécologue Émilia Ngom.

- elle est juste derrière vous. Me répond une infirmière.

Je me retourne surprise et je tombe pratiquement dans ses bras pour un long câlin.

- Dis donc tu es très contente de me voir.

Elle serre à son tour ses bras autour de moi.

- Je suis simplement heureuse.

- et j'aime ça, il n'y rien de positif à brouiller du noir toute la journée. Alors comment vas-tu ?

- je suis venue te parler d'une chose importante. Tu es occupée?

- un peu j'ai une patiente dans mon bureau, mais tu es pressée?

- non non.

- et le travail?

- j'ai pris ma journée. Je devais te voir.

A ce point? C'est que c'est sérieux alors.

Assieds toi je finis avec cette dernière patiente et je te prends.

Nous avons pris place sur un banc dans le couloir Maëva et moi, elle a commencé à me poser beaucoup de questions, sur ma vie, mon mariage mais je ne répondais pas, une seule mégarde de ma part pouvait lui donner envie de me demander plus et pouvait me créer des ennuies dans le futur.

Au bout d'une trentaine de minutes, la patiente sors et c'est à nous. Nous nous asseyons.

-bonjour madame excusez ma maladresse je ne vous ai même pas salué tout à l'heure.

S'adressa Émilia à Maeva.

-C'est mademoiselle. Rétorqua Maeva

En caressant son ventre.

-Ok, Mademoiselle, excusez-moi.

Emilia amusée me fait des signes pour savoir qui est cette fameuse demoiselle.

-Je te présente Maeva, euh..la mère de mon enfant.

Émilia me lança un regard intrigué.

-la mère de quoi ? Mdr c'est encore quoi cette histoire ?

Vue que je ne répondais pas, elle me prit à part vers la table d'examination.

- explique moi. Tu viens me dire la mère de ton enfant et comment ?

- je ne sais même pas par où commencer, tellement j'ai l'impression de rêver.

Elle me lance un regard dur et je continue.

-il y a quelques semaines j'ai fait la rencontre d'une dame vraiment par hasard, dans les causeries elle m'a informé que sa nièce avait contracté une grossesse de trop et qu'elle ne savait pas comment faire, je lui ai donc proposé de me donner l'enfant, chose qu'elle a accepté

aujourd'hui.

Je lui fait aussitôt un large sourire.

-Kara de quoi tu parles ? Tu es devenu l'action sociale pour recueillir un enfant dont tu ne connais rien?

- pas le recueillir mais l'adopter et le faire passer pour le mien.

-Vous avez décidé d'adopter ton mari et toi ?

Demande t-elle confuse.

- Non c'est un peu plus complexe que ça, ce n'est pas nous mais juste moi et ça doit rester un secret.

- veux-tu bien me l'expliquer s'il te plaît? parce que là je ne comprends rien, tu veux adopter un enfant sans ton mari pourtant on avait dit que tu devais attendre les résultats des examens prescrits par le médecin ? D'ailleurs il dit quoi à ce sujet?

- Emilia je suis stérile. Dis-je irrité.

Emilia, je suis stérile. Criais-je une deuxième fois.

j'ai une anomalie ovarienne dû à une absence totale d'ovulation, tu es gynécologue tu sais ce que c'est. Faut croire que mes ovaires sont tout simplement incapables de faire du bon boulot.

Dis-je avec une pointe d'amertume dans la bouche.

-Et je ne pourrai jamais enfanter. Voilà ce qu'il a dit. Satisfaite ?

Mes larmes se mirent à couler.

Je me mets à mieux lui raconter dans les moindres détails mon accord avec Maëva.

-J'ai demandé un enfant à Dieu, un et voilà il me le donne à travers cette petite fille, elle ne le veut pas mais moi si, elle ne l'aime pas mais moi déjà, alors que je ne le porte même pas. Je sais que je saurai être une mère pour lui. Emilia c'est ce bébé la réponse de Dieu.

Elle se tourna et commença à faire les cent pas dans la pièce, puis elle s'arrêta et regarda Maeva ensuite moi.

- Dis-moi ce que tu attends de moi?

- j'ai besoin de ton aide si tu le veux bien.

J'étais consciente de ce que je m'apprêtais à faire, je comptais faire passer un enfant totalement inconnu pour le mien et celui de mon mari.

-Tu es ma meilleure amie,tu sautes je saute, tu meurs, je meurs. Cet enfant est le nôtre.

Me dit-elle chaleureusement. En venant m'enlacer.

-merci Emilia. Merci du fond du cœur, tu ne peux pas savoir combien ça représente pour moi ce que tu es en train de faire.

Elle se détache de notre étreinte et me regarde avec un grand sourire.

- la meilleure manière de me remercier c'est d'en faire mon filleul.

- ça je te le promets.

- bien. En quoi je peux vous aider aujourd'hui ?

-en fait, je voudrais que tu suives personnellement cette grossesse, Maèva n'a pas encore commencé les visites et ie voudrais savoir si tout va bien.

-ah mais bien-sûr ma sœur. Allons nous asseoir.

Nous retournons nous asseoir et elle fouille son tiroir d'où elle sort un carnet de maternité.

-tiens kara, mets y tes informations.

Je la regarde longtemps et je finis par comprendre où elle veut en venir, alors je saisis le carnet et ie commence à mettre mon nom.

-et si on commence? Dit Émilia tout sourire.

A suivre…

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