chapitre 5: Le passé qui ressurgit
Le lendemain matin, la lumière timide de l’aube filtrait à travers les rideaux épais de la suite.
Claire ouvrit les yeux, désorientée un instant, avant de sentir la chaleur d’un corps contre le sien.
Gabriel dormait encore, une main possessive posée sur ses hanches, son souffle lent et régulier contre sa nuque.
Elle sourit malgré elle, savourant la douceur rare de cet instant.
Mais bien vite, la réalité lui revint en mémoire.
Montfort. La guerre. Les trahisons.
Et Gabriel… qui restait un ennemi potentiel, malgré le lien brûlant qu’ils avaient noué la veille.
Doucement, elle se détacha de lui, enfila sa robe tombée au sol, et s’approcha de la baie vitrée.
Son reflet dans la vitre lui renvoya l’image d’une femme troublée.
Déchirée entre le désir et la loyauté.
Un faible bruit de draps froissés.
— Tu fuis déjà ? murmura Gabriel, la voix encore rauque de sommeil.
Claire se retourna, serrant ses bras autour d’elle.
— Ce qu’il s’est passé hier soir… était une erreur, Gabriel.
Il se redressa, torse nu, un sourire en coin.
— Je n’ai jamais été très doué pour regretter les erreurs délicieuses.
Il se leva, s’approcha d’elle d’une démarche féline.
Claire sentit son cœur accélérer tandis qu’il posait ses mains de chaque côté de son visage.
— Dis-moi que tu n’as rien ressenti, et je te laisserai partir.
Elle resta silencieuse.
Parce qu’elle ne pouvait pas mentir.
Gabriel effleura ses lèvres d’un baiser presque chaste, avant de reculer.
— Alors reste.
Claire ferma les yeux. Une partie d’elle hurlait de fuir.
L’autre… s’abandonnait irrémédiablement.
Plus tard dans la journée, au cœur de la résidence Montfort, un événement inattendu bouleversa l’équilibre fragile que Claire tentait de préserver.
Alors qu’elle explorait le vieux bureau de son père en quête de réponses — et peut-être de stratégies —, elle découvrit un tiroir verrouillé.
Son instinct la poussa à chercher la clé dans les documents laissés sur le bureau.
Quelques minutes de fouilles nerveuses plus tard, elle trouva une petite clé argentée, presque anodine.
Ses doigts tremblaient légèrement lorsqu’elle l’inséra dans la serrure.
Un cliquetis discret.
Le tiroir s’ouvrit.
À l’intérieur, une liasse de lettres anciennes.
Des documents officiels.
Et une photo jaunie.
Elle la saisit, le cœur battant.
Sur la photo, Alexandre de Montfort… jeune, souriant.
Aux côtés d’une femme d’une beauté farouche.
Et, dans ses bras, un bébé.
Claire sentit le sol se dérober sous ses pieds.
Car la femme sur la photo… c’était sa mère.
Le document joint ne laissa aucun doute :
Un acte de reconnaissance de paternité, signé de la main d’Alexandre.
— Mon Dieu… souffla Claire.
Elle n’était pas simplement la fille cachée d’Alexandre.
Elle était son unique héritière légitime.
Un cri étouffé lui échappa.
Tout ce qu’elle pensait savoir sur sa place dans cet univers impitoyable… s’effondrait.
De son côté, Gabriel recevait une visite inattendue.
Assis dans son bureau, il vit surgir une silhouette familière : Émile Barras, le vieux banquier de l’alliance secrète.
— Gabriel, dit-il sans préambule, il est temps que tu saches tout.
Gabriel fronça les sourcils.
— De quoi parlez-vous ?
Émile se pencha vers lui, grave.
— Ce n’est pas un hasard si tu t’opposes à Montfort aujourd’hui. Ce n’est pas un hasard si tu as été poussé dans cette guerre.
Gabriel se raidit.
— Expliquez-vous.
Émile sortit une vieille enveloppe et la posa devant lui.
— Alexandre de Montfort a détruit ton père. Il l’a ruiné, discrédité, poussé au suicide. Tu n’étais qu’un enfant. Mais ce que tu es devenu… c’est sa faute.
Gabriel sentit une rage ancienne, longtemps enfouie, remonter à la surface.
Il saisit l’enveloppe d’une main tremblante.
À l’intérieur, des photos, des articles de journaux oubliés, des lettres d’adieu.
Tout concordait.
Tout prouvait que son père avait été la victime des manœuvres impitoyables d’Alexandre de Montfort.
Un goût amer envahit sa bouche.
Sa guerre n’était plus seulement une ambition.
C’était une vengeance de sang.
Plus tard dans la nuit, Claire et Gabriel se retrouvèrent de nouveau.
Incapables de résister à l’aimantation sauvage qui les poussait l’un vers l’autre.
Cette fois, il n’y eut pas de mots.
Juste la brutalité de leurs baisers, la faim dans leurs gestes.
Claire s’abandonna sous lui sur le lit, haletante, gémissante, alors que Gabriel explorait chaque parcelle de son corps avec une intensité farouche, presque désespérée.
Leurs corps se mêlaient dans une danse d’extase et de rage contenue, chacun cherchant dans l’autre un remède à sa propre douleur.
Ils firent l’amour encore et encore cette nuit-là.
Pas pour oublier.
Mais pour survivre.
Mais dans les ténèbres, un secret plus terrible encore les menaçait.
Un secret capable de tout détruire.
Même ce qu’ils étaient en train de construire à leur insu.
