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13

Lundi 21 novembre

Après ma journée morose d'hier, je me suis levée ce matin avec une motivation proche du néant. La semaine surchargée qui m'attend n'est rien en comparaison de la réunion à laquelle je vais assister et pendant laquelle je vais devoir supporter mon boss. Je me demande quelle facette de sa personnalité va nous faire l'honneur de sa présence aujourd'hui... Je suis d'avance fatiguée d'avoir à me battre contre sa méchanceté mais peut-être qu'avec un brin de chance, je ne serais qu'une simple spectatrice et que Marina sera seule en première ligne ? Après tout, je viens d'arriver et je ne connais pas le dossier Dior.

Je gare ma voiture sur le parking encore englouti dans la nuit noire et froide de l'automne. Je me dirige en direction de l'entrée du bâtiment qu'aucun employé n'a encore franchie tout en essayant de me motiver mentalement. Je déteste commencer une journée en ayant le moral dans les chaussettes et encore plus lorsqu'il s'agit d'un lundi ! Mon remède anti-déprime pour les matins difficiles est toujours le même : je choisis une tenue que j'adore et je prends le temps de me préparer afin de me présenter sous mon meilleur jour. Il n'y a rien de pire que de se sentir mal dans sa peau lorsqu'on est déjà mal dans sa tête. Ce matin, j'ai donc enfilé une robe bleu marine que j'affectionne tout particulièrement et dans laquelle je me sens belle. Elle parait plutôt sage et classique à première vue puisqu'elle a une coupe droite, des manches trois-quarts, un col rond légèrement évasé sur ma nuque et une longueur classique qui m'arrive quelques petits centimètres au-dessus du genou. Mais la fille sage laisse rapidement place à une femme sexy lorsque je me retourne. Un décolleté en forme de V profond orne l'arrière de la robe et se termine en pointe au milieu de mon dos. A cet endroit, ma peau se dévoile subtilement sous une dentelle fine qui ne cache rien et s'arrête juste au-dessus de ma chute de rein. Cette robe n'a rien de trop osé mais elle me ressemble. Classique en apparence mais... Mes sublimes escarpins bleus que m'a offerts Cassiopée terminent ma tenue et mes cheveux bouclés sont relevés en queue de cheval haute afin de ne rien cacher du haut de ma robe, surtout dans le dos. Mon blouson protège tout l'arrière de mon vêtement et me permettra de déambuler dans les couloirs tout en étant à l'aise. De toute façon, je suis encore seule et vu l'heure matinale, je risque de ne croiser personne. L'étage est encore endormi, seule la machine à café émet son doux ronflement habituel qui m'accompagne jusqu'à mon bureau.

Je commence par allumer mon ordinateur, puis je sors tous mes documents avant de m'installer sur ma chaise et de plonger tête baissée dans le dossier bleu. Au bout d'un certain temps, je relève la tête tout en frottant légèrement mes paupières. Je ressens une sensation inconfortable, mes yeux me brûlent et je mets quelques instants avant de comprendre que je n'ai pas mis mes lunettes. Je me penche pour les attraper dans mon sac à main et ne pas perdre de temps mais j'ai beau le fouiller, je ne les trouve pas. Légèrement agacée de ne jamais rien trouver dans ce sac que j'adore pourtant, je vide son contenu sur mon bureau mais le résultat est le même. Pas de lunettes à l'horizon. Je n'ai pas de problème de vue en général mais je ne supporte pas de travailler sur un écran sans ma barrière de protection oculaire, sans quoi je vais finir à coup sûr la journée avec des yeux rouges et une migraine d'enfer. J'essaie alors de me souvenir où j'ai bien pu les oublier et il me semble les avoir laissées dans ma voiture en arrivant.

Je ne prends pas la peine d'enfiler mon blouson et je me dépêche de redescendre au rez de chaussée. Lorsque j'ouvre la porte qui mène au parking, un vent polaire me cloue sur place et je regrette immédiatement de ne pas avoir pris une minute pour mettre ma veste sur mes épaules. Je baisse la tête et place les mains de chaque côté de mes bras pour me frictionner et adoucir cette sensation glaciale qui me parcourt déjà des pieds à la tête. J'accélère le pas afin d'atteindre rapidement ma voiture et par chance je repère instantanément ma paire de lunettes qui m'attendait sur le siège passager. Je les récupère donc et ne perds pas de temps pour regagner la chaleur du bâtiment. Une fois entrée, je dépose les lunettes sur mon nez et me dirige tranquillement vers l'ascenseur.

Complètement perdue dans mes pensées, je m'engouffre dans la cabine et appuie sur le bouton menant au second étage. Je ne réagis pas instantanément au bruit de pas rapides que je perçois au loin et ce n'est que quand deux bras musclés empêchent la fermeture des portes que je lève les yeux. Face à moi, Mr Archer se tient debout toujours hors de l'ascenseur. Par réflexe, je recule lentement et mon dos se plaque contre le métal glacé. Lorsque mes yeux rencontrent ceux de mon patron, mon cœur sursaute et ma respiration se coupe un instant. Son regard, d'abord surpris, reprend vite son assurance. Je reconnais immédiatement cette lueur brûlante qui danse dans ses iris. Ses yeux semblent me transpercer, je suis hypnotisée, je n'arrive pas à réagir ni à bouger. Je ne comprends absolument pas ce qui est en train de se passer, pourquoi mon corps réagit à cette vitesse folle, pourquoi mes yeux ne peuvent quitter les siens, pourquoi ma respiration est si saccadée tout à coup ni pourquoi mes mains tremblent. Mr Archer fait un pas en avant pour pénétrer dans l'ascenseur, puis il continue d'avancer avec une lenteur qui me fait fondre sur place, sans jamais cesser de me regarder. Plus il s'approche, plus mon cœur se lance dans une course effrénée. Si j'avais ne serait-ce qu'un minimum les idées claires, je suis sûre que j'entendrais les battements de mon cœur résonner contre les murs de cet habitacle exigu. Mais à cet instant, le dos toujours plaqué contre la paroi de l'ascenseur et mon boss seulement à quelques centimètres de mon corps, je ne ressens rien d'autre qu'un désir sauvage qui nait dans mon ventre, se déploie dans chacune de mes cellules pour faire vibrer mon corps sous son regard. Je ne suis plus consciente de rien, sauf de cette étincelle dans ses yeux qui fait écho à mes iris verts.

Tout à coup, Mr Archer brise le contact visuel qui nous liait depuis quelques secondes, peut-être quelques minutes, sûrement quelques heures, je ne sais plus. Ses cils entament une danse endiablée et son regard entreprend langoureusement de déshabiller mon corps. Il commence par effeuiller visuellement mon cou qui ne réclame que son contact, puis descend lentement sur mes seins qui réagissent instantanément à cet assaut consenti. Des frissons naissent en leur pointe et la sensation qui m'envahit en cet instant est absolument divine. Les portes de l'ascenseur qu'il avait bloquées avec son pied se ferment et ce léger bruit semble le faire réagir. Il s'approche alors encore plus près et moi, je n'ose pas bouger. Je reste stoïque, incapable de résister ni même de respirer. Mes yeux se perdent alors sur les mains de mon éphèbe qui se rapprochent dangereusement de mon corps. Son mouvement lent est assuré, il sait parfaitement ce qu'il est en train de faire. Je ne peux pas dévier mon regard de ses mains, et pire j'attends fébrilement de savoir où il va les poser et ainsi découvrir où le prochain cataclysme va se déclencher en moi. Je le laisse prendre les commandes de ce rapprochement, je suis de toute façon incapable de rassembler des pensées cohérentes dans mon esprit. Les frissons et l'excitation qui déferlent comme un torrent dans chaque parcelle de mon corps m'emportent dans une autre dimension. Je ne sais pas si je dois fermer les yeux et l'autoriser à continuer, à me toucher ou bien si je dois me reprendre et le repousser. Mais en suis-je réellement capable ? A cet instant, rien n'est moins sûr.

Ses grandes mains viriles finissent par atteindre la paroi de l'ascenseur, là où les boutons sont alignés, à peine à quelques centimètres de mon bras droit. Il plaque sa paume gauche à proximité des numéros d'étage et je suis si proche de lui que ses doigts effleurent mon bras sous le tissu de ma robe. Mon regard, qui n'a pas quitté sa main gauche, est littéralement obnubilé par ses lentes caresses qui commencent à descendre le long de mon bras pour atteindre ma hanche. L'effleurement est si subtil qu'on pourrait croire qu'il n'a jamais existé mais ma peau brûlante sous son insoutenable étreinte ne ment pas. Mes tremblements, non pas de peur mais d'excitation, redoublent d'intensité et je commence à redouter la suite des événements car je sais que je serai incapable d'agir de manière sensée et raisonnée. Je n'ai ni le contrôle de la situation, ni le contrôle de mon corps et une explosion de sensation m'envahit lorsque ses doigts habiles remontent lentement pour retrouver mon bras. Heureusement que le tissu soyeux de ma robe recouvre les zones qu'il a langoureusement frôlées car je suis persuadée que je n'aurais pas eu la force de tenir sur mes jambes s'il avait caressé ma peau nue. Un éclair de lucidité me traverse lorsque je réalise que ma respiration haletante fait écho à la sienne. Lui aussi est troublé, je ne suis pas seule à vivre ce moment suspendu.

Je suis maintenant prise d'une irrépressible envie de lire son regard. Je veux voir ce qu'il ressent, je veux comprendre les sensations qui l'habitent, je ne veux pas être la seule passagère de ce voyage vers l'inconnu. Mes yeux quittent alors ses mains expérimentées pour se perdre à nouveau dans ses prunelles. Découvrir ses pupilles dilatées qui me dévorent silencieusement me frappe instantanément. J'y lis tellement de désir, de feu et de passion que l'intensité de notre échange redouble alors à nouveau. Je décèle tout de même une pointe de panique qui fait petit à petit son apparition et je ne sais pas si c'est parce que je réagis trop fort, trop vite à son petit jeu ou si c'est parce que son propre corps le trahi pour rejoindre le mien dans ce lieu inconnu que seuls eux peuvent connaitre. Le voir qui me détaille si intensément et avec une si grande convoitise fait naitre une bouffée de chaleur dans mon corps et je n'ai qu'une seule crainte, que cette parenthèse si enivrante prenne fin. Ses doigts rugueux frôlent maintenant mes avant-bras que ma robe ne couvre pas et ma peau pétille d'emblée sous ce toucher. Lorsque Mr Archer découvre les frissons exquis qui naissent sous ses mains, il ne peut empêcher son corps de prendre une longue inspiration et mes yeux se ferment doucement pour apprécier toutes ces nouvelles sensations. Me voyant perdre peu à peu pied, il brise à nouveau la faible distance qui nous séparait et nos corps ne sont alors plus séparés que par quelques infimes millimètres. Son parfum suave m'enivre et je crois sincèrement que je n'ai plus besoin d'oxygène. Je veux seulement respirer cette odeur masculine si singulière encore et encore. Tous mes sens sont en alerte et je ne sais plus sur quoi me focaliser. Je ressens tellement tout et trop fort que je commence à planer et à me détacher de mon corps. Un gémissement sourd s'échappant silencieusement de ses lèvres me ramène au cœur de cette étreinte unique. Nos torses ne se touchent pas, seule sa main dessine encore une fresque de frissons sur mon bras. Lorsqu'elle descend une nouvelle fois le long de mon flanc et qu'elle effleure ma hanche d'une manière encore plus sensuelle que la première fois, je crois défaillir et je suis absolument incapable de rouvrir les yeux, de peur que cette tornade de sensations qui m'engloutit ne se termine. La tension dans mon corps atteint son apogée au moment où je sens la tête de mon tortionnaire se décaler imperceptiblement vers la gauche et se pencher légèrement pour effleurer mon oreille de son souffle. Mon ventre se contracte alors plus fort, mon cœur manque de défaillir et je ne parviens presque plus à respirer. Mes yeux toujours fermés, je ne peux que ressentir encore plus profondément ces sensations qui me consument. Je perçois son souffle chaud et saccadé qui caresse maintenant ma joue puis mon cou et je tourne aisément la tête vers la gauche afin d'en recevoir toujours plus.

Les doigts de mon boss remontent lentement vers les boutons de l'ascenseur et la chaleur qui habitait mon corps depuis le début de notre échange s'échappe tout à coup. Lorsque l'ascenseur se met en marche, je réalise qu'il avait bloqué la machine afin de profiter au maximum de ce moment suspendu. Les portes s'ouvrent quand le bip retentit tel un gong dans cette petite cabine, seul témoin de cette fusion effrayante qui est née en quelques millièmes de secondes et qui résonne encore partout en moi. Ces mains qui ont quitté mon corps, son souffle qui s'éloigne de moi, la distance entre nous qui grandit comme un gouffre et qui engloutit toute l'intensité de ce moment... chacun de ses mouvements me fait revenir sur terre et il ne reste que les battements impétueux de mon cœur qui se mêlent à ma respiration déchainée. Je me force à ouvrir les yeux et mon regard se pose sur cet homme qui m'a fait ressentir mille sensations sans m'avoir réellement touchée. Seuls ses doigts se sont à peine baladés sur une infime partie de mon corps et il a réussi à allumer un feu ardent qui dévore chaque parcelle de ma chair. Je me mords la lèvre inférieure et baisse doucement les yeux, mes joues devenant rouges écarlates sans que je ne puisse les en empêcher. Je réalise à ce moment tout ce qui vient de se passer et j'ai subitement honte de m'être laissée aller si vite et si loin. Les portes de l'ascenseur sont prêtes à se refermer quand je réussis à sortir de ce brouillard qui a anesthésié ma raison. Je me redresse vivement, tout en évitant son regard et me décale vers la gauche afin de me défaire de son emprise invisible. Je sens les yeux brûlants de mon patron qui ne me lâchent pas et lorsque je le dépasse, je l'entends pousser un râle rauque et sourd. Je ne comprends pas tout de suite ce qui lui prend mais au moment où ses doigts se posent avec délicatesse sur la dentelle de mon dos, une décharge électrique me traverse et je manque de replonger. Je réussis à rassembler toute ma volonté pour m'extraire de cette douce caresse. La perception de ses doigts sur ma peau me manque immédiatement et je me retiens de me retourner et de replonger dans ce torrent de sensations grisantes. Je sors de la cabine avec hâte et dès que je me suis suffisamment éloignée de Mr Archer, mes neurones se reconnectent avec la réalité et guident mes pas vers mon bureau. Mon cœur semble prêt à s'échapper de ma poitrine et mes jambes flageolent si fort que je manque de trébucher à plusieurs reprises. Je referme vivement ma porte, m'adosse lourdement au chambranle et me prends la tête entre les mains.

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