01_A: Rencontre brutale
Belle Rollins…................................
« Eh bien, à l’année prochaine ! On se retrouve en deuxième année de master pour celles et ceux qui seront admis. Pour les paresseux, je serai là pour vous rire au nez après les résultats. N’oubliez pas : vous avez deux mois de stage à effectuer. Aucune excuse ne sera acceptée. J’espère que vous avez déjà vos binômes. »
C’était le directeur des études de l’université que je fréquente. J’attendais une seule chose : qu’il prononce enfin sa phrase fétiche :
« Vous pouvez disposer. »
J’étais affalée sur un banc, l’esprit ailleurs, presque à l’ouest.
« Vous pouvez disposer. »
Ouf ! Ce n’était pas trop tôt. Je saisis aussitôt mon sac et me levai d’un bond pour quitter cette salle où je suffoquais presque.
Je ne pris même pas la peine d’attendre mes deux amies et colocataires. Je sortis seule dans la cour de l’établissement.
— Princesse ? Ma princesse ? Mais doucement, non ?
Je reconnaîtrais cette voix entre mille. Ça ne pouvait être que cet idiot qui ne me laisse jamais respirer avec ses éternelles déclarations d’amour. Je m’arrêtai quand même, le temps d’attendre mes amies pour que nous rentrions ensemble.
— Aïe… Tu pourrais, un jour, faire l’effort de me répondre quand je te parle, Belle ? dit-il en arrivant devant moi, tout essoufflé.
Je le dévisageai froidement.
— Fred, pousse-toi de ma face. Répondis-je d’un ton sec.
— Pourquoi es-tu toujours aussi agressive ? Regarde… j’ai couru depuis la salle juste pour te rattraper et discuter un peu avec toi, tu…
— Je ne t’ai rien demandé, Fred. Et puis, t’as vu l’heure ? Il est 18h. Tu veux discuter avec qui, là ?
Il continua à parler, racontant sa vie… Mais moi, mon esprit était déjà ailleurs. Tout ce que je voulais, c’était voir mes amies sortir pour qu’on puisse enfin s’éclipser.
__ Belle, tu m’écoutes ?
__ Ah ah !! Ah ah !! Fred, laisse-moi tranquille ! Qu’est-ce que tu veux à la fin ?! — lançai-je en haussant le ton.
Il commençait sérieusement à m’agacer.
__ Fred, fiche-lui la paix, toi aussi ! — s’exclama une voix familière.
Je reconnus immédiatement cette voix : c’était Kesia, l’une de mes amies. Je tournai la tête et la vis s’approcher, accompagnée de Ronya. Parfait. Une fois les deux à mes côtés…
__ On y va, les filles — dis-je en prenant la direction de la sortie.
__ Belle ? Belle, tu ne me dis pas au revoir ? Belle ?
Toujours Fred. Ce garçon me harcèle, il me harcèle !
Une fois hors de l’établissement, mes amies éclatèrent de rire. Je les lançai un regard noir.
__ Qu’est-ce qui vous fait rire ?
__ Fred et toi — répondit Ronya.
__ Ton amoureux et toi — ajouta Kesia.
__ Ce n’est pas mon amoureux.
__ Ce n’est pas parce que tu refuses de voir la réalité qu’elle n’existe pas, ma chérie — lança Ronya.
Je ne répondis pas.
__ Il t’aime vraiment ce gars — dit Kesia.
__ On peut changer de sujet, s’il vous plaît ? — lançai-je, agacée.
__ Enfin, l’année est terminée ! — s’exclama Ronya, un large sourire aux lèvres.
Je poussai un profond soupir de soulagement. Dieu merci, elle avait changé de sujet.
__ Oui, mais les stages commencent bientôt.
__ Tu es avec qui, Ronya ? Moi je suis avec Belle.
__ Nera — répondit-elle.
Nera ? Cette fille de notre classe… Je ne la supporte pas. Comment dire… Elle est rabat-joie, jalouse, et toujours pleine de médisance.
__ J’aurais préféré une autre personne — dis-je.
__ Moi aussi — répondit Ronya avec une moue triste.
__ Désolée, ma chérie — répliquai-je.
__ Elle était la seule disponible — justifia-t-elle.
__ Évidemment… Avec sa langue de vipère, qui voudrait travailler avec elle ? — lançai-je.
Nous éclatâmes de rire.
__ Mais vous me connaissez, non ? Si elle tente quoi que ce soit, je la remets à sa place, elle apprendra à fermer sa bouche — affirma Ronya, déterminée.
__ J’ai confiance — dis-je, souriante.
__ Une fois à la maison, les filles, on se repose un peu et après…
__ ON SORT !!! — hurlèrent mes deux folles à l’unisson.
Je me joignis à elles, et nous criâmes toutes ensemble en riant. Nous rentrâmes à pied, l’immeuble où nous logeons n’étant qu’à quelques pas de l’école. Nous sommes complètement folles, mais dans le bon sens du terme. D’ailleurs, je suis sans doute la plus folle du groupe : nerveuse, impulsive, je ne laisse jamais rien passer. Tu me cherches, tu me trouves. Je suis une grande fêtarde et j’adore l’ambiance.
__ Je sens que je vais grave m’éclater ce soir ! Vous voyez le genre ? — dis-je en me mettant à twerker en pleine rue devant elles.
Elles éclatèrent de rire.
__ Oui, on voit bien le genre — répondit Ronya en m’imitant.
__ Twerke, baby, twerke ! — lança Kesia en la rejoignant.
Nous rîmes toutes les trois. C’est ainsi que nous arrivâmes à notre appartement, le cœur léger. Dans notre groupe, la joie est toujours au rendez-vous.
Ce soir, à 20h, Los Angeles va ressentir notre passage. J’en suis sûre.
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Pendant ce temps, dans un autre appartement de la ville…
