chapitre 6
Chapitre 6
Les chiffres dégringolent. Une cascade rouge sur les écrans de la salle de réunion. Les actionnaires murmurent, et le poids de leurs regards pèse sur Zachary. Il serre les poings, le visage figé, mais derrière ce masque de contrôle, la rage couve.
— C’est une attaque, annonce un des analystes. Les Valemont.
Le nom seul suffit à durcir l’atmosphère. Personne n’ose croiser le regard de Zachary. Il se lève brusquement, la chaise raclant le sol dans un grincement strident.
— Sortez tous.
Les hommes en costume s’éclipsent rapidement, laissant Zachary seul face aux écrans. Une guerre. Adrian et Damian Valemont ont frappé là où ça fait mal.
Dans le bureau voisin, Madelyn attend. Elle sait qu’il va venir. Elle l’entend arriver avant même de voir la porte s’ouvrir. Quand il entre, son regard brûle d’une colère qu’il ne cherche pas à dissimuler.
— Tu sais ce qu’ils veulent, n’est-ce pas ?
Elle recule légèrement, mais il réduit aussitôt la distance entre eux.
— Ils t’utilisent, Madelyn. Tu es leur arme.
— Je n’ai rien demandé à personne !
Il éclate d’un rire sans joie.
— Ne fais pas l’innocente. Adrian t’a approchée, Damian t’a donné cette carte. Tu crois que je ne sais pas ce qu’ils mijotent ?
Elle secoue la tête, mais il ne la laisse pas parler.
— Tu es à moi. C’est clair ? Peu importe ce qu’ils veulent, tu leur diras non.
Elle serre les dents. Elle voudrait lui hurler qu’il n’a aucun droit sur elle, qu’elle n’est pas un pion dans ses jeux d’ego. Mais elle sait que ça ne servirait à rien.
— Tu n’as pas à m’enchaîner pour ça.
Il la fixe, un sourire tordu sur les lèvres.
— Si c’est ce qu’il faut pour te garder hors de leur portée, je le ferai.
Elle sent la menace derrière ses mots. Il ne plaisante pas.
***
Quelques heures plus tard, Adrian se tient devant une foule de journalistes, affichant un sourire éclatant.
— Les Blackwell ont dominé ce secteur pendant trop longtemps. Il est temps d’apporter un changement.
Les mots résonnent comme une déclaration de guerre. Et c’est exactement ce qu’il veut.
Damian reste en retrait, mais ses yeux sont rivés sur l’écran de son téléphone. Une seule chose l’intéresse : savoir comment Zachary réagit.
— Tu joues gros, murmure-t-il à son frère.
Adrian sourit sans se retourner.
— Tu sais ce qu’on dit : sans risque, pas de victoire.
— Et si elle n’accepte pas de nous suivre ?
Cette fois, Adrian se tourne vers lui, son sourire se faisant plus calculateur.
— Elle le fera. Elle n’aura pas le choix.
Damian ne semble pas convaincu.
— Tu paries gros sur une inconnue.
— Pas une inconnue. Une clé.
Les mots tombent comme une sentence.
***
Madelyn est assise sur le lit de sa petite chambre. La carte de Damian Valemont est posée devant elle. Elle hésite depuis des heures. Appeler. Ne pas appeler. Elle sait que ce serait franchir une ligne, et Zachary ne la laissera jamais s’en sortir indemne.
Mais elle est fatiguée. Fatiguée d’être un pion. Fatiguée d’avoir peur.
Elle prend le téléphone, compose le numéro.
Il décroche après deux sonneries.
— Damian Valemont.
Sa voix est grave, posée. Elle respire profondément avant de parler.
— C’est Madelyn.
Il y a une pause. Elle entend un léger bruit de fond, comme s’il se trouvait dans un endroit bruyant.
— Je savais que tu finirais par appeler.
Elle serre le téléphone un peu plus fort.
— Pourquoi moi ?
— Ce n’est pas une conversation à avoir au téléphone. Je t’enverrai une adresse.
Avant qu’elle puisse protester, il raccroche. Quelques secondes plus tard, un message arrive avec une localisation.
Elle sait qu’elle prend un risque. Mais elle se lève quand même.
***
Le lieu est discret, presque trop normal. Elle entre, les mains moites, la gorge nouée. Damian est déjà là, assis dans un coin, une tasse de café devant lui.
— Tu es venue.
Il ne semble pas surpris, mais il y a une lueur d’intérêt dans son regard.
— Tu peux me dire ce que tu veux maintenant ?
Il hoche la tête.
— Les Blackwell te considèrent comme un objet. Une possession. Mais tu es bien plus que ça.
Elle fronce les sourcils.
— Qu’est-ce que ça veut dire ?
— Ton lien avec leur famille n’est pas une simple coïncidence. Tu es la clé d’un pacte ancien, quelque chose qui pourrait renverser leur empire.
Elle secoue la tête.
— Je n’ai rien à voir avec leurs histoires.
— Peut-être pas directement. Mais tu es liée à eux, d’une façon que tu ignores encore.
Elle sent la panique monter.
— Je ne veux pas être mêlée à ça.
— Tu l’es déjà. Que tu le veuilles ou non.
Il se penche légèrement vers elle, son regard devenant plus intense.
— Mais tu peux choisir de te battre.
Elle le fixe, cherchant une trace de manipulation, mais tout ce qu’elle voit, c’est une détermination froide.
— Et si je ne veux pas ?
— Alors Zachary continuera de te contrôler. Et crois-moi, il ne s’arrêtera pas tant qu’il n’aura pas tout pris.
Elle détourne le regard, incapable de répondre.
— Réfléchis-y, dit-il doucement. Mais ne tarde pas. La guerre est déjà en cours.
Elle se lève, hésite un instant, puis s’éloigne sans un mot.
***
Quand elle rentre, Zachary l’attend.
— Où étais-tu ?
Son ton est glacial, mais elle ne répond pas.
— Je t’ai posé une question.
Elle le fixe, le défiant du regard.
— Tu n’as pas le droit de contrôler chaque seconde de ma vie.
Il éclate de rire, un rire froid, cruel.
— Tu crois vraiment ça ?
Il s’approche, son ombre s’étendant sur elle.
— Je contrôle tout. Et si tu essaies de me défier, tu le regretteras.
Elle sent la peur revenir, mais quelque chose en elle refuse de céder.
— Tu ne peux pas me briser.
Il se fige, surpris par sa réponse. Mais il se ressaisit rapidement.
— On verra.
Quand il quitte la pièce, elle s’effondre sur le lit, tremblante. Mais malgré la peur, une petite étincelle de défi brûle encore en elle.
