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Chapitre 1 – L'exil

— Ah !! Au secours ! Ça fait si mal !

Un cri déchirant retentit, et bientôt, des gens accoururent de toutes parts, de plus en plus nombreux.

Élodie Serein se tenait en haut de l'escalier, au deuxième étage, les yeux fixés sur Léa Morel qui venait de dégringoler. Elle regarda ensuite ses propres mains, hagarde, murmurant :

— Comment est-ce possible…

Pourquoi était-elle tombée ainsi, sans raison ?

— Qu'est-il arrivé ?

Ce jour-là, la famille Faucheux organisait un banquet, et les invités étaient nombreux. Les convives, accourus, encerclèrent Léa, gisant au pied des marches.

— Que s'est-il passé ? Comment a-t-elle pu chuter de la sorte ?

— Elle… elle…

Léa, malgré la douleur, leva les yeux vers le haut de l'escalier.

Les regards se tournèrent instantanément vers Élodie.

— C'est Élodie qui l'a poussée !

— Mon Dieu ! Élodie, même si tu ne supportes pas Léa, tu ne peux pas en arriver là ! Elle est enceinte !

— Exactement ! On ne joue pas avec la vie d'un enfant !

— Non, ce n'est pas moi…

Face aux accusations, Élodie blêmit et secouait la tête avec frénésie.

Mais personne ne voulut l'écouter.

— Écartez-vous !

Une voix grave étonna la foule.

C'était Adrien Faucheux, l'époux d'Élodie depuis moins de deux mois.

— Adrien…

Élodie, soulagée, s'apprêtait à implorer son aide.

Mais Adrien releva brusquement la tête, et son regard, tranchant comme une lame, se posa sur elle.

— C'est toi qui as fait ça !

— Non !

Élodie tressaillit, secouant la tête avec désespoir.

— Ce n'est pas moi…

— Si ce n'est pas toi, alors qui ?

Adrien ne la crut pas. Son beau visage était déformé par le dégoût et la haine.

— Peut-être que Léa a sauté toute seule, hein ? Tout le monde sait comment tu la persécutes, en secret comme au grand jour ! Dois-je te dresser la liste de tes méfaits, un par un ?

— Quoi ?

La cruauté d'Adrien la laissa sans voix.

— Ah…

Léa, agrippée à Adrien, se tordait de douleur, le visage livide.

— Adrien, ça fait mal… si mal !

— Léa, comment te sens-tu ?

Camille Faucheux, la grand-mère d'Adrien, arriva à son tour.

— Qu'est-il arrivé ?

— Du sang !

Quelqu'un hurla soudain.

— Elle saigne !

Une tache rouge s'étendait lentement sous Léa, de plus en plus large.

— Adrien !

Léa se blottit contre lui, enserrant son cou, sanglotant :

— Hou… mon bébé, mon bébé…

— N'aie pas peur !

Bien qu'il cherche à la rassurer, Adrien était pâle. Lui aussi paniquait.

— Nous allons à l'hôpital immédiatement !

Il souleva Léa dans ses bras et, avant de tourner les talons, lança un regard meurtrier à Élodie.

— Prie pour que l'enfant s'en sorte ! Sinon…

Il ne termina pas sa phrase et s'éloigna, Léa dans les bras.

Pour l'instant, seule comptait la sécurité de Léa et de son enfant !

Sa grand-mère, Camille jeta un coup d'œil à Élodie, les sourcils froncés, secouant la tête avec un mélange de désapprobation et de regret.

— Élodie, toi… toi alors !

— Grand-mère…

À peine Élodie ouvrit-elle la bouche que la vieille dame se détourna et partit à son tour.

En un instant, les invités se dispersèrent.

Personne ne s'occupa plus d'elle.

Élodie, hébétée, ne sut comment elle regagna sa chambre.

Elle attendit, espérant le retour d'Adrien. Elle n'avait pas poussé Léa. Elle devait lui expliquer…

Les heures passèrent, la nuit s'épaissit, mais il ne revint pas.

À l'aube, un bruit retentit en bas.

— Adrien !

Élodie bondit du canapé et se précipita hors de la chambre.

Arrivée en haut de l'escalier, elle s'immobilisa.

— Grand-mère, je veux divorcer !

La voix d'Adrien était glaciale, implacable.

— Reviens ici !

Camille agrippa son petit-fils et gronda :

— Qu'est-ce que tu racontes ? J'ai promis à la grand-mère d'Élodie de bien m'occuper d'elle. Vous venez à peine de vous marier, et tu veux déjà divorcer ? Elle n'a que vingt ans, tu veux sa mort ?

— Sa mort ? Ha !

Adrien ricana, ses yeux étroits brillants de froideur.

— Grand-mère, Léa a perdu son enfant ! C'était l'enfant de mon frère ! Pendant ce temps, Élodie, elle, se porte à merveille ! Alors, qui pousse qui à la mort ?

— Mais…

— Je ne voulais même pas l'épouser, c'est toi qui m'y as forcé !

Adrien était à bout, comme si chaque seconde de ce mariage était une torture.

— Si elle pouvait te rendre heureuse, soit ! Mais maintenant, je ne peux plus supporter une telle épouse !

— Si je reste, je ne réponds plus de moi… Je ne sais même pas ce que je pourrais lui faire !

— Non !

Camille, effrayée, retint son petit-fils. Elle pensa à l'enfant perdu de Léa et serra les dents.

— Très bien, je vais faire en sorte que tu ne la voies plus. Je l'enverrai à l'étranger, loin de toi. Ça te va ?

Après un long silence, Adrien recula d'un pas.

— Comme tu voudras.

Élodie fit volte-face et courut se réfugier dans sa chambre. Ses jambes flageolèrent, et elle s'effondra sur le sol.

Ses grands yeux écarquillés se remplirent de larmes qui coulèrent en cascade.

— Adrien… Adrien…

Elle ignorait qu'il la détestait à ce point ! Qu'il ne l'avait épousée que sous la contrainte !

Elle était orpheline, élevée par sa grand-mère. À quinze ans, celle-ci avait péri dans un accident de voiture, la laissant seule au monde.

Camille, amie intime de sa grand-mère, l'avait recueillie.

Elle l'aimait tendrement et lui répétait souvent :

— Élodie, quand tu seras grande, tu seras la femme de mon petit-fils, d'accord ?

Élodie répondait alors, douce et enthousiaste :

— D'accord !

Ainsi, épouser Adrien, devenir sa femme, était devenu son rêve.

Son monde tournait autour de lui. Elle étudiait pour lui, se parait pour lui, le suivait partout, ne tolérant aucune autre femme à ses côtés…

Elle était sa fiancée, il était à elle !

Mais tout cela n'avait été qu'illusion…

Il la traitait de despote, disait ne plus vouloir la voir !

Elle étouffa un sanglot, les larmes inondant son visage.

Toc toc.

On frappa à la porte.

— Élodie, es-tu réveillée ?

C'était Camille.

— Oui !

Élodie essuya ses larmes, se releva péniblement, lissa ses cheveux et ouvrit la porte.

Elle força un sourire :

— Grand-mère.

— Hum.

Camille examina la jeune fille. Ses yeux étaient gonflés : elle avait pleuré toute la nuit.

Mais en songeant à sa faute, Camille ne pouvait la pardonner si facilement.

Elle s'assit sur le canapé.

— Assieds-toi.

— Grand-mère…

Élodie savait ce qu'elle allait dire.

Et elle sentit que l'attitude de Camille à son égard avait changé.

— Tu disais vouloir étudier à l'étranger, n'est-ce pas ? Je vais tout organiser. Pars au plus vite.

Elle allait donc l'exiler !

Les yeux d'Élodie s'emplirent de larmes.

— Élodie…

Camille, le cœur serré, l'aimait sincèrement.

Mais Léa était toujours à l'hôpital, il fallait lui rendre justice !

La vieille dame prit une profonde inspiration et déclara, le cœur lourd :

— À l'avenir, change de caractère. Tu es trop capricieuse. Dès qu'une femme s'approche d'Adrien, tu fais un scandale.

— J'ai fermé les yeux sur bien des choses, mais comment as-tu pu t'en prendre à Léa ? Elle était la fiancée d'Adrien !

Élodie, bouche bée, balbutia :

— Grand-mère, je…

Personne ne la croyait, pas même sa grand-mère ?

— Prépare-toi, tu vas partir.

Camille se leva et la regarda une dernière fois.

— Quand tu auras changé, je te ferai chercher. D'accord ?

Elle sortit sans un mot de plus.

Élodie se redressa pour l'accompagner jusqu'à la porte.

— Au revoir, grand-mère.

Elle resta là, comme une âme en peine.

Soudain, une nausée violente la submergea.

— Beurk…

Elle se précipita dans la salle de bain, la main sur la bouche.

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