chapitre 02
À chaque fois que j’étais battue ou insultée par ceux que j'avais le malheur d’avoir comme parents, ma bouche ne savait faire qu’une chose : répondre par la colère.
Ma langue ne proférait que des injures.
J’étais une boule d’amertume, une personne remplie d’une énergie toxique.
Vivre avec moi était devenu insupportable.
Je passais mes journées à insulter, à me plaindre, à critiquer.
« La colère d'un homme n'accomplit pas la justice de Dieu. »– Jacques 1:20
Mais vous savez…
Beaucoup de ceux qu’on croit méchants ou durs, si vous prenez juste une minute pour regarder au fond d’eux, vous verrez qu’ils souffrent énormément.
Et comme le dit si bien ce proverbe :
"On ne donne que ce qu’on a."
Moi, Tatiana, je ne donnais que ce que je recevais :
Des blessures, du mépris, de la violence verbale.
C’était devenu mon langage. Parce qu’à la maison, c’est tout ce que j’entendais.
Jour après jour.
Mon père s’appelle Luc Mbombo, un Congolais.
Ma mère, Estrella La Touchée, est Française.
C’est d’ailleurs de là que vient mon teint métissé.
Comme ma mère me le répétait souvent, je suis née d’une erreur.
« Avant même que je te forme dans le ventre de ta mère, je te connaissais. »– Jérémie 1:5
Une nuit où mon père était rentré complètement ivre, et où ma mère, sous l’emprise de la drogue, avait perdu tout contrôle.
Ils ont couché ensemble sans se protéger… et boum, je fus conçue.
Elle disait qu’elle n’avait pas eu la force d’avorter, alors elle a décidé de « garder la grossesse ».
Mais moi, je me suis toujours demandé pourquoi elle ne s’était pas contentée de prendre une pilule le lendemain.
Pourquoi a-t-elle voulu garder un enfant qu’ils allaient finir par maltraiter ?
Pourquoi m’avoir fait venir au monde pour ensuite me détruire, jour après jour ?
Mon enfance ? Un véritable enfer.
Un cauchemar éveillé. Traumatisante, violente, sombre…
« L'angoisse dans le cœur de l'homme le déprime, mais une bonne parole le réjouit. » – Proverbes 12:25
Je me souviens que tout a commencé quand j’avais 4 ans.
C’était un lundi soir.
J’étais à la maison avec maman. Ce soir-là, elle voulait tester une nouvelle drogue, plus puissante.
Elle disait que les comprimés ne lui faisaient plus rien.
Alors, elle a décidé de se l’injecter directement dans les veines.
Elle voulait le sentir dans sa chair, dans son sang, dans chaque partie de son être.
Et c’est ce soir-là… que mon cauchemar a véritablement commencé.
Son regard envers moi avait changé. Ce n’était plus ce regard froid et dédaigneux qu’elle me lançait d’habitude. Non… cette fois, c’était de la pure haine. Du mépris à l’état brut.
Elle m’a fixée pendant trois longues minutes, sans dire un mot. Puis elle a souri — un sourire glacé — et a dit :
« Façon, je regrette de t’avoir conçue. »
Et comme si ça ne suffisait pas, elle a rajouté, d’un ton léger :
« Si je pouvais retourner dans le passé, je t’aurais avortée. »
J’avais quatre ans. Quatre ans seulement.
Comment un enfant de cet âge peut-il encaisser des mots aussi tranchants ?
Je ne comprenais pas ce que j’avais bien pu lui faire pour mériter une telle cruauté.
« Les paroles peuvent être une source de vie ou de mort. »– Proverbes 18:21
J’ai pleuré des jours entiers.
Oui, j’étais petite… mais j’étais une enfant éveillée, sensible, et peut-être trop sage pour mon âge.
Je comprenais les choses. Et ce que ma mère m’avait dit, je l’ai compris. Et ça m’a brisée.
Ce que beaucoup de parents ignorent, c’est que lorsqu’on dit à un enfant « je regrette de t’avoir mis au monde », à cet instant précis, on tue quelque chose en lui.
On détruit son âme.
Et c’est ce qui m’est arrivé.
Ma mère, celle qui m’avait portée, m’a tuée ce jour-là. Pas physiquement… mais spirituellement.
Quand elle m’a vue en larmes, elle a juste souri, puis a lâché :
« Idiote… qu’est-ce qui te fait pleurnicher comme ça ? »
« Tu le sais depuis longtemps que tu es un enfant non désiré. Ce n’est pas par amour qu’on t’a conçue, c’était une erreur… Alors, pourquoi tu pleures ? »
Juste après ces mots, elle a éclaté de rire. Un rire fou. Un rire cruel. Comme si ce qu’elle venait de dire était une blague hilarante.
Mais ce n’était pas drôle. Pas pour moi.
Elle ne mesurait pas — ou s’en fichait totalement — de l’impact dévastateur que ces mots avaient sur ma vie, sur mon cœur, sur mon âme.
Chaque syllabe me brisait un peu plus.
Et pourtant, elle s’en moquait.
Elle riait.
« Les mots d’un homme juste sont comme de l’argent choisi. »– Proverbes 10:20
Ce jour-là, je me suis posé mille questions.
Qu’est-ce que j’avais bien pu lui faire pour mériter tant de haine ?
Et même si j’avais fait une bêtise — ce qui n’était pas le cas — est-ce qu’on parle comme ça à une petite fille de quatre ans ?
Est-ce qu’on s’acharne ainsi sur un enfant ?
Seigneur, est-ce normal d’être aussi cruel envers une âme aussi innocente ?
Je ne comprenais pas.
Je pleurais… et elle, elle riait.
C’était ça, mes souvenirs à quatre ans.
Beau, n’est-ce pas ?
À Suivre…
