Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre 2

« Au final, tu devras toujours compter sur la famille Dumas ! » tonna Poppy, sa voix perçant le silence de la pièce comme une flèche acérée. « Si tu refuses de faire la paix avec ta sœur aujourd’hui, le moment viendra où toi et ton mari ramperez à ses pieds pour mendier son aide ! N’oublie jamais que la famille Dumas t’a élevée… tu lui dois allégeance comme une servante à ses maîtres ! »

À cet instant précis, l’ombre d’un homme s’étira sur le sol, grand et imposant dans l’embrasure de la porte. Samuel Dumas Dumas venait d’arriver. Il fronça les sourcils, sa voix grave résonnant dans la pièce : « Un invité de prestige est attendu, et vous trouvez le moyen de vous quereller comme des enfants ? »

Maïa afficha un visage faussement innocent, détournant les yeux. De son côté, Linese lança dans son rôle favori : la victime. « Tout ça à cause de cette fille ingrate ! Elle méprise sa propre mère simplement parce qu’elle s’est mariée aujourd’hui… »

Samuel Dumas planta ses yeux perçants dans ceux de Alina. « Tu t’es mariée ? Pourquoi ne pas avoir attendu qu’on te présente un homme digne de toi ? Montre-moi ce certificat de mariage… »

Un court silence s’installa. Alina, figée, hésita à sortir le précieux document. Mais, prise de remords ou de défi, elle finit par le tirer lentement de son sac. Avant même qu’elle ne puisse le tendre, Linese jeta dessus avec avidité. « Laisse-moi découvrir quel raté tu as épousé ! » s’écria-t-elle. Maïa, tout sourire, ajouta avec malice : « Et dis-nous donc, Papa… Qui est cet invité si impressionnant qui te fait suer à grosses gouttes ? »

À cette évocation, Samuel Dumas sembla reprendre vie. Il se redressa, les yeux brillants d’orgueil. « C’est Nohan Leroux. »

Alina en resta stupéfaite. Nohan Leroux ? Ce nom résonnait comme un coup de tonnerre dans une nuit calme. Maïa, curieuse, plissa les yeux. « Qui est Nohan Leroux ? Est-ce vraiment quelqu’un d’aussi influent ? »

Même Alina, qui connaissait bien les milieux fortunés d’Solaria, ne l’avait jamais entendu. Samuel Dumas répondit d’un ton mystérieux : « Il est inconnu du grand public. Moi-même, je ne l’ai jamais rencontré. Il s’agit du jeune oncle de Ayden Leroux. Il a à peine 28 ans, mais c’est lui qui dirige véritablement toute la dynastie Leroux. »

Lineécarquilla les yeux. « Dans ce cas… il serait un bien meilleur prétendant pour Maïa que Ayden ! » Le pouvoir surpassait toujours la lignée, après tout.

Samuel Dumas l’interrompit sèchement : « Ne dis pas de bêtises, M. Leroux est déjà marié ! »

Alina sentit un frisson la traverser. Marié ? Si c’était bien son époux sur le certificat… alors Nohan allait bientôt comprendre ce qui se tramait. Poppy, déçue, murmura : « Qui est donc cette femme ? Quelle chance elle a… »

Samuel Dumas haussa les épaules. « Nul ne le sait. Il paraît qu’il déteste les mondanités, lui et son épouse. » Il parut troublé. « Je ne comprends toujours pas pourquoi il aurait décidé de venir aujourd’hui, à ces fiançailles… »

La famille Leroux, géante d’Solaria, incarnait la puissance absolue. À côté, les Dumas n’étaient que des bourgeois avec un peu d’influence. Qu’un homme tel que Nohan Leroux se déplace en personne… cela relevait presque du prodige.

« Peut-être qu’Maïa est tout simplement irrésistible ! » s’exclama Poppy, l’air béat. « Maïa, ce collier est ridicule face à de tels invités. Vite, allons te parer de joyaux plus dignes ! » Elle rendit distraitement le certificat à Alina et tira Maïa par le bras vers la salle des bijoux, abandonnant sans scrupules Mme Dumas.

Alina, en retrait, observa la scène avec un sourire amer. « Monsieur, la famille Leroux ne va plus tarder », annonça respectueusement le majordome.

Samuel Dumas descendit lentement l’escalier, jetant un regard froid à Alina. « Tu n’étais pas revenue depuis des lustres. Bois un verre et repars. »

Alina se contenta de hocher la tête. Elle n’avait qu’une envie : rester et mettre enfin un visage sur celui qu’on appelait Nohan Leroux.

À l’étage, Linechoisissait frénétiquement les plus luxueux colliers pour Maïa, l’enveloppant de perles et de diamants. Face à la beauté de la jeune fille, elle la contemplait avec fierté. Depuis plus de vingt ans, Linenourrissait une haine viscérale

envers Jodie Vega, alias Mme Dumas. À l’époque, elle avait simulé un scandale, accouché le même jour et échangé les bébés à l’hôpital… pour que sa propre fille grandisse dans l’opulence, tandis que celle de Jodie vivrait comme une paria.

Aujourd’hui, sa vengeance était totale. Maïa allait se marier en grande pompe, couverte de diamants, tandis que Alina — qu’elle considérait comme une erreur du destin — n’était qu’une roturière sans le sou, contrainte d’épouser un homme sans prestige. Linesavourait cette ironie du sort avec une délectation perverse.

En bas, Alina, adossée contre le mur, observait calmement la grande porte. L’arrivée des Leroux était imminente.

Puis, lentement, une silhouette descendit les escaliers : Mme Dumas. Appuyée sur une servante, vêtue de violet, elle paraissait fatiguée, amaigrie, mais empreinte d’une dignité rare.

« Madame, vous êtes faible. Il serait préférable de ne pas descendre », souffla la servante.

Mme Dumas secoua doucement la tête, la voix brisée par une toux. « Non… je ne peux pas… manquer le grand jour d’Maïa… »

Elles ne remarquèrent pas Alina, tapie dans l’ombre. La jeune femme les regarda s’éloigner, le cœur serré. Ironiquement, dans cette famille qui n’avait cessé de la rejeter, la seule personne à lui avoir témoigné de la tendresse était celle qui aurait eu toutes les raisons de la haïr. Mme Dumas, cette femme fragile mais fière, incarnait à ses yeux la noblesse véritable.

Poppy, elle, n’avait jamais été une mère. Elle avait souvent oublié de nourrir Alina, la laissant pleurer seule dans le noir.

Mais ce soir, Alina ne pleurait plus. Ce soir, elle allait découvrir si Nohan Leroux, l’homme mystérieux sur son certificat, était celui que tous redoutaient ou espéraient.
Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.