04
**CHAPITRE 04**
Alors que je laisse mes larmes couler, je vide mon sac à dos avant d’y jeter quelques vêtements, l’argent que j’ai, et mon déjeuner. J’attrape un carnet et un stylo pour écrire une lettre.
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« Maman et papa,
Je suis désolée que vous me détestiez, je suis désolée de ne pas être une bonne fille, je suis désolée pour tout ce que j’ai fait de mal et qui vous a poussés à me détester. Je vous aime.
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Jesse,
Je suis désolée d’avoir été ta sœur. Je suis désolée d’être grosse et moche. J’espère que toi et ta compagne serez heureux ensemble, et bonne chance pour ton rôle de Bêta. Je t’aime.
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À tous les membres de la meute de la Lune de Sang,
Ne vous donnez pas la peine de me chercher, d’ici à ce que vous trouviez cette lettre, je serai déjà loin.
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Saphir »
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Je déchire la page et la pose sur mon lit. Je jette un dernier coup d’œil à ma chambre, disant un rapide adieu mental, avant de sortir en courant de la maison de la meute.
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Puis, je cours. Je cours jusqu’à arriver à un ruisseau à la frontière de notre territoire. Je m’appuie contre un arbre.
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« Comment tu tiens, Rubis ? » je demande à ma louve.
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« Je n’arrive pas à croire qu’il nous a rejetées, » murmure-t-elle.
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« Je sais, Rubis, mais ça ira mieux, » je réponds, pleine d’espoir.
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Elle ne fait que gémir en réponse avant de se fermer à moi.
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Je soupire et sors la barre de granola de mon déjeuner avant de la manger rapidement, puis je regarde l’heure. 10h30. J’ai environ 6 ou 7 heures avant que quelqu’un remarque mon absence. Je me rappelle qu’une fois que je franchirai la frontière, j’aurai environ 50 kilomètres à parcourir avant d’atteindre le territoire d’une autre meute.
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Je me transforme en ma louve blanche-grise, attrape mon sac dans ma gueule et trotte le long de la rivière. Je commence à marcher dans l’eau pour effacer mon odeur, en pensant :
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Adieu, maman, papa, Jesse, et Cameron.
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**Point de vue de Cameron** *(pendant le dernier cours – 5 heures après le départ de Saphir)*
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Mon loup hurle dans ma tête, criant parce que j’ai rejeté notre âme sœur.
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« Ce n’est pas comme si elle aurait fait une bonne Luna. Elle est faible et trop jeune, » je réponds sèchement, le repoussant hors de mon esprit.
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Je me rappelle encore son odeur : citron et soleil.
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Toute la journée, Jesse m’a harcelé pour savoir si j’avais trouvé une odeur. Bien sûr, je ne pouvais pas lui dire que c’était sa sœur et que je l’avais rejetée, alors je mens.
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« Alors, mec, tu l’as sentie ou pas ? » demande Jesse pour la centième fois aujourd’hui. Chaque fois qu’il pose la question, c’est comme un coup de couteau dans le cœur.
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Je grogne : « Jesse, pour la centième fois, non, je ne l’ai pas sentie, alors tu peux lâcher l’affaire, s’il te plaît ! » je lui réponds en chuchotant agressivement.
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Il lève les mains en signe de défense et continue de travailler. Environ 10 minutes plus tard, la cloche finale sonne. Je range mes affaires, balance les livres inutiles dans mon casier, et cours vers mon camion.
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« Quelqu’un est pressé, » rigole Marie en chuchotant à Jesse. Je lui lance un regard noir avant de grimper dans mon camion. Je démarre et sors du parking. Ils montent à bord, et je me dirige vers la maison de la meute.
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Après avoir garé mon camion dans son emplacement habituel dans le garage, je vais directement à la cuisine. J’ai une faim de loup ! Je prends une pizza dans le frigo, un reste du dîner de mardi ; aujourd’hui, on est vendredi, donc elle est encore bonne, je crois.
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Haussant les épaules, je mets la pizza au micro-ondes et appuie sur le bouton 30 secondes, attendant qu’elle chauffe. Dès qu’elle est chaude, je m’effondre sur le canapé et allume un film au hasard, qui s’avère être *Pirates des Caraïbes : Le Secret du Coffre Maudit*, un de mes préférés. Un peu plus tard, les autres adolescents sans âme sœur me rejoignent.
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Je suis brutalement interrompu lorsque Jesse hurle : « Cameron ! Ramène-toi ici, et vite ! »
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Je grogne doucement à la façon dont il m’appelle, mais je l’ignore. Je monte à l’étage, suivant son odeur jusqu’à la chambre de Saphir. Là, Jesse tient une feuille de papier dans ses mains, pleurant, tandis que Marie tente de le réconforter. Il me tend la lettre :
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« Cameron, Saphir est partie. » Sa voix est si…vide.
