
Résumé
BECCA ÉTAIT ARRIVÉE chez moi vers midi, alors que je faisais mes devoirs, tranquillement. Elle était le genre de personne à débarquer chez quelqu'un n'importe quand, sans prévenir. Mon père n'aimait pas vraiment ça, et il ne se gênait pas pour s'en plaindre, lorsqu'elle nous quittait pour rentrer chez elle. En bref, elle était entrée dans ma chambre, sans même frapper - comme à son habitude. Puis, elle m'avait retiré mes écouteurs de force. J'avais donc arrêter mon lecteur MP3, pour me concentrer sur mon amie. À chaque fois que je la voyais, sa beauté me frappait de plein fouet. Elle était mince, ainsi que d'une grandeur alléchante. Ses yeux étaient bien ronds, d'un vert enviant et une ligne parfaitement bien dessinée rodait sur chacune de ses paupières. C'était sans parler de ses boucles châtaines qui mettaient son visage en valeur. Cette fille était vraiment belle et il était impossible de le nier. « Salut, Becca. Quelle est la raison de ta visite si... imprévue? » dis-je en la regardant, exaspérée. « J'en connais une qui s'est levée du pied gauche, ce matin. » Elle se laissa tomber sur mon lit et sortir son paquet de cigarette. Elle en prit une, au hasard, et ouvrit son briquet. « C'est d'ailleurs celui que tu risques d'avoir dans la figure, si tu fumes cette clope dans ma chambre. » Elle roula des yeux, avant de remettre la clope dans le paquet. Je n'aimais pas qu'elle fume. À chaque fois que je la voyais fumer une clope, je me retenais de ne pas la lui arracher. À chaque cigarette qu'elle prenait, elle perdait des minutes de vie importantes. Becca pouvait facilement gâché sa beauté en fumant. J'avais déjà essayé de la faire arrêter, mais ça n'avait pas vraiment marché. À vrai dire, ça s'était vraiment mal terminée pour nous deux. À la limite, nous nous étions battus parce que je ne voulais pas lui rendre son paquet de cigarette. « Tu sais, tu devrais essayer, un jour. » rétorqua Becca en pointant son paquet de cigarette. Je grimaçai. Je n'avais aucunement le goût et l'intention d'essayer. « Ma mère a déjà développé un cancer. Crois-moi, je compte bien m'épargner ça. » Ma mère avait véritablement eu un cancer. Un cancer de je ne sais quoi dont la seule tumeur n'était pas énorme, mais qui avait été suffisamment horrible pour notre petite famille. Après avoir vu ma mère en souffrir pendant des mois, je m'étais promis de ne jamais rien faire pour augmenter mes chances de développer un cancer. Ça aurait été injuste vis à vis de ma mère. Becca appuya sa tête contre mon oreiller, comme à son habitude. Mon chat, Pritt, sauta sur le lit pour renifler la nouvelle venue. Celle-ci l'aperçu aussitôt. Elle le repoussa, nonchalante. Pritt tomba en bas du lit. J'accourus aussitôt à sa rescousse et le pris dans mes bras, le protégeant des bêtises de mon amie. Je lançai un regard noir à Becca. « As-tu fait le devoir d'histoire sur la révolution française? » me demanda-t-elle en ignorant mon regard noir. « Non, pas encore. Je prévoyais le faire, mais quelqu'un est entré chez moi et m'a arraché mes écouteurs » Becca me fit un petit sourire arrogant qui ne voulait dire qu'une seule chose: elle en était fière. C'était comme ça entre Becca et mol: nous avions une amitié tendue et agressive. Ça nous plaisait bien, à toute les deux. Enfin, c'était ce que nous prétendions. Nous étions toutes les deux du genre anti-sociales, et nous aurions bien voulu le rester, mais la réputation et les binômes étaient importants au secondaire. Alors, nous avions convenu que notre amitié ne durerait que le temps de ces cinq années scolaires. Plus que quelques mois et cette amitié prendrait fin. Certes, nous pourrions garder contact après l'école secondaire, mais ... Mais il y avait un mais. « Bon, eh bien, tu te rappelles des cahiers de Doléances dont M.Cree a parlé au dernier cours? Les cahiers qui permettaient aux Français de libérer leur frustration contre le système. » demanda Becca en s'asseyant sur mon lit. « Oui, je m'en rappelle. Où veux-tu en venir? » Je m'assis à mon tour sur le lit, en reposant soigneusement Pritt au sol. « On pourrait en faire un, nous aussi. Mais plutôt du style liste noire. » Je souris. Cette idée était si excitante en ce dimanche midi. Écrire une sorte de liste noire, c'était géniale. Becca sourit malicieusement à son tour et sortit quelques feuilles lignées du tiroir de ma table de chevet. « Comment penses-tu l'organiser? » lui demandai-je. « On pourrait marquer les noms de tout les élèves que nous connaissons et les classer par un code de couleur. Le vert, ça pourrait signifier que c'est une bonne personne ... » « Le jaune c'est pour une personne que nous trouvons "entre les deux"' et le rouge ... Pour quelqu'un que nous haïssons. » la coupai-je, un sourire illuminant mon visage. Elle hocha frénétiquement la tête. Je courus jusqu'au rez-de-chaussez pour dénicher quelques marqueurs. Puis, avec mes trouvailles, je retournai à l'étage sous le regard inquisiteur de mon père qui dînait en compagnie de ma mère. Celle-ci avait les cheveux plus courts qu'à l'habitude. Elle sortait probablement de chez le coiffeur. Ces quatre dernières années, celles qui avaient suivit la guérison de son cancer, ses cheveux n'avaient jamais dépassé ses épaules. Quand elle avait commencé sa chimiothérapie, ses cheveux tombaient par différentes touffes. Mais elle n'en avait jamais eu honte. Ça devait être une sorte de symbole pour elle. Lorsque j'entrai dans ma chambre, je découvris que Becca avait déjà fini d'écrire la liste de noms. Il ne manquait plus que les couleurs. « Alors, on commence, Lucy? » me demanda-t-elle en levant la tête pour me regarder. J'hochai la tête et la rejoins sur le lit. Je lui tendis les crayons, qu'elle prit rapidement. « Le premier sur la liste est ... Brandon Adams. » me dit-elle. L'image de ce-dernier me vint à l'esprit. Ce grand brun ne m'avait jamais adressé la parole. Si bien que je n'avais rien à dire à son sujet. À vrai dire, il m'avait l'air d'être un type bien. « Vert. » Elle coloria son nom en vert. « Mary Ann Aberline. » commença-t-elle. « Rouge. Cette fille a brisé le cœur de mon cousin, il y a deux ans. » « D'accord. Qui est le prochain? » Elle jeta un coup d'œil à la liste de nom, après avoir reposé le marqueur rouge. « Manon Leblanc, la française. Celle de l'échange étudiant. » Cette fille n'était pas super, ni le contraire. Parfois elle me tapait sur les nerfs avec sa démarche hautaine et sa tignasse rousse. Son accent était si mélodieux que tous les garçons étaient à ses pieds. « Jaune. » Elle s'exécuta en hochant faiblement la tête. Nous étions plutôt d'accord sur tout les noms. C'était une bonne chose. Nous continuâmes ainsi pendant une bonne heure, à énumérer des noms et à les classer. Il y avait peu de personne dont le nom était en vert, mais cette liste était inoffensive de toute manière. C'était simplement pour se divertir un peu. Comment une liste pourrait-elle nous faire du tort? Une fois la liste fini, nous signâmes nos noms, satisfaites de cet après-midi. « Bon, je dois y aller. T'as un devoir d'histoire à faire, il me semble. Tu vas me faire une photocopie de la liste. ? » m'annonça Becca et sortant hors de mon lit. « Bien sur. Je te la donnerai demain. Bye. » Elle me salua à son tour et quitta la pièce en faisant claquer ses talons hauts. Aussitôt qu'elle fût parti, je remis mes écouteurs dans mes oreilles et m'assis sur mon sofa. Je pris la liste et la relue tout en caressant Pritt. Brandon Adams [vert] Mary Ann Aberline [rouge] Manon Leblanc [jaune] Luke Cooper [jaunel Allen Logan [rougel Abigail Chatterton [rouge] Ivy Kent [vert] Jade Dalton [jaune] Jacob Conley [rouge] Finn Maxwell [jaune] Emily Ann Hamilton [rouge] Frederick Bauer [rouge] Avery Grace Bradford [vert] Isaac Belvedere [rouge] Janet Allister [jaune] Kiara Richards [vert] Oprah Gordon [jaune] Parker Green [rouge] Kate Hill [jaune] Charlotte Austen [rouge] « Tout va bien, Lucy? » Je sursautai, faisant fuir Pritt. Mon père se tenait dans l'embrasure de la porte. Ne lui avait-on jamais dit qu'il valait mieux frapper avant d'entrer? Cette habitude qu'il avait de débarquer à l'improviste dans ma chambre, c'était presque autant désagréable que le bébé intrusive de Becca. Je reposai la liste en me disant que je pourrais poursuivre ma lecture plus tard. « Ouais. Tout est... Ok. » lui répondis-je. « Bon, dans ce cas. Ça te dirait d'écouter un film avec ta mère et moi? » J'hochai la tête et me levai. Mes parents étaient des grands amateurs de cinéma. Au moins deux ou trois fois par semaine, ils me proposaient d'écouter un film avec eux. Je commençais à me lasser de voir tout ces films à la con, mais comment leur dire non? Je suivis mon père jusqu'au rez-de-chaussez, oubliant ce fichu devoir d'histoire. En descendant les escaliers, je repensais à cette liste noire que nous avions écrite. C'était enfantin, voire ridicule. Nous avions passé l'après-midi à écrire une stupide liste simplement pour le plaisir de juger les gens. C'était bien inutile. _____________________________________________ Lucy croyait écrire une simple liste noire. Et puis, une personne mit la main sur cette liste. C'est là que les choses ont dérapé. Après tout, les listes noires peuvent cacher bien des choses. Et ces secrets peuvent vous coûter la vie.
#Chapitre1️⃣
Mon bus s'était garé devant l'école. Je pris soin de détaché mes cheveux fraîchement lavés avant de sortir à l'extérieur de cet horrible transport.
C'était l'une de ses chaudes journées de printemps auquel on avait droit à Montréal. J'en avais profité pour sortir ma paire de short aux motifs western et ma camisole noire.
J'avais également pris soin de porter mes lunettes de soleil.
Lorsque je posais le pied à l'extérieur, Becca vint m'aguicher.
Elle était habillé d'une manière semblable à la mienne, sauf que sur elle, j'aurais parié que c'était plus jolie. Comme toujours.
« Tu as la photocopie? » me demanda-t-elle sans prendre la peine de me saluer.
« Salut. Ouais, je vais bien. C'est gentil de demander. »
Elle roula des yeux et se mit en face de moi, me forçant ainsi à arrêter de marcher. Son regard était sérieux et insistant.
Je lâchai un soupir, puis je fis basculer mon sac sur mon épaule et l'ouvrit pour en ressortir une photocopie de la liste. Je lui donnai et un sourire s'afficha sur son visage en la prenant.
« Tu ne trouves pas ça excitant, Lucy? »
« Ouais, je trouve ça génial. Mais, que fait-on maintenant? Je veux dire, on a écrit la liste, mais... » lui répondis-je.
« Ce que tu peux être rabat-joie, des fois. » me gronda Becca.
Nous continuâmes de marcher jusqu'à l'entrée principale de notre école. Becca profita de cette foule abondante devant l'école pour sortir son paquet de cigarette de son sac à bandoulière.
Elle prit l'une des cigarette et l'alluma à l'aide d'un briquet.
« Mlle Rebecca Travis, fumer est interdit dans la zone scolaire. J'apprécierais que vous gardiez votre cigarette pour plus tard. »
Je me retournai, imitée de Becca et découvrit le directeur nous suivant de près. Mon amie le
toisa.
« Monsieur, je passe ma journée dans une zone scolaire, alors quand vais-je pouvoir fumer? » rétorqua-t-elle.
Becca était arrogante. Elle l'était avec tout le monde et elle semblait s'en ficher. Moi, ce n'était pas mon genre de m'adresser de la sorte à mes enseignants. Au contraire. J'étais la petite blonde amie de Becca. Une sorte de chien de poche. Mais personne ne me connaissait vraiment. Je n'accepterais jamais d'être le toutou de mon amie. J'étais égale à elle. Nous étions égales. Enfin, j'aimais bien me dire cela.
Plus que quelques mois.
« Alors arrêtez de fumer. » lui asséna M. Lee.
Je pouffai intérieurement. Becca, quant à elle, leva les yeux au ciel, puis jeta sa clope au sol avant de l'écraser avec sa bottine. Le directeur lui sourit, satisfait, puis nous contourna pour poursuivre son chemin. Becca s'assura qu'il était bien entrée dans l'école avant de murmurer:
« Sale con. »
« Il ne fait que son job, Becca. » lui rappelai-je.
Elle tapa du pied et me regarda. Je l'observai à mon tour. Elle avait opté pour une touche de eye-liner qui mettait en valeur ses beaux yeux verts. Mes yeux grisonnant ne rivalisaient même pas avec les siens.
« Tu sais que tu m'énerves, Lucy? »
« Ouais. » lui répondis-je, un sourire narquois sur les lèvres.
Elle me décrocha un léger coup de coude, auquel je répondis par une grimace. Ensemble, nous pénétrâmes dans l'école qui devenait de plus en plus bondé.
Les gens étaient réunis en cliques et discutaient entre eux. Comme à tout les lundis.
Becca aperçu Dan et se jeta sur lui. Dan Caius était son petit copain depuis maintenant trois semaines.
Au début, il ne s'agissait que d'un coup d'un soir, mais Dan était - comme la plupart des garçons dans cet école - tombé sous son charme. Becca s'engageait rarement dans une relation, mais pour une raison obscure, elle lui avait laissé une chance. Mais je n'étais jamais à l'aise en sa compagnie. Ce garçon m'ignorait complètement, même si j'étais la « meilleure amie » de sa copine. Alors, je faisais tout pour éviter d'être coincée entre ce couple. Dan avait été étiqueté vert sur la liste, malgré que j'aurais plus penché sur le jaune. Mais bon, Becca aurait pété un câble.
« Bon, on se voit en cours, Becca. » dis-je à son intention.
Elle se décolla de son amoureux et me regarda, inquiète.
« Mais où tu vas? »
« Mme Martins m'a proposé de m'aider avec mon devoir de science, alors je vais aller la voir.
« Logique. » commenta mon amie en s'appuyant sur son copain. « Dans ce cas, amuse-toi. »
Je lui tournai le dos en la saluant d'un vague geste de la main. J'étais plutôt douée pour mentir à ce sujet. Becca ne se doutait de rien. À chaque fois que je voyais Dan et Becca, ensemble, je faisais tout pour éviter leurs baisers publiques. En fait, j'inventais une banale excuse pour ne pas éveiller ses soupçons ou « blesser » ses sentiments. Je me rendais, ainsi, à la radio étudiante, là où je pouvais exploiter ma véritable passion: la musique. J'étais chargé de mettre la musique à la dernière mode durant toute la matinée, avant les cours. J'aimais bien mon poste. Parfois, j'osais même contredire les réglements et je mettais de la musique plus alternative ou rock. Et la semaine suivante, tout le monde écoutait cette chanson. Je lançais des modes musicales et ça me plaisait. Seulement, lorsque j'entrais dans le local où la radio étudiante résidait, il y eu un léger bémol. Un garçon était assis sur la chaise qui m'était destinée. Ma chaise. M'avait-on remplacé? Je m'avançais vers le garçon et le reconnu aussitôt.
Sa grande silhouette athlétique et ses cheveux en bataille d'un brun, paraissant parfois cuivré, et ses minuscules yeux bleus était reconnu de tous. Il s'agissait de Jacob Conley. Il avait été classé rouge sur la liste noire, si je me souviens bien. Et c'est moi qui en avait décidé ainsi. Cesalaud avait, il y a de cela un an, clairement dit haut et fort, dans le réfectoire: « Ne croyez jamais quelqu'un qui a un cancer. Il ne veut que la charité des gens ». Je me rappelle encore de ma réaction. J'avais échappé mon plateau au sol, salissant le plancher par mon macaroni au fromage. Je n'en revenais pas. Les gens atteint d'un cancer ne voulaient pas de pitié des autres.
Ils voulaient vivre normalement. J'en avais été témoin, lorsque ma mère en avait souffert.
Jacob ne savait pas de quoi il parlait, mais il devait certainement se souvenir de la crise que je lui avais fait, alors que tout le monde nous regardait. Ça avait surpris tout le monde que j'agisse de la sorte. Même Becca. Il fallait avouer que j'étais plutôt réservée et que je n'exprimais pas ma rage, je la gardais pour moi, dans une espèce de carapace.
« Euh, ça va bien? » me demanda Jacob en se tournant sur sa chaise, m'ayant remarqué.
Se souvenait-il de moi? Peut-être bien. On doit se rappeler de la fille qui vous a lancé le reste de son macaroni au visage. Je n'en doute pas.
« Pas vraiment. Tu es assis à ma place. Et je suis sensée être la seule personne autorisée à y entrer, le matin. » lui rétorquai-je en balançant mon sac d'école sur le plancher.
Jacob me dévisagea un instant. Quel con. Alors que j'allais lui répéter qu'il n'avait pas le droit d'être ici, Alicia entra dans la salle à toute vitesse.
Alicia était la fille la plus organisée que je connaissais. Elle s'occupait de la radio étudiante, elle aussi et c'était la gérante en quelques sortes. Je la respectais, malgré nos très brefs échanges.
« Bon, alors je t'explique, Lucy. J'ai embauché Jacob. Je savais que tu n'étais pas très à l'aise avec le fait de jouer l'animatrice, alors voilà à quoi Jacob va pouvoir servir. Tu mets la musique. Il anime. Ça te va? » m'expliqua-t-elle rapidement en prenant quelques dossiers installés sur une table.
« Euh... »
« Alors, c'est réglé! Bon, je dois vous laisser, j'ai une réunion avec Justine. »
Sur ce, elle quitta la pièce aussi vite qu'elle était entré. Je fixai Jacob sans trop savoir quoi dire.
On m'avait fichu un maudit animateur. Merde!
Le travail d'équipe ce n'était vraiment pas mon fort surtout s'il s'agissait de passer ma matinée avec ce... Type anti-personne-ayant-le-cancer.
Un humain sans pour autant assez d'humanité pour ne pas dire toutes sortes de bêtises.
Malgré tout, je m'installai sur la chaise voisine, devant un comptoir à la bonne hauteur où l'on y retrouvait de multiple boutons pour faire jouer des chansons.
À ma droite, se trouvait une énorme pile de CD qui était dans le Billboard. Je pris l'un des CD au hasard et tombai sur une chanson de The Pretty Reckless. Alors, que j'allais mettre le CD en marche, Jacob m'interrompit.
« Non, mais laisse. Je vais faire une petite animation et après tu mettras en marche la musique. Ça va plaire aux gens, crois-moi. » éructa-t-il d'une voix pâteuse.
« Écoute-moi bien, Conley. Ça fait cinq ans que j'occupe ce poste, alors ne viens pas me casser la tête avec tes petites manières débiles. Ici, c'est moi qui décide. »
Jacob - nouvellement baptisé Conley - n'argumenta pas, mais il soupira. Un long soupir qui voulait dire tant de choses. C'était décidé, les prochaines semaines seraient longues.
•• •
La cloche allait sonnée dans peu de temps.
J'entrais dans le local d'histoire et me dirigeai vers ma place habituelle. Je m'assis à mon bureau qui était situé aux côtés de Becca. Elle regardait son cellulaire sans avoir pris le temps de retirer ses lunettes de soleil. Lorsque la cloche se mit à sonner, annonçant le début des cours, elle éteignit son téléphone portable et le rangeai dans sa poche. Le professeur d'histoire entra à ce moment et fit sa remarque habituelle.
« Vous avez tous l'air en forme! »
Je levai les yeux au ciel et retirai mes lunettes de soleil. Nous étions lundi matin. Personne n'était jamais en forme. La moitié des élèves présents dans cette pièce dormaient sur leur bureau, tandis que les autres, dont je faisais parti, regardaient le professeur en s'ennuyant totalement. M.Cree s'installa à son bureau et ouvrit son agenda.
« Bon, j'espère que tout le monde a fait son devoir, parce que nous allons revenir là-dessus.
»
Merde, mon devoir. Je ne l'avais pas fait. Becca m'avait résumé le truc sur les cahiers de Doléances, mais je n'étais pas plus avancée en ce qui concernait la matière. L'histoire c'était facile quand on savait ce qui s'était passé, sauf que là, je l'ignorais. Soudain, alors que je venais de faire l'un de ces maudits contacts visuels avec le professeur, Becca s'évanouit sur son bureau dans un gros « BOUM! ». Tout les regards se posèrent sur elle. Dans ses mains reposaient son téléphone cellulaire, toujours allumé. Elle avait dû recevoir un texto alors que le professeur parlait, donc pas trop étonnant qu'elle l'ait rallumé.
« Mile Travis? Mlle Travis! Les plaisanteries de ce genre peuvent vous valoir une expulsion. » corrigea M.Cree en s'avançant vers Becca qui traînait toujours au sol.
Voyant que personne ne réagissait, je bondit hors de ma chaise et vint prendre le pouls de Becca. Il y en avait un, heureusement. Je regardais le professeur insistante.
« C'est d'accord, vous pouvez l'amenez à l'infirmerie, Mlle Powell. »
Je rangeai le téléphone cellulaire de mon amie dans ma poche pour être certaine que personne ne profite de la situation pour lui voler. Puis, je soulevai Becca par l'aisselle et je réussi à la faire tenir debout. Une fille dont je ne connaissais pas le prénom vint m'aider et ensemble, nous allâmes à l'infirmerie qui n'était pas très loin.
Lorsque May Bruyne vit mon amie, inconsciente, elle nous ordonna de la coucher sur sa table d'examen. L'autre fille nous quitta, après que je l'aie remercié, et regagna sa classe.
Quant à moi, je restais assise sur une petite chaise en bois qui traînait.
« Est-ce-que Rebecca vit du stress ces derniers temps, Lucy? » me demanda May.
« Non. Enfin, pas à ce que je sache. »
May était une femme dans la vingtaine qui travaillait dans cette école depuis plus de deux ans. Certains garçons avaient déjà essayé de l'approcher, mais rien n'y faisait. Elle ne devait pas être tenté par des adolescents boutonneux où les seuls muscles apparaissants provenaient des stéroïdes que Johnny Greene vendait à l'arrière de l'école, l'après-midi.
Mais, bref, j'avais quelques fois discuté avec May et Becca avait souvent réussi à se procurer des billets de retard autorisé par elle. Malgré le fait qu'elle n'était pas une élève, nous l'avions ajouté à la liste. En vert, bien évidement.
« Je crois qu'elle a eu un léger choc nerveux et c'est pourquoi elle est tombé dans les pommes.
Rien de bien grave. Je vais tout de même la garder avec moi pour une heure ou deux. »
m'expliqua May en me regardant bien franchement.
« Est-elle réveillée? »
« Oui. Tu peux aller la voir, mais pas plus de cinq minutes. »
Je faussai un sourire et gagnai l'autre pièce.
Becca semblait détaillé l'endroit où elle se trouvait. Là, ici, elle semblait moins redoutable qu'elle le laissait paraître. Lorsqu'elle me vit, détonnant des murs blancs imprégnés d'une odeur stérilisé, ses yeux s'agrandirent de terreur. Elle se leva de la table d'examen et tituba jusqu'à moi.
« Ils l'ont. » murmura-t-elle.
Je n'avais aucune idée de ce dont elle parlait.
J'haussai les sourcils, signifiant mon désarroi.
« Pardon? »
« Ils ont une copie de la liste. Dans quelques heures ils vont la mettre sur tous les réseaux sociaux. Les autres ne seront pas contents. »
m'avoua-t-elle, terrifiée.
Une seule pensée m'assaillit à ce moment. Une pensée qui représentait pour le mieux la situation.
Merde.
À suivre…
