
Résumé
Trois ans de mariage secret… Elle n’a jamais réussi à lui donner d’enfant. Sa belle-mère la qualifie de femme inutile, et sa belle-sœur l’accuse d’être un mauvais présage. Elle croyait que son mari serait là pour la défendre, mais au lieu de cela, il lui tend un divorce. « Divorçons. Elle est revenue. » Après la séparation, Adrien accompagne son premier amour à une consultation prénatale, mais il tombe face à son ex-femme, accompagnée de… trois triplés. Pris de folie, il hurle : « Ces enfants… ce sont les MIENS ?! »
Chapitre 1 Trois ans de tourment
— Avale ce médicament !
Adrien Huet, vêtu seulement d'une chemise entrouverte qui laissait entrevoir ses huit tablettes de chocolat, dominait Élise d'une hauteur méprisante. Dans le creux de sa paume reposait un comprimé blanc.
Élise descendit du bureau, et ses pieds, en touchant le tapis, fléchirent. Elle s'agrippa au meuble pour se stabiliser, puis leva enfin les yeux vers le comprimé dans la main de l'homme.
C'était une pilule contraceptive. Elle le savait.
Chaque fois qu'ils faisaient l'amour, il la fixait, prêt à lui tendre une de ces pilules.
Trois ans. Elle ne savait plus combien elle en avait avalées, mais chacune d'elles lui rappelait une vérité cruelle : elle n'était pas digne de lui donner un enfant.
Il la surveillait comme un geôlier, de peur qu'elle ne tombe à nouveau enceinte de lui.
Ironie du sort : elle avait déjà perdu le droit d'être mère, et pourtant, elle devait continuer à jouer cette comédie.
Mais ce jour-là, elle n'en avait plus l'envie.
Elle releva la tête, son visage trahissant une brève hésitation, puis murmura :
— J'ai fini mes règles hier, nous sommes encore en période sûre… Puis-je ne pas la prendre cette fois ?
Elle était allergique à ces pilules. Chaque fois, son estomac brûlait pendant des heures.
Mais elle ne lui avait jamais avoué. Elle savait que son but n'était pas la contraception, mais l'humiliation.
— Ne pas la prendre ? Élise, tu veux donc me donner un enfant ?
Les yeux mi-clos d'Adrien lancèrent un éclair menaçant.
Les mains d'Élise, pendantes le long de son corps, se crispèrent. Il savait toujours où la frapper. Elle passa sa langue sur ses lèvres blanchies.
— Je ne veux pas…
— Tu ferais mieux de ne pas vouloir !
D'un pas brusque, Adrien se rapprocha. Sa main glacée s'écrasa sur son ventre, son regard chargé de colère.
— Élise, n'oublie pas ta place : tu n'es que la fille d'une bonne. Tu n'as pas le droit de porter mon enfant !
Les pupilles d'Élise se contractèrent, son cœur se serra douloureusement. D'un geste mécanique, elle prit le comprimé et le glissa dans sa bouche.
Sans eau, elle le broya entre ses dents avant de l'avaler.
L'amertume explosa sur sa langue, sa gorge la brûla, mais cette douleur n'était rien comparée à celle qui lui déchirait l'âme.
Trois ans plus tôt, ils s'étaient mariés parce qu'elle était tombée enceinte. À l'époque, Adrien, bien que froid, lui témoignait encore un minimum de respect.
Jusqu'à ce qu'elle fasse une fausse couche à six mois.
Depuis, Adrien la détestait.
Il était convaincu qu'elle avait perdu l'enfant volontairement. Il la traitait de femme froide et cruelle.
Trois ans de mariage, trois ans de tourments.
Adrien la regarda avaler la pilule, son regard s'attarda deux secondes sur son ventre, et son expression devint encore plus sombre.
— Ce soir, nous assistons au banquet de la famille Moreau. Tu m'accompagnes.
Élise sursauta. La famille Moreau…
Pas étonnant qu'il ait soudainement explosé de rage. L'invitation venait d'eux.
Trois ans qu'il perdait son sang-froid dès qu'on mentionnait les Moreau. À cause de Lucien Moreau, le second fils du chef de cette famille, son ami d'enfance, l'homme qu'Adrien considérait comme celui pour qui elle l'avait « trahi ».
Un frisson de tristesse parcourut Élise. Ce malentendu avait gravé en eux une blessure indélébile, une cicatrice qui ne s'effacerait jamais.
— Je sais, répondit-elle en se dirigeant vers la porte.
Un bruit sourd retentit derrière elle : Adrien venait de renverser quelque chose. Son regard sombre, rivé sur son dos, rappelait celui d'un lion enragé.
— Si tu oses parler seule à ton ancien amant ce soir, tu verras ce qu'il en coûte.
La main d'Élise, posée sur la poignée, se figea. Elle savait que ce n'était pas une menace, mais un avertissement.
Elle sortit en silence.
...
La famille Moreau était l'une des quatre grandes dynasties de la capitale. Leur réception était somptueuse.
Ils avaient réservé l'hôtel six étoiles le plus luxueux de la ville et invité toutes les personnalités en vue.
Devant l'entrée, Élise, vêtue d'une sobre robe noire, descendit de la voiture de luxe aux côtés d'Adrien. Hugo Moreau, le fils du chef de la famille, et son épouse Camille, tenant dans ses bras leur fils Léo, âgé d'un mois, les accueillirent.
Hugo les aperçut immédiatement et s'avança, rayonnant :
— Adrien, Élise, vous voilà ! Camille, montre-leur Léo !
Son visage illuminé par la paternité, il attira Adrien par le bras.
— Adrien, je te jure, un bébé, c'est une bénédiction. Si petit, si doux… Quand je le tiens, mon cœur fond. Peu importe la fatigue, le voir me remplit de bonheur. Vous devriez vous dépêcher d'en avoir un, toi et Élise.
Adrien, face à ce sourire, sentit une douleur lui transpercer la poitrine. Le bébé rose dans les bras de Camille lui arrachait l'âme.
Il avait eu un enfant, lui aussi. Un enfant qu'il n'avait même pas pu voir avant qu'il ne parte pour toujours.
Son visage s'assombrit soudain.
Élise perçut la tension qui émanait de lui et tendit rapidement le cadeau qu'elle avait préparé.
— Hugo, Camille, c'est pour Léo.
— Vous êtes là, c'est déjà suffisant ! s'exclama Camille, feignant la réprimande. Hugo, ta sœur est trop formelle !
En réalité, Élise n'avait aucun lien de sang avec les Moreau. Elle avait grandi dans leur maison : sa mère, Hélène Noël, était leur gouvernante et avait élevé Hugo et Lucien. Les deux frères la traitaient comme une sœur.
Hugo lui tapota l'épaule, un sourire inquiet aux lèvres.
— Élise, tu as maigri… Tu as l'air épuisée.
Ces mots firent grimacer Adrien. D'un ton sarcastique, il lança :
— Peut-être parce que je ne comble pas assez ses… besoins.
Le visage d'Élise se figea. Elle comprit l'allusion, à la fois littérale et métaphorique.
Hugo rit nerveusement, sentant l'atmosphère s'alourdir.
— Adrien, tu es vraiment drôle. Entrez donc, nous vous rejoignons.
Adrien, le visage fermé, pénétra dans l'hôtel. Élise le suivit, ralentissant imperceptiblement le pas.
Elle savait que, quand il était de mauvaise humeur, c'était elle qui en subissait les conséquences.
Dans la salle de réception
Adrien, simplement debout, attirait tous les regards.
Son costume gris anthracite moulait sa silhouette athlétique, soulignant ses épaules larges et ses jambes interminables. Une barrette argentée retenait sa cravate noire, et un mouchoir, glissé dans la poche de sa veste, achevait de lui donner l'allure d'un gentleman austère et distant.
Seule Élise savait à quel point, une fois déshabillé, il n'avait plus rien d'un gentleman.
— Adrien, vous arrivez enfin !
Odile, la mère d'Adrien, vêtue de bijoux étincelants, s'approcha, parcourant Élise d'un regard méprisant.
— Pourquoi es-tu habillée ainsi ?
Odile n'avait jamais apprécié Élise. Si cette dernière n'avait pas été enceinte d'Adrien, elle n'aurait jamais permis à la fille d'une bonne d'épouser son fils.
Heureusement, ils n'avaient célébré qu'un mariage civil, sans cérémonie. Peu de gens savaient qu'Élise était son épouse.
Élise baissa les yeux vers sa robe.
— Je la trouve bien.
— Peu importe, rétorqua Odile, qui n'avait pas le temps de s'attarder sur sa tenue. Vous avez vu Léo à votre arrivée ?
— Oui, répondit Élise.
Odile alla droit au but :
— Vous êtes mariés depuis trois ans. La première année, Adrien disait que tu devais te reposer, que tu n'étais pas en état de porter un enfant. Trois ans ont passé. N'est-il pas temps de démissionner et de te consacrer à avoir un enfant ?
