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12

                    

Alors que les minutes s'égrainent et que je commence à me noyer dans la vase pétrifiante de mes pensées, ma porte s'ouvre et je découvre Gabriel, essoufflé, qui s'avance rapidement vers moi : 

-Ouf, tu es encore là ! J'avais peur d'être en retard, me dit-il tout en se penchant pour déposer un doux baiser sur mon front. 

-Le kiné doit arriver dans dix minutes. 

Je lui réponds d'une voix blanche qui capte immédiatement son attention. 

-Qu'est-ce qui se passe Candice ? 

Je hausse les épaules pour toute réponse. Depuis mon accident, j'ai décidé de ne plus faire semblant. Je n'ai pas envie de lui répondre que tout va bien parce que c'est faux. Tout ne va pas bien. Je n'arrête pas de penser à Ethan. Même s'il est déchiqueté, mon cœur crée toujours des battements supplémentaires qui lui sont destinés, à lui seul. Sauf que dorénavant, chacun de ces battements s'est transformé en coups de poignard qui manquent de me tuer. La rancœur, l'incompréhension et le manque sont beaucoup trop violents pour que je puisse les gérer. Ces dernières semaines, je me suis surtout focalisée sur mes parents mais aujourd'hui, je n'y arrive plus. Ethan est partout et je ne le veux nulle part. Et dès que j'essaie de prononcer son prénom, c'est comme si quelqu'un plongeait sa main dans ma poitrine pour planter férocement ses griffes dans ma chair. 

-Tout va bien se passer Candice, murmure Gabriel à mes côtés. 

-Il parait, c'est ce que tout le monde dit. 

-Candice, regarde-moi s'il te plait. (Je lève les yeux pour affronter son visage soucieux.) C'est quoi le vrai problème ? 

J'inspire fortement et j'essaie de le lui dire. J'essaie vraiment. Je veux faire sortir tout ce poison qui me torture mais je n'y parviens pas. Les mots restent coincés dans ma gorge, formant une boule aux pointes aiguisées qui m'empêche de créer le moindre son. Impuissant, Gabriel pose sa paume chaude sur mon bras gelé pour tenter de m'aider.

-C'est lui, c'est ça ? Il t'a recontactée ? 

A peine a-t-il terminé sa phrase que je tressaille de terreur. Cette idée m'est tout simplement insupportable car je ne sais absolument pas ce qu'il resterait de moi si c'était le cas. Je me bats avec tellement d'ardeur pour rester à flot et retrouver les plaisirs simples de la vie que je sais que la moindre tempête pourrait me faire retrouver le goût du désespoir. Je secoue vivement la tête de gauche à droite. L'espace d'une seconde, mon ami semble soulagé. Il n'a pourtant aucune idée de ce qu'il s'est passé entre Ethan et moi puisque je n'ai jamais rien raconté à personne mais il doit sûrement se baser sur l'effroi qui me submerge à chaque fois que quelqu'un l'évoque pour comprendre qu'il a maintenant déserté mes rêves pour rejoindre mes cauchemars. 

-Tu sais que ma prop... 

Gabriel n'a pas le temps de terminer sa phrase que le kinésithérapeute pénètre dans ma chambre et me lance, d'une voix chantante : 

-Bonjour mademoiselle Dumin ! J'espère que vous êtes en pleine forme car vous allez faire des miracles aujourd'hui, croyez-moi ! 

Même si je suis mortifiée de la tête aux pieds, je ne peux pas m'empêcher de sourire. Le kiné, accompagné d'un infirmier, m'installe sur un fauteuil roulant puis nous nous dirigeons vers la salle réservée à la rééducation, Gabriel me couvant du regard tout en me suivant de près. Ce n'est pas la première fois que je viens ici mais les exercices précédents étaient concentrés sur la motricité du haut de mon buste. J'ai déjà passé des heures à observer en détails cette grande pièce aux murs blancs, les étagères pleines de ballons, de poids et de cerceaux ainsi que les machines métalliques destinées à muscler chaque partie du corps des malades. Mais aujourd'hui, tout est noyé dans une brume grisâtre dans laquelle mon regard ne distingue que les deux barres parallèles qui me font face. Je sais que je vais devoir m'y accrocher de toutes mes forces et que mes pieds vont essayer de parcourir les trois mètres qui m'attendent. Je déglutis difficilement, ayant beaucoup trop peur de ne jamais réussir à me relever de cet accident qui a changé ma vie à tout jamais. 

            

              

                    

Gabriel se poste à ma droite et pose doucement sa main sur la mienne, ses doigts se nouant chaleureusement aux miens. 

-Fais-toi confiance Candice. Tu es bien plus forte que ce que tu crois.

Je serre ses doigts avec un peu trop de fermeté pour réussir à cacher l'angoisse qui me ronge mais il ne dit rien. Lorsque je me sens finalement prête, je tourne mon visage vers le kiné et je lui fais un petit signe. Rapidement, il m'aide à me lever et m'installe sur un siège allongé. Il masse alors mes jambes pour réveiller mes muscles et me fait travailler. Le moindre mouvement qu'il me fait faire fait renaitre des sensations enfouies si loin que j'ai presque envie de pleurer de joie. Après avoir passé un long moment à préparer mon corps, les deux hommes en blouse blanche me déplacent jusqu'à me poster entre les deux barres parallèles et je respire un grand coup. Mes doigts s'agrippent instantanément au bois foncé et mes yeux ne peuvent plus quitter mes jointures blanchies et mes bras crispés qui supportent fébrilement tout le poids de mon corps. Je n'ose pas bouger, j'ai bien trop peur de m'étaler lamentablement au sol. 

Plusieurs dizaines de secondes s'écoulent pendant lesquelles il ne se passe absolument rien. Un silence de plomb règne dans cette pièce d'habitude témoin de toute la détermination qui habite les malades. Le cœur brûlant, je repense à tout ce que j'ai vécu ces derniers mois. Les souvenirs affluent à la vitesse de la lumière et je ne les maitrise plus. Je me revois fébrile puis exaltée. Je me revois amoureuse puis en proie au doute. Je me revois confiante puis abattue. Et je me vois aujourd'hui, à me battre pour me relever, le corps gonflé d'une détermination si puissante que tout à coup, je décolle mon pied droit du sol pour le poser quelques millimètres plus loin. Et je recommence avec mon autre pied. Mes yeux sont figés sur les pas que je réussis à faire, à tel point que je suis littéralement transcendée par les miracles que je suis en train d'observer ! Après avoir enchainé six pas, je relève la tête pour souffler quelques instants et mes prunelles se perdent à travers la baie vitrée qui me fait face. 

Le ciel est toujours aussi idyllique que ce matin, le soleil brille toujours de ses plus beaux rayons et le parc a des airs de jardin d'éden aujourd'hui. Si je me laisse aller, je suis sûre que je pourrais entendre le chant joyeux des oiseaux et le petit sifflement de la brise qui fait voleter les feuilles dans les arbres. L'avenir qui se dresse devant moi est étincelant de simplicité et c'est tout ce dont j'ai besoin. Même si cela s'est fait dans la douleur, je me suis affranchie de toutes les chaines qui me maintenaient la tête sous l'eau et aujourd'hui, ma nouvelle vie commence. Alors j'avance à nouveau, je fais quelques pas supplémentaires pour tendre la main vers ce bonheur qui me fait face et je souris. Parce que je me suis finalement relevée. Parce que j'ai finalement réussi. Et surtout, parce que je me sens enfin légère.  

Je ne veux plus me faire du mal, je veux seulement apprécier tous les petits bonheurs qui m'attendent. J'ai compris que je ne pourrai jamais me conformer aux attentes de mes parents tout simplement parce qu'elles sont inatteignables. Ils vivent dans la rancœur du passé mais moi, j'ai désormais choisi de vivre dans l'incertitude du présent. Alors même si ça fait un mal de chien, même si je n'ai plus de parents, c'est mieux ainsi. Vous n'imaginez pas à quel point je me sens soulagée depuis que ce poids s'est envolé ! Je ne dois plus me calquer sur les attentes de mon entourage, je peux désormais exprimer mes propres envies. Et des envies, j'en ai à revendre ! 

Je veux marcher pieds nus dans le sable. Je veux faire un marathon de junk food jusqu'à en être malade. Je veux continuer à écrire tout et n'importe quoi dans mon petit carnet. Je veux partir sur un coup de tête à l'aéroport et acheter un billet pour le prochain vol, peu importe la destination. Je veux faire une bataille de boules de neige avec Cassiopée puis me réchauffer autour d'un chocolat chaud. Je veux m'enfermer pendant une semaine chez moi et lire des centaines de livres. Je veux boire à en être ivre. Je veux sortir, danser, rire et chanter. Je veux vivre tout simplement. 

            

              

                    

Quand j'atteins l'extrémité des barres parallèles, Gabriel se lève en même temps que mon kiné et ils me rejoignent en me félicitant à tue-tête. Mon ami passe son bras gauche autour de mes épaules pour ramener ma tête contre son torse et je l'entends me chuchoter à quel point il est fier de moi. Et pour la toute première fois de ma vie, je m'entends lui répondre que moi aussi, je suis fière de moi. A la fin de cette journée chargée en émotions, je n'ai plus qu'une seule envie : me lever et marcher à nouveau. Mes jambes frétillent et mes pieds me démangent de toucher le sol encore et encore. Cependant, le kinésithérapeute m'a bien expliqué que je ne dois pas trop forcer pour ce premier jour. Lorsque la nuit est tombée, je m'endors avec un petit sourire greffé au visage et des rêves d'évasion plein la tête. 

Au petit matin, mon corps courbaturé me rappelle mes exploits de la veille. Je refais connaissance avec tous les muscles que j'ai laissé endormis pendant des mois, ravie qu'ils se rappellent à mon bon souvenir dans de telles circonstances. Une infirmière m'apporte un plateau repas sur lequel une tasse de thé fumante, deux tartines et un yaourt se pavanent. Mais bizarrement, ce matin ils ne me dégoûtent pas. Je n'ai pas forcément très envie de manger mais quand je croque dans une tartine beurrée, la saveur que je redécouvre ne me dérange pas. Alors je continue parce que j'ai compris que je dois impérativement me remplumer. Quand j'ai avalé la moitié de mon festin, j'attrape mon petit carnet pour ne pas focaliser mon attention sur le poids qui leste mon estomac et je commence à gribouiller tout ce qui me passe par la tête. 

Je marche. Je marche ! Je n'ai qu'une hâte, c'est de recommencer. Même si c'était éprouvant, je crois que je pourrais passer mes journées entières dans cette salle à enchainer les pas. C'est dingue, j'avais tellement peur de ne pas y arriver mais hier j'ai réalisé que la faiblesse était derrière moi. Je ne suis plus la même, c'est certain. Les seuls reliquats de ma vie passée sont mes amis précieux qui me soutiennent au quotidien et je n'en demande pas plus.

La plume de mon stylo tremble et je peine à déglutir. Mais mon esprit est trop tourmenté pour me laisser m'arrêter là. 

Je pense tellement à lui. A vrai dire, je pense tout le temps à lui. Il est présent dans tous les gestes que je fais chaque jour, dans toutes mes inspirations et dans chacune de mes expirations. Mais j'ai tellement mal de penser à lui ! Ce jour là, j'ai tout perdu. Avec le recul, je crois que j'aurais pu supporter l'abandon de mes parents s'il avait été avec moi. Mais c'est sa trahison qui m'a finalement détruite. Quand j'ai compris qu'il n'avait aucune considération pour moi, je crois que j'ai arrêté de m'accrocher de toutes mes forces pour rester à flot et je me suis laissée couler. 

J'avais confiance en lui. Il aurait pu me demander n'importe quoi, je l'aurais suivi aveuglément. Pendant les quelques mois où je l'ai côtoyé, je l'ai aimé passionnément, profondément, inconditionnellement. J'ai tout accepté parce que peu importe celui qu'il était, j'étais sienne. J'ai aimé chacun de ses baisers, chacune de ses caresses mais elles se sont transformées en souvenirs empoisonnés quand il a décidé de jouer avec moi. Aujourd'hui, je ne sais plus ce qui était sincère entre nous. Je ne sais plus s'il ne voyait qu'à travers mes yeux ou s'il continuait à enlacer sa femme tous les soirs dans leur lit en espérant lui avoir fait un enfant. Cette incertitude est sournoise, elle voudrait me tirer à nouveau au plus profond du gouffre duquel je tente de toutes mes forces de m'éloigner. Alors je dois l'oublier et tourner définitivement la page. Il le faut, même si cette simple idée me tue à petit feu. 

Quelques larmes s'écrasent sur les feuilles blanches que je tiens entre mes mains, dissolvant ainsi l'encre de mes mots dans la douleur profonde qui m'habite toujours. Elles sont la preuve indiscutable que je dois me libérer de cette histoire et lorsque ma prose devient partiellement illisible, elles scellent ma promesse d'oubli. Quelques heures plus tard, lorsque ma psychologue me demande ce qui me trotte dans la tête, je finis par lui parler d'Ethan pour la toute première fois. Cette séance s'avère rapidement être la plus éprouvante que je me suis jamais imposée mais je continue à exorciser mes souvenirs dans l'espoir que peut-être, ils quitteront mes cauchemars. Faustine me fait prendre conscience du problème de confiance et de manque de communication qui a bousillé notre histoire. Je réalise que si nous avions été plus honnêtes l'un envers l'autre, les choses se seraient passées différemment. Mais cela n'enlève en rien l'horreur de sa trahison. 

            

              

                    

La journée se passe dans un brouillard cotonneux qui m'empêche de me raccrocher au soleil qui brille encore intensément dehors. Maintenant que j'ai réveillé mes souvenirs, ils me bombardent constamment, ne m'accordant aucun répit. Je me rappelle de la chaleur de ses bras et de la douceur de ses mains rêches. Je me rappelle de l'adoration que je lisais dans ses yeux quand il me regardait comme si plus rien n'existait autour de nous. Je me rappelle du goût de ses lèvres charnues et de l'odeur de sa peau après que nous ayons fait l'amour. Je me rappelle de mon cœur impétueux qui ne prenait vie qu'en sa présence. Mais je me rappelle aussi de la culpabilité qui a entaché son regard quand je le suppliais silencieusement de me sauver. Alors je continue d'essayer de l'oublier coûte que coûte et d'ignorer mon cœur ensanglanté qui ne s'en remettra sans doute jamais vraiment. 

La seule lumière que je parviens à trouver dans cette journée morose est celle que je crée en mettant mes pieds l'un devant l'autre. Cassiopée et Maxime me font la surprise de me rendre visite et assistent à mon marathon avec une sublime lueur de fierté dans les yeux. Quand le kiné a fini de me faire travailler, il s'éloigne un instant puis finit par revenir avec des béquilles en main :

-Étant donné les progrès incroyables que vous faites, je vous autorise à marcher avec des béquilles. Attention Candice, n'en abusez pas. Je vous conseille de les utiliser seulement de temps en temps dans la journée pour ne pas trop vous fatiguer. 

Un sourire éclatant illumine mon visage quand je tends les mains vers mes deux nouveaux compagnons de route. 

-Une dernière chose Candice. Je voulais vous prévenir pour que je vais bientôt donner mon accord pour que vous puissiez quitter le centre et rentrer enfin chez vous. 

Cette nouvelle me coupe littéralement la respiration. Je n'arrive pas à déterminer si je peux m'en réjouir étant trop partagée entre la peur de quitter ce cocon et l'excitation de retrouver mon indépendance. Après cette séance plus que réussie, Maxime nous propose d'aller nous asseoir sur un banc dans le parc qui borde la résidence. J'acquiesce avec un tel enthousiasme que les deux loustiques qui m'accompagnent se moquent de moi pendant une bonne dizaine de minutes. Nous atteignons tranquillement un petit banc au soleil. Mes bras sont crispés sur les béquilles que je tiens fermement et mes pas ne sont pas encore franchement assurés mais je suis tout de même fière de parvenir à me déplacer seule. Nous prenons place et rapidement, mon cœur tourmenté se réchauffe grâce à la présence de mes amis. Autour de nous règne une douce odeur estivale, mêlant le parfum des fleurs, l'onctuosité de l'air et le charme du soleil qui tiédie ma peau. Je suis bien, tout simplement. 

Alors que Cass vient de vider l'intégralité du contenu de son sac devant mes yeux incrédules, Gabriel et Aurore, sa petite-amie, nous rejoignent.

-Mais qu'est ce que c'est que ce bazar ? s'exclame Gab en riant. 

Pas gênée pour un sou, Cass se contente de lui tendre une tranche de brioche sur laquelle elle a étalé du chocolat alors qu'elle tient un verre de jus d'orange dans l'autre main. 

-T'en veux ? 

Mon ami secoue la tête avec un grand sourire avant de se pencher pour m'embrasser les joues. Quand il se décale, Aurore m'enlace à son tour pour prendre de mes nouvelles. Nous papotons quelques instants puis elle s'installe à mes côtés. Les rayons du soleil caressent subtilement ses cheveux bruns et lisses tandis qu'ils font naitre de sublimes éclats bleu ciel dans ses yeux magnifiques. Cette fille respire la douceur et la gentillesse, elle est parfaite pour Gabriel. 

Nous restons un moment ici, à profiter tous les cinq d'un après-midi improvisé entre amis. Cass continue de s'empiffrer de toutes sortes de cochonneries qu'elle a apportées dans le but de me faire avaler innocemment quelque chose et je finis par me forcer à croquer dans une de ses tartines pour lui faire plaisir. Le sourire étincelant qui nait sur ses lèvres trouve son reflet sur le visage des mes trois autres amis. J'en profite pour leur faire part de la nouvelle que m'a annoncée le kiné un peu plus tôt dans l'après-midi et leur confier toute mon appréhension. 

-Putain mais c'est génial Candice ! s'extasie Cassiopée.

-Je suis vraiment heureux que tu puisses enfin reprendre une vie normale, me gratifie Maxime. Tu verras, je suis sûr que tu vas vite retrouver tes repères dans ton appartement. 

Je me fige, totalement électrisée par les derniers mots que je viens d'entendre. 

-Quoi ? Non ! Non c'est... hors de question que je retourne là-bas.

Ma voix tremble autant que mes mains. Je ne peux pas y retourner, c'est impossible. Le moindre centimètre carré est sali par des souvenirs d'Ethan et moi, vivant un amour insouciant que je croyais indestructible. Je ne peux pas endurer de nouveau ce calvaire, c'est au dessus de mes forces. 

-Tu veux déménager ? Mais pour aller où ? m'interroge Cass. 

-J'en sais rien.... Loin... très loin d'ici. 

Mon murmure statufie mes amis si bien que seul le chant des oiseaux dont les petites pattes crochues prennent appui sur les branches brise le silence qui vient de s'installer. A ma droite, je distingue Aurore qui se tourne vers Gabriel pour le questionner du regard. Ce dernier hoche la tête puis se racle maladroitement la gorge. 

-Euh Candice ? On... avec Aurore on y avait un peu pensé tu sais. Je t'avais prévenue que pour les vacances, je pars deux mois à Londres avec elle. Et bien... Elle... 

-J'ai appelé quelques amies, continue-t-elle, et l'une d'entre elles cherche une coloc en ce moment. Si tu veux, tu peux la contacter pour voir si... 

-D'accord ! 

Je ne la laisse pas terminer sa phrase que je crie déjà ma réponse. Je veux partir. Je veux vraiment me reconstruire et ce n'est pas en restant ici que j'y parviendrai. Je ferme brièvement les yeux et je suis tout à coup en accord avec moi-même. J'ai besoin de partir pour me retrouver. Je sens les doigts de ma meilleure amie s'entremêler aux miens et je rouvre les paupières pour découvrir un éclair de tristesse traverser ses beaux yeux. Nous restons un instant ainsi, à nous parler silencieusement. Elle me dit « je ne veux pas te perdre à nouveau » et je lui réponds « je ne peux pas faire autrement, comprends-moi ».

            

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