chapitre 05
…J’étais étendue, inconsciente, sur le sol froid et ensanglanté du salon. Et mes parents ? Tout simplement sortis, comme si de rien n’était.
Je crois être restée là pendant de longues heures.
À mon réveil — si ma mémoire est bonne — je me suis retrouvée à l’hôpital. Je voyais des gens en blouse blanche discuter avec mes parents.
*« Pourquoi tu n’as pas cru que tu étais au ciel ? »*
Mais comment l’aurais-je cru, alors que mes parents s’y trouvaient aussi ?
Non… de tels *démons* ne peuvent pas se retrouver au paradis.
*« L'Éternel est proche de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l'esprit abattu. »* – Psaume 34:18
Ce jour-là, quelque chose en moi est *mort*.
J’avais tout essayé pour leur plaire, pour être une enfant aimante… J’espérais que, peut-être, s’ils voyaient l’exemple en moi, *ils finiraient par m’aimer*.
Oh que j’étais naïve.
*Mes parents ne m’aimaient pas.* C’était désormais clair. Gravé dans ma tête. Imprimé dans mon cœur.
Je vis alors mon père s’approcher de moi discrètement, comme un voleur. Il arracha les fils qui me reliaient aux appareils médicaux, me souleva dans ses bras, puis dit à ma mère :
— *On doit partir d’ici. Les médecins ont appelé la police.*
*« Le mensonge est une abomination pour l'Éternel, mais ceux qui agissent avec vérité sont ses délices. »* – Proverbes 12:22
Ils ne croyaient pas à son histoire. Et pour cause.
Il leur avait raconté qu’à son retour du travail, il m’avait trouvée allongée, inconsciente, au sol, et que la maison avait été saccagée.
Selon lui, c’était l’œuvre de cambrioleurs.
*Mensonge !* Un gros mensonge.
Je voulais crier que c’était faux ! Que c’était lui qui m’avait battue presque à mort. Et tout ça, sans même m’avoir laissé une seule chance de parler.
Je l’ai maudit *en silence*… Et c’est là que *j’ai compris le pouvoir de ma langue.*
…Et je comptais bien utiliser ma langue.
Pour *mentir, insulter et maudire* mes parents.
Je voulais leur *pourrir l’existence*, comme eux l’avaient fait pour moi.
Ce jour-là, juste après que nous nous soyons enfuis de l’hôpital, nous étions rentrés à la maison.
Et, pour une fois, *mon père m’avait laissée dormir en paix*.
Il avait simplement lancé :
— *« Si je te frappe encore ce soir, je vais te tuer. Et ce n’est pas ton sang d’idiote écervelée que je veux avoir sur les mains. »*
*« La langue peut apporter de grands bienfaits, mais elle peut aussi causer de grands dommages. »* – Jacques 3:5
J’avais simplement esquissé un sourire, fermé les yeux…
Mais je ne dormais pas. J’écoutais *chaque mot* avec attention.
Chaque parole de mon père était comme un *venin* qui me perçait le cœur, me laissant des *cicatrices invisibles*.
C’est là que j’ai compris…
Les insultes, les violences, les humiliations : tout cela me détruisait à petit feu.
Et cette douleur-là… *je ne voulais plus la porter seule.*
Je me suis jurée qu’un jour, *quand je serais guérie*, ce serait *à mon tour*.
Je leur ferais ressentir ce qu’ils m’avaient infligé.
*« Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu. »* – Romains 12:19
J’ai essuyé la petite larme qui avait coulé sur ma joue… et je me suis endormie.
*Trois ans plus tard.*
J’avais maintenant *huit ans*.
Les coups et les insultes s’étaient un peu calmés — en tout cas envers moi.
Mais pour ma mère, c’était une autre histoire.
La seule différence, c’est que mon père *ne la frappait plus au visage*, selon lui parce qu’elle devait rester « présentable » pour lui rapporter de l’argent.
*« L'homme violent est un homme de destruction, mais la douceur est une voie de vie. »* – Proverbes 15:4
Moi ?
Je m’en fichais royalement. Je ne ressentais *plus rien pour eux.*
À huit ans à peine, j’étais *remplie de blessures intérieures*, si profondes que je ne savais pas comment m’en sortir.
Mon anniversaire ?
Passé *sous silence total*.
Même pour mes cinq ans, ce n’était pas grand-chose, mais au moins, ils avaient chanté pour moi.
Cette fois-ci, c’était comme si je *n’existais pas.*
Vers 13h ce jour-là, ma mère m’appela :
— *« Tatiana, va m’acheter mes trucs, j’en meurs d’envie. »*
— *« Je ne sortirai pas t’acheter tes saletés, maman. Si tu veux ta drogue, va l’acheter toi-même. »*
Elle s’étrangla presque :
— *« Tatiana, c’est à moi que tu parles comme ça ? »*
— *« On est combien dans cette maison ? Tu parles à qui d’autre ? »*
Je la fixai, le regard dur.
— *« Non seulement tu es une mauvaise mère, mais en plus, tu es *idiote. »**
*« Celui qui ne contrôle pas sa langue se détruit lui-même. »* – Proverbes 13:3
Ma mère n’en revenait pas. Que je lui réponde de cette façon ? C’était impensable pour elle.
Et moi aussi, je ne comprenais pas vraiment mon attitude…
Mais au fond, *j’étais simplement fatiguée.* Fatiguée de la voir *se détruire à petit feu*, tous les jours.
— *« Ah ! C’est donc ça maintenant ? La petite demoiselle se prend déjà pour une adulte, hein ? Tu crois que je suis ton amie, Tatiana ? Réponds-moi ! »*
— *« Non. Tu n’es rien pour moi. Alors fiche-moi la paix. Laisse-moi faire ce que j’étais en train de faire. »*
Ce jour-là, pour *la toute première fois*, j’ai vu ma mère avoir *mal*.
Pas physiquement. Non. *Une vraie douleur dans le regard.*
Et à cet instant, j’ai compris : *moi aussi j’avais un pouvoir*.
Un pouvoir que je comptais bien utiliser encore. Et encore. Ce n’était que *le début.*
*« La colère d'un homme n'accomplit pas la justice de Dieu. »* – Jacques 1:20
Elle s’est éloignée sans un mot, a pris son sac, et est sortie sans même me jeter un regard.
Je suis restée là, au salon, assise, continuant mes devoirs avec *un nouveau genre de douleur* au fond de moi.
Oui, j’avais mal. Voir ma mère triste m’avait touchée…
Mais très vite, j’ai repoussé cette douleur.
Je me suis rappelé : *elle et mon père méritaient amplement ce qu’ils vivaient.*
Je ne les appelais même plus *maman* ou *papa*.
Maintenant, c’était *ma génitrice* et *mon géniteur*. Rien de plus.
Vers 20h, mon père est rentré à la maison, complètement ivre.
Il est allé directement dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, il en est sorti, *ceinture à la main*.
— *« Qu’est-ce que tu as dit à ta mère ce matin ? »*
Il me fixait, titubant.
*« Ne répondez pas au fou selon sa folie, de peur que vous lui ressembliez. »* – Proverbes 26:4
Je le regardai, calmement :
— *« Tu veux jouer au père modèle, maintenant ? Tu veux m’éduquer, c’est ça ? Laisse-moi rire. Ce rôle ne te va pas du tout. Épargne-toi ce ridicule. »*
— *« Tatiana, je ne suis pas ton ami. Ne me parle pas comme ça. »*
— *« Je te parle comme à ce que tu es… un tas de merde. Va plutôt mourir avec toute l’alcool que tu bois. »*
Il me fixa, stupéfait.
— *« Oh ! Mademoiselle croit qu’elle a des ailes maintenant. Tu as oublié tous les coups que je t’ai donnés quand tu étais enfant, c’est ça ? »*
— *« Oh non, pa… pardon, *géniteur*, je n’ai rien oublié. Même si je voulais, mes cicatrices sont là pour me le rappeler. Tous les jours. »*
— *« Et maintenant tu veux que je te frappe parce que tu as insulté ta mère ? »*
Je le regardai droit dans les yeux.
— *« Non. Tu veux me frapper… parce que *j’ai dit la vérité.* »*
*« La vérité vous rendra libres. »* – Jean 8:32
Fais-le.
Frappe-moi. Bats-moi comme tu le fais d’habitude. Qu’est-ce que ça change ? Deux incapables comme vous, qu’est-ce que vous pourriez bien faire de mieux ?
— *« Tatiana ? »*
C’était ma mère qui venait d’entrer.
— *« Je ne te permets pas de parler ainsi à ton père ! »*
— *« Toi ? Toi, tu as le droit de me donner des ordres ? Laisse-moi rire. »*
Tu n’as aucun droit sur moi. Aucun.
Tout ce que tu avais, tu l’as tué le jour où, à mes quatre ans, tu m’as dit haut et fort que tu aurais préféré que je sois morte.
Que si tu pouvais remonter le temps, tu m’aurais avortée.
— *« Et je ne le regrette pas, Tatiana. Je ne t’aime pas et je ne t’aimerai jamais. »*
*« C'est dans l'abondance du cœur que la bouche parle. »* – Matthieu 12:34
— *« Oh, ne t’inquiète pas, maman. Moi non plus je ne t’aime pas. Pour moi, tu es morte. Morte et enterrée, loin de moi. »*
Et pas que toi. Ton idiot de mari, celui qui me sert de père, vous êtes morts à mes yeux depuis longtemps.
Alors, fichez-moi la paix.
Mes parents étaient abasourdis par ma réponse.
Mais même la Bible le dit : *“C’est dans l’abondance du cœur que la bouche parle.”*
Et mon cœur, lui, était déjà plein d’amertume et de mépris.
Il débordait.
Je devais tout faire sortir.
Ce jour-là, ma bouche a commencé à cracher du mépris, uniquement du mépris... pour eux.
