04
**CHAPITRE 04**
C’est là que j’entends un cri de petite fille et je réalise que Thomas m’a rejoint dans la cuisine. Maintenant, il est figé. Nous sommes tous les deux pétrifiés. Le loup grogne en voyant Thomas s’approcher. Il ne l’aime pas, je ne peux pas lui en vouloir, moi non plus je déteste Thomas. Ce type ne va jamais quitter cette maison, après tout. C’est déjà assez mauvais que nous nous détestions, mais être coincés ensemble sous le même toit pendant que le loup décide de repartir dans la forêt pour ne plus jamais réapparaître, afin que Thomas puisse enfin partir, c’est encore pire.
Je pense sérieusement à sortir et me jeter dans la gueule du loup pour en finir, plutôt que de passer ma soirée avec ce démon.
Oh mon dieu ! Pourquoi ma vie est-elle comme ça ? Tu me détestes ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter une vie aussi horrible ?
**Du point de vue de Ryan :**
Je marche tranquillement vers la station, ma tasse de café à la main, prêt à en boire une gorgée, quand une odeur incroyablement attirante me frappe : un mélange de vanille et de roses. Je lève les yeux et là, je la vois. La fille. Celle que j’attends depuis toujours.
Quelqu’un me bouscule, renversant mon café brûlant sur ma chemise. Je m’apprête à crier à cause de la douleur, mais elle lève la tête et nos regards se croisent. Je murmure : « Ma moitié. » Je suis complètement figé par sa beauté, comme un cerf pris dans les phares d’une voiture.
Ses cheveux châtains clairs ondulent sur ses épaules. Ses grands yeux marron me regardent, mêlant admiration et confusion avec une douceur infinie. Elle est petite par rapport à moi, je la domine de ma taille. Puis, je remarque le livre qu’elle tient. Elle lit donc ? Elle sera tellement heureuse de découvrir la bibliothèque que j’ai chez moi… Là où elle vivra désormais.
Elle semble nerveuse, et putain, si ce n’est pas adorable. Elle commence à me faire la morale sur l’intensité du mot « détester ». Je ne comprends pas ce qu’elle raconte, jusqu’à ce que je me souvienne avoir murmuré « ma moitié ». Elle a dû mal entendre. Si seulement elle savait que je ne pourrais jamais la détester…
Elle me tend des mouchoirs, et je commence à essuyer ma chemise, sans pouvoir détourner mon regard d’elle. Comment le pourrais-je, avec un ange juste devant moi ?
Je sens qu’elle est intimidée. Un léger rougeur colore ses joues, et c’est là que je ressens une montée de désir. Je dois me calmer. Elle n’a même rien fait, et me voilà déjà complètement sous son charme sans qu’elle en ait conscience.
Mais les pensées impures envahissent mon esprit. Je ne peux m’empêcher de fantasmer sur elle, ses jambes enroulées autour de…
« Reprends-toi, mec », me dis-je intérieurement, mais ça ne fonctionne pas. Je l’ai attendue toute ma vie, et maintenant qu’elle est là, parfaite, elle ne comprend pas encore ce qu’elle représente pour moi.
Je réalise qu’elle est jeune, encore étudiante, vu le sac plein de livres qu’elle porte. J’allais parler, toujours occupé à nettoyer ma chemise, quand je la vois reculer. Puis elle se met à courir, disparaissant derrière un mur.
Oh non ! Je ne vais pas la perdre maintenant que je viens de la trouver !
Je la suis discrètement, maintenant une certaine distance entre nous pour qu’elle ne sente pas ma présence. Elle entre dans une maison, probablement la sienne. Deux odeurs familières m’arrivent alors : deux hommes. Ils portent son parfum, mais leurs présences sont atténuées, comme s’ils étaient partis il y a peu.
Ma colère monte à l’idée que deux hommes puissent vivre avec elle. Ce sont sûrement son père et son frère, mais quand même…
Son parfum est si doux, apaisant, loin de ces fragrances artificielles que portent la plupart des femmes. Je ferais n’importe quoi pour être à nouveau près d’elle, pour respirer cette odeur enivrante…
Je ne la vois plus à travers les fenêtres, alors je m’approche pour inspecter la maison. Elle n’est pas très sécurisée, mais le quartier, lui, semble l’être. Je suis soulagé. Tant qu’elle est en sécurité, tout va bien.
Je sens qu’elle s’approche de la porte d’entrée, et je me cache dans la forêt. Je ne pense pas qu’elle m’ait vu, sinon elle aurait sûrement crié ou appelé la police. Je note qu’il faudra que je sois plus subtil la prochaine fois. Je ne veux pas l’effrayer.
Je me fais une promesse : lui prendre son téléphone pour qu’elle ne puisse pas appeler la police quand tout se passera. Heureusement pour moi, elle ne sait pas que je suis le chef…
Je me transforme en loup et m’élance dans les bois, restant caché tout en la gardant à portée de vue.
Je m’installe derrière un buisson, à une bonne distance pour l’observer sans qu’elle me remarque. Elle s’assied au pied d’un arbre, appuyant son dos et sa tête contre le tronc. Elle semble si paisible, si calme. Je me demande à quoi elle pense.
Elle est magnifique. Sa peau claire semble scintiller sous la lumière du soleil. Son expression dégage de la douleur, et j’ai envie de la réconforter, même si j’ignore ce qui la tourmente.
Cette fille est la seule à me rendre vulnérable. Je ne la connais même pas encore, et je fais déjà le serment de la protéger, de la rendre heureuse, de lui montrer qu’elle est désirée et aimée…
Je m’approche doucement, mais je marche sur une branche, qui craque sous mon poids. Elle se redresse immédiatement et aperçoit mes yeux jaunes.
Un instant, j’espère qu’elle viendra vers moi. Mais ça, ça n’arrive que dans les films. Elle se met à courir sans réfléchir, et elle a bien raison. Après tout, qui ne fuirait pas en voyant un loup l’observer dans les bois ?
« Qu’est-ce qui ne va pas chez toi, Ryan ? Personne ne peut te rendre triste ! », grogne mon loup alors qu’elle disparaît.
