Les confessions de Nahima
Partie 6
Néanmoins, malgré toutes ces barrières liées à son comportement très retissant vis-à-vis de moi, nous parvenions tout de même à poursuivre notre bout de chemin, aussi incroyable que cela pouvait paraitre peu à peu on se rapprochait via les sms et les appels.
Même si, je sentais au fond de moi qu’on ne s’aimait pas réellement tous les deux en tout cas pour ma part j’étais absolument certaine de ne pas du tout ressentir des sentiments d’amour violent pour lui mais cela ne nous empêchait pas pour autant d’être proche tous les deux à notre façon bien sûr.
Le weekend qui arrivait s’annonçait complètement virulent, en effet, une énorme ‘’Zè party’’ pointait à l’horizon.
Les ‘’Zè party’’ étaient des espèces de fêtes qu’on organisait entre nous jeunes, à domicile, au cours desquels il y avait de l’alcool en abondance, de la musique, et durant lesquels chacun se lâchait complètement en s’adonnant à toutes sortes de plaisirs et autres formes de jouissances, tous étaient permis.
Il ne fallait absolument pas la rater pour ne pas être
‘’has been’’ lundi au lycée.
Au départ l’idée ne m’enchantait pas tellement pour tout vous dire, mais mon amie Rokia était très friande de ce genre de chose et elle n’avait donc pas cessé de m’en parler tout au long de la semaine finissant donc par laisser le goût dans ma bouche pour ainsi dire, de façon très terre à terre.
Ce qui faisait que je n’avais plus qu’une seule envie, y être absolument afin de mieux réaliser de quoi parlait l’auteur.
Alors que le vendredi soir, je réfléchissais déjà dans ma chambre à milles et une façon simple de demander la permission à mes parents pour y aller samedi soir, surtout à ma mère car s’il ne s’agissait que de mon petit papa, j’aurais tout eu quasiment sur un plateau d’argent. En pleine réflexion donc une voix raisonnante se faisait entendre depuis le bas :
- Nahiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, descend ici, c’est l’heure du diner. Hurlait-elle
C’était la tigresse, ma mère, on l’appelait B’na (une abréviation de Bernadette) … Pour ne pas m’attirer ses foudres, je ne tardais pas à manifester le bout de mon nez et à m’installer sagement à table.
- Bonsoir tout le monde. Disais-je timidement.
- Bonsoir … répondaient Ben-j (Benjamin) mon père et sa clique de fils Nono ( Arnaud) et Fab ( Fabrice).
B’na : Nahi je t’ai toujours dit d’apprendre à saluer les gens de façons individuelles, hein, tu ne comprends jamais rien.
Moi : Mais maman vous êtes tous là, si je le fais une bonne foi pour toute il est où le problème ?
B’na : Ce n’est pas poli, si tu vas chez les gens c’est comme ça que tu vas te comporter pour qu’on dise que je t’ai donné une mauvaise éducation ? Non, je n’accepte pas ça.
Moi : Ok, ok, je suis désolée, dorénavant je ferais un peu plus attention.
Elle trouvait toujours quelque chose à rajouter cette femme quoi que je puisse faire avec elle jamais rien était parfait il fallait à tout moment qu’elle rajoute une couche pour me rattraper ce qui faisait qu' entre nous c’était tout le temps tendu.
Ben-j : Voyons, ce n’est pas bien grave, fait la prière ma fille ensuite nous allons manger.
>
- Amen …
B’na : Mais et ton signe de croix ? Nahi tu es dans une école Catholique et je constate que tu peine à faire la prière, c’est grave, tu m’inquiète toi des fois tu sais …
J’étais sur le point de dire quelque chose mais Ben-j avait bien compris que si je commençais aussi à m’y mettre l’heure du diner allait s’écouler sans que nous n’ayons eu le temps de déguster ce bon riz gras qui semblait si alléchant sous nos yeux et dont l’odeur avait déjà complètement envahie la salle à manger.
C’est ainsi donc que depuis sa place il me faisait un signe afin que je garde simplement le silence.
Le repas se passait plutôt dans une très bonne ambiance jusqu’au moment ou B’na allait m’annoncer une nouvelle hyper importante à ses yeux.
- Nahi, demain faut que tu fasses l’effort de te réveiller très tôt car on part tous passer le weekend à Aboisso.
En entendant cela, la nourriture me passait carrément en travers de la gorge. Elle était entrain de tout compromettre avec cette annonce.
- Kossô Kossô (je toussais subitement)
- Fais attention ma fille tu aurais pu t’étouffer, tu veux un peu d’eau ?
- Non , papa, merci ça va aller… répondais-je
- Il y a un problème ? tu as l’air tout à coup bouleversé. Questionnait B’na
Avec elle , il fallait redoubler de ruse si l’on voulait obtenir ce qu’on désirait car d’après ce qu’elle ne cessait jamais de nous chanter dans la maison c’est qu’elle avait ‘’ fait la jeunesse’’ je ne savais pas d’où elle sortait cette expression mais en tout cas elle l’utilisait chaque fois un peu plus pour nous faire comprendre que ça allait être très difficile pour nous de la duper car les codes de mauvaises conduites des adolescents, elle les maîtrisait du bout des doigts J’avoue qu’avec mes frères cela était rapidement vérifié, mais avec moi, elle avait encore du mal, j’étais pour ainsi dire une adversaire de taille.
- Il n’y a aucun problème maman à vrai dire tu viens de m’arranger ''même''. Sortais-je avec un sourire qui en disait long.
- Comment ça je viens de t’arranger, explique toi un peu plus je ne comprends pas. Demandait-elle
- Eh bien je suis trop ravie d’aller à Aboisso. Figure toi que, carrément, demain il y a une sortie de classe avec les sœurs toute la journée. On va visiter des soit disant musées, faire des études bibliques, et le comble finaliser ça par un rassemblement de prière, tu m’y vois franchement pfff.
- Ah mais c’est très bien ça, j’aime trop l’esprit de ce lycée, c’est juste ce qu’il te faut dans ce cas tu resteras ici pour ce weekend ton père tes frères et moi on ira sans toi pour cette fois. Était-elle enchantée de dire.
- Non, non, maman tu as déjà dit qu’on y va tous ensemble, pourquoi changer les plans maintenant ? Je ne suis pas d’accord que pour une fichue sortie d’école à deux balles qui ne compte même pas dans la moyenne tu change tout comme ça, je ne me vois pas là bas un samedi toi aussi. Ripostais-je
- Qu’est ce que tu viens de dire ? ton langage de ‘’racaille’’ de Paris je ne t’ai pas demandé d’arrêter de parler comme ça ? il n’est absolument pas question que tu rate cela tu m’as compris demain tu vas partir et si tu veux avoir des ennuies avec moi essaye seulement de me tenir tête tchipsss…
En entendant cela, je me levais violemment de table avant même la fin du repas et remontait rapidement dans ma chambre faisant mine d’être contrariée et de pleurer.
- Pourquoiii c’est toujours à moi que cela doit arriver, j’en ai marre. Me faisais-je entendre
- Oui, c’est ça, casse, brûle tout mais demain qu’il pleuve qu’il neige tu ne bouge pas d’Abidjan. J’ai fini de parler. Et si tu ne diminue pas ton ‘’pien-pien’’ (banditisme) je vais monter là bas pour te taper. Terminait B’na.
Ah quelle joie, elle ne savait pas qu’elle venait de me rendre un énorme service, je sautais délicatement dans ma chambre me réjouissant déjà que demain soir j’allais belle et bien être à la ‘’Zè’’ du fils du maire.
Cette fête allait être organisée par le fils du maire de notre commune, un fils à papa qui devait juste claquer des doigts pour avoir tout ce qu’il voulait. De plus, il était dans un lycée similaire au mien mais avec des garçons en plus, toutes les filles au lycée n’avaient pas cessé de dire qu’il y allait avoir du garçon à ‘’gogo’’ et que sortir de cette soirée célibataire voulait tout simplement dire que tu étais ‘’ Bahi’’ en d’autre terme que tu avais la poisse allez y savoir pourquoi c’était comme ça, selon elle, les garçons de ''Saint-Viateur'' étaient très ‘’mielleux’’.
De mon côté, je ne partais pas pour faire une partie de chasse aux garçons, mais juste pour m’amuser un peu et voir comment ça se passait. Je ne voulais pas trop sortir du lot, j’avais déjà assez de souci comme ça au lycée après tous les scandales liés à Franck.
Je décidais donc de demander à Malick de m’accompagner à cette fête mais cette fois-ci seul, sans ramener son bras droit Patrick même si, je n’avais rien contre lui car je l’aimais bien.
C’est ainsi donc que je lui donnais discrètement rendez-vous dans un petit coin avoisinant notre rue, j’essayais de ne pas trop trainer devant le portail pour ne pas risquer de me faire surprendre par B’na qui n’aurait certainement pas apprécié.
Cela faisait maintenant près de 30 minutes que je l’attendais en vain et il ne s’était toujours pas ramené.
Un peu lassée par cette attente j’étais sur le point de retourner chez moi lorsque je voyais une silhouette se rapprocher peu à peu timidement de moi.
Ce soir là, je l’apercevais sous un autre angle. Malick contrairement à Franck était un beau ‘’black’’ très grand de taille avec des traits plutôt fin, du haut de ses 1m81 c’était un jeune homme très doux.
Vêtu dans sa tenu tradi-moderne, il s’élançait subliment dans un ensemble ‘’boubou’’ deux pièces en Bazin riche bleu brodé au cou et sur le côté. En le contemplant depuis ses babouches jusqu’à ses cheveux soigneusement coiffés je constatais qu’il tenait un tapis de prière à la main.
Etant très pudique, il ne m’embrassait pas et se contentait simplement de me lancer un respectueux :
- Bonsoir ma belle…
Rien de très surprenant s’agissant de lui…
- Ca va Malick ? questionnais-je
- Oui particulièrement depuis que tu es en face de moi…
- Mais d’où viens-tu comme ça ? tu m’as trop fait attendre toi aussi, je commençais limite à m’impatienter. Grognais-je
- Oh, excuse moi, j’étais allé à la mosquée et le temps de saluer les quelques frères ça m’as mis en retard mais j’espère que tu ne m’en veux pas… se désolait-il
En effet, Malick était un garçon très rangé, après la maison sainte sa première passion la seconde était le basket.
- Enfin ça dépendra de comment tu décideras de te rattraper… lançais-je
- Tu sais très bien que je suis incapable de te refuser quoi que ce soit… était-il heureux d’avancer.
- Ça tombe bien, je veux que demain soir tu m’accompagne à une ‘’Zé party’’ !! disais-je
Je voyais son visage se décomposer peu à peu on aurait dit que quelque chose n’allait pas. J’attendais toujours qu’il dise quelque chose mais il ne réagissait pas.
- Tu as entendu ce que je t’ai dit ? demandais-je
L’air perplexe il me répondait :
- Oui, oui, mais …. (il se grattait la tête) ça me dérange un peu par ce que ce n’est pas trop mon truc quoi …
Avant même de le laisser dire quoi que ce soit à nouveau je renchérissais :
- Ah toi aussi, comment ça ? tout ‘’babi’’ (Abidjan) en parle. Et toi, tu ne vas tout de même pas laisser ta go aller toute seule à la fête de Charly, avec tous les gars qu’il y aura là bas rassure moi tu ne prendrais pas ce risque.
Mais en disant ça, il me faisait désespérer davantage.
- Charly ?? non, non, on risque de ne pas s’entendre dessus Nahima, ce petit orgueilleux, gonflé qui se croit tout permis juste par ce que son père à gagné les municipales je me vois très mal dans cet univers pour tout te dire. ET d’ailleurs même d’où tu le connais ? vous n’êtes ni dans le même lycée encore moins dans le même quartier, tu n’es pas simple toi.
- Ecoute Malick ce n’est pas ça le problème tu viens avec moi ou pas, tu ne vas pas là bas pour lui mais pour être avec moi alors qu’il soit ce qu’il soit on s’en fou. On est entrain de construire une relation et je trouve vraiment dommage que cela puisse commencer par des contradictions. Fait un effort s’il te plait je tiens vraiment à ce que tu sois avec moi à cette soirée que je ne veux rater pour rien au monde en plus j’ai déjà promis à Rokia qu’on sera là ensemble alors ….
Après avoir tourné en rond pendant près de 5minutes il finissait par céder, c’était ok. En se séparant, je lui faisais un petit bisou sur ses joues, je le sentais à la fois heureux et gêné par cette brève attention.
De mon côté j’étais juste de plus en plus enthousiaste, je courrais en direction de chez moi j’avais qu’une seule hâte appeler Rokia pour l’informer.
