Chapitre 5

Les Diamants de la famille Nguessi

Chapitre 5 : AU FOND DES CHOSES

**Palome NGUESSI**

Palome n’imaginait pas que les choses iraient aussi vite. A peine elle a débarqué au bled dans la résidence de ses parents sise à Yaoundé que Basile Nguessi son grand-père s’est mis à trépigner d’impatience…

-Ma petite femme arrive quand ici à Bertoua ? Demande-t-il.

-Papi ! Je viens le plus tôt possible. J’attends que Walter arrive ici et on descend ensemble.

-Il arrive quand ?

-Il a pu trouver un billet. Il sera là dans deux jours.

-D’accord je vous attends ! Ne traînez pas trop ! Vous venez d’abord ici à Bertoua

avant de repartir prendre service. La Direction Générale est là-bas à Yaoundé.

-T’inquiète papi ! On sera là !

En raccrochant, elle esquisse un petit sourire en coin. Elle n’a pas le temps de s'asseoir sur le lit qu’on frappe à sa porte avant d’entrer…

-Ah ! Maman c’est toi !

-Tu ne viens pas manger ? Tu te reposes encore ?

-Je suis là depuis 3 jours, maman. J’ai eu le temps de récupérer.

-Tu as déjà eu ton grand-père ? Il jubile !

-Je ne te le fais pas dire maman ! Si ça ne dépendait que de lui, je devrais déjà être à Bertoua à peine arrivée. Il me fait rire.

-Ahahaha ! Il est comme ça ! Depuis qu’il sait que l’empire Nguessi est sûr de

perdurer ; il ne dort pas.

-Dès que Walter arrive, on se prépare à y aller.

-Ton frère là hein ! Qu’est-ce qu’il trafique même ?

-Ah ! Tu le connais ! C’est le mec des surprises !

-Je l’attends ici ! Ironise Bertine, sa mère.

On peut lire une certaine fierté dans le regard de sa mère. Assise à côté de sa fille, elle lui caresse les cheveux.

-Heureusement que tu as gardé toute ta fraîcheur.

-Mais qui t’a dit que je suis vieille maman ? Ne me fais pas rire ! Je n’ai que 28 ans, et j’ai encore…

-Badjemé a failli te détruire tu sais ? Ce bébé que tu as perdu…

-Non ! N’en parle pas stp ! J’ai tourné la page ! Je suis une autre à présent ! Ça ne m’a pas détruite. Je suis toujours fraîche ! Je ne ressemble pas à une vache ! Et puis c’était il y a 8 ans !

-Ok ! Excuse-moi ! Tu sais que je suis très fière de ce que tu es devenue. Ton père aussi. Il compte beaucoup sur vous.

-Oui je sais ! Ça ira. Je suis en train de donner un sens à ma vie.

-C’est bien ! Aller ! On va manger. Ton père est déjà à table, il nous attend.

Walter ! Il a débarqué deux jours après, comme convenu, et c’est tout le monde qui est surpris…

-Mince Walter ! S’exclame Palome.

-Mais… Walter ! Sérieux ? C’est pour ça que tu traînais autant ? Ça alors ! S’exclame leur mère Bertine.

-Mais… fiston ? Je suis sans voix ! Intervient Nathan le père.

Walter a débarqué avec une fille, et pas des moindres, une blanche... une rousse. Ils attendent tous des explications…

-Oui ! Je vais vous expliquer. Un peu de patience. Dit-il en embrassant tout le monde. Laissez-moi vous présenter ma belle rousse… Sandy !

Tout le monde est bouche bée ; Palome en profite pour tapoter son frère en solo,

alors qu’ils se dirigent à l’intérieur de la maison…

-Gars ! C’était donc ça ! Pourquoi je n’ai rien vu venir ? Une… une rousse !

-Parce que tu refusais de voir ! Ahahah !

-Massa ! Tu as frappé fort monsieur le nouveau Directeur de la NGUESSI DIAMOND !

Il lui fait un clin d’œil, et ils partent dans un fou rire…

Ils ont finalement décidé de partir pour Bertoua la semaine suivante. Les parents, Walter, sa rousse et Palome sont arrivés, alors que les grands-parents, son oncle et sa femme les attendaient déjà sur place…

-Bienvenus mes chers petits-enfants ! S’exclame Basile, avec la larme à l’œil.

Pareil pour sa grand-mère qui est plus qu’émue. C’est une surprise qui les attend à l’intérieur… un cocktail est prévu pour célébrer leur arrivée…

-Waouh ! Tout ça pour nous ? S’est-elle exclamée tout sourire aux lèvres.

-Eh Oui ! Vous êtes les premiers à rentrer au pays ! Rétorque sa grand-mère. Alors on ne pouvait que célébrer votre retour !

-Oh ! Mamie ! Ça me va droit au cœur ! Lui dit Palome en l’embrassant

tendrement.

-Tu es quand même mon homonyme ! Palome Rita Nguessi ! Dit-elle en regardant sa petite fille avec beaucoup de tendresse.

Les réjouissances se passent très bien, sans heurt, même si par moment tata Brigitte la femme de son oncle Georges n’a de cesse de toiser Palome à tout va… piquée au vif elle n’a pas manqué de lui en toucher deux mots…

-Sita ! Tu as une minute ? Lui demande Palome.

-Qui ? Moi ? Dit-elle tout en feignant l’ignorance.

-Qui d’autre Sita ? Weee ! Donc tu n’es pas contente de me voir ?

-Si ! Si ! Mais ne m’agresse pas ! Dit-elle sur la défensive.

-En fait je voulais te demander pourquoi tu es sur les nerfs comme ça avec moi ? On n’a pas souvent de problèmes toi et moi. Je viens à peine d’arriver Et voilà que…

-Tsuip ! Palome ! Tu te fais de drôles d’idées dans ton petit crâne ! J’espère seulement que quand tes cousines mes filles vont rentrer tes grands-parents leur réserveront le même type d’accueil ! Excuse-moi ! J’ai d’autres chats à fouetter!

Elle l’a plantée là sur place, avant de décaler et de s’en aller, en la toisant presque. Palome a juste secoué la tête…

Après le cocktail, Basile et Nathan ont invités Walter et Palome à se retirer

avec eux dans une autre pièce, pour causer en aparté…

-Bien ! Nathan tu peux faire le point. Indique Basile.

-Merci papa ! Walter et Palome, nous vous souhaitons la bienvenue parmi nous. C’est un honneur que vous faites à votre grand-père, de revenir ici au bercail. Il faut beaucoup de cran et de volonté. Vous avez tout laissé en plan à Londres pour revenir construire, bâtir votre avenir, mais aussi celui de notre pays. Papa Basile, en vous confiant ces responsabilités n’est que la preuve de l’énorme confiance qu’il vous fait. La NGUESSI DIAMOND n’est pas une de ces entreprises en carto, non ! C’est toute une histoire ! C’est un passé lourd et riche ! C’est le diamant ! Et comme on le dit « seuls les diamants sont éternels ! » Alors la NGUESSI DIAMOND prend tout son sens… vous aurez des défis à relever, et des obstacles à braver, mais vous ne devez jamais oublier la devise de la famille : Le Travail, la persévérance, et la foi…

-Très bien ! Reprend Basile le grand-père. Vous prendrez vos fonctions à la Direction Générale à Yaoundé. Ici les agences prennent bien le relais.

Walter et Palome écoutent attentivement les conseils prodigués par leur père Nathan, et leur grand-père. Ils sont bien conscients des enjeux qui se présentent à eux…

Un mois plus tard…

Palome a bien pris ses fonctions en tant que Directrice Administratrice et Financière ; elle peut s’en vanter d’ailleurs d’être parmi les plus jeunes de sa génération à arborer un tel titre, et tout ce qui va avec….

-Toc toc ? Mme le DAF ? Je peux ?

-Aka ! Walter ! Ne me taquine pas hein !

-Je fais le tour des bureaux pour voir si tout va bien.

-Hum ! Tu vas vite te fatiguer ! C’est la poigne du début !

-Non en fait on a une réunion là tout à l’heure. Papa sera là, et toi aussi.

-Oui j’en ai entendu parler. C’est à propos des investisseurs.

-Oui des anglais.

-Ok !

-Bon je te file le tuyau. C’est toi qui doit les rencontrer.

-Moi ?

-On pense tous que tu devrais t’en charger. Tu sais négocier.

-Well ! Ok ! Pourquoi pas ?

-Ils seront là demain.

-Ça marche !

Il s’agit effectivement des investisseurs anglais venus négocier et signer un contrat pour exploiter le diamant dans une des raffineries que gère la compagnie dans cette région de l’est du pays.

-Tu es prête Palome ? Ils sont là ! Lui dit Walter au téléphone. On n’attend plus

que toi !

-Oui ! Oui ! J’arrive !

-Ok ! Ensuite on devra aller leur faire visiter le site.

-Le contrat n’est pas encore signé.

-Je sais ! J’ai discuté avec leur guide, un camerounais, il m’a l’air très convaincant.

-On verra ! J’arrive !

Palome fait aussi vite qu’elle peut ; en ouvrant la porte de la salle de réunion,

elle s’excuse du retard…

-Bonjour ! Veuillez m’excusez pour….

Elle s’interrompt un instant, le temps de reprendre son souffle et ses esprits ; elle ne s’y attendait pas à une telle rencontre…

-Tout va bien Palome ? Je te présente Messieurs Hendricks et Goldhamm. Voici leur guide Monsieur Achille Mbede, venus tout droit de Londres.

Palome plisse la bouche et se confond encore en excuses devant tous. En bonne professionnelle, elle semble bien mener les négociations qui se sont éternisées pendant plus de deux heures…

-On se revoit dans deux mois alors ! Pour la signature du contrat ! Conclue Achille.

Elle préfère ignorer cet Achille. Durant la discussion, il n’a fait que lui faire du rentre dedans indirect ; et bien sûr, elle n’a fait que l’ignorer. Ce dernier, après avoir raccompagné les deux anglais, est revenu dans son bureau…

-Toc toc ? Je peux ?

-Fait comme chez toi ! Lui répond-t-elle en le minaudant en douce.

-A quoi tu joues Palome ?

-Je ne comprends pas ? Quel jeu ?

-Pourquoi tu m’ignores ? Je crois savoir qu’on s’était bien séparés à l’aéroport. Tu ne réponds pas à mes mails ! Pourquoi ?

-Je devrai ?

-Ce n’est pas la moindre des choses ?

-Je n’aime pas les surprises ! Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu avais l’intention de venir négocier avec ces anglais pour le compte de notre société ?

-Pardon ? Toi tu ne m’as pas dit que tu étais parmi les patronnes de cette boite!

Palome a l’air agacée ; elle préfère ne pas lui répondre…

-Pourquoi tu ne réponds pas à mes mails ?

-C’est obligé ? Lui lance-t-elle sur un ton sec.

-Palome qu’est-ce que j’ai fait de mal pour que tu m’en veuilles autant ?

-Mais c’est toi qui n’est pas clair ! Tu es marié !

Achille écarquille les yeux, avant d’afficher un sourire maladroit…

-Tu ne serais pas un peu jalouse par hasard ?

-Moi ? Mais tu me prends pour qui ? C’est toi et tes faux airs de… de…

-Je ne suis pas marié, je… oh ! Je comprends !

-Je te prie de sortir de mon bureau ! Ne confond pas les choses stp !

-Je crois qu’on ne se comprend pas.

-Achille !

-Palome ! Tu peux me croire, je ne suis pas marié ! Cette femme qui était avec moi dans la voiture à l’aéroport… elle…

-Je ne veux rien savoir ! Ça… ça ne me regarde pas !

-Elle… elle a besoin de mon attention c’est tout. Je lui donne ce qu’elle veut ! Rien de plus !

-Tu me prends pour qui ? Je te dis que ça ne me regarde pas !

-Si ! Ça te regarde ! C’est une femme d’un certain âge… 48 ans. Moi j’ai 35 ans. Je ne peux pas l’épouser. Elle est mariée. C’est toi que je veux Palome !

Il le lui dit en la regardant profondément dans les yeux…