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chapitre 3

Chapitre 3

Les lumières de la ville défilaient à travers la vitre teintée, projetant des ombres fugaces sur le visage impassible de Zafira. Son fils dormait paisiblement dans son siège auto à côté d’elle, inconscient de l’enfer dans lequel elle s’apprêtait à replonger.

Elle caressa doucement ses boucles sombres, une tendresse infinie dans le regard. Il n’avait rien demandé à ce monde de violence et de trahison, et pourtant, il y était né, marqué par le sang avant même de pousser son premier cri.

La voiture ralentit en approchant du manoir familial. Zafira sentit son cœur se serrer, un mélange de rage et de nostalgie lui nouant l’estomac. Trois ans. Trois ans qu’elle avait fui cette demeure. Trois ans que son père la croyait morte ou, pire, indigne de porter son nom.

— Madame, nous sommes arrivés.

Le chauffeur jeta un regard incertain vers elle dans le rétroviseur, mais elle ne répondit pas immédiatement. Elle inspira profondément, posa un baiser sur le front de son fils et ouvrit la portière.

Les portes du manoir s’ouvrirent presque instantanément, comme si son retour était attendu. Elle ne fut pas surprise de voir une silhouette massive se détacher dans l’entrée.

Lorenzo Lazzaro.

Son père.

Son visage, aussi dur et impénétrable qu’elle s’en souvenait, ne trahit aucune émotion en la voyant. Ses yeux sombres descendirent vers l’enfant, puis revinrent vers elle, froids comme l’acier.

— Tu es en retard, lâcha-t-il simplement.

Zafira arqua un sourcil. Pas de colère, pas d’explosion, juste cette froideur coupante qu’il avait toujours eue avec elle.

— Trois ans de retard, répondit-elle d’un ton acéré.

Un silence pesant s’installa. Puis il pivota sur ses talons, lui faisant signe d’entrer.

Elle le suivit sans un mot, son fils lové contre elle. La chaleur familière du manoir la frappa de plein fouet. Tout était identique, et pourtant, elle se sentait comme une étrangère en ces lieux.

Ils pénétrèrent dans le grand salon, où plusieurs membres du cartel étaient rassemblés. Des murmures s’élevèrent, des regards incrédules se posèrent sur elle.

— Elle est vivante…

— Et avec un enfant…

— Qui est le père ?

Zafira les ignora. Elle s’arrêta devant son père et planta son regard brûlant dans le sien.

— Pourquoi suis-je ici ?

Lorenzo la scruta un instant avant de s’asseoir dans son fauteuil en cuir. Il croisa les doigts, son visage impassible.

— Tu assisteras au Gala des Dynasties.

Un rire amer lui échappa.

— Tu te moques de moi ?

— Ce n’est pas une demande, Zafira.

Elle serra les dents.

— Je ne suis plus l’une des vôtres. J’ai fui. J’ai été effacée.

— Et pourtant, ton sang est toujours celui des Lazzaro, répliqua-t-il calmement.

Elle sentit une colère sourde monter en elle.

— Je ne jouerai pas à ton jeu.

— C’est déjà fait.

Elle le fixa, les poings serrés.

— Pourquoi maintenant ?

— Parce que ton retour n’est pas un hasard. Tu es convoquée.

Son estomac se tordit.

— Par qui ?

Lorenzo se redressa lentement.

— Rafael De Santis.

Un silence glacé s’abattit sur la pièce.

Le nom résonna comme une menace.

Rafael De Santis, le Roi du Crime. L’homme qui avait pris le contrôle des cartels en unissant les factions sous sa poigne de fer. Un monstre d’intelligence et de brutalité.

— C’est une erreur.

— C’est la loi du sang.

Elle sentit son souffle se bloquer.

— Tu veux dire que…

— Il est ton partenaire de sang.

Son monde vacilla.

Elle avait entendu parler de cette légende. Chaque chef avait un alter ego, une moitié qui renforçait son pouvoir. Une alliance prédestinée, scellée par une force ancestrale.

— C’est impossible.

— L’invitation dit le contraire.

Elle secoua la tête, refusant d’accepter cette réalité.

— Je ne veux pas de cette vie.

— Tu n’as plus le choix, dit-il froidement.

Son regard se posa sur son fils, blotti contre elle.

Elle aurait pu refuser. Fuir encore.

Mais cette fois, elle savait qu’ils ne la laisseraient pas partir.

---

Le Palais Rosso, où se tenait le Gala des Dynasties, brillait de mille feux sous les lustres de cristal. L’opulence et la décadence se mêlaient dans une danse mortelle.

Zafira entra dans la salle avec une grâce féline, son fils dans les bras. Les regards se tournèrent vers elle, certains admiratifs, d’autres méprisants.

Mais aucun ne brûlait autant que celui de l’homme au fond de la pièce.

Rafael De Santis.

Il se tenait là, vêtu d’un costume noir impeccablement taillé, un verre de whisky à la main. Ses yeux, d’un bleu glacial, la scrutèrent avec une intensité troublante.

Zafira sentit un frisson lui parcourir l’échine.

Il était… dangereux.

Et pourtant, quelque chose en elle réagissait à sa présence. Une force primitive, incontrôlable.

Il posa lentement son verre et avança vers elle, chaque pas résonnant comme un battement de guerre.

Lorsqu’il s’arrêta à quelques centimètres, elle leva le menton, refusant de se laisser intimider.

Il baissa les yeux vers l’enfant, puis revint à elle.

— Tu es en retard, murmura-t-il.

Elle haussa un sourcil.

— C’est une habitude chez moi, apparemment.

Un sourire, presque imperceptible, effleura ses lèvres.

— Alors c’est toi, la Reine Sauvage.

Elle ne baissa pas les yeux.

— Et toi, le Roi Maudit.

Il pencha légèrement la tête.

— Tu n’as pas peur de moi.

— Devrais-je ?

Un silence électrique s’installa entre eux.

Il était puissant. Il était impitoyable.

Et il était sien.

Elle pouvait le sentir dans son sang.

Mais ce qu’elle ne savait pas encore…

C’était si elle le voulait.

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