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ALESSIA

Claude était déjà parti quand je me levai du lit. Après m’être nettoyée et habillée, je jetai un coup d’œil par la fenêtre. De là où je me trouvais, je pouvais voir la voiture de mon mari s’éloigner. Tout comme à notre arrivée plus tôt, le portail s’ouvrit automatiquement à l’approche du véhicule.

Nous venions à peine de nous marier, et pourtant, mon mari m’avait déjà laissée, comme s’il avait un rendez-vous plus important que moi. Après tout, il n’y avait que moi et ses parents qui avions voulu ce mariage.

Que se passerait-il maintenant ? À quoi ressemblerait ma vie avec Claude ? Peut-être que Lia et moi partagions le même destin. Elle aussi avait épousé un homme qu’elle n’aimait pas.

Je retournai me coucher et restai allongée, fixant le plafond pendant plusieurs minutes, jusqu’à ce que mes paupières deviennent lourdes. Lorsque je me réveillai, la pièce était déjà plongée dans l’obscurité. Je me levai et cherchai à tâtons l’interrupteur de la lampe de chevet. Lentement, je marchai en quête de l’interrupteur principal.

Quand la lumière s’alluma, je jetai un coup d’œil à l’horloge murale. Il était déjà sept heures du soir. J’avais dû dormir profondément. Peut-être que Claude était rentré. Peut-être que ses parents me cherchaient aussi. Je quittai donc la chambre.

Je ne me souvenais plus où se trouvait l’ascenseur, alors je descendis les escaliers lentement. J’étais presque essoufflée en arrivant en bas et réalisai que la chambre de Claude était au troisième étage.

« Bonsoir, madame ! Allez-vous dîner ? » me demanda une domestique en s’approchant.

« Ont-ils déjà terminé de manger ? » demandai-je avec inquiétude. Je ne voulais pas qu’ils pensent que je faisais semblant ou que j’étais malpolie en arrivant en retard pour le dîner dès mon premier jour dans cette maison.

« Ils sont encore en train de dîner, madame. Laissez-moi vous y conduire. »

« D’accord, » répondis-je avec un sourire. Je suivis la domestique jusqu’à la salle à manger. Heureusement qu’elle était là, sinon j’aurais pu me perdre dans cette immense maison avec tous ces couloirs.

« Bonsoir à tous ! » lançai-je en arrivant.

Les trois personnes attablées se tournèrent vers moi en entendant mon salut.

« Viens, ma chérie. Rejoins-nous, » m’invita chaleureusement Mme Robinson.

Je remerciai la domestique qui m’avait accompagnée et pris place à côté de Claude. Il était déjà là, mais il ne m’avait même pas réveillée.

« Je suis désolée, je me suis endormie. »

« Ce n’est rien, ma chère. Je ne t’ai pas réveillée, tu devais être fatiguée, » répondit ma belle-mère avec bienveillance.

Mes joues s’échauffèrent à ses paroles. Mais lorsque je regardai Claude, je remarquai qu’il me fixait d’un air sérieux. Il avait l’air en colère. Pourquoi ? Qu’avais-je fait de mal ? Était-ce parce que je m’étais endormie ?

« Mange, Sia. Tu dois avoir faim, » dit M. Robinson.

Je lui souris et commençai à manger, ignorant Claude pour l’instant.

Claude fut le premier à finir. Il se leva immédiatement et salua ses parents avant de quitter la table, sans même me jeter un regard. On aurait dit qu’il me trouvait insignifiante au point de m’ignorer totalement.

Mon appétit s’évapora. Je terminai rapidement mon repas mais attendis que le couple ait fini avant de prendre congé.

« Constance, accompagne Sia jusqu’à leur chambre, » ordonna Mme Robinson à une domestique qui les servait. C’était la même qui m’avait guidée plus tôt.

La domestique obéit rapidement. Elle m’accompagna en marchant jusqu’à ce que nous atteignions l’ascenseur.

« Vous travaillez ici, dans le manoir, depuis longtemps ? » demandai-je à la domestique.

« Cela fait dix ans, madame. »

« Oh, vous êtes là depuis longtemps. Savez-vous quel âge a Claude ? » J’étais curieuse de connaître l’âge de mon mari. Je savais qu’il était plus âgé que moi de quelques années, mais je n’étais pas sûre de l’écart exact.

« Si je me souviens bien, monsieur a eu trente ans le mois dernier. »

Mes yeux s’écarquillèrent légèrement. J’avais seulement vingt ans, il y avait donc un écart de dix ans entre nous. Pourtant, mon mari ne faisait pas son âge. Il semblait plutôt avoir vingt-cinq ans que trente.

« Avait-il une petite amie avant notre mariage ? » Je ne savais pas pourquoi cette question me trottait dans la tête. Peut-être parce que j’avais peur que ce soit la raison pour laquelle Claude m’évitait. Avait-il une petite amie et, à cause de cela, ne voulait-il pas m’épouser ?

Constance se gratta la tête. « Oh, madame, je ne saurais dire. Depuis le premier jour où j’ai commencé à travailler ici jusqu’à maintenant, vous êtes la seule femme qu’il a amenée ici. »

Je plissai les yeux. « Vraiment ? Vous voulez dire que Claude n’a jamais eu de petite amie ? Ça me semble impossible. »

Mon mari n’avait rien d’efféminé qui l’aurait empêché d’avoir une copine. Il était très viril. Je l’avais bien constaté plus tôt, lorsqu’il m’avait prise comme si demain n’existait pas. Même maintenant, je ressentais encore la douleur entre mes cuisses. Je faisais simplement de mon mieux pour me déplacer correctement afin d’éviter d’être embarrassée devant mes beaux-parents et les autres personnes du manoir.

« Je ne dis pas que monsieur n’a jamais eu de petite amie. Il n’a simplement jamais ramené de femme ici. Mais… »

« Mais quoi ? »

La domestique hésita.

« Qu’y a-t-il, Constance ? Pourquoi ne voulez-vous pas me le dire ? » Ma curiosité était maintenant piquée au vif.

« Madame, cela reste entre nous, d’accord ? S’il vous plaît, ne me dénoncez pas à mes employeurs. »

Je hochai rapidement la tête.

« J’ai entendu, lors de certaines conversations entre Monsieur Claude et ses parents, qu’il se faisait souvent gronder à cause de son penchant pour les femmes. »

« Oh, je vois maintenant. Ne vous inquiétez pas, je ne dirai rien de ce que vous m’avez confié. » Peut-être que Claude ne ramenait pas de femmes chez lui parce que ses parents désapprouvaient. Après tout, notre mariage avait été arrangé.

Lorsque Constance m’escorta jusqu’à la porte de la chambre de Claude, je la remerciai et lui dis au revoir.

« Madame, si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez-moi via l’interphone. »

« D’accord. Merci. »

Claude n’était pas dans la chambre quand j’y entrai.

« Où pourrait-il être allé ? » murmurai-je en m’asseyant au bord du lit.

Je balayai la pièce du regard. Le décor était un mélange de noir, de gris et de blanc. L’ambiance était résolument masculine, et tout était soigneusement rangé. Je ne voyais aucune photo ni aucun objet personnel indiquant que la chambre appartenait à Claude. Il n’y avait que peu de décorations, à part trois tableaux abstraits, une petite bibliothèque, un bureau et une télévision intelligente de cinquante-six pouces. Claude semblait apprécier le style minimaliste.

Je me levai et m’approchai de l’un des tableaux. C’est alors que j’entendis soudain une porte s’ouvrir. Je tournai immédiatement la tête et vis Claude sortir de la salle de bain. Il portait déjà un pyjama.

« Qu’est-ce que tu fais encore là ? Va prendre une douche. Je ne veux pas que quelqu’un qui ne s’est pas lavé s’allonge dans mon lit. Nettoie-toi bien. Je vais t’utiliser maintenant. »

Mes yeux s’écarquillèrent à ce que je venais d’entendre. Les paroles de Claude étaient si directes. Mais ce que je détestais le plus dans tout ce qu’il avait dit, c’était la dernière phrase qui était sortie de sa bouche.

Il allait vraiment m’utiliser ? J’aurais sans doute mieux accepté s’il avait dit qu’il allait me réclamer. Mais le mot utiliser me donnait l’impression d’être une femme payée. La seule différence, c’est qu’il ne me payait pas – c’étaient ses parents qui l’avaient fait.

« Pourquoi tu me regardes comme ça ? Tu es en colère ? Moi aussi. Je ne voulais pas me marier avec toi, mais ma mère m’y a forcé. Prépare-toi, car ton corps est la conséquence de leur coercition. Tu n’as ni le droit de te plaindre ni de refuser. Alors, qu’est-ce que tu fais encore là ? Prends une douche, ou je le ferai moi-même. »

Je restai figée sur place, incapable de bouger.

Claude s’approcha de moi. J’avais envie de reculer, mais il fut plus rapide. Il me saisit fermement par le bras. J’essayai de me débattre, mais je n’y parvins pas. Il me tira vers la salle de bain.

« J-Je vais le faire moi-même. J-Je peux le f-faire, » balbutiai-je en tentant de me dégager alors qu’il essayait de retirer ma robe.

Mon mari arqua un sourcil. « Apprends à obéir. Ici, c’est moi le maître. Maman et Papa ne peuvent rien faire contre ce que je veux te faire. J’ai déjà cédé une fois à leurs exigences, alors maintenant, c’est à moi d’être obéi. Et tout ça, c’est aussi de ta faute. Je t’avais dit de renoncer au mariage, mais tu as refusé. Alors, assume ta décision. »

Avant que je puisse répondre, Claude quitta la pièce. La porte claqua violemment derrière lui.

Je pris une profonde inspiration. Y avait-il encore un espoir que le cœur de Claude s’adoucisse ? Pourrais-je apaiser sa colère ? J’essaierais. J’espérais que, tôt ou tard, tout s’arrangerait entre nous. Sinon, il me faudrait trouver la force de le supporter dans les jours à venir.

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